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noël - Page 2

  • Esaïe 11. L'âne et le bœuf autour de la crèche

    Esaïe 11

    11.12.2016

    L'âne et le bœuf autour de la crèche

    Es 1 : 1-3        Es 11 : 1-10       Jean 1 : 1-5 + 10-11

     

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    Chers frères et sœurs en Christ,

    Aujourd'hui, je souhaite vous parler de l'âne et du bœuf de la crèche !

    Il n'y a pas de représentations de la naissance de Jésus sans l'âne et le bœuf, ce sont des figures incontournables ! Pourtant l'âne et le bœuf ne figurent pas dans les récits de la naissance de Jésus qu'on trouve dans le Nouveau Testament. L'âne et le bœuf sont des ajouts de la tradition. Bien sûr, la crèche, qui est une mangeoire pour animaux, suggère la présence d'animaux domestiques, et le pas a été vite franchi.

    L'âne est l'animal domestique voué au transport et la tradition — de nouveau elle — montre Joseph conduisant l'âne sur lequel est assise Marie. Seule pour le voyage de Nazareth à Bethléem, avec Jésus dans ses bras pour la fuite en Egypte, c'est à cela qu'on distingue les deux épisodes sur les tableaux, les mosaïques ou les vitraux. Le bœuf, de son côté, est l'animal de trait, celui ou ceux qui sont sous le joug et qui tirent la charrue pour tracer le sillon. Deux animaux communs, ordinaires et proches de la population d'un monde rural.

    Mais l'âne et le bœuf n'ont pas été introduits dans les tableaux ou récits de la nativité "pour faire joli", "pour faire champêtre", mais pour donner du sens ! Au fil de mes recherches, j'ai découvert trois pistes, trois références ou interprétations qui donnent du sens à la présence de ces animaux.

    1) Dans la première piste, les rôles de l'âne et du bœuf sont indépendants l'un de l'autre. Le bœuf est retenu pour son aspect placide, pacifique. On trouve cet aspect dans l'annonce de la venue du Messie dans Esaïe où les animaux cohabitent en paix et où le bœuf devient l'exemple pour le lion : "Le lion, comme le bœuf, mangera du fourrage." (Es 11:7) Le bœuf, animal pacifique, appartient au monde futur du Messie.

    L'âne, lui, nous renvoie à l'épisode du prophète Balaam (Nombres 22), où l'âne (en fait une ânesse), chevauché par Balaam voit l'ange qui lui barre le chemin, alors que le prophète ne le voit pas. Ici l'âne est l'animal qui voit Dieu là où l'homme est encore incapable de le distinguer. L'âne de la crèche percevrait donc déjà la divinité de Jésus encore nourrisson, bien avant les humains.

    2) Deuxième interprétation. L’âne et le bœuf sont ensemble. Cette interprétation se fonde sur un verset d'Esaïe : "Un bœuf connaît son propriétaire, et un âne le maître qui lui donne à manger." (Es 1:3) Cette phrase doit être comprise dans son contexte : Esaïe a en face de lui un peuple rebelle, révolté contre son Dieu.

    Le peuple d'Israël ne reconnaît plus Dieu comme son Seigneur et son maître, comme celui qui le nourrit et lui veut du bien. Aussi Esaïe désigne-t-il les animaux comme des exemples. Même les animaux sont capables de reconnaissance envers leur maître. Vous les humains, qui n’êtes plus capables de reconnaître votre maître, Dieu, d’être reconnaissant pour tout ce qu’il vous donne, et bien vous êtes moins que des bêtes, vitupère Esaïe.

    L'âne et le bœuf dans la crèche ont là un rôle de mise en relief, de repoussoir : ils rappellent le péché humain, la distance que les humains mettent entre eux et Dieu. Ces animaux rappellent que le Christ naît dans un monde d'obscurité, de mal, de mensonge.

    L'Evangéliste Jean le dit en d'autres termes : "La lumière brille dans l'obscurité, et l'obscurité ne l'a pas reçue. Celui qui est la Parole était dans le monde. Dieu a fait le monde par lui, et pourtant le monde ne l'a pas reconnu. Il est venu dans son propre pays, mais les siens ne l'ont pas reçu." (Jn 1:5+10-11).

    Avant que les bergers n’arrivent à la crèche, l'âne et le bœuf sont là, signalant l'impossibilité des humains à recevoir Dieu, sans qu'il prenne lui-même l'initiative !

    3) Troisième piste, une interprétation rabbinique à partir de la signification symbolique de ces deux animaux. Le bœuf est l'animal qui tire la charrue et trace le sillon. Il est le symbole de celui qui va droit, qui marche droit, le symbole de celui qui suit une direction. C'est donc le symbole de l'homme intègre, celui qui suit la direction de la Torah, qui marche droit en suivant la volonté divine.

    L'âne, lui, est l'animal têtu, qui résiste, qui ne se laisse pas guider s'il a une autre idée dans la tête. Il représente la nature humaine dans ce qu'elle a d'indomptable, de raide, de récalcitrant. (C'est peut-être cet âne que Jésus monte aux Rameaux et qu'il dompte (peut-être en lui-même) pour accepter la volonté divine.) Ainsi dans la crèche, au pied de Jésus se retrouvent autant l'homme droit que l'homme révolté. Tous deux sont là et ont également besoin du salut qu'apporte Jésus (comme les deux fils de la parabole du fils prodigue !).

    Voilà pour les trois pistes de réflexion. Que pouvons-nous en retenir ? Au-delà du charme champêtre, la présence de ces deux animaux près de la crèche nous rappelle les deux côtés opposés mais inséparables de l'humanité.

    D'un côté, l'âne et le bœuf sont là pour nous rappeler que nous oublions sans cesse qui est notre maître et propriétaire, qui est Dieu pour nous et qu'il nous veut du bien. Le Messie arrive dans un monde qui lui est hostile, et il ne l'est pas moins aujourd'hui qu'hier ! La venue de Dieu dans le monde amène à une confrontation, un jugement : nous ne savons pas servir Dieu convenablement (lisez tout le premier chapitre d'Esaïe).

    De l'autre côté, en présentant aux humains le signe d'un nouveau-né, Dieu n'est pas venu menacer les humains de son jugement, mais nous sauver, nous délivrer du mal pour nous réconcilier avec Lui. Que l'on soit obéissant à la Loi ou révolté, peu importe, nous avons tous besoin du salut que Jésus apporte, nous avons tous besoin de sa grâce.

    Dans les deux cas, le Christ est venu pour nous, pour nous réconcilier avec Dieu, pour que nous entrions dans sa lumière. Que l’on soit “âne” à la nuque raide, ou plutôt “bœuf” qui marche droit, nous recevons le même cadeau de la venue de Jésus. Il vient pour nous. Il vient pour tous, pour tous les humains de la terre, pour apporter son amour inconditionnel à tout humain.

    Amen  

    © Jean-Marie Thévoz, 2016

  • Luc 2. Veillée de Noël

    Luc 2    2
    4.12.2014

    Veillée de Noël
    Esaïe 9 : 1-6    Luc 2 : 1-20    Jean 8 : 12

    Télécharger la prédication : P-2014-12-24.pdf

    Partie 1 : Esaïe 9 : 1-6
    « Après la longue et sombre nuit, le ciel a rayonné » Oui, c’est dans la nuit que résonne le message de Noël, c’est dans notre monde réel qu’est annoncé une bonne nouvelle. Nous connaissons notre monde, monde de détresse, monde de violence et de haine, monde d’une barbarie qu’on croyait abolie.
    C’est pour ce monde-là que Dieu fait briller sa lumière. C’est dans ce monde-là que Dieu veut étendre sa paix. Oh paradoxe ! il le fait à rebours de ce qu’on pourrait attendre !
    On voudrait que Dieu étende sa puissance sur le monde. On voudrait que Dieu fasse preuve de force et anéantisse ses adversaires. Mais n’est-ce pas ce que nous reprochons à ceux qui étendent la guerre au nom de Dieu ? Aucune violence ne peut abattre la violence, Dieu l’a bien compris.
    La paix ne peut venir qu’avec une offre de paix. La paix ne peut venir qu’avec la possibilité du sacrifice. Dieu avance vers nous sous la forme d’un enfant inoffensif, pour apporter la paix avec lui, à tout homme de bonne volonté. Il s’offre à nous, dans ce dénuement et cette vulnérabilité comme une bougie dans la nuit. Que cette lumière nous guide dans la nuit de notre monde.


    Partie 2 : Luc 2 : 1-20
    C’est dans une famille humaine que Dieu choisit de s’incorporer. Jésus naît de Marie, avec Joseph à ses côtés. C’est dans la famille humaine que Dieu choisit de s’incorporer, avec les bergers et les mages à ses côtés, avec les marginaux, les délaissés, comme avec les savants et les marchands venus de loin.
    C’est dans une famille de déplacés, loin de chez elle, qui ne trouve pas sa place, rejetée dans une sombre étable que Dieu choisit de rejoindre l’humanité.
    C’est dans une famille de la descendance du roi David, appartenant au peuple qu’il a pris sous son aile depuis des générations que Dieu a choisi de rejoindre l’humanité. Dieu rassemble son peuple et l’ouvre à l’universalité. Le Messie est offert à ce petit peuple à peine sorti de l’ombre, mais pour devenir un personnage pour le monde entier, le sauveur du monde, le messager d’une bonne nouvelle pour le monde entier.
    Dieu n’appartient à personne. Dieu ouvre son cœur à toute l’humanité. L’amour est universel, il s’adresse à tous, il est le moteur et l’énergie de tout humain où qu’il habite sur la planète terre. Dieu est amour pour tous.

    Partie 3 : Jean 8 : 12
    Lumière ! Lumière du monde ! Pas tant un soleil qui illumine tous les coins de la planète. Plutôt un phare qui perce l’obscurité d’un rayon étroit qui traverse la nuit, régulièrement, inlassablement. C’est le phare qui guide le marin pour éviter l’écueil. C’est le phare qui mène à bon port, qui permet de se repérer dans l’obscurité du monde.
    C’est le faisceau des phares qui permet de rouler dans la nuit, éclairant les obstacles, illuminant les bas-côtés, permettant d’avancer et d’atteindre son but.
    C’est la lumière qui éclaire le monde de significations nouvelles, qui permet de comprendre ce qui anime les hommes et les sociétés. La lumière sculpte et dénonce les égos surdimensionnés de ceux qui ne pensent qu’à amasser richesses et pouvoirs. C’est cette lumière qui illumine les gestes de bonté anonymes sans lesquels le monde serait triste et froid.
    C’est la lampe qui permet de lire ce qui, sinon, resterait indéchiffrable : une mère qui sans cesse s’oublie pour que ses enfants aient une vie meilleures ; un patron qui préfère couper dans ses profits plutôt que de se séparer de son premier employé, devenu invalide ; une dame âgée qui accueille des réfugiés dans sa cuisine et à qui ceux-ci préparent quelques plats exotiques ; un enfant reconnaissant de la patience de son enseignante qui lui offre un dessin fait avec son cœur.
    Ce sont des gestes invisibles au monde, mais toujours illuminés par le regard de Dieu. Il est la lumière qui fait voir le monde sous un jour nouveau.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2014

  • Matthieu 2. Les mages chez Hérode : un roman d’espionnage

    Matthieu 2
    5.1.2014
    Les mages chez Hérode : un roman d’espionnage
    Jean 7 : 28-32     Matthieu 2 : 1-13

    Téécharger ici la prédication : P-2014-01-05.pdf


    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Demain, 6 janvier, c’est la traditionnelle fête des Rois qui rappelle la venue des rois mages à la crèche pour adorer Jésus. Autour des rois mages s’est formée toute une tradition avec nombre de récits et de contes qui disent ensemble que le monde entier est venu se prosterner devant Jésus, qu’il a reçu mille cadeaux et que nous pouvons nous-mêmes nous joindre à ces adorants.
    J’ai moi-même aussi parlé dans ce sens, interprétant les trois cadeaux offert (24.12.2011) ou racontant divers contes (24.12.2009 - 13.12.2009 - 27.11.2011). Aujourd’hui, je vais vous emmener ailleurs, sans vouloir en rien déprécier les traditions autour des rois mages, vous me connaissez, vous savez combien j’aime généralement interpréter symboliquement les récits bibliques.
    Mais aujourd’hui, j’aimerais rester au plus près du récit biblique et de l’intention de Matthieu. Car Matthieu ne nous raconte pas un conte autour de la naissance de Jésus, loin de là ! Non, Matthieu commence ici un roman noir, un roman d’espionnage, qui va être parsemé de mensonges, de manipulations, de retournement d’espions et de cadavres. Oui, on est bien loin du folklore et du conte de Noël.
    Que nous dit Matthieu ? Il nous parle de mages (je vais continuer à les appeler de cette manière traditionnelle) qui sonnent à la porte du palais du roi pour demander s’il est au courant de la naissance de son futur légitime remplaçant, le Messie. (Le Messie est la personne qui est ointe de l’huile de la consécration à la royauté, comme Saül puis David l’ont été par le prophète Samuel. L’onction assure donc une légitimité divine à celui qui la reçoit).
    Inquiétude immédiate d’Hérode qui se sent menacé. Il met en route son enquête : où doit naître ce prétendant ?  Quand l’étoile qui l’annonce est-elle apparue ? Il mobilise les interprètes de la Bible pour avoir ces informations et il interroge les mages.
    Une fois qu’Hérode dispose de ces renseignements, il confie (sous le couvert du mensonge de vouloir lui aussi adorer le nouveau roi) il confie aux mages la mission de lui ramener la localisation exacte du Messie. Ainsi, sous un faux prétexte, Hérode transforme les mages en espions à son service, au service de ses funestes desseins comme on s’en doute.
    Toujours aussi naïfs et innocents, la tête dans les étoiles, les mages trouvent Jésus, l’adorent et lui donnent leurs cadeaux. Enfin, ils sont avertis de ne pas retourner voir Hérode. Toujours aussi peu à la page, mais obéissants, ils retournent chez eux par un autre chemin.
    Le plan d’Hérode est à moitié déjoué, en fait on a seulement gagné un peu de temps. Il faut maintenant fuir en Egypte. Joseph est averti, lui aussi en songe, de prendre l’enfant et Marie et de descendre se réfugier en Egypte en attendant que la menace s’estompe. Hérode, furieux, frappe à l’aveugle les nouveau-nés de Bethlehem, espérant ainsi anéantir le Messie.
    Dans ce récit, les mages ont finalement un rôle tout à fait secondaire, celui de relier Jésus et Hérode et de mettre en évidence leur confrontation inévitable. Ce qui est important, ce n’est pas le passage des mages, c’est l’inévitable confrontation entre le pouvoir séculier et le pouvoir spirituel, entre l’obscurité et la lumière (dira l’évangéliste Jean, Jn 1:5), entre la corruption et la vérité, entre le péché et la grâce.
    Les mages relient Hérode et le Messie et mettent au jour leur inévitable confrontation. Les mages passent et ne se rendent pas compte des vagues qu’ils soulèvent sur leur passage. Mais Matthieu veut attirer notre regard sur ces vagues, sur cette tempête, sur cet affrontement et ses conséquences.
    La venue de Jésus a ouvert un conflit. La naissance du Messie est vue comme une menace par le pouvoir en place, surtout lorsqu’il est assis sur la violence et la corruption. L’obscurité craint la lumière. le malfaiteur craint la transparence. Hérode craint le Messie et lui déclare la guerre. Il veut à tout prix le retrouver et le tuer. Tout ce qui menace le pouvoir d’Hérode doit disparaître. C’est une guerre qui est déclarée contre le Messie et une guerre qui va se jouer en plusieurs manches.
    Première manche : la localisation du Messie. Malgré la défection finale des mages, le point est à Hérode. La sainte famille est obligée de s’enfuir.
    Deuxième manche : elle est gagnée aux points par Jésus puisque Hérode meurt. Il peut rentrer à Nazareth.
    Troisième manche : elle se joue pendant le ministère de Jésus. Il a le soutien de la foule. Le point et pour Jésus.
    Quatrième manche : les adversaires de Jésus réussissent à le faire condamner par Ponce Pilate. Victoire des violents par K.O.
    Jésus est mort. Tout est-il fini ? Les ténèbres ont-elles eu raison de la lumière ?
    Eh bien, quelques personnes racontent avoir vu Jésus vivant, ressuscité, et répandent ce message ! Il aurait finalement vaincu ! Quelle est la valeur de cette victoire secrète ?
    Nous en sommes ici de ce combat, de cette confrontation dont Matthieu a donné les premiers moments. Quelle est la valeur de cette victoire secrète ? Que croyons-nous ? Nous ? Qui a gagné ? Est-ce Jésus ou les hérodes de notre temps ?
    Le monde ne nous envoie pas de signal clair. En fait, le monde parie plutôt sur la victoire de l’obscurité sur la lumière. Et nous, sur qui parions-nous ? De quel côté nous plaçons-nous ?
    C’est bien la question de la foi. Croyons-nous en la résurrection, en la victoire — encore secrète, mais déjà adjugée — de Jésus, de la justice et de la vérité sur l’obscurité ? De quel côté nous plaçons-nous ? Comment allons-nous le manifester, le faire savoir ? La balle est dans notre camp.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz 2014.

  • Conte : Adam réveille-toi !

    Esaïe 9
    22.12.2013
    Conte : Adam réveille-toi !
    Esaïe 9 : 1-2+5-6     Esaïe 7 : 10-14     Esaïe 60 : 1-5

    Télécharger le texte ici : P-2013-12-22.pdf

    Dans le pays de l’ombre, il fait tout noir ! Dans la shéol, c’est comme dans une caverne lorsque la dernière torche s’est éteinte. Tout est noir, tout est immobile. Pourtant il y a du monde dans ce séjour souterrain puisqu’il rassemble tous ceux qui ont quitté la surface de la terre. Mais tout le monde est immobile, parce que — dans le noir — si on bouge on se cogne et on se fait mal. Alors tout le monde dort, d’un sommeil qui ne respire pas, d’un sommeil qui ne bouge pas, d’un sommeil qui pèse des milliers de tonnes. Pourtant, là-bas, au bord de la frontière, une femme se met à bouger... elle lève la tête... elle se redresse... et bouscule le compagnon qui partage sa couche :
    -    Adam ! Réveille-toi ! Réveille-toi !
    -    Oh ! Laisse-moi tranquille ! Voilà des siècles que je dors ! Je ne vais quand même pas me réveiller maintenant !
    -    Si ! Adam ! Réveille-toi !
    -    Oh ! Eve ! Tu ne vas pas me refaire le coup de la pomme ! Laisse-moi tranquille !
    -    Adam ! Je t’en prie ! Regarde là-bas, la lumière ! Tu ne vois pas ? C’est comme au matin du sixième jour, quand je t’ai découvert dans le jardin, il y avait cette lumière-là au fond de tes yeux...
    -    Tu as raison... la lumière de Dieu est en train de revenir... elle illumine ton visage...

    Dans le pays de l’ombre, il y a une mer, une mer très sombre, une mer qui a l’air de vouloir engloutir tous ceux qui l’approchent. Au bord de l’eau, un homme est figé, avec sa femme et ses trois fils. Comment est-il possible de dormir au bord de ces eaux qui secouent en furie leurs tentacules de mort ?... Et soudain, les eaux s’apaisent, peu à peu... Le bruit du silence réveille la dormeuse... elle secoue son compagnon :
    -    Noé ! Ecoute !
    -    Tu es folle, ma femme ! Il n’y a aucun bruit ! Par contre, je vois...
    -    Que vois-tu ? Tu es fou, Noé ! Tu sais bien que dans cette obscurité, il n’y a rien à voir !
    -    Si, regarde, là-bas ! Du rouge... rouge comme le couple de colibris entré dans l’arche au dernier moment...
    -    Oh ! Je vois de l’orangé... orange comme la petite grenouille à trois doigts qui sautait partout... et du jaune comme les plumes des canaris...
    -    Regarde, le vert... vert comme les feuilles du rameau d’olivier rapporté par la colombe... et aussi le bleu... un bleu profond comme celui des ailes de la libellule...
    -    Et du violet... violet comme l’étrange papillon posé sur le rebord de la fenêtre de l’arche...
    -    La lumière de Dieu est en train de revenir... Regarde ce bel arc-en-ciel... l’alliance se renouvelle.

    MUSIQUE

    Dans le pays de l’ombre, il y a un ciel, un ciel très noir, un ciel déprimé et déprimant. Pourtant, tout à coup, on entend un rire, un rire de femme, un rire clair jaillissant comme une source :
    - rire de femme
    -    Sarah ! Tais-toi ! Qu’as-tu à rire pareillement ? Notre fils est grand  depuis longtemps... Tu n’es tout de même pas enceinte une nouvelle fois ?
    -    Non, Abraham ! Non ! Mais lève les yeux au ciel ! Une étoile est revenue !
    -    Une étoile ? C’est impossible, pas ici.
    -    Si, une étoile comme toutes celles que Dieu t’avait fait voir pour t’indiquer que tu serais le père d’un grand peuple.
    -    Oui ! Le père de tous les croyants... Oui, je suis le père de tous les croyants... Mais cette étoile elle est toute seule ! Mais c’est vrai qu’elle est bien plus brillante que toutes celles que j’ai vues autrefois. Tu crois que Dieu veut nous annoncer une bonne nouvelle ?
    -    Serait-ce encore une naissance ?
    -    Tu es folle, Sarah ! Rien ne naît au pays de l’ombre !
    -    Attention, Abraham, si tu doutes, tu vas perdre ton titre de « père des croyants » !

        On ne peut pas sortir du pays de l’ombre. C’est un endroit complètement clos, fermé par les portes de la mort. Jacob, lui, a trouvé un moyen : il s’évade par le haut ! Il dort, avec une échelle à côté de lui. Quand il était vivant, il avait dormi ainsi à Béthel et il avait eu un songe... le songe de sa vie : pensez donc, il avait vu Dieu !
    Une échelle était dressée sur la terre et le sommet de cette échelle atteignait le ciel... Des anges montaient et descendaient... et Dieu lui avait parlé ! Il n’est pas interdit de refaire le même rêve plusieurs fois. Alors, Jacob ne se lasse pas. Il rêve qu’il monte en gravissant les échelons de son échelle. Il monte vers le ciel, il monte dans ce royaume de lumière...
    Mais ce soir, c’est différent. Il n’a pas l’impression de dormir et pourtant il voit des anges, comme à Béthel ! Il voit des anges qui descendent vers la terre, ils se préparent à chanter pour des bergers.
    -    C’est sûr, dit-il en se redressant, si je vois des anges descendre vers la terre, c’est que Dieu va parler une nouvelle fois ! Et il entend les anges chanter : « Gloire à Dieu et Paix sur la terre. »

    MUSIQUE

    Dans le pays de l’ombre, il fait froid et il est impossible de faire du feu. Çippora, glacée comme la mort, dort à côté de Moïse... Soudain, elle se réveille... surprise par une chaleur douce qui vient lui lécher les pieds...
    -    Moïse ! Regarde ! Des bergers qui gardent leurs troupeaux ! Ils ont allumé un feu pour se réchauffer ! Regarde ! Ils ont même un petit mouton noir... comme toi quand tu faisais paître le bétail de mon père dans le pays de Madiân... Moïse, il y a si longtemps que nous n’avons pas vu un bon feu !
    -    Oh, Çippora ! Ce feu a quelque chose d’extraordinaire ! Sa chaleur est si enveloppante !... Tu sais, il me rappelle un autre feu, celui que j’avais vu sur la montagne de l’Horeb, tu sais le feu dans le buisson... Serait-ce « Je suis » qui revient ? Dieu... le Dieu de nos pères... le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob...
    -    Moïse ! Ce feu a été allumé par des bergers... pas par Dieu !
    -    Oui, ma douce ! Mais tu sais que Dieu a un petit faible pour les bergers : Il a aimé l’offrande d’Abel, il a parlé en songe à notre père Jacob, il a donné une mission importante à son fils Joseph... et à moi ! Si tu as été réveillée, ma belle, de ce sommeil glacé, c’est que Dieu va venir !

    Dans le pays de l’ombre, personne ne chante. Il n’y a pas d’oiseaux, pas de cascades, pas de brise légère pour charmer les oreilles. Il n’y a pas de musique. Pourtant, dans un coin, il y a une cithare. Un homme a posé sa main dessus et dort ainsi, profondément. Cet homme n’est pas n’importe qui : il a gardé sur la tête une couronne... qui ne lui sert pas plus que la cithare à laquelle il s’accroche. Cet homme a d’abord été le petit David musicien qui s’occupait des moutons de son père. Puis il est devenu roi d’Israël... un grand roi.
    David, tout à coup, sort de son sommeil et se met à chanter :
    « La ténèbre n’est pas ténèbre devant toi, la nuit comme le jour est lumière. » (Ps 139:12)
    Puis David se met à danser en tournoyant comme le jour où il s’est installé à Jérusalem :
    -    « Mon âme, bénis l'Éternel! Que tout ce qui est en moi bénisse son saint nom!  Mon âme, bénis l'Éternel, Et n'oublie aucun de ses bienfaits ! » (Ps 103:1-2).

    MUSIQUE

    Dans le pays de l’ombre, personne ne parle. Les mots ont été tués. Il est interdit de s’exprimer. Il n’y a aucune place pour la parole venant du cœur. Quand Esaïe est arrivé dans ce pays-là, il a eu beaucoup de mal à se taire. Même couché là, au milieu des autres, il parle encore. Car Esaïe est un prophète, c’est-à-dire celui qui parle devant, au nom de Dieu. Alors, Esaïe parle en dormant... c’est à peine si on l’entend... de toutes façons, entend-on les prophètes, même quand ils sont réveillés ? Soudain, Esaïe se dresse et crie :
    -    « Pour l'amour de Sion je ne me tairai point, Pour l'amour de Jérusalem je ne prendrai point de repos. Jusqu'à ce que son salut paraisse, comme l'aurore, Et sa délivrance, comme un flambeau qui s'allume. » (Es 62:1)
    Jérémie, qui dort non loin de là le fait taire :
    -    Chut ! Esaïe ! Tu sais bien que Jérusalem passe ses nuits à pleurer, que les larmes couvrent ses joues. Personne ne la console, tous ses amis l’ont trahie.
    -    Non, Jérémie, je ne me tairai pas ! Le Seigneur vient : « Le Seigneur lui-même vous donnera un signe, Voici, la jeune fille deviendra enceinte, elle enfantera un fils, Et elle lui donnera le nom d'Emmanuel. » (Es 7:14) 
Je vous le dit, à tous, à chaque habitant du pays de l’ombre : « Lève-toi, sois éclairé, car ta lumière arrive, Et la gloire de l'Éternel se lève sur toi. » (Es 60:1)

    Tandis que le prophète parlait « on entendit le bruit d’un grand remue-ménage » (Ez 37:7) et les habitant du pays de l’ombre « reprirent vie. Ils se dressèrent sur leurs pieds et ils formaient une foule nombreuse » (Ez 37:10) comme le dirait Ezéchiel.
    Et on vit Sarah et Abraham suivre une étoile, on vit Jacob écouter des anges, on vit Çippora et Moïse habillés en bergers s’avancer vers une pauvre étable avec leurs moutons.
    Et on vit Adam, Noé et David, habillés de riches vêtements et couronnés d’or apporter des cadeaux à un enfant couché dans une crèche.
    Et on entendait au loin Esaïe dire :
    - Viens Jérémie ! Je te l’ordonne ! Viens ! Tu ne vas quand même pas laisser passer la Lumière du monde sans te bouger !
    -    La Lumière du monde ?
    -    Oui ! Regarde ce bébé, là-bas, entre son père et sa mère ! Il est la Lumière du monde !
    -    Ce bébé ? Je ne comprends pas !
    -    Tu comprendras plus tard ! Viens ! Allons adorer l’enfant qui vient de naître !
    - - - - -
    d’après Marie-Françoise Chauveau, original sur : http://ursulines.union.romaine.catholique.fr/Adam-Reveille-toi
    © Jean-Marie Thévoz, 2013

  • Luc 2. L'attente, la venue, l'accomplissement - Veillée de Noël


    Luc 2

    24.12.97
    L'attente, la venue, l'accomplissement - Veillée de Noël


    Es 11: 1-10    Luc 2 : 1-20  

    Ce soir nous ferons trois étapes sur le chemin de Noël, trois méditations accompagnent les lectures bibliques, trois prières accompagnent ces méditations.
    Premier temps : l'Attente.
    L'attente du peuple d'Israël, l'attente du peuple des croyants, l'attente de toute l'humanité. C'est l'attente d'un descendant de Jessé (ou Isaï) le père du roi David. L'attente d'un Sauveur qui rendra justice aux défavorisés.
    Du fond des temps monte la plainte de l'être humain opprimé, la plainte pour la justice, pour que cesse le mal. L'attente d'une société où la violence ne régnera pas en maître, où l'on pourra vivre dignement de son travail, où l'autre n'aura pas besoin de perdre pour que je gagne. Un monde où le vulnérable aura sa chance, sa place. Un monde où la victime sera secourue.
    Cette plainte, ce cri d'impatience, Dieu l'entend, Dieu va y répondre. Comme Dieu avait fait chercher David — le cadet de la famille — aux champs où il gardait les moutons,  pour vaincre Goliath, Dieu fait sortir un rejeton de la lignée de Jessé, du tronc d'Isaï pour renverser les puissants.
    Comme l'homme seul debout face  une colonne de chars sur la place Tian An Men : "Ce jour-là — nous dit Esaïe — le descendant de Jessé sera comme un signal dressé pour les peuples du monde." ( Es 11:10).
    Ce qui se passe sur le plan cosmique, se passe également dans notre monde intérieur. Nous sommes en attente de la vraie vie, de vraies relations.
    Un signe est dressé dans nos vies — face au mal-être que nous éprouvons — Dieu promet la réconciliation des opposés : le veau et le lionceau, la panthère et le chevreau peuvent cohabiter.
    La réhabilitation, la réconciliation, le pardon, voici, pour nous, le contenu de notre espérance.

    Deuxième temps : la Venue.
    Un enfant, un nouveau-né, c'est la réponse du Dieu tout-puissant aux assauts du mal et de la violence !
    "Votre Sauveur, votre Seigneur — nous dit Luc — vous le reconnaîtrez à ce signe : vous trouverez un bébé emmailloté et couché dans une crèche" (Lc 2:12).
    N'y en a-t-il pas cent et mille des nouveau-nés qui naissent dans la misère du monde ? Quel signe est-ce là ? De qui se moque-t-on ?
    Eh bien justement, c'est dans le dénuement, le dépouillement, l'exclusion, l'abaissement que Dieu a choisi de nous visiter, de nous retrouver. Il a fait cela afin de ne pas manquer la rencontre avec le moindre d'entre nous, afin que le nouveau-né retrouvé dans une poubelle puisse aussi se sentir frère de Jésus.
    Dieu a trouvé digne de lui d'habiter notre condition humaine, dans l'extrême dépendance du nouveau-né, dans l'extrême pauvreté de l'exclus, jusque dans l'extrême souffrance de la mort humaine.
    Notre être soupire dans ce monde et espère des jours meilleurs. Nous attendons chacun des satisfactions, des améliorations, des gratifications, de nouvelles marques de considérations. A Noël, Dieu nous dit qu'il vient habiter en nous les lieux les plus bas, les parts de nous-mêmes que nous ne voudrions pas habiter (elles sont juste bonnes pour les animaux). Il n'y a rien en nous d'assez bas, honteux, détestable où Dieu ne puisse habiter, être.
    Comme Marie, nous pouvons accueillir Dieu, accueillir celui qui vient, avec simplicité et reconnaissance. Accepter en nous le caractère d'enfant qui ne demande qu'à revivre, renaître.
    Dieu a choisi de demeurer parmi nous, dans notre chair, dans notre être, par amour pour chacun de nous. Louanges soient rendues à Dieu.

    Troisième temps : l'Accomplissement.
    Les bergers ont reconnu le signe, ils ont été émerveillés et ils sont allés rendre publique la bonne nouvelle. Ils ont reconnu le signe, comme les pèlerins d'Emmaüs ont reconnu la fraction du pain comme le signe de la présence invisible du Christ, du Messie.
    Ainsi le Messie a vécu parmi les humains, Emmanuel, Dieu avec nous. L'impossible s'est réalisé, le Royaume s'est approché. En Jésus, les promesses de Dieu sont accomplies. 
Après cette attente, dans cette venue se trouve l'accomplissement. "Tout est accompli" dit Jésus sur la croix (Jean 19:30).
    Si nous voulons bien y croire, cela signifie que nous n'avons plus rien à attendre du futur, d'un prétendu progrès, d'un avenir radieux, d'un futur meilleur où le gâteau sera enfin assez grand pour que chacun ait sa part. Nous n'avons pas à sacrifier notre présent sur l'autel d'un accomplissement futur.
    Tout est là aujourd'hui. Tout nous est déjà donné, maintenant. Le Royaume s'est approché avec Jésus. Le salut est venu dans le monde, nous pouvons en vivre dès aujourd'hui. Nous n'avons pas à attendre la vie éternelle après la mort pour vivre, en plénitude, la vie au centuple offerte aux croyants.
    Cessons de rêver, d'attendre : la vie transformée, sanctifiée, pardonnée, c'est ici et maintenant.
    "Marie — nous dit Luc — gardait toutes ces choses et les repassait dans son coeur" (Luc 2:19). Là dans cette étable misérable, Marie ne rêve pas à un autre lieu, un autre temps. Elle vit le moment présent, pleinement. Elle le goûte, elle en jouit, elle retourne toutes ces paroles, toutes ces images dans sa tête et dans son coeur. Elle vit les émotions de ce moment, pleinement; elle est là présente, heureuse, pleine de grâce. La vie au centuple, l'émotion de la joie est dans cet instant que Dieu remplit, que Dieu accomplit.

    Amen.
    © Jean-Marie Thévoz, 2012

  • Luc 1. Conçu du Saint-Esprit, né de la vierge Marie

    Luc 1
    20.12.1998


    Conçu du Saint-Esprit, né de la vierge Marie

    Romains 5 : 15-17      Luc 1 : 26-38      Matthieu 1 : 18-23

    Avez-vous comparé les premières pages des 4 évangiles. Avez-vous eu une fois la curiosité de voir comment commencent les 4 témoignages de l'oeuvre de Dieu pour nous ?
    Marc — le plus ancien évangile — débute avec le témoignage de Jean-Baptiste et le baptême de Jésus. Matthieu et Luc présentent quelques pages sur la naissance de Jésus; chez Matthieu, Joseph est averti par un ange de la mystérieuse conception de Jésus; chez Luc, c'est Marie qui reçoit l'annonciation. Enfin, Jean commence son évangile par une réflexion philosophique sur le Verbe, la Parole — dans laquelle, il faut reconnaître le Christ — qui préexiste à la création du monde. Quatre évangiles, quatre témoignages très différents et pourtant, une même intention : nous faire reconnaître dans ce Jésus de Nazareth : le Christ, le Fils de Dieu.
    De ces quatre témoignages, on peut tirer trois constats :
1) Plus le temps passe dans les premières églises, plus l'origine de Jésus — en tant que Fils de Dieu — est développée et remonte dans le temps.
2) Face à des témoignages aussi différents, il faut reconnaître que les faits historiques nous sont inaccessibles. Ce qui nous est transmis, ce ne sont pas des informations sur ce qui s'est passé, mais une réflexion élaborée sur la signification — donc la vérité — de ce que Dieu a voulu nous révéler.
3) Pour saisir la vérité contenue dans ces évangiles, nous avons intérêt à suspendre nos jugements sur l'historicité des faits pour aller à ce qui peut nourrir notre foi, notre faim de vérités pour notre vie d'aujourd'hui. Essayons donc d'aller au-devant de ces vérités que veulent nous révéler les évangiles.
    Je crois que Luc et Matthieu, en nous présentant leurs réflexions sur la conception et la naissance de Jésus essaient de répondre à la question : quel est le lien entre Jésus et Dieu ? Cette question est explicitement posée dans l'évangile de Jean :

    "Les juifs s'indignaient contre Jésus parce qu'il avait dit : « Je suis le pain descendu du ciel ».
    — N'est-ce pas Jésus, le fils de Joseph ? disaient-ils. Nous connaissons son père et sa mère. Comment peut-il dire maintenant qu'il est descendu du ciel ? (Jean 6:41-42)
    Même dans l'évangile de Luc on trouve cette question : "N'est-ce pas le fils de Joseph ? (Luc 4:22). Ce Jésus, dont la famille est bien connue, comment est-il relié à Dieu ?
    Matthieu et Luc, très explicitement, essaient de répondre à cette question par l'affirmation de l'intervention du Saint-Esprit et la non-intervention de Joseph dans la conception de Jésus, comme l'affirme le Symbole des apôtres : "conçu du Saint-Esprit, né de la vierge Marie".
    Cette double affirmation nous révèle d'abord que le lien entre Jésus et Dieu est constitutif de la personne de Jésus. Ce n'est pas un lien acquis, à un moment ultérieur de la vie de Jésus. Dès le début de sa vie, Jésus est celui que Dieu destine à devenir le Messie, le Christ. Cette naissance est bien l'accomplissement des prophéties d'Esaïe qui annonçait une naissance, un rejeton issu du tronc de Jessé, de la famille de David. Dieu a prévu et préparé la venue de son Messie, il n'a pas choisi un homme existant — qui lui aurait plu (qui aurait pu lui plaire ?) — pour qu'il devienne le Christ.
    "Conçu du Saint-Esprit, né de la vierge Marie" L'affirmation :"né de la vierge Marie" signifie l'exclusion de Joseph, de l'homme dans cette conception. Cette affirmation est à comprendre en écho au récit de la création de l'homme et de la femme, Adam et Eue. L'apôtre Paul fait ce lien entre Adam et le Christ. Adam est le premier d'une généalogie humaine et le premier de la généalogie des humains séparés de Dieu par le péché.
    En opposition, le Christ est le premier d'une nouvelle généalogie, celle des humains réconciliés avec Dieu. Cette opposition est marquée par la mise à l'écart — temporaire — de l'homme au masculin. Le masculin, avec son long passé patriarcal, est marqué par sa soif de pouvoir, de domination. Ce pouvoir, cette violence, cette domination devaient être écartés. Ce n'est pas par la vertu de l'homme, ni par son pouvoir ou par sa puissance, que le Fils de Dieu est venu visiter les humains, c'est par la seule et unique volonté de Dieu. Et pour réaliser son dessein, Dieu choisit ce qui est généralement méprisé, dénié, bousculé, oppressé : une jeune femme dans une société patriarcale.
    "Conçu du Saint-Esprit, né de la vierge Marie". Nous avons vu la face sombre de cet énoncé — la condamnation de l'oppression de l'homme sur la femme, image de toutes les oppressions — mais il y a aussi une face lumineuse : Dieu intervient lui-même — par le Saint-Esprit qui est comme son bras droit, sa présence dans notre monde — pour que se réalise sa volonté.
    Dans la personne de Jésus, Dieu s'incarne, prend corps, la Parole faite chair. En Jésus, Dieu s'est lui-même abaissé et caché dans l'humanité pour s'y dévoiler, s'y révéler pleinement à Pâques. Dieu assume pleinement la condition humaine, de la naissance à la mort, pas seulement pendant les trois ans du ministère de Jésus.
    En Jésus, la condition humaine est pleinement prise en compte et revalorisée. Jésus inaugure bien une nouvelle lignée, à laquelle nous somme invités à participer. Une nouvelle lignée dans laquelle nous pouvons aussi renaître, par la puissance du Saint-Esprit; souvenez-vous de Nicodème.
    Cette nouvelle lignée nous a été ouverte par Jésus, le Christ et nous pouvons y être associés — comme le dit Paul — en étant baptisés dans la mort et la résurrection du Christ et en participant au repas auquel Jésus nous invite pour commémorer sa vie et sa mort.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2012

  • Matthieu 2. Trois cadeaux : symboles de la vie, de la rencontre et du don.

    Matthieu 2
    24.12.2011
    Trois cadeaux : symboles de la vie, de la rencontre et du don.
    Matthieu 2 : 1-12

    Pour télécharger la prédication : P-2011-12-24.pdf

    Les mages sont partis d'Orient pour porter à Jésus leurs cadeaux. Trois cadeaux pour signifier le mystère de Noël : l'or, l'encens et la myrrhe. Trois cadeaux pour dire ce que l'humanité peut apporter à Dieu, peut déposer devant lui.
    Trois cadeaux pour dire, en retour, ce que Jésus le Christ apporte à l'humanité. Trois cadeaux symboles de la vie, de la rencontre et du don. Trois cadeaux symboles de ce qui est échangé à Noël, symboles de ce que nous pouvons donner et de ce que Dieu nous donne en cette nuit de Noël.
    *   *   *
    Commençons par la myrrhe. La myrrhe est une résine amère. Elle vient d'une plante médicinale. Elle était utilisé comme médicament, comme aphrodisiaque et pour les embaumements. Cette plante aurait poussé au paradis, elle évoque donc l'état originel, la vie avant l'état mortel.
    La myrrhe a donc affaire avec les blessures de la vie et avec le retour à la vie, avec notre finitude et notre aspiration à l'éternité.
    En offrant la myrrhe à Jésus, les rois mages déposent devant lui toutes les blessures de nos vies, toutes nos pertes, nos deuils, nos manques. Nous pouvons déposer devant le Christ toutes nos douleurs, toutes nos souffrances, toutes nos blessures, nos remords et nos erreurs impardonnables; les manquements commis autant que les violences subies.
    En déposant tout cela devant Jésus, Dieu nous offre en retour le baume qui cicatrise et nous rend un cœur aimant, un cœur capable d'ouverture et de chaleur. Dieu nous offre la capacité d'aimer et de vivre.
    La myrrhe, l'amer médicament sur nos blessures, nous ouvre à une vie renouvelée, à nouveau possible, régénérée.
    *   *   *
    Le deuxième cadeau, c'est l'encens. L'encens est également une résine, qui, si on la brûle, dégage un parfum agréable. De l'encens était brûlé dans le Temple de Jérusalem. L'encens évoque donc le sacré, le culte rendu à Dieu, la prière qui monte vers Dieu.
    Le parfum évoque le mystère divin. Une odeur ne se voit pas, peut pas être saisie, arrêtée, effacée. Une odeur franchit les portes et les murs, elle est partout présente, ne peut pas être étouffée comme un bruit ou éteinte comme une lumière. Le parfum nous remplit par notre respiration, notre souffle. Un beau parfum fait plaisir, enchante, enivre…
    L'offrande d'encens, c'est l'offrande de bonne odeur, de nos gestes de bonté, de générosité. L'encens est le symbole de notre quête de Dieu et de tous les gestes, nos efforts et nos tentatives de faire le bien autour de nous. Ce sont nos gestes d'amour que nous voulons déposer au pied de la crèche.
    Le mystère de Noël, c'est que Dieu répond à notre quête et à nos offrandes par la don de sa présence. A Noël, il se donne lui-même à l'humanité. A Noël, la rencontre a lieu entre notre aspiration et sa venue.
    A nos gestes maladroits et imparfaits, Dieu répond par le don fragile d'un nouveau-né, il vient à notre rencontre dans une fragilité pareille à la nôtre, sans nous brusquer. A Noël, notre quête rencontre sa Présence.
    *   *   *
    Et les mages donnent de l'or au nouveau-né ! L'or est ce qui nous est le plus proche. Je suis sûr qu'à peu près tout le monde ici peut toucher de l'or, sur soi ou sur son voisin ou sa voisine. Qui n'a pas un collier, un bracelet ou une alliance en or ?
    L'or est ce qui est précieux, qui a de la valeur, qui est rare. Qu'est-ce qui est précieux, qui a de la valeur et qui est rare ? Nous-mêmes. Chaque individu est différent de tous les autres. Nous sommes des  personnes uniques. Il y a en chacun de nous quelque chose d'unique : une qualité, une compétence, un talent, une qualité d'être, une capacité à écouter, un talent de cuisinier ou de jardinier, un talent artistique.
    Il y a en chacun de nous quelque chose d'unique, d'irremplaçable, d'infiniment personnel. Voilà ce que nous pouvons offrir en cadeau à Jésus. Offrir notre personne. Notre personne vaut plus que de l'or.
    A Noël, Dieu vient nous dire : "Tu es précieux à mes yeux, tu comptes pour moi." (Es 43:4). Vous vous souvenez de la parabole du marchand qui trouve une perle magnifique et qui vend tout pour l'acheter ? (Mt 13:45-46) Cette parabole nous parle de Noël. Dieu est le marchand qui donne ce qu'il a de plus précieux, son fils unique, pour nous acquérir, nous ! Il donne son fils contre notre personne. Il fait don de son fils pour entrer en relation avec nous. Cela vaut plus que de l'or !
    Ces trois cadeaux, l'or, l'encens et la myrrhe nous disent que Noël est le moment de notre rencontre avec Dieu, le moment où il nous fait don de son Fils pour que nous ayons la vie, la vraie vie.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2011

  • Esaïe 40. La bonne nouvelle de Jésus-Christ : une libération intérieure

    Esaïe 40
    4.12.2011

    La bonne nouvelle de Jésus-Christ : une libération intérieure

    Esaie 40 : 9-11    Marc 1 : 1-8

    Pour télécharger la prédication :P-2011-12-04.pdf


    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Les deux textes bibliques que vous venez d'entendre se recoupent sur l'annonce de la Bonne Nouvelle. Autant Esaïe que Marc proclament que la bonne nouvelle se fait entendre, et c'est bien ce que nous voulons vivre dans ce temps de l'Avent.
    Esaïe nous dit : "Peuple de Jérusalem… tu es chargé d'une bonne nouvelle… : « Voici ton Dieu ! »" (Es 40:9) et Marc ouvre son Evangile en disant : "Ici commence la bonne nouvelle qui parle de Jésus-Christ" (Mc 1:1).
    Ce mot "bonne nouvelle" en grec se dit Evangelion, ce qui a donné notre mot Evangile. L'Evangile est une bonne nouvelle pour le monde, une bonne nouvelle déjà annoncée au peuple d'Israël dans l'Ancien Testament. Particulièrement par le prophète Esaïe.
    Les premiers chrétiens — et nous à leur suite — ont beaucoup puisé dans le livre d'Esaïe pour comprendre le ministère de Jésus. C'est spécialement dans la deuxième partie du livre d'Esaïe (les chapitres 40—55) que nous trouvons des textes qui ont été compris comme annonciateurs du Messie, du Christ. Cette partie du livre d'Esaïe a été écrite à la fin de l'Exil à Babylone (vers 540 av. J.-C.). Le roi de Perse Cyrus a défait les Babyloniens et va permettre aux juifs exilés de retourner à Jérusalem. Le prophète Esaïe annonce ces bonnes nouvelles de libération au peuple des exilés.
    Ces paroles de consolation après le malheur, ces paroles d'annonce du libérateur, de la libération, on été reportées, plus tard, sur le Messie qui devait encore venir, et finalement sur Jésus. C'est pourquoi nous les reprenons pendant le temps de l'Avent.
    Une autre série de paroles du Second Esaïe ont été comprises comme s'appliquant à Jésus, ce sont les poèmes du Serviteur souffrant. Ces poèmes ont permis de comprendre le mystère de la croix. Ainsi, les annonces de libération sont reprises traditionnellement pendant le temps de l'Avent et de Noël et les poèmes du Serviteur souffrant sont reprises pendant le temps de la Passion.
    Revenons à notre texte d'Esaïe. Il s'adresse aux exilés et leur annonce que Dieu vient vers eux depuis Jérusalem. Dieu vient les rechercher pour les ramener dans leur pays. C'est la bonne nouvelle de leur libération et de leur retour.
    Lorsque Marc — au début de son Evangile — reprend le même vocabulaire pour annoncer Jésus-Christ, il annonce aussi une libération, mais il y a un glissement de sens. Certaines personnes, même certains disciples ont cru — au début — que Jésus allait libérer le peuple d'Israël de l'occupation romaine. Mais Jésus a beaucoup travaillé pour dissiper ce malentendu.
    Si la libération d'Esaïe était politique et extérieure, la libération apportée par Jésus n'est pas de même nature. La libération par Cyrus qu'annonçait Esaïe n'a d'ailleurs été que temporaire, elle n'a concerné qu'une seule génération. Elle ne touche pas le fond, elle ne touche pas l'aspiration profonde de l'humanité.
    Ainsi, l'Evangile nous apporte une autre forme de libération, c'est la libération d'une occupation sans soldats, c'est la libération d'une occupation intérieure, c'est la libération d'un exil intérieur, c'est la libération d'une aliénation intérieure. Chaque fois que nous avons l'impression de ne pas être nous-mêmes, de ne pas faire ce que nous aspirons à faire au fond de nous-mêmes, nous avons alors besoin de cette libération.
    Et le temps de l'Avent est ce temps où nous essayons de nous recentrer sur cette attente, sur cette aspiration profonde d'une libération intérieure, toujours à recommencer. L'aspiration à une rencontre qui fasse la lumière en nous.
    Ainsi il y a un glissement d'Esaïe à Jean Baptiste et de Jean Baptiste à Jésus-Christ et un passage de l'extérieur à l'intérieur, un passage du baptême d'eau au baptême de l'Esprit.
    Ce passage se fait par un retournement radical. Esaïe annonçait que Dieu venait avec sa force, avec son bras de domination. L'évangile de Noël nous présente un nourrisson dans une crèche ! Le retournement, c'est la substitution de la puissance de l'épée par l'impuissance de l'amour. Ce que nos contemporains — et souvent nous-mêmes — n'arrivent toujours pas à comprendre ! Pourquoi Dieu n'arrête-t-il pas les guerres ? Pourquoi Dieu n'empêche-t-il pas la mort des innocents ? Pourquoi Dieu n'intervient-il pas ? Oui, ce retournement nous reste toujours incompréhensible, parfois inacceptable.
    Pourtant, il y a aussi de la continuité entre Esaïe et l'Evangile. Esaïe annonce la venue de Dieu sous la forme d'un berger, image que Jésus reprendra dans ses discours. Et cela donne sens au choix des premiers adorateurs de Jésus dans la crèche : les bergers invités par les anges à découvrir le nouveau-né emmailloté et couché dans une crèche.
    Le berger est en même temps celui qui conduit, celui qui dirige le troupeau, donc une figure forte, et en même temps— comme souligné par Esaïe — celui qui soigne son troupeau, celui qui se préoccupe des bêtes les plus faibles, les agneaux et les brebis qui allaitent.
    Force et délicatesse, ensemble, telle est l'image de ce Dieu qui vient à nous pour nous libérer, pour nous dire son amour.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2011

  • Quelques symboles des crèches de Noël

    27.11.2011

    Quelques symboles des crèches de Noël

    Esaïe 1 : 1-3    Luc 2 : 15-20     Matthieu 2 : 9-12

    téléchargez la prédication : P-2011-11-27.pdf

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Comme vous pouvez le voir tout autour de vous, l'église de Bussigny est remplie de crèches de Noël, des crèches venant de partout dans le monde. Ces crèches, chacune à leur façon, racontent le mystère de Noël : Dieu venu à notre rencontre, dans notre monde, dans notre réalité humaine.
    Ainsi, les crèches racontent une nouvelle fois le récit de Noël, mais aussi une "réalité augmentée." Les récits des Evangiles de Luc et Matthieu forment la trame de base, à laquelle s'ajoutent des éléments traditionnels issus de traditions orales, de contes légendaires venus apporter du merveilleux supplémentaire. Ces apports — comme nos contes de Noël — sont des tentatives de dévoiler, d'éclaircir, d'expliquer le mystère de Noël, d'en désigner la profondeur et la richesse. Les crèches rassemblent les éléments des deux récits des Evangiles de Luc et Matthieu et y ajoutent de nouveaux symboles. Essayons de voir à qui appartient chaque élément.
    Luc. L'Evangile de Luc nous rapporte la naissance dans une étable, Jésus déposé dans une mangeoire et les bergers venus l'adorer après l'annonce des anges. Ces éléments nous montrent Jésus né dans la pauvreté, l'exclusion, la vulnérabilité et sa révélation à d'autres exclus ou marginaux.
    âne, boeuf, l'âne et le boeuf, crèches,noël,trois rois mages,melchior,balthasar,gaspard,prédication,evangile,spiritualité,protestant,vie spirituelle,bible,nouveau testament,ancien testament,éducation,foi,amour,dieu,jésus,jésus-christ,réformé,egliseLa tradition ajoute les animaux de l'étable : l'âne et le bœuf, puis les moutons des bergers. Rechercher la signification symbolique du bœuf et de l'âne conduit à des pistes très divergentes, ambivalentes. L'âne et le bœuf sont cités ensemble dans le texte d'Esaïe. Ils apparaissent comme un exemple — au contraire d'Israël — de ceux qui reconnaissent leur maître, la main qui les nourrit — opposés à Israël qui se détourne de son Dieu. Il est difficile de savoir si l'âne et le bœuf ont été placé dans la crèche à cause de ce verset ou si ce verset a été ressorti après que la tradition a placé ces deux animaux dans la crèche !
    Le bœuf est l'animal qui marche droit pour tirer la charrue, donc l'image de l'homme dans sa droiture, mais il est aussi le symbole de l'idolâtrie avec le veau d'or.
    L'âne est aussi ambivalent. Il représente l'aspect rebelle de l'être humain, le côté indomptable. Mais il est aussi — notamment dans le récit des ânesses de Balaam (Nb 22—24) — celui qui voit Dieu là où le prophète ne le discerne pas.
    On peut donc interpréter l'âne et le bœuf dans un premier sens comme les représentants de la création témoins de la nature divine de Jésus ou dans un deuxième sens comme la révélation de l'autorité du Christ soumettant et transformant la nature idolâtre et rebelle de l'humanité et l'invitant au salut.
    Venons-en à la symbolique des couleurs. Jésus est représenté en langes blancs dans la crèche. Le blanc indique la pureté, le fait que Jésus est né sans péché et qu'il restera sans péché durant sa vie. Les habits de Marie sont traditionnellement un manteau bleu recouvrant une tunique rouge. Ces deux couleurs sont aussi porteuses de significations.
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    Toujours sur les icônes, lorsque Jésus n'est pas habillé de blanc, il est habillé de bleu, la couleur divine, et porte un manteau rouge, signe qu'il a endossé notre humanité par dessus sa divinité.
    Matthieu. Venons-en au récit de l'Evangile de Matthieu. Le récit nous présente des sages venus d'Orient, suivant l'étoile et apportant trois cadeaux. C'est le donné biblique.

    La tradition autour des "rois mages" est vaste. A partir des cadeaux, on a construit l'identité de ces sages. Des trois cadeaux, on a fait trois mages. De la richesse des cadeaux, on en a fait des rois. D'où les trois rois mages auxquels on a donné les noms de Melchior, Balthasar et Gaspard.  Ces trois rois qui se prosternent devant Jésus désignent la grandeur de l'enfant, sa suprématie sur tous les grands de ce monde. Il est celui devant qui "tout genou fléchit" (Phil 2:10).
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    L'idée, ici, est l'universalité. La destinée de Jésus est d'être reconnu comme Christ par toute l'humanité, des plus jeunes aux plus âgés, et par tous les peuples de la terre. Le message de l'Evangile s'adresse à toute la terre et, à la fin des temps, toute l'humanité sera rassemblée devant Dieu. Les crèches du monde entier rassemblées dans ce Temple de Bussigny témoignent de cette universalité.
    Dernier point que j'aimerais souligner et qui me fait particulièrement apprécier les crèches, c'est que Jésus, Marie et Joseph, pour ne parler que d'eux, prennent les traits des gens qui réalisent ces crèches. Dans les santons de Provence, Jésus est provençal, dans les crèches calebasses du Pérou, Jésus est péruvien, dans les crèches africaines, Jésus est noir. C'est bien là le mystère de Noël : Jésus est entré dans notre peau, dans notre condition humaine, où que nous soyons. Partout Jésus se fond dans l'humanité locale.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2011

  • Jean 1. Noël, une lumière dans la nuit !

    Jean 1
    25.12.2010
    Noël, une lumière dans la nuit !
    Luc 2 : 1-20    Jn 1 : 1-10

    téléchargez la prédication : P-2010-12-25.pdf


    Chers Amis,
    Nous voici à nouveau devant ce récit de Noël de l'Evangile de Luc, ce récit de la naissance de Jésus, avec la crèche et la visite des bergers; ce récit premier de l'Evangile qui a été alimenté ensuite de toutes les légendes et de tous les contes que nous avons entendus, années après années; les ajouts avec le bœuf et l'âne, les rois mages et tous les personnages qui viennent porter des cadeaux ou leur simple présence comme dans les crèches provençales.
    Tous ces embellissements par rapport au récit premier, nous aident et nous trompent sur ce qu'est Noël ! Nous aident et nous trompent dans notre compréhension du sens de la venue de Jésus.
    Les contes nous aident à percevoir le caractère merveilleux, voir incroyable du cadeau de Dieu. Il nous donne son Fils, il vient habiter parmi nous. Cela doit être salué par un accueil digne de Lui, digne de ce don suprême.
    Aussi faut-il des histoires pour dire que toute le monde accourt à la crèche et vient avec un cadeau. Et il faut aussi que soit souligné que la richesse du cadeau n'est pas dans son prix ou sa beauté, mais dans le don intérieur, dans le don de soi qu'il implique.
    Et puis les contes soulignent la part divine, la part miraculeuse de cette naissance par les conversions, les guérisons, les transformations du cœur qui ont lieu à la vue de Jésus. L'avare devient généreux, le tyran devient compatissant, l'obscurité devient lumière.
    Tout cela nous amène à entrevoir le pouvoir transformateur de Jésus sur nous et sur notre être intérieur.
    Mais d'un autre côté, ces légendes peuvent aussi nous tromper sur ce qui se passe dans cette étable, ce qui se passe à ce moment entre Dieu et le monde.
    Tous ces cadeaux déposés devant la crèche masquent la pauvreté assumée et acceptée du Fils de Dieu qui naît pauvre et misérable dans une étable.
    Tout ce monde qui se presse pour voir l'enfant Jésus masque le fait que seuls quelques bergers appelés par les anges ont fait le déplacement. Cela masque les absents. Le Fils de Dieu débarque dans le monde, hors du champ des caméras, dans l'anonymat. Dieu vient sur terre incognito, personne n'est là.
    L'étoile, la joie, l'émerveillement masquent le fait que la vie de Jésus va être marquée par la persécution et le rejet, pour finir abandonné de tous. Il n'y a que quelques femmes au pied de la croix.
    Je ne veux pas gâcher la fête en soulignant le côté obscur du récit. Je souhaite seulement qu'on accepte ces deux faces et que nous pouvons les garder toutes les deux.
    C'est ce que l'Evangéliste Jean met en mot, lui qui ne met pas la naissance de Jésus en scène. Il résume le venue de Jésus en quelques mots qui reflètent les deux aspects que j'ai mis en évidence : "La lumière brille dans l'obscurité, mais l'obscurité ne l'a pas reçue." (Jn 1:5).
    Oui, Noël, c'est la venue de cette lumière divine dans notre monde obscur. Nous avons donc bien raison de fêter Noël et de fêter Noël un 25 décembre, au plus sombre de la nuit, là où les nuits sont les plus longues. Et nous avons bien raison de mettre des bougies, des illuminations dans la nuit, parce que Noël, c'est bien la lumière qui brille dans l'obscurité.
    Mais ce que nous voyons aussi, c'est que cette lumière n'est pas reçue, elle n'est pas reconnue ni acceptée. Au point que Noël devient une corvée pour les gens.
    Avez-vous vu les deux sondages parus simultanément mercredi dernier dans 24Heures et dans Migros Magazine ? Dans Migros Magazine la question posée était celle-ci : Vous réjouissez vous de fêter Noël ? Un tiers répond : Non (35%), un tiers répond : Bof ! (33%) et un tiers répond : Oui, j'adore ! (32%). Dans 24Heures, la question était : Pour vous, Noël, est-ce un plaisir ou une corvée ? Deux tiers des gens répondent : Une corvée (59%) et un tiers : Un plaisir (35%), 6% sans opinion.
    Dans ces deux sondages, seul un tiers des gens se réjouissent de fêter Noël !
    Aujourd'hui, l'obscurité ne reçoit pas la lumière. Ce qui devrait être une fête avec des retrouvailles en famille, des cadeaux et de la joie devient pour deux tiers de la population un jour de tensions familiales, un jour où le poids des dépenses est plus lourd ce celui du don, où la fête devient corvée.
    L'obscurité du récit de Noël est en train de reprendre le pas sur la lumière, sur la joie. C'est triste et c'est dommage. Cela montre que le combat pour la lumière est toujours d'actualité.
    L'étable était dans l'obscurité de la nuit, mais à l'intérieur brille la lumière divine. Et ce jour-là, les bergers sont venus — appelés par les anges. Ce matin, vous êtes venus, comme les bergers, pour voir cette lumière et vous réjouir de cette naissance de l'enfant Jésus.
    Vous êtes les bergers recueillis devant le Sauveur. Alors réjouissez-vous de cette lumière qui nous est donnée. Oublions un moment l'obscurité du dehors. Repoussons l'obscurité pour adorer la lumière divine qui nous est donnée.
    Jésus nous dit : "Je suis la lumière du monde." (Jn 8:12) et c'est cette lumière qu'il nous donne qui nous permet à notre tour de devenir lumière pour le monde, comme Jésus l'a dit dans le Sermon sur la Montagne : "Vous êtes la lumière du monde !" (Mt 5:14).
    Ce matin, laissons-nous baigner dans cette lumière divine, malgré l'obscurité du monde, pour nous réjouir de sa venue.
    Amen

    © Jean-Marie Thévoz, 2010

  • Esaïe 11. Dans l'attente d'un changement pour notre monde.

    Esaïe 11

    5.12.2010
    Dans l'attente d'un changement pour notre monde.
    Es 11 : 1-10,   Mt 3 : 1-6
    Téléchargez la prédication : P-2010-12-05.pdf

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    En ce deuxième dimanche de l'Avent, nous sommes dans l'attente, dans l'impatience, dans l'espérance d'un changement pour notre monde. Cette attente d'une transformation du monde, d'un changement de vie est déjà présente dans l'Ancien Testament et particulièrement chez le prophète Esaïe. Cette attente est exprimée par la promesse d'un rejeton.
    Il faut imaginer la souche d'un arbre qui est restée en terre. L'arbre a été abattu, enlevé. Et il ne reste que la souche et les racines. Il n'y a là que souche morte, triste reste d'un arbre qui avait déployé sa ramure, mais n'est plus.
    Mais là où l'on pensait qu'il n'y avait plus rien à attendre, à espérer, surgit une pousse, un rameau, un nouvel arbre ! De ce qui était mort — cru mort — surgit la vie. "Du vieux tronc d'Isaï, un frais rameau jaillit" dit le cantique. Isaï ou Jessé, c'est le père de David. De la souche du grand roi d'Israël va surgir un nouveau Messie, qui transformera le monde.
    La transformation du monde nous est présentée sous forme d'images. Images de paires d'animaux que tout oppose : le loup et l'agneau, la panthère et le chevreau, le veau et le lionceau, la vache et l'ourse, le lion et le bœuf, le nouveau-né et la vipère, le petit garçon et l'aspic.
    Ces images nous disent que l'incompatible va coexister en paix, ensemble. Le carnivore avec l'herbivore, le prédateur avec la proie, l'innocent avec le tueur. Le changement annoncé est un bouleversement complet de l'ordre naturel, un renouveau complet, total des relations établies.
    Ces images sont des métaphores prises dans la nature pour nous parler de nos relations humaines. C'est une dénonciation de nos rapports humains quand ils s'expriment comme des rapports fondés sur la loi de la jungle, la loi du plus fort. Le bouleversement annoncé, c'est que les paires incompatibles vont pouvoir vivre ensemble. C'est l'abolition des rapports de force, de domination. C'est l'abolition de la peur, de la crainte, de la terreur.
    Qui va pouvoir vivre ensemble ? Transposons les images animales en rapports humains. Vont vivre ensemble : locataires et propriétaires, automobilistes et piétons, employés et patrons, jeunes et vieux dans les bus ou les trains, amateurs de musique bruyante et amateurs de silence, promoteurs et écolos, et pourquoi pas, allons jusque-là, Suisses et étrangers.
    Voilà qui est bien utopique. Mais le texte biblique est d'accord sur cela ! C'est utopique, c'est au-delà des forces humaines. Pour réaliser cela, il faut un nouveau Messie, il faut une intervention divine, un envoyé de Dieu.
    Le texte est réaliste. On part d'une souche qui a tout l'air d'être morte, desséchée, incapable de produire de la vie. Et pourtant, c'est le point de départ de Dieu. Dieu prend l'impossible comme point de départ, parce que c'est la situation réelle et qu'il est inutile de penser commencer ailleurs, il n'y a pas d'ailleurs. Il n'y a pas d'ailleurs que notre monde, notre société, notre nature humaine.
    C'est la souche, c'est la pâte de départ et c'est à partir de là que Dieu agit. C'est à partir de nous — hommes pécheurs — que Dieu agit. C'est nous qu'il vient transformer, mais pas sans nous ou contre nous.
    Voulons-nous que le monde change ? Commençons par nous-mêmes, commençons par accepter de nous voir tels que nous sommes : tantôt prédateurs, tantôt proies, tantôt vipères, tantôt vulnérables comme un nouveau-né. Acceptons que ce changement vient de Dieu et pas de nous-mêmes, de nos propres forces.
    Dieu envoie son Messie, le porteur de son Esprit, pour nous transformer, pour que nous le suivions, pour être inspirés. Ce Messie est le porteur de l'Esprit de Dieu, de l'Esprit de sagesse.
    Nous sommes dans le temps de l'Avent, de l'attente pour recevoir le porteur de cet Esprit, pour prendre modèle sur lui, pour apprendre la sagesse et le discernement, pour voir plus large, voir de plus haut, ne plus nous laisser pièger par les rapports de force, pour nous ouvrir à l'esprit messianique qui ne juge pas selon les apparences — Jésus dira même de ne pas juger du tout.
    Prenons du temps pendant ce mois de décembre pour voir ce que Dieu peut transformer en nous, quelle souche Dieu peut revivifier, ce qu'il peut faire renaître en nous : pour que nous soyons transformés, pour que notre vie soit changée et que le monde en soit rendu plus habitable.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2010

  • Luc 2. Noël, c'est Dieu auprès de nous : Emmanuel !

    25.12.2009

    Noël, c'est Dieu auprès de nous : Emmanuel !

    Luc 2 : 1-20

    Chères paroissiennes, Chers paroissiens,

    Qu'est-ce que Noël nous dit de la présence de Dieu dans le monde ?

    Nous avons toutes les raisons d'être découragés, démotivés, lorsqu'on voit le monde autour de nous. Tout ne va-t-il pas de plus en plus mal ? Ne nous demandons-nous pas, avec l'ensemble de nos contemporains : mais où est Dieu, que fait-il, nous a-t-il abandonnés ?

    Je crois que nous rêvons encore à un Dieu Père Noël, qui nous donne les cadeaux que nous avons commandé, qui soit partout au même moment à réaliser nos rêves. Nous rêvons encore d'un Dieu tout-puissant qui nous remplace dans nos tâches et nos devoirs. Pourtant, à Noël, Dieu se présente justement autrement. Il n'est plus le Dieu de l'Histoire et des pouvoirs. Il est un Dieu humble et sans pouvoir, juste présent dans notre monde à nous, juste présent avec nous, à nos côtés, dans l'impuissance du bouleversement des situations. Il se glisse dans les interstices de l'Histoire, pour nous rejoindre dans l'intimité de nos relations. Alors j'ai cherché dans mon environnement, dans ce que je vis, où Dieu se refuse et où il se révèle comme Emmanuel, Dieu avec nous.

    J'ai parcouru les rues de Lausanne et de Bussigny, j'y ai vu des décorations brillantes et des lumières étincelantes pour faire ambiance de Noël, mais je n'ai pas vu Dieu.

    J'ai lu les journaux avec impatience relater la rencontre des grands à Copenhague, j'ai attendu des décisions pour sauver notre planète, mais je n'y ai pas vu Dieu.

    J'ai regardé le film du dimanche soir, je me suis distrait, mais je n'ai pas vu Dieu.

    J'ai vu une grand-maman prendre dans ses bras son petit-fils, pour le soulager de son chagrin, Emmanuel !

    Je vois des bergers s'agenouiller devant un bébé couché dans une crèche et s'émerveiller, Emmanuel !

    J'ai visité des cathédrales, des abbayes magnifiques, même des mosquées à l'architecture impressionnante, mais je n'ai pas vu Dieu.

    J'ai lu que l'empereur Auguste avait donné l'ordre de recenser tous les habitants de l'empire romain, mais je n'y ai pas vu Dieu.

    J'ai vu des hommes et des femmes se réunir dans un salon et prier les uns pour les autres, Emmanuel !

    J'ai vu une mère relever son enfant et souffler sur son genou avec tendresse, Emmanuel !

    Je vois une communauté d'hommes et de femmes se rassembler dimanche après dimanche dans son lieu de culte, malgré les sarcasmes sur les Eglises vides, Emmanuel !

    J'ai vu tomber le mur de Berlin (dans mon fauteuil) puis commémorer les 20 ans de cette chute et je me suis demandé…, mais je n'y ai pas vu Dieu.

    Je vois les chefs d'Etats se rassembler, G7, G20, pour faire des promesses d'améliorer le monde, sans rien perdre de leurs profits, mais je doute d'y voir Dieu.

    J'ai vu un homme pleurer du fond de sa détresse et déposer une fleur sur la tombe de son épouse, Emmanuel !

    Je vois des jeunes s'exercer ensemble à la foi, au chant et à la prière, Emmanuel !

    J'ai lu qu'un lépreux guéri était retourné dire merci pour sa guérison, Emmanuel !

    Des mages sont allés au Palais d'Hérode pour y chercher le roi des juifs qui devait naître, mais ils n'y ont pas trouvé Dieu.

    Je connais quelques personnes qui vont voir des résidents en EMS, bien après avoir perdu le proche qui s'y trouvait, juste pour y apporter un peu de chaleur, Emmanuel !

    J'ai vu des mages apporter des présents dans une étable, sur la foi de quelques lignes de l'Ecriture sainte, Emmanuel !

    Je vois des femmes faire des cakes et des gâteaux pour le marché missionnaire, un apéritif ou la fête paroissiale, Emmanuel !

    Je vois des hommes et des femmes se rassembler pour partager le pain et le vin et créer une communauté, par delà leurs différences, Emmanuel !

    Je vois que l'esprit de Noël vit encore. Que Dieu nous ouvre les yeux pour le voir chaque jour à nos côtés. Joyeux Noël, Dieu avec nous, Emmanuel !

    Amen

    © Jean-Marie Thévoz, 2010