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corinthiens

  • Changer notre regard sur le monde

    12.2.2017

     

    Changer notre regard sur le monde

    1 Corinthiens 2 : 1-8          Matthieu 5 : 17-22

     

    Télécharger le texte : P-2017-02-12.pdf

    Chers frères et sœurs en Christ,

    Peut-on encore ouvrir le journal sans se demander si notre monde n’est pas fou ? Peut-on encore regarder les informations sans se demander si le monde tourne bien rond ?

    Le monde politique devient un cirque médiatique. Le monde économique fait de la surenchère, demandant en même temps plus de garde-fous pour les autres et plus de libéralisme pour soi. Sans compter les potentats, les états guerriers, les autoamnisties des parlements ou des gouvernements et les fuites en avant dans le « toujours plus de la même chose » comme solution à nos problèmes.

    La question fondamentale, c’est de se demander si notre monde est encore intelligible, compréhensible ?

    On s’est reposé sur la science pour expliquer le monde. Avec comme idée de base qu’à force de chercher on allait trouver des réponses. Oui, cela a porté des fruits, apporté des réponses, mais aussi toujours plus de nouvelles questions et de nouvelles responsabilités.

    Nous nous sommes reposés sur une explication économique du monde. En cherchant tous améliorer nos conditions de vie, n’irait-on pas vers le développement et l’amélioration de la vie de tous ? Pourtant le fossé se creuse entre le sommet et la base. Aujourd’hui huit personnes possèdent autant que la moitié des habitants de la planète.

    D’autres personnes se reposent sur les théories du complot. Elles postulent que de petits groupes cachés, secrets, dirigent le monde par derrière. Cela peut être la CIA, les Illuminati, ou les GAFA : Google Apple Facebook et Amazon.

    Et nous ? Comment comprenons-nous le monde en tant que chrétiens ? Dans les lignes de la lettre aux Corinthiens que vous avez entendues, Paul propose sa compréhension du monde. Une compréhension différente de celles que je viens d’évoquer. Paul affirme que le monde est compréhensible, même qu’il va nous l’expliquer en nous révélant « le plan secret de Dieu » pour nous et pour le monde.

    « Moi-même, quand je suis venu chez vous, frères, ce n’est pas avec le prestige de la parole ou de la sagesse que je suis venu vous annoncer le plan secret de Dieu. Car j’ai décidé de ne rien savoir parmi vous, sinon Jésus Christ, et Jésus Christ crucifié. Aussi ai-je été devant vous faible, craintif et tout tremblant. » (1 Co 2 : 1-3)

    Cette révélation ne repose pas sur des effets de manches et un discours compliqué, il se résume à prêcher le Christ, le Christ crucifié. En disant cela, Paul rappelle à ses amis de Corinthe comment il est venu vers eux, plein de crainte et de modestie. Si le message de Paul a pu passer auprès d’eux, cela ne venait pas de lui, mais de la puissance divine du message lui-même. C’est l’Esprit de Dieu lui-même qui a convaincu les Corinthiens, pas la rhétorique de Paul.

    Il y a dans le message, dans la prédication du Christ crucifié, une force interne, une dynamique qui vient de Dieu et pas du messager. Paul se fait tout petit pour faire de la place au message, au Christ, à Dieu lui-même. Paul insiste pour montrer qu’il y a deux sagesses à l’œuvre dans le monde, deux sagesses qui s’opposent. D’un côté la sagesse humaine qui est faite d’éclat de langage et de brillance apparente et de l’autre, la sagesse divine qui s’exprime dans le dépouillement, mais qui n’en a que plus de force, de dynamisme.

    La sagesse humaine — que Paul désigne comme folie dans le chapitre précédent (1 Co 1:20) — s’appuie sur l’exercice du pouvoir et de la force. La sagesse divine au contraire se dévoile dans le paradoxe du dénuement, du renoncement à la puissance, ce que Jésus a révélé sur la croix.

    Il y a inversion des signes entre la sagesse et la folie. La folie de la croix, folie aux yeux des humains (signe négatif) devient sagesse de Dieu (signe positif). La sagesse humaine (signe positif aux yeux des humains), devient folie devant Dieu (signe négatif).

    Le plan secret de Dieu — révélé dans la prédication du Christ crucifié — c’est l’inversion des signes, l’inversion des valeurs. Tout ce que le monde valorise — succès, richesse, pouvoir, célébrité — n’a pas de valeur aux yeux de Dieu. Tout ce que le monde dévalorise — insuccès, quête de la justice, gestes de paix, pleurer avec les malheureux et les endeuillés — Dieu le valorise.

    Vous n’êtes pas applaudi sur un plateau de télé, heureux êtes-vous !

    Vous ne vous associez pas aux moqueurs en tout genre, heureux êtes-vous !

    Vous prenez du temps pour tenir la main d’une personne en désarroi, heureux êtes-vous !

    Jésus enseignait déjà cette sagesse inversée dans le Sermon sur la montagne (mt 5—7). On le voit dans les Béatitudes, ou lorsque Jésus reprend les commandements de la Loi et les approfondit, les creuse jusqu’à l’extrême. Il exprime alors ce renversement des valeurs. Si l’injure est désignée comme aussi grave que le meurtre, c’est pour montrer jusqu’où plonge la racine de la violence. Pour montrer jusqu’où il faut descendre en soi pour changer ou être changé pour suivre le Christ.

    Le Sermon sur la montagne présente une sagesse de l’excès, inatteignable ! Il le fait pour montrer que le Christ nous invite à un changement radical, une véritable conversion, et pas à faire plus ou mieux de la même chose. Il ne s’agit pas d’être plus sage avec Jésus. Il s’agit de changer de sagesse, de quitter la sagesse des humains pour adopter la folie de Dieu. Folie de Dieu qui se révèle — en fin de compte — plus sage que la sagesse humaine, par un retournement paradoxal. C’est en renonçant à la puissance divine, c’est en renonçant à descendre de la croix, que le Christ acquiert sa vraie puissance, une puissance qui n’écrase pas, mais qui soutient, qui porte, qui sauve.

    Face au monde actuel qui nous semble être fou, peut-être est-il temps d’abandonner cette sagesse humaine qui nous conduit droit dans le mur et d’adopter la folie de Dieu, la folie de la croix, qui nous dit qu’il est préférable de servir plutôt que d’écraser, qu’il est préférable de renoncer plutôt que de s’emparer, qu’il est préférable d’aimer plutôt que de haïr ou d’être dans la rancune.

    Le monde actuel devient intelligible, compréhensible — même si pas plus rassurant — en le lisant avec l’échelle inversée de la sagesse divine, de la sagesse chrétienne.

    Avec le Christ crucifié, nous pouvons relever les gestes dévalorisés par le monde et voir les vraies valeurs. Avec le Christ crucifié nous pouvons relever les gestes que le monde trouve sans rendement, mais qui donne toute sa valeur à la vie humaine. On trouve ainsi sur Youtube des petites vidéos qui montrent des « actes de gentillesse » ou des gestes pour « retrouver foi en l’humanité » qui relèvent ces gestes-là.

    Avec le Christ crucifié, nous pouvons lire le monde autrement et relever combien il y a des attitudes qui rendent le monde différent et la vie digne d’être vécue. Avec le Christ crucifié nous pouvons pratiquer cela. Faire cela, c’était témoigner de l’Évangile, de la bonne nouvelle de Jésus-Christ.

    Amen

     

    © Jean-Marie Thévoz, 2017


     

     

  • 1 Corienthiens 12. Notre mobilisation rend le Christ présent ici et maintenant

    1 Corinthiens 12
    27.1.2013
    Notre mobilisation rend le Christ présent ici et maintenant
    1 Corinthiens 12 : 12-27      Luc 4 : 14-22

    Téléchargez la prédication ici : P-2013-01-27.pdf


    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Passés Noël et l'Epiphanie, nous retrouvons Jésus au début de son ministère. Dans l'Evangile de Luc, après son baptême et la tentation au désert, Jésus commence son ministère à Nazareth. Il se rend à la synagogue pour le service du jour du sabbat. Comme c'est la coutume à la synagogue, quelqu'un de l'assemblée peut se proposer pour lire l'Ecriture. Jésus monte à la tribune, déroule de rouleau d'Esaïe et lit quelques versets du chapitre 61 :
    « L'Esprit du Seigneur est sur moi,
    il m'a consacré pour apporter la Bonne Nouvelle aux pauvres.
    Il m'a envoyé pour proclamer la délivrance aux prisonniers
    et le don de la vue aux aveugles,
    pour libérer les opprimés,
    pour annoncer l'année où le Seigneur manifestera sa faveur. » (Luc 4 : 18-19)
    Ce qui est inattendu, c'est qu'il dise que ces paroles d'Esaïe s'accomplissent en ce moment et dans sa personne ! Il y a deux volets à cet accomplissement : (a) Jésus est l'envoyé de Dieu et (b) il apporte guérison, libération et réconciliation avec Dieu.
    Le premier volet, nous l'acceptons facilement : nous avons les évangiles et le Nouveau Testament, nous croyons que Jésus nous montre la vraie figure de Dieu. Le deuxième volet est plus difficile à saisir. Oui, bien sûr, Jésus a guéri des malades et libéré des possédés pendant son ministère. Mais aujourd'hui, autour de nous ? Comment ce volet s'accomplit-il aujourd'hui, ici ? Comment notre paroisse peut-elle être ce lieu où l'œuvre du Christ s'accomplit ? Comment notre paroisse peut-elle être le lieu où nous sommes guéris de nos chagrins et de nos deuils, où nous sommes libérés de nos soucis, de nos anxiétés et de nos obsessions ?
    Où est le Christ qui accomplit sa parole ? Où est le Christ aujourd'hui ? L'apôtre Paul répond à cette question dans le passage de 1 Corinthiens 12 que nous avons entendu. Il nous dit : "Le Christ est semblable à un corps composé de plusieurs parties (v12) or, vous êtes le corps du Christ, chacun de vous est une partie de ce corps. (v27)."
    Où est le Christ ? Il est ici, dans cette assemblée; il est ici dans ce village. Là où il y a une étincelle de foi. Le Christ est vivant parce que vous êtes là, parce qu'il y a des hommes et des femmes qui prient, qui lisent la Bible et qui aiment leur prochain.
    L'apôtre Paul développe les liens entre le corps et les membres et les liens entre les différents membres. Il souligne que dans un corps, il y a de nombreuses fonctions différentes, mais complémentaires et aussi indispensables les unes que les autres. Il souligne que chacun a sa place et qu'on ne peut pas faire de hiérarchie entre les différentes fonctions. L'unité ne vient pas de la place ou du rôle tenu, l'unité vient de l'Esprit saint reçu dans le baptême, dans l'Esprit saint unique qui nourri, qui abreuve chacun. 
    L'apôtre Paul souligne que chacun est indispensable, mais qu'aucun ne doit se prendre pour le tout. Le corps ne peut pas être seulement œil ou oreille, parce que toutes les fonctions sont aussi nécessaires. Parallèlement, on ne peut pas exclure un organe ou une fonction parce qu'elle est moins noble; au contraire, remarque Paul, il faut le traiter avec d'autant plus de déférence. Pas de mépris, pas d'exclusion, pas de domination, mais une mobilisation égale de toutes les parties pour le même but : faire corps, être le Christ agissant dans le monde.
    Pratiquement, cela signifie que chaque paroissien, chaque paroissienne a son rôle a jouer dans le corps du Christ qu'est la paroisse. Chacun, chacune, en fonction de ses compétences et de ses moyens est utile, indispensable.
    Dans notre paroisse, nous avons besoin, d'abord de la prière de tous, et cela personne n'en est incapable. Ensuite, nous avons besoin d'aide pratique, donner un coup de main, confectionner un cake, tenir un stand à la Fête paroissiale, écrire une lettre ou faire des photocopies. Nous avons besoin de soutien financier pour que nous puissions innover, lancer des projets, entourer nos jeunes. Nous avons besoins de personnes pour assumer des tâches de responsabilité, à la Fête paroissiale, au Conseil paroissial, dans des groupes de travail.
    Comment la parole d'Esaïe, lue par Jésus, peut-elle s'accomplir dans notre paroisse ? Par la mobilisation de chacun à la place qui lui est propre. Chacun, participant là où il le peut — dans l'organisation ou dans les tâches à responsabilité ou dans l'exécution pratique ou dans la visite ou la prière — est utile et nécessaire. Personne ne peut dire : il y en aura d'autres pour le faire !
    Nous sommes devenus une Eglise minoritaire. La parole du Christ est vécue régulièrement par environ 5 à 10% de la population, toutes confessions confondues. Et comme protestant, nous y sommes encore minoritaires. Nous ne pouvons plus penser nous reposer sur le voisin.
    Que celui que cela décourage profite de tous les lieux et moments de ressourcement, de partage et de recueillement qui sont offerts aux niveaux paroissial, régional et cantonal. L'offre est riche.
    Nous commençons une nouvelle année et le Christ nous assure qu'il est présent, qu'en lui s'accomplit l'année de faveur de l'Eternel. Il vient nous remplir de sa présence, il vient s'incarner, vivre en nous pour que nous soyons ses témoins.
    Lui — à travers nous — vient accomplir son œuvre de guérison, de libération et de réconciliation. "Vous êtes le corps du Christ et chacun de vous est une partie de ce corps" (1 Co 12:27). Ensemble, nous adorons Jésus pour nous ressourcer, ensemble nous écoutons sa Parole pour le connaître, ensemble, nous pouvons agir pour le faire connaître et accomplir son œuvre de guérison, de libération et de réconciliation.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2013

  • 1 Corinthiens 10. Un choix à faire

    1 Co 10

    26.9.1999
    Ouverture du catéchisme : Un choix à faire
    2 Rois 4 : 38-41    1 Co 10 : 23-26    Mt 13 : 47-48

    Chers catéchumènes, chers parents, Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Vous êtes plutôt : Swisscom ou Sunrise. Nokia ou Panasonic. PDC ou radical. Cardinal ou Campari. Yes or No ? Voilà les choix que nous proposent les affiches publicitaires qu'on voit maintenant dans nos rues.
    Combien de choix sommes-nous appelés à faire tous les jours ? Des petits choix qui ne portent pas à conséquences, jusqu'à des choix qui nous engagent, certains choix pour l'existence entière... Nous vivons dans une société du choix, dans une société où il faut constamment choisir. Et nous voulons du choix, nous préférons la carte au menu. Ne voyons pas cela sous un angle négatif, cela nous donne du pouvoir, une possibilité d'exercer notre liberté.
    Le problème, c'est aussi que les choix deviennent de plus en plus complexes : que choisir ? Vous voulez plutôt du boeuf ou du poulet pour midi ? 
    "La soupe est empoisonnée" crient les convives autour de la marmite du prophète (2 R 4: 40). Voilà, en ce temps lointain, la famine régnait dans ce pays. Un homme a été chargé de faire à manger. Alors, il est parti dans la campagne, voir ce qu'il pourrait trouver à manger. La première chose qui ressemblait à un légume lui a convenu. Il en a fait son menu.
    Choisir comporte donc aussi des risques. Celui qui va à la cueillette des champignons les soumet à un spécialiste avant de les manger. Le tri de ce qui est bon ou mauvais pour nous est essentiel. Nous commençons à regarder de près ce que nous mettons dans notre assiette, et par les temps qui courent cela vaut mieux, même si c'est plutôt difficile avec le peu d'informations qu'on nous donne. Nous contrôlons aussi bien que faire se peut le contenu de notre assiette.
    Mettons-nous la même attention à vérifier ce que notre cerveau avale ? Ce qui nourrit notre esprit ou notre âme ? Nous avons vu qu'à la source de la vache folle et du poulet à la dioxine, il y avait une course effrénée au profit, sans égard pour les consommateurs. En est-il différemment avec la publicité, avec les films ou les idéologies qui nous matraquent, dans la rue ou sur nos écrans ?
    Mon idée n'est pas qu'il faudrait commencer à censurer, à interdire, etc. Par contre, il est urgent de réfléchir à notre façon de choisir et peut-être même : apprendre à faire des choix.
    *    *    *
    Le christianisme est une religion de la liberté. Cela a commencé avec la liberté des personnes dans le judaïsme, avec la libération des hébreux et la sortie d'Egypte. Ceux qui ont vu le film "Le prince d'Egypte" voient de quoi je parle. Cette libération s'est accompagnée du don de la loi, comme mode d'emploi et de sauvegarde de cette liberté. La loi énonce en premier lieu des repères pour que je sois protégé. Ainsi, l'interdit de tuer est d'abord l'interdit vis-à-vis des autres de me tuer, donc le droit de vivre pour exercer ma liberté. Ensuite, la réciproque est évidente.
    Vous avez entendu l'apôtre Paul dire "Tout est permis, mais tout n'est pas utile, tout n'est pas constructif" (1 Co 10:23) C'est une liberté énorme que donne Paul dans un monde plein de tabou, notamment alimentaires. Le but de la loi n'est pas l'obéissance à la loi, mais le respect de tout humain. C'est un bouleversement dans le monde gréco-romain où les limites étaient les dieux, de placer l'être humain au centre. Aujourd'hui aussi c'est un bouleversement sérieux de dire : c'est le respect de l'être humain qui doit être le repère central de toute activité humaine. On est plus habitué à entendre parler des contraintes de l'économie, de la concurrence, de la survie de l'entreprise, au point qu'on place ces contraintes au-dessus du sort de l'être humain.
    *    *    *
    Chers catéchumènes,
    Vous entrez dans l'adolescence, un âge où l'on est confronté à de nombreux changements et à de nombreux choix. Vous allez devoir trier parmi tout ce que le monde vous propose. Vous allez réaliser que toutes les propositions ne sont pas offertes dans votre intérêt, mais visent d'autres intérêts que les vôtres. Vous pouvez vous préparer, apprendre à faire ces choix, comme un spécialiste apprend à distinguer les champignons qui se mangent de ceux qui empoisonnent. Vous pouvez vous préparer en faisant un premier choix qui guidera les choix suivants. Ce premier choix, c'est : vais-je construire ma vie avec ou sans Dieu ? Vais-je construire ma vie avec les repères, le soutien et l'amour que Dieu donne ou vais-je construire ma vie seul, selon mes intuitions, en créant ma propre loi.
    Vous allez commencer le catéchisme pour découvrir cette offre de Dieu de construire une vie avec lui pour guide et compagnon. Je suis réaliste, ce n'est pas la seule proposition de style de vie que vous recevez, mais j'espère que ce temps de catéchisme vous permettra de collecter suffisamment d'informations pour faire votre choix, un choix libre et informé.
    Depuis votre naissance, il y a une place pour vous, — une place réservée — dans le coeur de Dieu. Il a des projets de bonheur et de vie heureuse pour vous. Profitez de ce temps de catéchisme pour venir à sa rencontre, à sa découverte et enraciner votre vie dans du solide.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2007

  • 24.9.06 / 2 Corinthiens 5. L'ancien état de choses a disparu, le nouvel état de chose est là.

    2 Corinthiens 5
    24.9.2006
    L'ancien état de choses a disparu, le nouvel état de chose est là.
    Mt 13:44 / 2 Co 5 : 17-19

    Chers catéchumènes, chers parents, chers paroissiens,
    Je vais demander aux adultes de faire un effort pendant mon message, c'est de se replonger dans leur enfance ou leur adolescence pour écouter ce que je vais dire. Comme cela vous serez au même niveau que les catéchumènes, même si c'est avec un peu plus de conscience.
    Je vais commencer par vous jouer un petit dialogue entre une mère et son fils.

    — Allo, Maman ? Je cherche mes souliers de marche et je ne les trouve pas !
    — Allo chéri, je vais t'aider, va dans la pièce qui est à côté de l'escalier, ils doivent être dans l'armoire.
    — J'y suis, mais il n'y a pas d'armoire, juste un bahut.
    — Comment ça ? Tu ne peux pas être près du bahut, il est dans une autre pièce, va vers l'armoire, elle est blanche.
    — Bon alors, je change de pièce. J'ai trouvé une armoire, mais elle est brune.
    — Tu fais quoi ? T'as pas mis tes lunettes ou t'es bête ? Cherche l'armoire blanche !
    — Je cherche, mais je ne vois pas d'armoire blanche.
    — T'es complètement idiot, tu ne peux pas la manquer, elle est si grande. A part : J'ai fait quoi pour avoir un gosse aussi nul ?
    — Mais j'essaie de la trouver. J'ai passé dans toutes les pièces, mais je ne la trouve pas.
    — Mais t'es où enfin ? T'es sûr que tu ne t'es pas trompé de maison ?
    — Mais non, je suis chez nous, à la cave.
    — Mais l'armoire blanche n'est pas à la cave ! Quelle cloche tu fais. Elle est au rez, à côté de l'escalier de la cave.
    Pourquoi, je vous raconte cette histoire ? Parce que je crois qu'on vit à la cave avec le plan du rez-de-chaussée, et que cela crée beaucoup de mal-entendus dans la vie ! On reçoit des informations de toute part et elles ne concordent pas avec ce qu'on vit, avec notre expérience.
    Il s'en suit qu'on en tire des conclusions et ces conclusions sont fausses, mais c'est quand même là-dessus qu'on bâtit notre vie quand on est enfant.
    Le garçon, dans notre histoire, peut tirer deux sortes de conclusions. D'un côté : "je suis débile" puisque les adultes savent ce qu'ils font et ce qu'ils disent. De l'autre : "ma mère est complètement folle", mon expérience était juste, l'armoire n'était pas là, donc je dois me méfier de tout ce que j'entends.
    Que l'on choisisse l'une ou l'autre variante pour construire sa vie — "je suis nul" ou "les autres ne sont pas fiables" — on part sur une base faussée.
    Si l'on est honnête avec soi-même, on doit tous constater qu'on vit dans cette cave. Quelques-uns d'entre vous ont peut-être réalisé depuis un certain temps qu'ils vivaient dans une cave et en sont sortis : vous êtes bienheureux ! Mais on ne peut sortir de la cave que parce qu'on se rend compte que ce qu'on habite est la cave et pas le rez. Sortir de la cave n'est cependant pas facilité dans notre société.
    En effet, beaucoup d'acteurs de notre société ont des avantages à nous maintenir à la cave. En effet, c'est désagréable de vivre à la cave, c'est-à-dire dans la solitude par manque d'amour, ou dans la peur par méfiance envers les autres (ces autres pourraient découvrir que nous sommes nuls malgré les efforts que nous faisons pour le camoufler) ou vivre dans la tristesse de n'être pas appréciés tels quels.
    Face à cette détresse, tous les vendeurs s'empressent de nous vanter le nouvel écran super-géant qui nous fera passer de super-soirées et comblera notre solitude ou pour nous vendre les cigarettes ou l'alcool qui nous ferons oublier que nous sommes malheureux.
    Lorsque l'apôtre Paul parle de tout cela, il l'appelle "l'ancien état de choses" (c'est la cave) et il propose "un nouvel état de choses" (c'est le rez, l'étage à la lumière du jour). Il dit : "Dès que quelqu'un est uni au Christ, il est un être nouveau : l'ancien état de choses a disparu, le nouvel état de chose est là." (2 Co 5:17). Cela ressemble à un tour de passe-passe, mais c'est différent.
    A la cave — pour reprendre notre dialogue — le fils se voit à travers les yeux de sa mère qui le dénigre, le dévalorise, détruit son estime de soi. Le fils intègre ces jugements de valeur et se croit effectivement nul, inadéquat, incapable.
    Mais tout cela repose sur un mal-entendu ! C'est parce qu'il est à la cave et que sa mère parle du rez qu'il ne trouve pas. Il ne peut pas trouver ses chaussures. Il n'y a aucune faute de la part de l'enfant, il n'y a aucune incompétence de sa part, aucune inadéquation de sa part. Mais personne ne le lui dit, personne n'exprime — alors — de la compassion pour sa situation d'échec. Personne n'est là pour lui expliquer la vérité de la situation : il n'y a pas de coupable, il n'y a pas de juge, il n'y a donc pas de condamnation. Il n'y a qu'un mal-entendu sur l'étage.
    La vie du Christ, et sa mort, — ce que vous allez découvrir en vivant le catéchisme — met le doigt sur ce mal-entendu. Le Christ nous dit : Je ne suis pas venu pour juger, mais pour vous montrer que Dieu fait tout pour dire son amour et réconcilier l'être humain avec Lui.
    Le Christ est venu pour montrer quel regard Dieu a sur tous les êtres humains : un regard d'amour qui connaît le mal-entendu de départ et voit chacun tel qu'il est : en quête, en recherche de bonheur, mais aussi en situation d'échec.
    "L'ancien état de choses a disparu." Dieu nous fait sortir de la cave et émerger à la lumière, à l'étage qui correspond aux indications du plan. Le nouvel état de choses est là, c'est une nouvelle création. Nous pouvons nous regarder avec les yeux de Dieu et nous voir comme des personnes qui faisons toutes de notre mieux, des personnes dignes d'être aimées et capables d'aimer en retour.
    Dieu nous accepte tels que nous sommes, "il nous a réconcilié avec Lui par le Christ (…) sans tenir compte de nos fautes" (2 Co 5:18-19), de nos erreurs, de nos échecs. C'est lui-même qui nous sort de la cave pour nous amener à l'étage de la vie, de la vraie vie.
    Comme celui qui découvre un trésor dans un champ (Mt 13:44), nous pouvons troquer sans hésiter toutes les choses anciennes contre ce nouveau trésor, cette nouvelle vie.
    Reste une question. Dois-je faire quelque chose pour emprunter cet escalier et monter à la lumière ? Oui, tout simplement accepter d'avoir été accepté par Dieu. Accepter que la base de ma nouvelle vie soit : "Je suis pleinement aimé de Dieu." Il n'y a rien d'autre à faire.
    Sur cette base, je peux me sentir adéquat, pleinement reconnu et je n'ai plus besoin de me méfier des autres. Je suis accepté tel que je suis par Dieu, je peux donc m'accepter moi aussi tel que je suis et vivre une nouvelle vie.
    Amen

    © 2006, Jean-Marie Thévoz