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vie spirituelle - Page 30

  • Jean 21. Etre conduit par le Christ.

    Jean 21

    10.5.2009
    Etre conduit par le Christ.
    Jn 1 : 35-43    Jn 21 : 15-19

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Avec ce dialogue entre Jésus et Pierre, nous arrivons au dernier épisode de l'Evangile de Jean, au dernier entretien de Jésus avec ses disciples. Ce dialogue se déroule juste après la pêche abondante et le repas partagé avec l'inconnu qui se révèle être Jésus sur la grève du lac de Galilée. Avant de quitter ses disciples pour retourner vers son Père à l'Ascension, Jésus doit encore affermir ses disciples pour qu'ils puissent accomplir leur mission.
    Dans ce dialogue, Pierre est le représentant de tous les croyants. Jésus ne parle pas seulement à Pierre, il nous parle à nous aussi il parle à toute l'humanité. Jésus pose trois fois la même question : "Pierre, m'aimes-tu ?" (Jn 21:15-17) Toi, mon disciple, m'aimes-tu ? Pourquoi une telle insistance ?
    Une première réponse concerne Pierre personnellement. Par trois fois, il a renié Jésus avant sa Passion. Faire dire à Pierre, par trois fois, qu'il aime son Seigneur, est une façon d'effacer le reniement, de passer plus loin, d'accepter le pardon reçu et la force de dépasser la faute. Ainsi, par trois fois, Jésus répète "Fais paître mes brebis." Une façon pour Jésus de redire, trois fois aussi, à Pierre qu'il lui fait confiance, il peut accomplir sa tâche, sa mission.
    Une autre réponse à cette insistance émerge si nous considérons que cette question nous est posée à nous. Vous connaissez l'énigme antique que le sphinx pose à Œdipe : "Qu'est-ce qui a quatre pattes le matin, deux pattes à midi et trois pattes le soir ?" C'est l'être humain dans les trois périodes de sa vie : petit enfant il marche à quatre pattes, adulte il est sur ses deux pieds et vieillard, il marche avec une canne.
    Nous passons tous par ces trois stades de la vie et Jésus nous repose la question "m'aimes-tu ?" à ces différents âges. Notre foi d'enfant n'est pas la même que notre foi d'adulte. Elle doit grandir, évoluer. Elle change selon les circonstances et les épreuves que nous traversons. elle doit encore s'adapter, évoluer quand nous entrons dans les soucis de l'âge et les problèmes de santé qui en découlent.
    A chacun de ces passages, Jésus nous redemande : "m'aimes-tu ?" et renouvelle notre ordre de mission. "Prends soin de ceux qui te sont confiés." Et notre mission n'est pas forcément la même à tout âge, comme jeunes avec nos camarades, comme adultes avec nos enfants ou nos collègues, comme retraités avec nos petits-enfants ou nos contemporains.
    Jésus nous suit dans la vie, il nous accompagne et renouvelle sa présence auprès de nous, son amour. Il nous demande aussi de nouvelles choses. C'est comme cela que je comprends la fin du dialogue entre Jésus et Pierre. C'est un échange énigmatique que je vous relis : "Je te le déclare, dit Jésus, c'est la vérité : quand tu étais jeune, tu mettais toi-même ta ceinture et tu allais où tu voulais, mais quand tu seras vieux, tu étendras les bras, un autre te mettra ta ceinture et te mènera où tu ne voudras pas aller." (Jn 21:18)
    Jésus dit à Pierre : dans ta jeunesse, tu t'habillais toi-même et tu choisissais où tu voulais aller, mais maintenant ou bientôt, quelqu'un d'autre t'habillera et te conduira là où tu n'as pas choisi d'aller. Je vois trois interprétations possibles :
    •    soit le fait d'être servi : quelqu'un te tendra tes habits et te servira de chauffeur,
    •    soit l'entrée dans la dépendance : quelqu'un t'habillera, te nourrira, te conduira par la main,
    •    soit, finalement : tu ne seras plus libre de tes mouvements, mais emprisonné, ceinturé, et l'on te conduira au lieu de ton martyre. C'est comme cela que la tradition l'a interprété, parce que l'histoire l'a confirmé.
    Mais qu'est-ce que cela peut nous dire à nous, si Pierre est vraiment la figure de tous les croyants ? Je crois qu'on peut y lire notre destinée à tous. Dans un premier temps de notre existence — lorsque nous ne connaissons pas Jésus ou que nous ne le suivons pas — nous suivons notre première nature, celle d'être pécheurs. Nous faisons ce que nous voulons, nous allons là où nous voulons, c'est-à-dire là où notre nature égoïste nous dirige. Comme Adam et Eve, nous nous habillons nous-mêmes — de feuilles de figuier (Gn 3:7). Nous suivons notre propre volonté, celle qui a été troublée par le serpent.
    Mais lorsque nous nous laissons trouver par le Christ, lorsque nous nous laissons remplir par son amour, c'est lui qui nous habille d'un nouveau vêtement, le vêtement de noce (Mt 22:12), la robe de fête du Royaume de Dieu et nous nous laissons guider, conduire par lui.
    Et lorsque nous remettons la conduite de notre vie à Jésus, il nous conduit selon sa volonté, là où il le veut. Nous n'allons plus là où notre première nature voulait aller, nous suivons la voie du Christ.
    Jean-Baptiste, en voyant Jésus pour la première fois, a dit : "Voici l'agneau de Dieu qui ôte le péché du monde." (Jn 1:29) Jésus, par son amour, ôte notre péché pour nous revêtir de la robe du Royaume, ce qui nous permet de répondre à son appel : "Toi, suis-moi !" (Jn 1:43; 21:19) Ce qui nous permet de répondre à sa mission : "Fais paître mes brebis !"
    Dans chacune des périodes de nos vies, Jésus renouvelle sa question : "m'aimes-tu ?" A chaque période de nos vies, nous avons à répondre à l'appel de Jésus, en quittant notre première nature pour nous laisser guider par sa volonté. Lui répondons-nous — aujourd'hui comme hier — "Toi qui connais tout, tu sais bien que je t'aime !" ?
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2009

  • Jean 21. "Avez-vous quelque chose à manger ?"

    Jean 21

    26.4.2009
    "Avez-vous quelque chose à manger ?"
    Jean 6 : 29-35    Jean 21 : 1-14

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Depuis Pâques, nous lisons les récits des apparitions de Jésus dans l'Evangile de Jean. Il y a d'abord eu le matin de Pâques avec Marie-Madeleine, Pierre et le disciple que Jésus aimait. Puis le soir de Pâques, Jésus est apparu à quelques disciples dans une pièce fermée où ils étaient réunis. Une semaine après cela, Jésus apparaît dans les mêmes circonstances pour se présenter à Thomas qui doutait du témoignage de ses compagnons.
    Aujourd'hui, nous avons entendu le récit d'une troisième apparition de Jésus. Si les deux premières ont eu lieu à Jérusalem ou dans les environs immédiats, cette troisième apparition a lieu au bord de la mer de Tibériade, selon l'appellation romaine, appelée lac de Galilée par les habitants du coin (comme nous disons "Lac Léman" quand les américains disent "Geneva Lake.")
    Les disciples sont donc de retour chez eux. Deux à trois semaines après Pâques et la rencontre avec le Ressuscité, le soufflé semble retomber. Chacun rentre chez soi, la fête est finie, la vie de tous les jours reprend le dessus. Pour nous aussi, le train-train a repris après les fêtes de Pâques, la joie et les réunions de famille. Alors c'est tout ? Rien n'a vraiment changé ?
    Le travail reprend, Pierre repart à la pêche, ses compagnons le suivent : on ne peut pas rester sans rien faire; il faut bien manger, donc gagner sa croûte. Mais voilà, ils ne prennent rien cette nuit-là. Toute une nuit de travail et au final : rien à se mettre sous la dent pour reprendre des forces !
    Terrible parabole de la vie, terrible répétition de la malédiction d'être chassé du paradis : "Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front." (Gn 3:19) Terrible réalité d'une vie qui nous laisse constamment sur notre faim.
    Nous ne réalisons pas ce à quoi nous aspirons. La vie ne nous rassasie pas. Nous sommes constamment en quête, en quête de nouveauté, en quête d'être comblés, à courir toujours à nouveau après on ne sait plus quoi pour être assouvis, en paix, serein. Qui comblera notre faim, notre attente ?
    Après cette nuit qui n'a enfanté que du vide dans nos filets, l'aurore se lève et un inconnu sur le rivage vient demander : "Avez-vous quelque chose à manger ?" (Jn 21:5). Jusqu'à présent j'avais toujours compris cette question comme "Avez-vous quelque chose à me donner à manger ?" Mais plus loin dans le récit, Jésus ayant renvoyé ses disciples à la pêche, il a de la nourriture qu'il fait cuire pour les disciples en attendant leur retour (Jn 21:9). Aussi, faut-il plutôt entendre la question de Jésus comme : "Avez-vous de quoi vous nourrir ?" Avez-vous ce qu'il faut pour combler votre faim, vos aspirations ? Le monde vous donne-t-il de quoi être comblé ? Et les disciples de reconnaître : "Non" (Jn 21:5). Et l'on peut deviner les explications : Nous ne cessons de chercher et nous ne trouvons rien pour nous combler !
    Et l'inconnu les renvoie à la pêche et le filet est, cette fois, plein à se rompre. Faisaient-ils tout faux auparavant ? Je crois que le récit ne met pas en avant le miracle, la pêche miraculeuse, mais la présence de Jésus. Ce récit tisse plein de liens avec le récit de la multiplication des pains (Jean 6) après laquelle Jésus déclare : "Je suis le pain de vie. Celui qui vient à moi n'aura jamais faim et celui qui croit en moi n'aura jamais soif" (Jn 6: 35).
    Pendant que Pierre et ses compagnons sont dans leurs barques, Jésus a préparé un feu de braise et y a fait cuire du pain et des poissons (comme dans Jn 6:9) pour nourrir les disciples à leur retour. Quand les disciples s'aperçoivent qu'ils ont quantité de poissons dans leur filet, le disciple que Jésus aimait reconnaît l'inconnu. Ensuite, les autres disciples se doutent bien de quelque chose quand l'inconnu les invite à manger le repas préparé, et leurs yeux s'ouvrent complètement lorsqu'il prend le pain et le leur donne — les mêmes gestes que lors de leur dernier repas avec Jésus.
    Ce récit qui semblait nous dire : tout votre travail est vain si vous n'utilisez pas la "méthode Jésus" se transforme pour nous dire : Il n'y a pas de nourriture en dehors de Jésus. Le monde ne nous donne rien qui puisse combler notre faim, nos aspirations, notre besoin d'être aimés, soutenus, portés, pacifiés.
    Jésus est le pain de vie, la nourriture qui répond à nos aspirations, la nourriture qui répond à notre quête. Jésus vient sur le bord de la mer de Tibériade pour combler ses disciples, pour les nourrir, pour être leur nourriture : "prenez et manger, ceci est mon corps."
    Ensuite — parce que ce récit est aussi un envoi missionnaire — rassasiés, les disciples pourront porter la bonne nouvelle. Et l'on pourra lire — dans un deuxième temps — cette pêche miraculeuse comme la constitution de l'Eglise qui rassemblera tous les humains de la terre. "Je vous ferai pêcheurs d'hommes" disait Jésus (Mc 1:17) au début de son ministère. Mais il ne faut pas renverser l'ordre voulu par Jésus. C'est parce qu'il nous nourrit en premier de sa vie, que nous pouvons ensuite jeter notre filet sur le monde. Et jeter le filet, c'est annoncer la bonne nouvelle que Jésus vient nous nourrir de sa vie, qu'il vient remplir nos aspirations, qu'il vient combler nos attentes et nous donner la paix intérieure.
    Dans le récit de la multiplication des pains et des poissons, après que tous ont mangé, il reste encore des corbeilles pleines à distribuer. La bonne nouvelle, c'est que l'amour de Dieu ne s'épuise pas. Jésus est le pain de vie pour chacun, pour tous, il est là en abondance, n'ayons crainte de le partager avec tous ceux qui nous côtoyons.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2009

  • Jean 20. Jésus est au milieu de nous !

    Jean 20

    19.4.2009
    Jésus est au milieu de nous !
    Mt 18 : 18-20    Jn 20 : 19-23    Jn 20 : 24-31

    Jésus est au milieu de nous !
    Voilà ce que les Evangiles nous disent dans tous les récits de Pâques : Jésus est encore au milieu de nous ! Voilà la bonne nouvelle de Pâques, de la résurrection, des apparitions de Jésus que les Evangiles nous rapportent : Jésus sera toujours au milieu de nous !
    Voilà ce que tous les récits des Evangiles nous disent en nous présentant le parcours de Jésus, de la Galilée jusqu'à la montée à Jérusalem pour la Passion. Jésus prépare ses disciples — par son enseignement — à ce moment où il ne sera plus là, à leur yeux, mais toujours présent, autrement, par la vision nouvelle que donne la foi.
    La foi — c'est tout simple — c'est de croire, avoir foi, avoir confiance que Jésus est toujours présent au milieu de nous, au centre de notre Eglise, au milieu de notre famille, au milieu de notre vie, en plein dans nos existences. Voilà, c'est ça la foi, c'est ça croire au Christ, croire en Dieu : avoir confiance dans sa présence, ici et maintenant.
    Je peux m'arrêter là et vous laisser penser à cette présence et à notre confiance dans cette présence.

    C'est vraiment l'expérience que vivent les quelques disciples qui sont rassemblés, enfermés, dans cette pièce, le dimanche soir de Pâques, remplis de peur. Les voilà qui font l'expérience de la présence de Jésus. "Jésus vint au milieu d'eux et leur dit « la paix soit sur vous ! »" (Jn 20:19) Et Jésus s'identifie en leur montrant ses mains et son côté. C'est bien celui qui a été crucifié qui se présente à eux. Et la joie monte dans leur cœur, au point que le rédacteur n'a pas besoin de dire qu'ils croient, c'est évident, puisque Jésus est là !
    Jésus répète sa salutation et les envoie en mission. Plus justement, Jésus leur transmet la mission qu'il a reçu de son Père : "Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie !" (Jn 20:21).
    Il y a transmission, passage de témoin : c'est aux disciples de remplir la mission que Jésus remplissait jusqu'à maintenant. Et Jésus leur donne les moyens de le faire : il leur donne le saint Esprit. Nous avons là l'épisode de la Pentecôte dans l'Evangile de Jean. Jésus donne sa présence et son pouvoir à ses disciples, notamment le pouvoir de pardonner.
    Vous vous rappelez de ce premier miracle de Jésus dans l'Evangile de Marc : "Est-il plus facile de dire « Tes péchés sont pardonnés » ou « Lève-toi et marche » ?" (Mc 2:9) Les pharisiens contestaient à Jésus le pouvoir de pardonner et voilà que Jésus transmet ce pouvoir à chacun de ses disciples, à tous les croyants ! Voilà un changement !
    Jésus est présent au milieu de nous et nous donne des pouvoir nouveaux, celui de pardonner et celui de prier et de recevoir de Dieu ce dont nous avons besoin : "Là ou deux ou trois s'assemblent en mon nom, je suis au milieu d'eux" (Mt 18:20). Voilà ce qu'est la foi : croire à cette présence.
    Mais voilà, Thomas n'était pas là. Nous non plus, nous n'étions pas là ! Alors, comment croire en cette présence, même si des témoins nous disent "Nous avons vu le Seigneur !" (Jn 20:25).
    Ainsi, huit jours plus tard, dans le même cadre, les portes toujours fermées, Jésus vient et se présente. Il sait la difficulté de Thomas et la nôtre. Il ne porte pas de jugement, il ne gronde pas Thomas, il ne le réprimande pas, il lui fait un cadeau. Il lui montre ses mains et son côté — comme aux autres. Et il l'invite à vérifier par lui-même. Tu peux tout contrôler, semble dire Jésus, je comprends ton doute, tes questions, ça ne me fait pas problème : vérifie, "ne doute plus et crois."
    Le texte ne nous dit pas ce que fait Thomas, il ne nous dit pas qu'il pose son doigt sur les marques des mains et sur le côté de Jésus. Peut-être l'a-t-il fait ? Peut-être  la parole de Jésus, l'invitation de Jésus lui a-t-elle suffit pour se mettre à croire.
    Ce que nous rapporte le texte, c'est que Thomas confesse sa foi en reconnaissant que Jésus est bien "son Seigneur et son Dieu" (Jn 20:28) celui en qui il peut croire désormais. Et Jésus est attentif aux croyants du futur, à nous : il reconnaît qu'il n'est pas évident d'avoir la foi, que c'est un pas, un saut qui ne va pas de soi, mais quel bonheur de s'y lancer : "Heureux ceux qui croient sans m'avoir vu !" (Jn 20:29).
    C'est notre sort de croire sans avoir vu Jésus, sans avoir vu les marques sur ses mains et son côté. C'est à nous de faire le saut de la foi; c'est un saut, parce qu'on ne peut savoir ce qu'est croire sans faire le pas, sans se lancer, sans se lâcher. On ne fait l'expérience de la présence de Jésus qu'en se lançant. "Allez, j'essaie…" comme un acte de foi, de confiance, parce que Jésus nous a touché, par sa proximité, sa chaleur, son accueil, son absence de jugement.
    Voilà quelqu'un qu'on souhaite avoir à ses côtés pour toute une vie, pour cheminer dans les bons comme dans les mauvais moments de l'existence. Et voilà qu'il vient à nous, nous disant ; "Je suis-là, je suis au milieu de vous, la paix soit avec vous."
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2009

  • Jean 20. La foi naît de l'amour reçu de Jésus.

    Jean 20

    12.4.2009
    La foi naît de l'amour reçu de Jésus.
    Actes 10 : 37-43    Jn 20 : 1-10


    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    En ce matin de Pâques — comme les premiers disciples — nous sommes face au mystère de la résurrection. Pour les Evangélistes, comme pour nous, il est en même temps impossible d'en parler et obligatoire d'en témoigner.
    Je ne vais donc pas partir dans l'impasse d'une explication de ce qui s'est passé ou de ce qu'est la résurrection. Nous ne sommes pas en face d'une énigme, mais d'un mystère. Une énigme, c'est un problème en attente provisoire d'une solution, qu'on trouvera. Un mystère, c'est un problème définitivement sans solution, mais qui donne à penser, à imaginer.
    Ce matin, ce que j'aimerais développer, c'est le parcours des disciples, du doute vers la foi.  L'Evangéliste Jean — comme les autres Evangélistes — ne nous dit rien de la résurrection elle-même, mais nous invite à suivre les disciples — femmes et hommes — dans leurs chemins à la rencontre du Ressuscité.
    La première personne à entreprendre ce chemin, c'est Marie-Madeleine, disciple fidèle de Jésus. Tôt le matin, elle se rend sur la tombe de Jésus, qu'elle a vu être crucifié par les Romains et mourir sur la croix. Juste avant le commencement du sabbat, le corps a pu être déposé dans un tombeau prêté, comme provisoirement.
    Le dimanche matin, premier jour de la semaine — encore dans l'obscurité, ténèbres d'avant l'aurore, mais plus sûrement du cœur grevé de tristesse et de l'esprit plongé dans l'incompréhension — Marie-Madeleine vient au tombeau.
    Elle le trouve ouvert et part en courrant rapporter la nouvelle aux disciples : "On a enlevé le Seigneur du tombeau et nous ne savons pas où il a été mis" (Jn 20:2). Phrase intéressante. Marie-Madeleine ne dit pas ce qu'elle a vu, elle fait une supposition, la plus plausible, la plus logique, la plus pensable. Un mort ne bouge pas tout seul, donc on l'a pris et déplacé.
    Ne lui jetons pas la pierre de ne pas comprendre, de ne pas être illuminée par le tombeau vide. La foi ne repose pas sur l'absence d'un corps, la foi ne repose pas sur l'absence de Jésus !
    Deux disciples sont interpellés par Marie-Madeleine et courent au tombeau (on court beaucoup dans ce récit). Le disciple que Jésus aimait arrive le premier, mais laisse entrer Pierre, puis le suit à l'intérieur.
    Ainsi, Simon Pierre, le disciple de la première ligne, entre dans le tombeau et "contemple les bandelettes posées-là et le linge qui couvrait la tête de Jésus enroulé et posé à part" (Jn 20:6-7). L'Evangéliste insiste sur cette disposition, qui semble signifier qu'il s'est passé quelque chose de bizarre. Les choses sont "en ordre," le linge est plié. Les bandelettes sont-là, seul le corps est absent.
    La question se pose, si quelqu'un avait emporté la dépouille, il n'aurait pas pris le corps nu en laissant là les bandelettes et le linge qui couvrait le visage ! Le mystère se dessine.
    Etonnamment, l'Evangéliste ne dit rien de la réaction de Pierre, si ce n'est qu'il "contemple" tout cela, ce qui est plus que le "voir" de Marie-Madeleine et de l'autre disciple.
    Enfin, l'autre disciple entre à son tour, il "regarde" et il croit. Là, je m'interroge : pourquoi l'autre disciple est-il amené à croire, est-il amené à la foi et pas, avant lui, ni Marie-Madeleine, ni Pierre, qui voient ou contemplent la même scène ? D'où vient la foi de ce disciple ?
    Vous avez remarqué que ce disciple n'a pas de nom, qu'il est appelé "l'autre disciple" ou plus haut "l'autre disciple que Jésus aimait." Ceci à travers tout l'Evangile de Jean. Ce que veut nous dire l'Evangéliste à travers ce récit et tout son Evangile, c'est que la foi naît de l'amour reçu de Jésus. Il n'y a pas de foi en la résurrection, mais il y a la foi dans le Ressuscité, dans la découverte que ce Jésus a été crucifié pour nous, et que Dieu l'a ressuscité pour nous convaincre de son amour infini pour nous. La foi au Ressuscité naît de cet amour reçu.
    Le disciple que Jésus aimait reçoit sa foi avec cet amour. Et Marie-Madeleine va recevoir sa foi — la confiance dans le Ressuscité — dans le récit qui suit, quand l'inconnu qu'elle ne reconnaît pas encore prononcera son nom : "Marie" (Jn 20:16) et qu'alors elle sortira des ténèbres et le reconnaîtra comme son Maître.
    Et Pierre sera également appelé par son nom par Jésus dans le récit qui suit. Par trois fois, Jésus lui demandera : "Pierre m'aimes-tu ?" (Jn 21:15, 16, 17). Après son triple reniement, Pierre est appelé par trois fois à affirmer sa confiance, son amour pour Jésus, pour attester qu'il a bien reçu l'amour et le pardon de son maître.
    Dès que Pierre aime — dès que nous aimons — l'amour universel, celui qui vient de Dieu, se met à circuler, à venir en nous, à aller vers les autres… La vie du Ressuscité commence à circuler et à remplir nos vies. C'est cette rencontre avec celui qui est à nouveau le Vivant qui enfante la foi en nous.
    Trois disciples, trois rencontres, trois cheminements différents et la foi qui surgit là où elle semblait impossible. Que l'amour de Dieu révélé en ce matin de Pâques remplisse votre vie et vous donne la foi.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2009

  • Jean 15. Les fruits que nous portons découlent de notre attachement au Christ

    Jean 15

    29.3.2009
    Les fruits que nous portons découlent de notre attachement au Christ
    Es 5 : 1-4    Jn 15 : 1-6    Jn 15 : 7-17

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    En entrant dans le temps de sa Passion, Jésus parle à ses disciples. Il les prépare à l'impensable, il les prépare à surmonter leur épreuve, il les prépare à construire la suite pour que ses paroles ne se perdent pas.
    Jean l'Evangéliste nous rapporte les enseignements de Jésus, dont celui sur la vigne que vous avez entendu. Dans la première partie, Jésus définit les relations entre Dieu, lui-même et les disciples, en les comparant à un vignoble. Dans la deuxième partie, il expose sa vision de l'Eglise et sa mission dans le monde.
    Prenons d'abord l'image de la vigne. Dans l'esprit des auditeurs de Jésus, la vigne est d'abord le peuple d'Israël, comme vous l 'avez entendu dans le livre d'Esaïe. Israël est la vigne que Dieu a plantée, qu'il a entourée d'un mur, qu'il a soignée. Mais malheureusement, elle ne porte pas les fruits attendus. La vigne ne répond pas aux espérances du vigneron.
    Mais là, l'Evangile nous rapporte que Jésus dit : "Je suis la vigne et mon Père est le vigneron." Ah, là, il y a du changement ! Il y a une nouvelle vigne, pas les chrétiens, pas l'Eglise, pas les croyants ! C'est Jésus. La nouveauté, c'est que Jésus remplace Israël comme messager de la bonne nouvelle de Dieu pour le monde. Finies les déceptions, les errances, les désobéissances. Jésus est la vraie vigne du Seigneur.
    Tout est réorganisé. Mais les disciples, les croyants, ont une place dans cette vigne : ils sont les sarments qui portent du fruit. Et Dieu est le vigneron qui s'occupe de la vigne, il la soigne, il la taille, il l'émonde et l'effeuille pour que les grappes soient belles à l'automne.
    Au premier abord, cela fait peur, parce qu'on se voit soi-même attaqué au sécateur. Ça va faire mal.  Mais ce n'est pas ce que dit Jésus. Il ne dit pas "la vie, les malheurs, les épreuves vont tailler ce qui est mauvais ou inutile dans vos vies." Il dit : "vous êtes émondés par la parole que je vous ai dite." (Jn 15:3) Et sa parole est encouragement, bénédiction et pardon, amour et tendresse. "Comme mon Père m'a aimé, moi aussi je vous ai aimé." (Jn 15:9) dit Jésus. C'est enraciné dans cet amour, — accroché au cep — que nous pouvons porter du fruit, constituer l'Eglise.
    Et Jésus décrit la communauté attachée à Jésus, qui porte du fruit; il nous donne sa vision de l'Eglise. L'Eglise, c'est la communauté, l'ensemble des personnes, qui "gardent sa parole," qui "demandent ce qu'elles veulent à Dieu" et qui "rayonne de la joie" offerte.
    Etre rattaché à la vigne, au cep, au Christ, c'est écouter, méditer, s'inspirer de la Parole biblique, de la parole de Jésus. C'est avoir la confiance de demander à Dieu ce dont nous avons besoin, c'est la prière. Et c'est être content, joyeux d'être aimé totalement par le Christ, par Dieu. Comme le dit un de nos paroissiens "un chrétien triste est un triste chrétien."
    Les fruits que nous portons découlent de cet attachement au Christ, de cette obéissance au commandement de la nouvelle alliance ; "Aimez-vous les uns les autres." (Jn 15:17)
    J'aimerais encore mettre en évidence un aspect de l'image de la vigne pour dépeindre l'Eglise. L'Eglise n'est pas un club où l'on vient parce qu'on a une passion commune : le ski, le tennis ou la cuisine. L'Eglise réunit des gens très divers, qui aiment des choses différentes, qui viennent de partis politiques différents, qui sont de nationalités différentes.  Un point commun les rassemblent tous cependant : notre attachement au Christ. Un sarment se dessèche s'il n'est pas rattaché au cep.
    C'est le Christ qui fait notre cohésion, tous nous avons besoin de rester attachés à lui pour être l'Eglise. Et c'est lui qui nous unit, c'est lui qui nous réunit, c'est lui qui nous maintient ensemble. Nous sommes une communauté unie au Christ.
    Ce matin, nous allons élire le nouveau Conseil paroissial, dix personnes auront des tâches particulières, seront en première ligne avec certaines responsabilités, mais c'est toute l'Eglise qui doit être attachée au Christ, c'est toute la communauté qui doit travailler ensemble pour porter du fruit, c'est toute la communauté qui doit demeurer dans la parole du Christ, c'est toute la communauté qui doit prier, c'est toute la communauté qui doit témoigner de la joie qu'il y a d'être pleinement aimés de Dieu.
    Merci à toute la paroisse d'être unie au Christ et de soutenir aujourd'hui et dans les années qui viennent le nouveau Conseil paroissial, pour qu'ensemble nous témoignons de la joie d'appartenir à Jésus-Christ. 
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2009