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  • Le plus fervent défenseur du christianisme a commencé comme le plus acharné de ses adversaires

    (11.11.2001

    Actes 9)

    Le plus fervent défenseur du christianisme a commencé comme le plus acharné de ses adversaires

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    Chères paroissiennes, chers paroissiens,

    Qui ne connaît pas l'apôtre Paul ? L'apôtre Paul est — après Jésus — le personnage qui a eu la plus grande influence sur le développement du christianisme. Un quart des écrits du Nouveau Testament sont de sa main ou directement inspirés de sa prédication. L'apôtre Paul est celui qui a fait traverser les frontières à l'évangile. C'est lui qui a parcouru des kilomètres pour annoncer l'évangile au Liban — pour employer les nom de pays actuels — en Syrie, en Turquie, en Grèce et en Italie, jusqu'à Rome.

    Tout chrétien connaît l'apôtre Paul, mais qui connaît ses origines, le début de sa carrière ? Le plus fervent défenseur du christianisme a commencé comme le plus acharné de ses adversaires. A cette époque, il s'appelait Saul de Tarse, et Saul faisait partie des juifs qui se sont opposés aux premiers chrétiens. Il haïssait Jésus et ses disciples, il les persécutait, les jetait en prison, il leur en voulait "à mort". (On dirait aujourd'hui que c'était un intégriste qui pourchassait les infidèles).

    Dès la mort de Jésus, les disciples qui proclamaient l'évangile — la bonne nouvelle — de la croix et de la résurrection de Jésus ont été persécutés, poursuivis, parfois mis à mort, comme Etienne. Aujourd'hui encore l'Eglise est persécutée dans de nombreux pays.

    L'Eglise est persécutée lorsqu'elle demande simplement le droit de se réunir pour un culte dans les pays qui n'admettent pas d'autre forme de pensée que celle des dirigeants. L'Eglise est persécutée lorsqu'elle demande que la justice soit la même pour tous les habitants d'un pays. Des chrétiens paient de leur vie, leurs croyances, leur foi, leur désir de lire la Bible et de prier. Mais pour eux, il est plus important d'être avec Dieu que de souffrir. Ils savent à quoi ils tiennent.

    Seriez-vous là, serais-je là, si nous risquions une amende ou une semaine de prison en venant au culte ? Aujourd'hui, ici, nous ne sommes pas persécutés, nous ne risquons ni amende ni prison. Pourtant, il faut un certain courage pour être chrétien, même ici, même à notre époque ! Qui d'entre nous raconte, le lundi matin au travail, à l'école : "Dimanche, tu sais pas quoi ! j'ai été au culte, j'étais content de prier et de chanter, de rencontrer mon Dieu !".

    Il y a chez nous une pression, invisible, mais forte, qui dévalorise toute volonté de contact avec Dieu. Il y a une pression sociale, une pression de groupe qui fait qu'on peut raconter qu'on est allé faire du sport, ou au cinéma, ou surfer sur internet... mais qui fait qu'on ne peut pas dire ce qu'on pense, sauf si c'est pour démolir et critiquer ! "T'as vu ça / celui-ci, c'est nul, c'est naze, c'est un looser", etc.

    Dites des choses positives, avec des mots polis, exposez vos valeurs et vous entendez : "ça y est il recommence avec ses bondieuseries..." On n'ose plus dire : "moi j'aimerais plus de justice; moi j'aimerais écouter et apprendre; moi, je ne viendrais pas avec vous si c'est pour taper sur X ou Y." Celui qui dans son coeur veut être juste, aimable et non-violent est en butte aux moqueries des autres. C'est tellement plus "sport" d'aller piquer dans les magasins ou de tromper le fisc (pour les plus grands !).

    Les idées chrétiennes d'amour du prochain, de défense du faible, de justice, de salaire équitable ne sont pas généralisées, de loin pas, elles sont même critiquées, déconsidérées et méprisées. Ce sont les "persécutions" actuelles que nous vivons. Et il faut être courageux, tenace et volontaire pour lutter contre ce courant.

    Lutter contre le courant. C'est la tâche à laquelle Dieu ne cesse d'appeler les humains. C'est ainsi qu'il a appelé Jérémie qui se trouvait trop jeune (il dit littéralement : "Mais je n'ai pas de poil au menton" (Jér 1:6)). C'est ainsi que Jésus a appelé ses disciples, douze hommes et quelques femmes, dont Marie, Jeanne et Suzanne. C'est ainsi que Jésus a appelé Saul sur le chemin de Damas. C'est ainsi qu'il appelle chacun de vous.

    Aujourd'hui — dans un monde qui privilégie la guerre, l'injustice, l'exploitation, l'écrasement des faibles — choisissez la voie de Jésus, celle du respect, celle de l'amour, de la non-violence, de la justice. Ce n'est pas une voie facile, plus simple. En optant pour Jésus, vous allez rencontrer de nombreux obstacles sur votre route, vous serez en butte aux moqueries, aux fausses accusations de faiblesse, de couardise, de lâcheté.

    Etes-vous prêts à relever ces défis et être quelqu'un ou bien allez-vous céder à la pression sociale et vous fondre dans la masse de ceux qui ne veulent pas se mouiller, par intervenir ? Ce choix est placé devant vous !

    Lorsque Saul a entendu Jésus lui demander : "Pourquoi me persécutes-tu ?" il est tombé à terre, toutes ses convictions antérieures se sont brisées et il a réalisé qu'il avait fait fausse route jusque-là. Il a eu le courage de changer de comportement, il s'est converti. Il est devenu l'apôtre de l'amour du Christ.

    Amen

     

    © Jean-Marie Thévoz, 2021

  • Christ - visage humain - visage divin

    (12.11.2003)

    Marc 9

    Christ - visage humain - visage divin

    télécharger le texte : P-2003-10-12.pdf

     

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,

    Qu'est-ce qui est au coeur, au centre de la foi chrétienne ?

    De nos jours, il est de bon ton de ne pas faire ressortir les différences entre les religions, d'affirmer que nous partageons tous le même Dieu, qu'il y a simplement une puissance au-dessus de nous et de taire nos différences de peur d'ouvrir de nouveaux conflits. Cette volonté de paix, d'apaisement — de renoncement à toute provocation — est une bonne chose, mais qui ne doit tout de même pas nous retenir d'approfondir notre foi et d'élargir notre compréhension de notre propre croyance.

    Qu'est-ce qui est donc au coeur de la foi chrétienne ? Je commencerai par dire que c'est une certaine vision de la relation entre Dieu et l'être humain. Une relation tout à fait particulière, propre au judaïsme et au christianisme.

    Dans l'ensemble des religions, il existe une barrière entre l'homme et Dieu. Dieu inspire le respect, la vénération et la crainte. La façon dans les religions présentent leurs dieux tend à accentuer l'écart entre la majesté divine et la petitesse de l'être humain. Les temples se font de plus en plus grand, les statues gigantesques (pensez aux statues égyptiennes d'Abou Simbel). Le christianisme n'a pas totalement échappé à cette tendance non plus, regardez nos cathédrales ou la richesse des décorations de certaines églises baroques.

    Le Dieu de la Bible a plutôt tendance à se passer de temples. C'est un Dieu qui s'approche des humains et qui les accompagne sur leur chemin. Un Dieu qui se révèle à des individus et qui dit — comme à Moïse (Ex 3) — "J'ai entendu les cris de mon peuple opprimé, je viens le délivrer." Un Dieu qui se révèle dans la personne de Jésus de Nazareth. Un Dieu qui crée l'être humain à son image.

    Pour illustrer cette idée, je vais vous demander votre participation. Je vais vous distribuer un petit morceau de carton sur lequel vous trouverez quelques figures.

     

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    Que voit-on sur ces morceaux de carton ?

     

    C'est l'humanité réunie en tableau. Si l'on fait le puzzle que constituent toutes ces pièces, on verrait ceci : le poster du puzzle est dévoilé (voir l'image en fin de document)

     

     

     

    Vous êtes assez loin pour ne plus voir le détail de chaque visage qui ensemble créent une mosaïque révélant un autre visage, le visage de l'humanité. On reconnaît un visage de Christ avec sa couronne d'épine. Cette image est à deux niveaux, les visages humains et le visage du Christ. Selon notre place, selon notre vision de près ou de loin, on voit des petits visages (ceux que vous avez dans la main) ou le visage du Christ, visage de l'humanité ou visage de Dieu, comme le confesse le centurion romain. Il voit Jésus sur la croix et dit : "Celui-ci est vraiment le Fils de Dieu." (Mc 15:39)

    Deux niveaux qui font découvrir deux réalités. C'est une parabole de notre lecture de la Bible. Lecture à raz le texte, souvent trop humain. Lecture en perspective (plusieurs textes se parlent et se répondent), mise en relief qui donne du sens et une possible interprétation. Mettons cela en pratique lorsque nous lisons la Bible.

    La Bible nous présente un Dieu à visage humain et un humain à visage divin. Déjà dans la Genèse, Dieu dit : "Faisons l'humain à notre image, selon notre ressemblance." (Gn 1:26) Et plus tard, Jésus prend un enfant au milieu de ses disciples et leur dit : "Celui qui reçoit un de ces enfants, me reçoit moi-même." (Mc 9:37). Visage de Dieu et visages humains se recoupent, se superposent. C'est ce que voit le centurion au pied de la croix !

    Si vous cherchez le visage de Dieu, l'évangile nous dit : cherchez Jésus, cherchez le Christ. Et Jésus nous dit : Si vous voulez me rencontrer, rencontrez votre prochain. Si vous voulez me voir, regardez votre voisin, regardez votre prochain, faites-lui du bien et c'est à moi que vous ferez du bien ! Dieu prend visage humain et tout être humain porte en lui le visage de Dieu. Non pas dans ses qualités et ses perfections, dans sa jeunesse ou sa beauté, comme essaient de nous le faire croire les publicités, mais dans son humanité souffrante, imparfaite et vulnérable. visage,personne,dignité,ressemblance,prédication,evangile,spiritualité,protestant,vie spirituelle,bible,nouveau testament,ancien testament,éducation,foi,amour,dieu,jésus,jésus-christ,réformé,eglise

    Le visage humain est aussi le signal, le rappel de l'éthique. Respect et protection sont dus à tout humain parce que chacun porte en lui l'empreinte de Dieu, l'empreinte du Christ. Voir le visage humain, voir le visage d'un enfant, devrait désarmer en nous toute impulsion de violence et d'agression, parce qu'au coeur de tout visage humain, il y a le visage du Christ crucifié. En lui Dieu s'est approché de nous, au plus intime de notre vie, au plus près qu'il est possible.

    Dans le christianisme, il n'y a plus de barrière entre Dieu et humain, parce que Dieu l'a voulu ainsi, ce que l'évangéliste Marc fait remarquer subtilement lorsqu'il indique — au moment de la mort de Jésus — que le voile du Temple s'est déchiré.

    Dieu s'est approché de nous, en Jésus il nous a dévoilé son vrai visage, un visage d'humanité.

    Amen

    © Jean-Marie Thévoz, 2021

     

  • Toute souffrance est une urgence aux yeux de Dieu

    (9.9.2001)

    Esaïe 57

    Toute souffrance est une urgence aux yeux de Dieu

    Esaïe 57 : 15-19.         Hebreux 13 : 1-3.         Luc 14 : 1-6

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    Chers amis,

    Quelle image avons-nous de Dieu, quelles qualités — ou défauts — lui attribuons-nous ? La majeur partie du travail de Jésus auprès de ses contemporains a été de leur donner une nouvelle image, une nouvelle vision de Dieu. Pas tellement que l'image donnée dans l'Ancien Testament n'était pas la bonne et devait être corrigée, mais parce que, à chaque génération, nous-mêmes, nous déformons, obscurcissons l'image qui nous est présentée.

    Ainsi à l'époque de Jésus, ce sont les Pharisiens qui sont porteurs d'une certaine image de Dieu que Jésus cherche à rectifier. Dans un souci de bien faire, les Pharisiens ont énormément codifié la relation à Dieu. Il y a ce qu'il faut faire et tout ce qu'il ne faut pas faire. Cela ressemble à notre dicton : "Tout ce qui n'est pas interdit est obligatoire, et tout ce qui n'est pas obligatoire est interdit."

    Il n'y a plus de place pour un espace de liberté, pour des exceptions et des cas particuliers, on applique la règle et tant pis si des personnes sont broyées par le système. On n'y peut rien ! Cela est particulièrement mis en évidence chaque fois que Jésus fait une guérison le jour du sabbat.

    Le sabbat, le jour du repos, c'est sacré ! Interdit de faire quoi que ce soit ! Dieu le veut ainsi ! Alors Jésus vient avec ses questions qui dérangent : "Notre loi permet-elle ou non de guérir le jour du sabbat ?" Silence des interlocuteurs de Jésus. (Dans un autre récit, il est répondu à ceux qui souffrent : "Venez vous faire soigner en semaine !") Jésus continue : "Mais, s'il est question d'un sauvetage urgent qu'on ne peut pas renvoyer au lendemain, que faites-vous ?" Silence encore ! Silence qui en dit long : Là, lorsque c'est urgent, on se le permet.

    Alors, Jésus répond lui-même aux questions qu'il pose, il n'y répond pas par des paroles, mais par des actes, il guérit l'homme malade ! (Observez a passage la discrétion du récit sur cette guérison : "Jésus prit le malade, le guérit et le renvoya" l'accent n'est pas sur le miracle, mais sur la signification de son geste.) Pour Jésus — ici porte parole de Dieu — toute souffrance est une urgence aux yeux de Dieu. Un autre jour de sabbat Jésus avait guéri une femme courbée depuis 18 ans (Luc 13:10-17). La faire attendre un jour de plus aurait été un jour de trop !

    Ce caractère d'urgence semble renverser les priorités pour Jésus. Alors que les Pharisiens placent en premier le respect dû à Dieu, dans le respect du repos du sabbat, pour ensuite — en second — se préoccuper de son prochain, Jésus met le prochain en premier et Dieu en second ! Dieu en second, à la seconde place, après l'être humain ! N'est-ce pas scandaleux ?

    Ce serait effectivement scandaleux si c'était l'être humain lui-même qui s'autoproclamait à la première place pour reléguer Dieu à la seconde. C'est scandaleux chaque fois qu'une personne fait passer ses propres intérêts individuels avant la volonté de Dieu. Mais ce n'est pas ce qui se passe ici ! Jésus rappelle ici le projet, la volonté de Dieu. Cette volonté, ce projet de Dieu si bien exprimé dans ce verset d'Esaïe :

     

    "Voici ce que déclare celui qui est plus haut que tout, dont la demeure est éternelle et dont le nom est saint : « Moi, le Dieu saint, j'habite là-haut, mais je suis avec les hommes qui se trouvent accablés et ont l'esprit d'humilité, pour rendre la vie aux humiliés, pour rendre la vie aux accablés. » (Es 57:15)

    Ce Dieu suprême, qui est plus haut que tout, décide unilatéralement, de sa propre initiative de réduire la distance entre lui et les êtres humains, de se placer délibérément aux côtés des humains : "J'habite là-haut, mais je suis avec les humains..." Dieu avec les humains, Dieu avec nous, Emmanuel (j'anticipe un peu sur Noël !)

    Dieu place en priorité la cause de l'humain, c'est pourquoi Jésus peut opérer le renversement de places, parce que Dieu lui-même a décidé que la meilleure façon de l'honorer c'est d'aller au secours de son prochain, c'est de se préoccuper du sort de ceux qui souffrent, c'est de rétablir les relations entre nous. Souvenez-vous ces autres paroles de Jésus : "Laisse ton offrande devant l'autel et va d'abord faire la paix avec ton frère; puis reviens présenter ton offrande à Dieu" (Mt 5 : 24). L'amour que nous avons pour Dieu se lit dans notre façon de nous comporter avec nos proches et ceux que nous côtoyons.

    Jésus a été ce prochain — porteur de la guérison de Dieu pour cet homme malade rencontré un jour de sabbat. Dieu a placé Jésus sur le chemin de cet homme pour que nous sachions qu'il place des hommes et des femmes sur notre propre chemin pour réaliser envers nous son projet de guérison.

    Dieu place sur notre chemin des personnes qui nous aident à passer les moments difficiles, à surmonter les obstacles, les épreuves, les deuils... De même il place sur notre route des personnes (des anges dit la lettre aux Hébreux (Hb 13: 1-3) avec qui partager nos moments de bonheur, de joie et de reconnaissance.

    Avons-nous les yeux ouverts à cette image de Dieu ? Avons-nous les yeux ouverts pour regarder le monde autour de nous, les personnes que nous rencontrons pour y voir les messagers du Dieu bienveillant qui veut notre guérison, notre bonheur ?

    Essayez cette vision pour la semaine qui vient, vous aurez peut-être des surprises !

    Amen

    © Jean-Marie Thévoz, 2021