(10.6.2001)
Jérémie 17
Etre un arbre planté au bord d'une rivière
Deutéronome 7 : 7-12. Jérémie 17 : 5-8. Actes 2 : 41-47
télécharger le texte : P-2001-06-10.pdf
Chers Amis,
Dimanche passé, nous fêtions la Pentecôte, commémoration du don de l'Esprit saint aux disciples, et à l'Eglise. Par l'Esprit saint, Dieu se rend présent — d'une façon qui reste mystérieuse — en chacun. C'est un passage important en termes d'histoire des religions.
Jusqu'à la Pentecôte, le Temple, celui de Jérusalem, était le lieu où Dieu était le plus proche. Les juifs déjà étaient conscients que Dieu ne pouvait pas habiter le Temple, on ne met pas un Dieu infini dans une maison, aussi vaste et belle soit-elle. Le Temple était le marchepied de Dieu sur terre.
Mais voici qu'avec Jésus, Dieu se rapproche des humains, il marche à leurs côtés, il entre dans le corps d'un homme autant que dans notre histoire humaine. Voilà qu'à Pentecôte, Dieu affirme qu'il vient habiter en chacun de nous, en chaque être humain. L'être humain, chaque être humain devient le Temple du Saint-Esprit. Quel changement ! Quelle transformation de la relation à Dieu.
Dans le livre du Deutéronome, nous avons entendu que Dieu avait choisi son peuple — non pour sa grandeur, pour ses mérites propres — mais simplement par amour. "Le Seigneur vous aime," c'est pourquoi il vous a choisi.
C'est une décision unilatérale que Dieu a prise. Il n'a pas attendu pour voir qui nous serions, il n'attend pas de savoir ce que vont devenir les bébés, les enfants pour les accueillir dans le baptême. Dieu nous prend tels que nous sommes. Il n'y a pas de conditions préalables pour être accueillis par lui, pour être aimés, pour être secourus.
Dieu fait le premier pas, il ouvre ses bras le premier. Et l'amour de Dieu n'est pas passif. Cet amour de Dieu est communicatif, actif. Dieu souhaite nous voir heureux. C'est pourquoi il a sorti de l'esclavage d'Egypte son peuple, ce qui peut signifier pour nous qu'il souhaite nous aider à sortir de nos conflits relationnels qui nous enferment dans des attitudes de repli, de déprime ou de méfiance vis-à-vis des autres.
Dieu souhaite nous voir heureux. C'est pourquoi il nous a donné sa loi, comme points de repères pour ne pas foncer dans les impasses de la violence et de la destruction. Dieu nous offre le mode d'emploi du bonheur et ... — bien qu'il passe aujourd'hui pour démodé, dépassé ou ringard — ce mode d'emploi reste solide et plein de bon sens, si on accepte de bonne foi de le mettre en pratique.
C'est pourquoi le prophète Jérémie peut faire cette comparaison à son auditoire — le peuple d'Israël de son époque, qui n'était pas très différent de nous : Comment préférez-vous vivre ? Comme un buisson malingre dans la steppe aride ou comme un arbre vert toute l'année parce qu'il est planté auprès d'un ruisseau ?
A quoi ressemble votre vie ? Etes-vous toujours en quête de ce qui étanchera votre soif de satisfaction, de tendresse, d'amour, de relations véritables ? A quelle distance de vous se trouve l'eau qui vous fait vivre ? Où est l'eau de votre baptême ? Où est la vie que Dieu souhaite pour vous ?
Qu'en est-il de notre vie ? Vivons-nous la vie que nous souhaitons vivre ? Vivons-nous la vie telle que nous l'espérons ? Si nous ne sommes pas satisfait de la vie que nous menons, des relations que nous entretenons, qu'est-ce qui nous empêche de changer, de commencer une transformation ? Qu'est-ce qui nous empêche de changer le centre de notre existence, de changer notre centre de référence ? Chacun possède sa réponse personnelle à cette question.
Le baptême est une invitation à installer son campement auprès de cette rivière de vie et d'y plonger sa vie pour prendre racine et n'être plus jamais en manque, assoiffé.
L'enfant baptisé ce matin a reçu quelques gouttes de cette eau, comme un semis de graines nouvelles reçoit un peu d'eau. Mais le baptême n'est pas que l'événement d'un jour. Pour que la graine germe, pour que les racines se développent et que l'arbre prenne sa pleine stature, il faut que quelqu'un en prenne soin, qu'il l'alimente, le chérisse.
Nos vies ont besoin de ces soins, nos vies ont besoin d'être baignées dans la Parole de Dieu qui fait vivre et grandir. C'est le rôle des parents pour les enfants. C'est le rôle de l'Eglise de seconder les parents dans cet effort. C'est le rôle de chacun pour soi-même de se mettre et remettre toujours à nouveau dans le bain de la Parole, du partage, du chant et de la prière.
Dans le livre des Actes, la première communauté chrétienne est décrite comme une communauté
- qui écoute la Parole de Dieu,
- qui participe au partage du pain
- qui chante et prie ensemble.
Toutes ces choses sont encore possible aujourd'hui, près de 2'000 ans après la première Pentecôte. C'est un énorme privilège pour nous d'avoir accès à cette eau, à cette rivière, à cette vie de Dieu.
Nous pouvons plonger nos racines à cette source, pour grandir et déployer nos ramures, pour abriter et nourrir ceux qui nous entourent de nos fruits.
N'est-ce pas là un grand bonheur ?
Amen
© Jean-Marie Thévoz, 2022