(28.9.2003)
Michée 6
Ouverture du catéchisme 1ère année : "Etre juste et faire le bien"
Michée 6 : 6-8 Marc 12 : 28-31
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(28.9.2003)
Michée 6
Ouverture du catéchisme 1ère année : "Etre juste et faire le bien"
Michée 6 : 6-8 Marc 12 : 28-31
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(14.11.2004)
Michée 3
Comment Dieu se révèle progressivement aux humains
télécharger le texte : P-2004-11-14.pdf
Aujourd'hui, il est recommandé de ne pas lire les textes bibliques avant la prédication !
Chères paroissiennes, chers paroissiens,
Notre connaissance de la Bible est souvent très morcelée. A part pour ceux d'entre vous qui ont lu leur Bible en entier — il est difficile d'avoir une idée du panorama biblique. Souvent, on lit un texte par ci un texte par là; le prédicateur du jour parle aussi sur l'un ou l'autre des textes bibliques, mais cela ne donne pas une idée claire de l'entier de la Bible.
Pourtant la Bible est porteuse d'un message d'une grande cohérence — pour dire que la Bible est plutôt une bibliothèque avec des auteurs très divers, rédigés sur une durée de plusieurs siècles ! Pourtant, il y a dans le récit biblique un fil rouge, un élan, une intention que l'on peut suivre et que j'aimerais développer aujourd'hui : comment Dieu se révèle progressivement aux humains.
Nous allons voir quelle est la méthode de Dieu pour se faire connaître à l'homme. Les lectures bibliques viendront ponctuer ce parcours au fur et à mesure pour illustrer mon propos.
La première étape de la stratégie divine a été de choisir de se révéler à quelques individus en commençant par un chef de famille. Ainsi, Dieu a d'abord choisi un homme : Abraham. Abraham est un chef de clan. Dieu lui adresse la parole et lui fait une promesse double : la promesse d'être à la tête d'une grande descendance et de recevoir un pays.
C'est à travers Abraham et son fils Isaac et ses petits-fils Jacob et Esaü que Dieu se fait connaître. Il se fait connaître comme un Dieu personnel, un Dieu qui entre en dialogue, qui se fait proche et qui se fait le défenseur du clan, du groupe. C'est un Dieu nomade qui accompagne des nomades (on voit Abraham, Isaac et Jacob faire d'incessants voyages entre la Mésopotamie, le pays de Canaan et l'Egypte). Ecoutons le récit d'une rencontre de Dieu avec Jacob.
Lire : Genèse 35 : 9-15.
Avec Jacob, le troisième patriarche, s'accomplit la promesse de devenir un grand peuple. Jacob a 12 fils et ceux-ci seront à l'origine des 12 tribus d'Israël.
La foi des patriarches se transmet à un peuple nouveau. Ce peuple grandit en Egypte, mais il rencontre l'opposition du Pharaon qui asservit les hébreux. C'est alors que Dieu fait appel à Moïse. Nous entrons dans la deuxième phase de la stratégie divine.
Pour communiquer avec tout un peuple, Dieu change de méthode. D'abord, il crée l'événement en libérant son peuple de l'esclavage en Egypte. Il le conduit dans le désert où va commencer une période d'apprentissage : comment user de la liberté et rester libre ?
Dieu forme avec son peuple une alliance. Après le temps de la promesse avec les patriarches vient le temps de l'alliance avec Moïse. L'alliance est un contrat, un traité. Dieu conduit et protège son peuple. Le peuple, en échange, applique le Décalogue (les dix commandements) que Moïse reçoit de Dieu. Ecoutons comment Moïse reçoit les tables de la Loi.
Lire : Exode 24 : 12-18.
Dieu se révèle comme celui qui donne la Loi à Moïse pour que celui-ci l'enseigne aux Israélites. Nous entrons dans une étape de pédagogie. Le peuple doit apprendre quelles sont les règles pour vivre ensemble en bonne harmonie et préserver la liberté de tous. La Loi de Dieu est donnée à tous, y compris au roi pour que ne règne pas la loi de la jungle, la loi du plus fort. La Loi est destinée à protéger le faible, le démuni. Mais cette route est parsemée d'échecs.
Jamais la loi n'a pu interdire efficacement sa transgression. On ne peut pas mettre un gendarme derrière chaque personne ! Ainsi, les personnes et le peuple désobéissent.
Pour rappeler à son peuple le contenu de l'Alliance, Dieu envoie des prophètes. C'est la troisième étape de la stratégie divine. A chaque époque de l'histoire d'Israël, Dieu charge des prophètes d'avertir le peuple d'Israël que Dieu ne supporte pas les injustices, les mauvais traitements, l'exploitation et l'oppression.
Dieu menace de punir tout en rappelant les promesses qu'il a faites. Ecoutons le prophète Michée élever la voix :
Lire Michée 3 : 9-12 et 4 : 1-4.
Le prophète est celui qui proteste, qui répercute la protestation de Dieu chaque fois que quelqu'un est maltraité, tout en rappelant les promesses de Dieu. Avec le message des prophètes, on voit que Dieu se place aux côtés des victimes d'injustices.
Les prophètes appellent à une intériorisation de la Loi. Chacun est responsable pour lui-même de respecter la Loi. Chacun doit décider pour lui-même et par lui-même de respecter les règles qui permettent de vivre ensemble. Le but — comme le dit Michée — est de vivre en paix. Si les gens respectent la loi alors :
"De leurs épées, ils forgeront des pioches,
de leurs lances, ils feront des faucilles,
il n'y aura plus d'agression d'une nation contre une autre. " (Mi 4:3).
Ce programme pour la paix est expérimenté avec le peuple d'Israël, mais il est destiné au monde entier, ce message à une visée universelle.
C'est ce que Dieu a voulu réaliser par une quatrième étape en envoyant son Fils, Jésus, dans le monde. C'est ce que nous développerons dans le temps de l'Avent, la venue de Jésus sur la terre. Sa mission est de passer une nouvelle alliance, cette fois avec tous les humains sur la terre, une alliance fondée sur l'amour du prochain, un amour vécu et intériorisé par chacun. Il donnera sa vie pour cela, se faisant modèle universel de la victime que Dieu vient sauver.
Dieu a commencé à se révéler à un individu, il a étendu sa révélation à un peuple, avec pour but ultime de faire une alliance universelle qui puisse à nouveau toucher tout individu. C'est ainsi que nous sommes inclus dans son alliance pour que la paix soit établie sur la terre.
Amen
© Jean-Marie Thévoz, 2021
Michée 3
21.8.2016
Prophètes (III) : Ecouter les prophètes d’aujourd’hui
Michée 1 :1-7 Michée 2 :6-10 Michée 3 : 5-12
Télécharger le texte : P-2016-08-21.pdf
Chères paroissiennes, chers paroissiens,
Le prophète Michée annonce les oracles de Dieu quelques dizaines d’années après Amos et Osée. On se souvient qu’Amos et Osée exerçaient leur ministère dans le royaume d’Israël, le royaume du Nord. Et bien celui-ci a été envahi et absorbé par l’empire d’Assyrie. Ce que les prophètes avaient annoncés s’est réalisé.
Michée habite et travaille dans le royaume de Juda. Il va vivre la période de la chute du royaume du Nord et l’invasion du royaume de Juda par Sennachérib et le siège de Jérusalem, épisode raconté dans le deuxième livre des Rois (2 Rois 17-19) et Esaïe (chap. 36). Pourtant Sennachérib ne prend pas la ville et se retire, on ne sait pas pour quelles raisons.
La période est donc très troublée. Pourtant nombreux sont ceux qui ne veulent rien savoir, qui ne veulent que des bonnes nouvelles. C’est dans ce climat que Michée fait son travail de prophète. Comme les autres prophètes bibliques, il dénonce toutes les formes de corruption, de spoliation et d’injustice. Je ne veux pas revenir la dessus, mais m’intéresser à un autre aspect de son discours : la dénonciation des faux prophètes. Voici ce que Michée dit de ces faux prophètes : « Si on les nourrit bien, ils annoncent la paix. Mais ils font la guerre à ceux qui ne leur mettent rien dans la bouche !» (Mi 3:5) Visiblement Michée en veut à ces experts qui savent d’où vient le vent et qui choisissent toujours les propos que veulent entendre ceux qui les payent — on a vu cela avec les experts de l’industrie du tabac.
Il y a donc deux catégories de prophètes, ceux qui soutiennent les pouvoirs établis et ceux qui ont à cœur de dénicher et dénoncer les affaires de corruption, d’injustice, d’exploitation etc. Etonnamment, ce ne sont pas les Eglises aujourd’hui qui sont à la tête de ce mouvement — à part les œuvres d’entraide et Terre Nouvelle — mais plutôt les O.N.G., la presse et les lanceurs d’alerte. Pourtant il y a assez de modèles de prophètes dans la Bible pour inspirer quelques oracles modernes. ? Comment Michée s’exprimerait-il aujourd’hui ? Quel thème choisirait-il ? Si le prophète Michée parlait encore aujourd’hui, ne pourrait-il pas parler comme cela ?
« Ecoutez ce que le Seigneur me dit :
Va faire un procès pour me défendre, pour défendre la planète !
Présente mon point de vue devant les montagnes et devant les îles :
— Montagnes et îles, écoutez le Seigneur, je fais un procès aux habitants de la terre, je demande des comptes à ceux qui gouvernent.
Terriens, vous gaspillez les ressources, vous pillez la terre, vous épuisez les paysans pour manger des filets de bœuf et des châteaubriands.
Vous exploitez les ouvriers des pays pauvres pour produire vos téléphones et vos tablettes.
Et bien moi, je vous dis : Je vous enverrai cyclones et tornades,
je ferai monter le niveau des mers pour engloutir New York et Amsterdam.
Moi le Seigneur, je ne laisserai pas vos crimes impunis.
— Vous n’avez pas écouté les prophètes du GIEC,
vous avez préféré écouter les faux prophètes qui vous disaient que vous ne pouviez rien faire à votre échelle. Vous avez fait la sourde oreille aux annonces de catastrophe.
Et bien vous n’échapperez pas aux conséquences de vos péchés.
Oracle du Seigneur. » (selon Mi 6)
On pourrait écrire bien d’autres oracles sur les péchés de notre époque. Mais à quoi différencie-t-on un vrai prophète d’un faux ? À première vue on pourrait se dire que le prophète de malheur a plus de chance d’être vrai que faux. Mais c’est plus compliqué, il y a des temps de l’histoire où il faut annoncer l’aurore, particulièrement dans les temps de dépression et après les catastrophes.
Pensez à la pratique des « enfants placés » qui ressurgit aujourd’hui et qui était une mesure administrative, bien réglée par des ordonnances et des lois. Ou bien le fait de retirer les enfants aux familles Jenisch parce qu’elles étaient nomades, pour les sédentariser. « On fait cela pour leur bien ! » Pensez à l’apartheid, aux fonds en déshérence. Pensez au racisme ordinaire de la police aux USA qui commence seulement à être dénoncé depuis ces dernières années par le mouvement « black lives matter » (la vie des noirs comptent). On pourrait ajouter d’autres sujets : la pédophilie, le viol conjugal, le travail clandestin et l’esclavage dans les ambassades, sans compter le changement climatique évoqué dans l’oracle.
Ce qui m’inquiète et m’interroge aujourd’hui, c’est de savoir quel est notre point aveugle en 2016 ? Qu’est-ce qui se passe aujourd’hui et que nous ne voyons pas comme problème, mais qui nous fera honte quand il sera dénoncé par la génération suivante ? Quelles sont nos actions ou nos inactions, nos aveuglements ? Il y aura certainement notre inaction et notre fermeture vis-à-vis de la guerre en Syrie et l’accueil des réfugiés. Il y aura la question climatique. Comment les enfants qui naîtront en 2030 ne nous reprocheraient-ils par notre inaction et notre consommation effrénée qui paraîtra alors un luxe impardonnable : « Quoi ils brûlaient du pétrole pour aller chercher le journal alors que cette matière nous manque maintenant pour fabriquer nos panneaux solaires ? »
Il y aura le travail sous-payé des paysans et la perte de leur savoir-faire ; ou les produits trop bon marché pour être équitables et qui sont une forme moderne de colonisation. Sans compter la mésentente politique, ou la suprématie de l’économie sur le politique qui conduit à l’inaction générale. Le monde va mal, la planète pas mal, mais personne ne dit rien, personne ne fait rien, ou chacun ne fait pas assez à la taille de la planète pour changer le cours des choses.
Nous avons plus que jamais besoin de prophètes, et de les croire, et de bouger ! Nous avons besoin d’écouter les prophètes de la société civile, et les soutenir. Nous avons besoin de rallumer le prophétisme en Eglise, et de nous mobiliser pour faire bouger les choses. Terre nouvelle et les œuvres d’entraide nous montrent un des chemins.
La Passion du Christ, le modèle du prophète souffrant, nous donne la grille de lecture qui nous permet de discerner dans la réalité les situations qui doivent être mises au jour et dénoncées. Nous avons les outils pour déceler les victimes et les sans voix. Pourquoi ce modèle est-il davantage utilisé concrètement à l’extérieur de l’Eglise plutôt qu’à l’intérieur ? C’est peut-être le point aveugle de notre Eglise : ne pas être assez prophétique !
Amen
© Jean-Marie Thévoz 2016