(6.4.2003)
Esaïe 43
Notre Dieu est en premier lieu un Dieu qui donne
Esaïe 43 : 16-21 Jean 4 : 5-15
télécharger le texte : P-2003-04-06.pdf
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(6.4.2003)
Esaïe 43
Notre Dieu est en premier lieu un Dieu qui donne
Esaïe 43 : 16-21 Jean 4 : 5-15
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pour le dimanche 24 mai
Matthieu 4
Notre Père (3)
Exode 16 : 1-5. Matthieu 4 : 1-11. Matthieu 6 : 13
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Chers frères et soeurs en Christ,
Dans notre exploration du Notre Père (pour lire toute la série sur le Notre Père, cliquer dans la colonne de droite la catégorie "Notre Père"), nous voyons maintenant la phrase « Ne nous laisse pas entrer en tentation », forme liturgique depuis 2018 qui a remplacé la phrase « Ne nous soumets pas à la tentation » qui résultait d'un accord oecuménique depuis 1966. Cette formulation « ne nous soumets pas » a été trouvée comme impliquant trop l'action de Dieu dans la mise à l'épreuve de l'être humain, ce qui a conduit à son remplacement par la formule plus détachée « ne nous laisse pas entrer... »
Nous ne pouvons pas savoir quels mots araméens Jésus a prononcé, et le texte grec lui-même peut se laisser traduire par les deux formules utilisées. La question du rôle de Dieu dans la tentation ou la mise à l'épreuve est une questin théologique plus large qu'une question de vocabulaire.
Quel est le rôle de Dieu dans les épreuves qui nous arrivent ? Avant de questionner ce rôle particulier, il faut se demander quelle place Dieu occupe dans l'univers de la pensée.
Si l'on considère — comme c'était le cas pour les écrivains bibliques et la pensée philosophique avant le siècle des Lumières — que Dieu est le principe explicatif total de l'univers (jusqu'au Dieu horloger de Voltaire), alors, tout vient de Dieu. Pour le dire autrement, si Dieu et les lois de la nature ne font qu'un, alors tout ce qui se produit vient de Dieu, du microbe aux tremblements de terre.
Dans ce cas, la tentation ou les épreuves viennent aussi de lui et l'on ne peut que demander qu'il modère ou allège ses offensives contre nous.
Avec cette vision de Dieu et du monde, nous nous retrouvons dans l'impasse d'un Dieu tout-puissant qui ne peut être en même temps soit compréhensible s'il est bon, soit bon s'il doit être compréhensible (voir ma prédication du 15 septembre 2019).
Ce rôle total se retrouve dans certaines pages de l'Ancien Testament. Dans d'autres pages, on trouve un Dieu qui teste ses fidèles, comme Abraham (Gn 22:1) ou le peuple d'Israël avec le don de la manne. Un façon de tester l'obéissance du peuple face au don journalier de la manne : vont-ils croire et attendre la portion du lendemain ou faire des provisions ?
Le Dieu qui tente, qui teste, est bien présent dans la Bible avec un Dieu qui dirige l'Histoire. Mais dans le Nouveau Testament et divers passages de l'Ancien Testament, dont le livre de Job, le rôle du tentateur est laissé à Satan (en hébreu) ou au diable (en grec), ce qui veut dire celui qui divise.
On voit cette répartition des tâches dans l'introduction au récit des tentations de Jésus. Il est conduit au désert par l'Esprit, mais il y est tenté par le diable.
Mais peut-être que la question « d'où vient l'épreuve ? » n'est pas pertinente ! La provenance n'est pas aussi importante que l'enjeu de l'épreuve. Que le virus vienne de Chine ou d'ailleurs ne change pas la prise en charge des malades.
Ce qui est pertinent, c'est qu'il faut faire quelque chose. Un événement a surgit qui demande une action. Tout à coup, l'épreuve est devant nous. La Bible rattache ce temps spécial au « désert » comme un symbole de cet « à côté », de cet « en-dehors » du normal, ce temps qui bouleverse la normalité et nous projette dans un ailleurs qui fait réfléchir et demande à penser le présent et l'avenir autrement. En cela notre confinement a été un « désert » qui soulève des questions et des défis quant à tous nos modes de vie.
Quelques mots sur les tentations ou épreuves auxquelles Jésus est soumis. Il y a trois tentations, celle de changer les pierres en pain, celle de se lancer dans le vide sans dommage et celle de dominer tous les peuples ou gens de la terre.
Ces trois tentations offrent un pouvoir hors de portée des humains, un pouvoir de transformer la matière, donc une puissance matérielle illimitée. Un pouvoir d'invulnérabilité, une puissance sur la vie et la mort. Enfin, un pouvoir sur les autres, une domination idéologique sur la pensée des autres.
Chaque fois, il y a l'offre de passer du fini à l'infini, de sortir des limites du monde. Y céder, ce serait croire à l'illimitation de la planète, de la durée de vie et croire à sa propre supériorité sur les autres.
Ce qui fait la tentation, dans ces exemples avec Jésus, c'est de devoir choisir entre des valeurs. La tentation n'est pas de succomber à l'envie de s'acheter une pâtisserie. La tentation est de devoir faire un choix éthique, un choix de valeur qui va orienter ma vie, ou le monde, ou la vie des autres vers la vie ou vers la mort.
C'est une épreuve, dans le sens où cela éprouve, cela challenge les valeurs sur lesquelles on s'appuie, sur lesquelles on bâtit sa vie. Quelqu'un fait une erreur monétaire en ma faveur. Vais-je le signaler ou empocher la somme en me disant que c'est sa faute ? Quelle valeur guide mon action ?
La pandémie actuelle est une épreuve dans ce sens de challenge éthique, dans ce sens qu'elle révèle les valeurs de notre société. C'est une tentation, au sens théologique : un révélateur de valeurs.
Les premières réactions et mesures prises ont révélé que, pour nous, la vie a du prix, la protection des personnes est plus importante que les profits économiques, d'où la décision de tout arrêter. Ensuite, on a vu que le même principe de protection des personnes, dans l'aspect « sauvegarde de sa subsistance » demandait de rouvrir l'économie. (Il n'y a pas de sens à opposer « sauver des vies » et « sauver l'économie » parce que notre travail nous nourrit et nous permet de payer le système de santé qui sauve des vies). Sur l'action immédiate, actuelle, l'épreuve dans laquelle nous avons été plongés a révélé une réaction de bonne qualité éthique.
Par contre, elle révèle que les bases de notre système économique est intenablement fragile et anti-social. Il ne respecte pas la limitation de notre planète (n'est-il pas fou de croire à une croissance infinie sur une planète finie?). Il ne respecte pas la valeur du travail effectué (les métiers les plus essentiels sont les plus mal payés et relégués essentiellement aux femmes). Il ne respecte pas le lien social (il est plus important de faire du profit en délocalisant que de donner du travail et assurer un approvisionnement sûr de la population).
Cette pandémie est pour nous un « désert » au sens théologique, c'est-à-dire un espace de réflexion à saisir. Comment allons-nous sortir du désert. En retournant à nos marmites pleines en Egypte (Ex 16:3) ou en adoptant un nouveau décalogue pour une société respectueuse de la planète, de soi (avec nos vulnérabilités) et des autres ?
Quelle que soit la formulation de la phrase du Notre Père d'aujourd'hui, notre demande —lorsque l'épreuve survient — c'est que Dieu ne nous laisse pas tomber au milieu de l'épreuve. C'est qu'il nous accompagne dans nos choix — comme il a accompagné les Israëlites au désert pour les mener dans le pays de Canaan, comme il a accompagné Jésus pour qu'il puisse accomplir son ministère.
Oui, Seigneur, ne nous laisse pas tomber quand nous traversons l'épreuve. Aide-nous à choisir les valeurs qui préserve notre planète finie, à choisir les valeur les plus humaines et les plus solidaires.
Amen
© Jean-Marie Thévoz, 2020
24.11.2019
1 Rois 19
Elie épuisé est nourri, restauré par Dieu
1 Rois 19 : 1-8 Matthieu 14 : 13-21
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Chers frères et soeurs en Christ,
Lorsqu'on entend parler d'Elie, on a des souvenirs d'Ecole du Dimanche qui remontent à notre mémoire, le souvenir d'un grand prophète, d'une grande figure de l'Ancien Testament, et du Nouveau Testament, puisqu'Elie apparaît comme la figure emblématique de tous les prophètes de l'Ancien Testament. Il est celui qui doit revenir pour manifester le règne de Dieu. Certains ont même pensé que Jésus était le nouvel Elie. Il est aussi celui qui se trouve à côté de Jésus et de Moïse lors de l'épisode de la Transfiguration sur la montagne. Une grande figure prophétique donc...
Pourtant — dans le récit que nous avons entendu aujourd'hui — ce n'est qu'un homme épuisé et las. Cet un homme seul, à bout de force. Il est vide, démuni, désespéré.
Peu de temps auparavant, Elie a pourtant gagné son challenge contre les faux prophètes, les prophètes de Baal, mais cette réussite s'est retournée contre lui, il est maintenant poursuivi, sa vie est en danger, sa tête est mise à prix. C'est comme s'il devait payer en monnaie de malheur ses succès, ses réussites.
Elie s'enfuit donc pour sauver sa vie. Il descend jusqu'à la ville de Bersheba, l'extrême sud du pays d'Israël, la limite des terres habitées. Il y laisse son serviteur et continue sa marche vers le sud, dans le désert du Néguev, en direction de l'Horeb, du Sinaï.
Cette fuite est bizarre. Il fuit pour sauver sa vie, mais en même temps, il demande à Dieu de le laisser mourir, de lui reprendre la vie. C'est comme sauter dans l'eau pour éviter d'être mouillé par la pluie.
Elie est habité par une lassitude extrême, comme une fatigue épuisante dont on n'arrive pas à se débarrasser. Et dans ces conditions, il exprime le désir de mourir, non pas tant pour la mort, mais plutôt contre la vie, contre cette vie là, cette vie tellement pesante, tellement chargée, écrasante. Après une journée de marche, Elie s'écroule sous un buisson pour dormir.
On devine son épuisement, physique, mais aussi moral. On devine cette envie de sombrer dans un sommeil qui fait tout oublier, un sommeil qui nous délivrerait de tous nos fardeaux, un sommeil transformateur, libérateur. Combien sommes-nous à espérer cela certains soirs, ou même chaque soir ?
Elie s'endort, rempli de cet espoir, qui est en même temps désespoir, parce que ce sommeil libérateur n'existe pas — il le sait — et parce qu'il pense que seule la mort peut le délivrer vraiment de ses maux. Ainsi, Elie est là, endormi sous son buisson, dans le désert.
Dans ce même désert où les Israélites ont erré et souffert pendant 40 ans sous la conduite de Moïse. Dans ce même désert où Moïse a été interpellé par la vue d'un buisson mystérieux, qui brûlait sans se consumer, qui donnait son énergie sans s'épuiser. Dans ce même désert où Dieu s'est révélé, presque face à face, à Moïse. Dans ce même désert où le peuple d'Israël a été nourri avec la manne, avec les cailles. Dans ce même désert où le peuple a été abreuvé de l'eau qui sortait du rocher frappé par le bâton de Moïse. Ce désert où Elie vient échouer pour mourir.
Ce désert a deux visages. Le visage mortel d'un lieu aride et impitoyable et le visage d'un lieu où l'on rencontre Dieu lui-même, apportant secours et protection à son peuple bien-aimé. Ce désert à deux visages est comme un message pour nous dire que c'est là, lorsque nos vies sont tourmentées, lorsque la lassitude et la fatigue nous écrasent, lorsque le deuil nous assaille, c'est là que Dieu se manifeste, c'est là que Dieu se révèle le plus proche, le plus aimant. Peut-être parce que c'est à ce moment que toutes nos barrières sont tombées, parce que toutes nos protections personnelles, nos carapaces et nos systèmes D pour nous en sortir tous seuls ont montrés leurs limites et leur inefficacité. A ce moment, nous sommes prêt à recevoir ce que Dieu veut nous offrir depuis toujours.
A ce moment-là un ange vient toucher Elie. A ce moment-là, Elie sent une main sur son épaule, une main caresser ses cheveux comme on éveille un enfant, un contact chaleureux s'établir. Il est touché, il sent la pression, il sent la chaleur, il sent la vie revenir en lui. Et cette voix qui lui dit : "Elie, lève-toi et mange !" (1 R 19:5).
En cette nuit d'extrême tristesse et de lassitude, Dieu vient restaurer Elie. En nos nuits d'extrême tristesse et lassitude, Dieu vient nous restaurer, il nous apporte réconfort et nourriture pour nous donner la force de continuer notre route, même si elle est encore longue. Une route qui va mener Elie à l'Horeb, la montagne de Dieu où il va faire une rencontre personnelle bouleversante avec un Dieu qu'il n'avait jamais connu de cette façon-là (mais je vous laisse lire le récit de cette rencontre dans 1 R 19).
Ce que Dieu a fait cette nuit de désespoir pour Elie,, Jésus l'a fait aussi pour cette foule qui le suivait, qui avait faim de sa parole et qui s'est retrouvée dans ce lieu désert, sans ressources. Cette foule fatiguée ce soir-là Jésus l'a restaurée également. Au travers de ses disciples, il a nourrit chacun.
Aujourd'hui, Jésus répète pour chacun de nous ces gestes de partage pour nous nourrir. A chacun il s'offre lui-même comme pain de vie en nous invitant à sa table pour nous régénérer. A chacun il offre — au travers de ses disciples et des croyants d'aujourd'hui — d'être accueilli dans la prière, d'être touché et béni, d'être déchargé de fardeaux trop longtemps portés seuls. A chacun Jésus offre son accueil et sa vie.
Amen
© Jean-Marie Thévoz, 2019.
Jean 3
15.9.2013
Regarder le mal en face (Typologie V)
Nombres 21 : 4-9 Jean 3 : 12-18
Télécherger la prédication : P-2013-09-15.pdf
Chers frères et sœurs en Christ,
Quand on entend cette phrase de l’Evangile de Jean : « De même que Moïse a élevé le serpent de bronze sur une perche dans le désert, de même le Fils de l’Homme doit être élevé » (Jn 3:14) c’est comme si on regardait à travers une fenêtre qui nous fait remonter de près de 2'000 ans en arrière. On y voit comment la communauté rassemblée autour de l’apôtre Jean interprétait l’Ancien Testament et comment elle comprenait le destin mystérieux de Jésus.
Il faut bien s’imaginer que les premiers chrétiens ne disposaient pas comme nous des Evangiles, puisqu’ils étaient en train de les composer. Ils se racontaient les événements de la Passion et de la vie de Jésus, et ensemble, en communauté, ils essayaient de les comprendre, d’en saisir le sens et la portée. Ils le faisaient en puisant dans l’Ecriture disponible, c’est-à-dire l’Ancien Testament. Et c’est ainsi qu’ils ont mis en relation ce récit assez obscur du livre des Nombres avec la Passion de Jésus.
La communauté johannique essaie de comprendre la relation entre ce qui est terrestre et ce qui est céleste. Comment Jésus fait-il le lien entre le haut et le bas, la terre et le ciel, Dieu et les humains ? Comment ces deux univers se rejoignent et en même temps se séparent ?
Ce récit du livre des Nombres nous donne quelques pistes. Le serpent représente ce qui est terrestre, obscur, ce qui vient des profondeurs, des ténèbres, le négatif. Le serpent apporte la mort par sa morsure, comme par sa ruse et sa tromperie dans le récit d’Adam et Eve devant l’arbre.
A l’opposé, Jésus vient du ciel, il apporte la lumière et le salut, il représente tout ce qui est positif. Et pourtant ,Jean met le serpent et Jésus en parallèle : « de même que le serpent… de même le Fils de l’Homme doit être élevé. » Jean les superpose, qu’est-ce que cela signifie ?
Que se passe-t-il dans le récit de l’Ancien Testament ? Si l’on essaie de sortir de l’anecdotique, de la situation matérielle, que signifie ces gestes, ce procédé ? Pour parer à une attaque du mal, Dieu demande à Moïse de placer ce mal-même sur une perche pour que tout le monde puisse le regarder, avec pour but de guérir ceux qui le regardent. C’est une façon de regarder le mal en face, pour y échapper.
L’attitude opposée, c’est de faire comme si le mal n’existait pas, en espérant y échapper. C’est quelque chose que nous faisons facilement. On a peur d’aller chez le médecin, de crainte qu’il ne nous trouve une maladie. On refuse de voir que notre relation avec quelqu’un se dégrade, de sorte qu’on ne fait rien pour la corriger et améliorer les choses et en effet elle se détériore. Cela s’appelle le déni.
Le récit de l’élévation du serpent au désert nous invite à sortir du déni pour embrasser les problèmes à bras-le-corps pour les corriger et les résoudre. Le salut est dans le fait de voir ce qui nous fait mal et de pouvoir le corriger. Cela à un niveau terre-à-terre, pour éviter de mettre la poussière sous le tapis.
Comment cela se passe-t-il au niveau céleste, avec Jésus ? L’Evangile de Jean nous dit que c’est la même chose. Jésus a été élevé sur la croix pour que nous voyions le mal qui nous ronge, le mal que nous subissons et le mal que nous commettons, afin d’en être délivré.
C’est osé pour Jean de nous dire — entre les lignes — que Jésus a été élevé sur la croix pour que nous voyions le mal en face ! Enfin quoi, Jésus n’est pas le mal !
Non, il n’est pas le mal, mais il est le miroir de notre mal, comme le prophète Esaïe l’avait annoncé : « il s’est laissé mettre au rang des malfaiteurs, alors qu’il avait pris sur lui toutes nos fautes » (Es 53:12).
C’est le mal que nous faisons, qui est exposé sur la croix. Jésus est la figure de toutes les victimes, de tous ceux qui sont bafoués, persécutés, blâmés. Par cette comparaison avec le serpent d’airain, Jean fait apparaître les deux faces de la croix : mort et élévation, jugement et salut, châtiment et libération, mort et résurrection.
Sur la croix, c’est le mal, le malheur et toute la violence humaine qui est montrée au monde : voici à quoi aboutit l’accumulation de toutes nos petites fautes qui apparaissent dérisoires prises une à une, mais qui finissent par créer un monde irrespirable et invivable où le plus faible finit par être évincé, exclu, éliminé.
Mais sur la croix se voit aussi le don de Dieu. Dieu fait don à l’humanité du remède contre le mal. « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son fils unique… » (Jn 3:16). Dieu a accepté que son Fils descende sur la terre et prenne le risque d’être mis à mort pour révéler la nature violente de nos comportements.
Regarder la croix de Jésus, c’est voir le mécanisme du mal qui s’abat sur lui, comment les hommes se liguent contre celui qui leur tend un miroir…
Regarder la croix et la Passion de Jésus, c’est voir le mécanisme de la violence humaine à l’œuvre et peut-être, on l’espère, apprendre de cette vision à reconnaître ce mécanisme dans le temps présent, chaque fois que la violence s’abat sur un faible.
Voir chaque fois que les puissances — aujourd’hui elles sont économiques — broyent des petits dans des horaires de travail impossible. Voir en notre cœur chaque fois que le blâme prend la place de la compassion. Voir chaque fois que l’institution entrave les relations interpersonnelles.
Regarder la croix nous permet d’adopter une attitude conforme à celle de Jésus qui fait passer l’amour, l’agapè, avant toute autre considération.
Voir la croix comme le lieu de l’élévation de Jésus comme sauveur, c’est accepter qu’il nous guérisse de tout germe de violence, de haine, de racisme, pour nous ouvrir à l’accueil et à l’amour les uns à l’égard des autres. C’est à cet amour-là — non-violent et accueillant — que le Christ nous invite.
Amen
© Jean-Marie Thévoz, 2013