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Nombres 21. Le Christ en croix est le repère que Dieu a élevé pour être vu de tous

pour le dimanche 7 juin

Nombres 21

Le Christ en croix est le repère que Dieu a élevé pour être vu de tous

Nombres 21 : 4-9.      Ephésiens 5 : 1-2.       Jean 3 : 7-15

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Chers frères et soeurs en Christ,

Dimanche dernier, dimanche de Pentecôte, nous avons vu comment — par le don de l'Esprit saint — Dieu a manifesté sa volonté de faire de nous des fils, ou des filles, et non des esclaves dans notre relation avec lui. Ce rang de fils, auquel Dieu nous élève, nous place comme héritiers et cogestionnaires du monde avec Dieu. Ce rang de fils, ou de fille, nous dit également à quelle communion, avec Lui, Dieu nous invite. En nous faisant fils, il reconnaît notre liberté, notre autonomie à diriger notre vie, à choisir notre chemin de vie.

J'avais utilisé l'image du voilier, à ce propos, parce que le voilier peut prendre toutes sortes de routes sur l'eau pour parvenir à la destination qu'il s'est fixée, selon les vents qui soufflent. Dieu ne nous fixe pas la route à prendre, mais il nous invite à choisir une destination : aller à Lui pour trouver la vraie vie.

Pour aller vers cette destination, Dieu a placé un repère — comme un phare qui guide le voilier dans la nuit — c'est le Christ qui a été élevé sur la croix.

Presque tous les jours, nous entendons dans les médias que notre société est déboussolée, qu'elle est sans repères, que nos jeunes n'ont plus de repères et partent à la dérive. Oui, c'est vrai — mais en partie seulement. Si nos jeunes manquent de repères, c'est que notre génération n'ose plus leur dire où on en trouve. Ou pire, c'est que notre génération a perdu ses repères, mais n'ose pas le dire et reporte la faute sur ses enfants.

Or les repères sont toujours-là, mais on ne les trouve plus attrayants parce qu'apprendre à les connaître, les assimiler, les intégrer cela demande un effort sur soi-même, cela demande des changements d'attitudes, des transformations et — mot tabou — des renoncements. Suivre un repère, se tenir à une ligne de conduite, ce n'est pas facile, cela demande des efforts.

C'est exactement ce qui se passe avec les Israélites qui se trouvent avec Moïse dans le désert. Ils posent la question : "Pourquoi nous avoir fait sortir d'Egypte ?" Etait-ce pour nous faire mourir dans le désert ?" (Nbr 21:5).

La voie de la liberté n'est pas toujours plus facile que de rester dans le confort de l'esclavage où tout est décidé, tracé pour vous. Il y a des moments où le malheur ne semble pas plus effrayant que le changement.

Max Frisch avait cette phrase superbe et effrayante :

"Quand on a encore plus peur du changement que du malheur,
comment éviter le malheur?"

C'est la situation des Israélites au désert, c'est la situation de Nicodème face à Jésus. Il y a souvent des situations comme cela dans nos vies, où le changement nous fait plus peur que le malheur.

Dans cette situation, Dieu dit à Moïse de faire un serpent en bronze et de le fixer en haut d'une perche, bien visible, avec cette promesse :

"Quiconque aura été mordu et le regardera aura la vie sauve !" (Nbr 21:8)

Dieu ne propose pas un antidote, un vaccin ou un sérum au venin du serpent, il commande à Moïse de placer bien en vue la cause du malheur et de le regarder pour être sauvé. Est-ce à dire qu'il faut regarder le malheur bien en face pour en sortir ? Pourquoi pas ? C'est peut-être en regardant lucidement en face le mal, la souffrance, l'échec, que nous pouvons recevoir le vrai désir et l'énergie de lui préférer le changement.

Ce qui est plus étonnant encore, c'est que l'évangéliste Jean reprend cette image du serpent sur la perche et y substitue Jésus élevé sur la croix ! Jésus, le Christ en croix, est le repère que Dieu a élevé pour être vu de tous, pour que nous puissions nous diriger d'après lui vers notre destination qui est une vie pleine, une vie en abondance, une vie riche en relations, ce que l'Evangile appelle la vie éternelle.

Jésus sur la croix est celui qui porte tous nos malheurs, tous nos échecs et celui qui nous indique un chemin vers le bonheur. Lui qui a vécu le plus grand changement imaginable : mourir et revenir à la vie, lui nous invite à le regarder lorsque nous hésitons entre le malheur et le changement.

Nous sommes invités à regarder le Christ, sa vie, son enseignement, sa mort et sa résurrection, pour naître de nouveau, pour naître par l'Esprit.

 

Dans notre lassitude,

regarder au Christ

pour voir renaître notre énergie.

 

Dans nos échecs,

regarder au Christ

pour retrouver l'espérance.

 

Dans nos colères, notre énervement,

regarder au Christ

pour refaire provision de patience.

 

Dans nos envies de vengeances,

regarder au Christ

pour recevoir le pardon et pardonner à notre tour.

 

Lorsque l'ombre nous envahit,

regarder au Christ

pour voir resurgir la lumière.

 

Lorsque le malheur semble gagner,

regarder au Christ

pour recevoir la vraie vie.

Amen

© Jean-Marie Thévoz, 2020

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