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grecs

  • Avent I - Tous appelés à venir devant la crèche

    1.12.2019

    Matthieu 2

    Avent I - Tous appelés à venir devant la crèche

    Nombres 24 : 15-17.       Matthieu 2 : 1-9.       Apocalypse 22 : 16-17.

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    Chers frères et soeurs en Christ,

    Nous entrons aujourd'hui dans le temps de l'Avent, commencement de l'année liturgique, recommencement du cycle de la vie de Jésus qui va de Noël à Pentecôte, en passant par Pâques. Temps de l'Avent, Avent qui signifie advenue, temps où nous attendons la venue de Jésus, dans le double sens où nous célébrons sa première venue et où nous espérons, attendons sa venue sous la forme de la réalisation de son règne sur terre, la venue d'un monde plus juste, plus humain, plus charitable.

    Dans ce temps du mois de décembre, chacun fait des efforts d'accueil, des efforts de générosité (en tout cas, beaucoup d'oeuvres attendent que nous utilisions les bulletins de versement qu'elles nous envoient) ou des efforts de décorations. C'est le temps de sortir les guirlandes lumineuses et les santons pour disposer nos crèches.

    Nos crèches traditionnelles — et je pense particulièrement aux crèches provençales — font de gentils mélanges et de doux anachronismes (par. ex. en y plaçant un curé). Pourtant ces anachronismes — des erreurs du point de vue historique — révèlent pourtant bien le sens de la nativité : tous, qui que nous soyons, d'où que nous venions, aujourd'hui, nous sommes invités à nous agenouiller devant Jésus et à l'adorer.

    Selon les évangiles, on ne devrait pas voir en même temps les bergers et les mages ensemble dans l'étable ! Le récit de Luc se passe au moment de la naissance et les bergers sont invités à voir un bébé emmailloté et posé dans une crèche. Dans le récit de Matthieu, les mages voient une étoile qui signale une naissance et se mettent en route à ce moment-là et arrivent plusieurs mois plus tard à Bethléem.

    La vérité, cependant, ne se trouve pas dans une réalité historique sous-jacente qu'il faudrait à tout prix reconstituer (comme les efforts de certains astronomes pour savoir s'il y a véritablement eu un signe dans le ciel — une supernovae ou une comète ou une conjonction de planètes — qui expliquerait le voyage des mages). Cette réalité historique ne nous est de toute façon plus accessible.

    Les évangiles ne nous livrent pas des preuves, mais cherchent à nous fournir des raisons de croire, des éléments pour alimenter notre foi, des événements qui donnent du sens à notre vie. Ainsi la question n'est pas : Que s'est-il exactement passé autour de cette étoile et de ces mages ? Mais plutôt : Que veut nous communiquer Matthieu en écrivant ce récit et en plaçant cette étoile dans ce récit ?

    Oui, cette étoile — qui a un si grand rôle — est étrange sous la plume de Matthieu ! Il n'est pas dans les habitudes de la tradition juive de se référer à l'astrologie pour asseoir une démonstration théologique. Alors pourquoi Matthieu introduit-il de l'astrologie dans la vie de Jésus ?

    Bien sûr, Matthieu utilise là un lieu commun de l'Antiquité. Il va quasiment de soi qu'une naissance royale est accompagnée d'un signe dans le ciel. On dit encore "Naître sous une bonne étoile." En s'exprimant ainsi, Matthieu est sûr de se faire comprendre de ses contemporains qui sont — selon les exégètes d'aujourd'hui — les chrétiens de la ville d'Antioche en Syrie, une communauté formée autant de grecs, anciens païens que d'anciens juifs.

    Matthieu, cependant, a aussi une autre idée, celle de montrer que la venue de Jésus est l'accomplissement des prophéties de l'Ancien Testament. C'est ainsi que son récit est construit autour de plusieurs citations de l'Ancien Testament. Les prêtres consultés par Hérode pour savoir où ce roi doit naître trouvent la ville de Bethléem dans les Ecritures. De même, Matthieu va appuyer la fuite en Egypte sur une autre citation.

    L'étoile des mages rappelle une prophétie de Balaam dans le livre des Nombres (24:17) qui dit :

     

    "Je vois ce qui arrivera — mais ce n'est pas pour aujourd'hui — je discerne un événement — mais il se produira plus tard — un astre apparaît parmi les descendants de Jacob, un souverain surgit au milieu du peuple d'Israël."

    Chez Matthieu, le récit de la naissance de Jésus est là — pour ses auditeurs d'origine juive — pour faire le lien entre l'Ancien Testament et Jésus, pour assurer une continuité entre l'héritage de la Torah et la nouveauté de la bonne nouvelle de Jésus-Christ. Ce Jésus de Nazareth est bien celui qui devait venir, celui qui était annoncé, il est bien le Messie annoncé par les prophètes.

    Mais ce langage n'est pas directement compréhensible pour les auditeurs d'origine païenne de Matthieu. Ces prophéties, ils ne les connaissent pas, ils sont nouveaux par rapport à cette traditionde l'Ancien Testament, alors en quoi sont-ils concernés par ce Jésus ?

    C'est là qu'interviennent justement ces mages. Ces mages ne sont pas juifs puisqu'ils viennent d'Orient et qu'ils sont sensibles aux signes astronomiques — pourtant ils voient le signe et ils viennent.

    Le récit de Matthieu fait donc place à ceux qui sont rattachés à la tradition comme à ceux qui viennent ensuite, du dehors. Pour ceux-là Dieu aussi donne des signes. A ceux-là Dieu aussi se manifeste. Ceux-là aussi sont invités par Dieu à venir adorer Jésus.

    Par ce récit, Matthieu ouvre l'évangile à une dimension universelle. Cette naissance concerne tout le monde, chacun, d'où qu'il vienne, est invité à reconnaître en Jésus le souverain, celui qui règne sur tous, au point que certains auteurs, plus tard, lui donneront le titre "d'étoile brillante du matin" (Apoc 22:16).

    Vous connaissez, vous, une étoile du matin, une étoile bien brillante ? Moi, je ne connais qu'une seule étoile qui peut être appelée comme cela, c'est le soleil !

    Cet universalisme de ceux qui sont rassemblés autour de Jésus, c'est bien ce que nos crèches anachroniques nous disent aussi : nous sommes tous invités à converger vers Jésus pour l'adorer, d'où que nous venions.

    Amen

    © Jean-Marie Thévoz, 2019

  • Commencement de la bonne nouvelle de Jésus-Christ, le Fils de Dieu

    Marc 1

    15.1.2017

    Commencement de la bonne nouvelle de Jésus-Christ, le Fils de Dieu

    Esaïe 40 : 9-11     Galates 3 : 5-9        Marc 1 : 1-8

     

    Télécharger le texte : P-2017-01-15.pdf

    Chers frères et sœurs en Christ,

    Noël et l’Epiphanie nous ont successivement fait entendre les débuts des Evangiles de Luc et de Matthieu. Luc avec le récit de la crèche et Matthieu avec le récit des mages. Des récits qui ouvrent ces deux Evangiles dans le but de nous dire — dire à leurs lecteurs — qui est Jésus, d’où il vient, ce qu’il a de particulier, de spécifique.

    L’Evangile selon Marc, dont nous avons entendu les premières lignes, a la même intention : nous faire connaître Jésus-Christ, mais il le fait sans remonter à ce qui précède le ministère de Jésus. Malgré tout — dans sa première phrase, Marc nous livre un premier portrait de Jésus et de ses intentions de rédacteur du premier Evangile.

    Avant de reprendre cette première phrase en détail, quelques mots sur la chronologie entre Jésus et Marc. On entend souvent dire que les Evangiles ne peuvent pas être fiables, parce qu’ils n’ont pas été écrits du vivant de Jésus. L’Evangile selon Marc date des années 70 à 75 de l’ère chrétienne. Si Jésus est mort entre 33 et 36, cela signifie qu’il s’est écoulé entre 35 et 40 ans entre les événements et la mise par écrit de ces événements. Rapporté à notre époque, c’est comme si on écrivait aujourd’hui le récit de ce qui a été vécu, par soi-même ou par des témoins directs, entre 1975 et 1980. Ce n’est donc pas si éloigné que cela !

    Revenons au verset qui ouvre l’Evangile selon Marc : « Ici commence la bonne nouvelle de Jésus-Christ, le Fils de Dieu. » (Mc1:1) On ne peut manquer de reconnaître le parallèle avec le début de l’Ancien Testament, les premiers mots de la Genèse : « Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre. » Marc fait un clin d’œil au début de la Bible. Il est conscient de faire œuvre de pionnier, d’ouvrir un nouveau chapitre de l’histoire divine, le début d’une nouvelle ère, ouverte par Dieu lui-même et qui marque une nouvelle création, un nouveau temps dans la révélation.

    On pourrait dire qu’avec la venue de Jésus commence l’ère spirituelle après l’ère terrestre. C’est le commencement d’une relation toute nouvelle à Dieu. Cette nouvelle ère commence avec la venue de Jésus qui est qualifiée de bonne nouvelle — évangile en grec. Pour voir en quoi cette venue est une bonne nouvelle, il faut d’abord se pencher sur celui qui vient, ce que Marc dit de ce Jésus.

    Jésus est d’abord qualifié de « Christ ». Pour nous, « Jésus-Christ » est devenu comme un prénom et un nom de famille. Mais cela n’a pas tout de suite été si familier. Cela a un sens, c’est porteur d’un message, d’une confession de foi. Dire Jésus-Christ, cela signifie dire que ce Jésus, le fils de Marie et du charpentier, qui a erré sur les routes de Galilée et qui a été exécuté comme un malfaiteur à Jérusalem, ce gars-là, et bien, il est le Messie annoncé dans la Torah, il est le Messie attendu par les juifs pratiquants, il est le Messie qu’on attendait (plutôt dans la gloire) mais qui s’est révélé serviteur souffrant, perdant pendu au bois et par conséquent maudit de Dieu (Ga 3:13).

    Ce n’est pas rien de dire que ce Jésus-là, on le reconnaît — par delà les apparences trompeuses — comme le Messie, comme l’envoyé de Dieu. Parler de Jésus-Christ, c’est rattacher ce Jésus à toute la tradition juive, à l’Ecriture sainte — de la Genèse aux Chroniques en passant par tous les prophètes. Jésus-Christ est une appellation à destination des juifs, des descendants d’Abraham, de la tradition biblique.

    Marc ajoute à ce titre celui de Fils de Dieu. Cette notion est étrangère à l’Ancien Testament (mention mythologique en Gn 6:2 où les fils de Dieu choisissent des filles des hommes), à l’idée du Dieu unique. Marc ajoute ce titre à l’attention des grecs et des romains. Eux sont familiers avec les familles de dieux et à l’idée qu’on désigne par ce terme des humains qui représentent la voix des dieux parmi les humains. Ainsi certains héros fondateurs, comme Enée pour les Romains, sont des descendants des dieux. Ces liens, ces généalogies n’ont rien de biologiques, elles marquent une proximité d’action ou de pensées.

    Pour nous aussi, il est important de renoncer à toute idée de filiation biologique dans l’usage du titre « Fils de Dieu » pour Jésus. Ce titre indique la communauté d’idée, la proximité de pensée et l’intimité, la communion de pensée.

    Lorsque Jésus nous parle de Dieu, il nous le montre avec une connaissance intime, une proximité qui fait qu’on ressent qu’il dit vrai, qu’on peut reconnaître Dieu dans ses paroles. Il exprime vraiment la pensée de Dieu, il nous transmet ce que Dieu est et ce qu’il veut nous dire. Dans ce sens ce titre — qui est devenu plutôt un obstacle pour nos contemporains — exprime la position du fils spirituel, de l’héritier.

    Dans le domaine politique — celui qui porte le message du chef, du président serait appelé plutôt : ministre ou ambassadeur ou représentant. Si le président des Etats-Unis veut dire quelque-chose à la presse, il envoie son porte-parole qui s’exprime en son nom. Ainsi, ce que Marc voulait dire par le titre de Fils de Dieu à l’attention des gréco-romains, c’est que Jésus est le porte-parole véridique de Dieu.

    Marc utilise seulement trois fois ce titre dans son Evangile. Ici dans ce premier verset. Une fois lorsque des démons s’adressent à Jésus en l’interpellant et Jésus les fait taire, parce que son heure n’est pas encore venue. Et finalement dans la bouche de l’officier romain qui garde la croix. Jésus vient de mourir et le Centurion confesse : « Cet homme était vraiment le Fils de Dieu. » Cet homme, qui meurt là dans ces conditions, était le vrai porte-parole de Dieu. Ce qui signifie que nous avons à l’écouter pour être dans la vraie relation avec Dieu.

    Et c’est là la bonne nouvelle, l’évangile : toutes les valeurs sont renversées, sont mises sens dessus-dessous. Pas besoin d’une vie de héros pour être aimé de Dieu. Pas besoin d’une vie d’obéissance stricte à la loi pour être aimé de Dieu. Il suffit de recevoir l’amour de Dieu, d’accepter de le recevoir, de reconnaître d’en avoir besoin, pour que l’amour de Dieu coule vers nous.

    L’apôtre Paul, que Marc a côtoyé dans un de ses voyages, l’exprime dans les catégories de la loi et de la foi. La loi exprime tous les efforts que nous faisons pour nous conformer à un certain modèle pour plaire aux autres et à Dieu. Cela ne peut que nous conduire à l’épuisement et à la dépression. Jamais nous ne serons parfaits et suffisants. Ce chemin est non seulement voué à l’échec, mais inutile. Ce n’est pas ce que Dieu nous demande.

    La bonne nouvelle, c’est que Dieu veut seulement que nous soyons nous-mêmes, acceptant que notre vie a déjà de la valeur à ses yeux, tels que nous sommes. Nous sommes ses enfants, ses héritiers, pas ses esclaves (Ga 3:29). Nous pouvons vivre de cette liberté, de cet héritage déjà acquis, déjà présent — souvenons-nous du fils aîné de la parabole des deux fils (Luc 15). Tout est là, autour de nous, à notre disposition. Le veau gras est là, disponible, déjà donné pour nous réjouir avec le Père. Voilà la bonne nouvelle de l’évangile. Le commencement de la bonne nouvelle de Jésus-Christ, le Fils de Dieu.

    Amen

    © Jean-Marie Thévoz, 2017

  • Romains 16. Les salutations de Paul dépeignent une Eglise diversifiée.

    8.7.2012
    Les salutations de Paul dépeignent une Eglise diversifiée.
    Actes 18 : 1-4+18-23   Romains 16 : 1-16

    Téléchargez la prédication ici : P-2012-07-08.pdf

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Voici l'été avec les vacances et les voyages. Qui dit vacances et voyages dit envoi de cartes postales. J'ai choisi ce matin de me pencher sur une "carte postale" de l'apôtre Paul, sur les salutations qu'il envoie et qu'on trouve à la fin de sa lettre aux Romains.
    Ces salutations sont très variées et très détaillées. Paul ne nomme pas moins de 27 personnes par leurs noms plus des personnes apparentées (Rufus et sa mère) ou des "maisonnées (ceux d'Aristobule et ceux de Narcisse). Cela constitue un grand nombre de gens que Paul a rencontré dans ses divers voyages.
    Ce passage de la fin de la lettre aux Romains ne se veut pas un enseignement théologique, mais il nous apprend pas mal de choses sur Paul et sur l'Eglise de cette époque.
    On voit que Paul est un être de relation. Il faut peut-être changer l'image qui nous a été transmise par la tradition d'un personnage sévère, austère, genre père fouettard et misogyne. Ces salutations nous révèlent quelqu'un d'autre.
    1. La liste de 27 noms comporte 15 hommes et 12 femmes, dont des femmes qui ont des responsabilités importantes comme Phoebé et Priscille qui est nommée avant son mari Aquilas. Elles sont traitées au moins en égales des hommes par Paul et il souligne leurs fonctions importantes dans l'Eglise.
    2. Ces salutations sont chaleureuses et valorisantes, elles soulignent des liens de proximité — il mentionne ceux qui sont des compatriotes et ceux qui ont partagé des moments particulièrement éprouvants, la captivité, avec lui.
    Je pense qu'on ne développe pas un pareil réseau sans avoir le sens des relations, du savoir-vivre et de la chaleur. Sinon, Paul aurait été un contre-exemple de ce qu'il prêchait : des relations nouvelles en Christ.
    3. Cette mention "en Christ" ou "dans le Seigneur" revient 15 fois dans ces salutations. C'est le critère déterminant, le liant, dirais-je, de tous ces gens. C'est l'appartenance au Christ qui relie tous ces gens et qui les motive à s'entraider. Le Christ est l'origine qui les rassemble et le but qui les motive à agir en commun, il est le centre de cette Eglise. 
    Il faut accueillir Phoebé "dans le Seigneur." Priscille et Aquilas ont été collaborateur de Paul "en Christ." Andronicus et Junias sont d'éminents apôtres (homme et femme) et ont trouvé le Christ avant Paul. Ampliatos est bien-aimé de Paul "dans le Seigneur." Le Christ est le lien, le liant entre toutes ces personnes, sans le Christ, ces personnes n'auraient rien en commun.
    4. La diversité des noms cités nous renseigne sur la composition de l'Eglise. Il y a quelques juifs (Marie et des compatriotes avec des noms grecs). Il y a surtout des grecs et des romains, mais parmi ceux-ci les spécialistes reconnaissent des noms d'esclaves (Ampliatus et Stachys), des noms d'affranchis (Aristobule, Narcisse, Patrobas), et puis des noms de citoyens importants comme Phoebé, Priscille et Aquilas.
    Priscille et Aquilas sont un couple que Paul a rencontré à Corinthe (ils habitaient le port de Kenchrées). Lui est originaire du Pont (région d'Istanbul), mais il était d'abord installé à Rome avant d'avoir dû quitter la capitale de l'Empire suite à une persécution contre les juifs par l'empereur Claude. Sa femme et lui sont venus s'installer à Corinthe où Paul les a rencontrés, peut-être pour affaire, puisqu'ils étaient tous les deux dans le commerce des tentes. Un couple qui a accueilli la jeune Eglise de Corinthe chez eux.
    Et puis, il faut citer Phoebé qui vient en tête de liste des noms. C'est probablement la personne qui porte la lettre de Paul à l'Eglise de Rome. Elle est "ministre" de l'Eglise de Kenchrées (le port de Corinthe). Elle a un statut important à Corinthe, elle est "protectrice de beaucoup de monde" dit le texte, ce qui pourrait signifier soit qu'elle est avocate pour défendre des personnes devant les autorités, soit qu'elle est représentante des non citoyens devant ces mêmes autorités.  Paul la recommande chaleureusement à l'hospitalité de l'Eglise qui est à Rome. Comme chrétiens, ils doivent la recevoir comme s'ils recevaient Paul lui-même. L'appartenance commune au Christ crée des devoirs de protection, d'hospitalité, de réciprocité dans les relations.
    Ainsi, sans faire de grands discours théologiques, ces quelques lignes nous disent beaucoup de choses sur les relations et sur les Eglises de cette époque. La dispersion de l'Eglise primitive, sa vulnérabilité — elle est plongée dans un monde qui lui est hostile — renforcent ses liens, sa solidarité, tout cela autour du Christ.
    Que pouvons-nous en tirer pour nous aujourd'hui ? Quels sont nos liens ? Quel rôle notre appartenance à une même Eglise, à une paroisse joue-t-elle dans nos relations ?
    On parle beaucoup de la solitude, de chacun dans son appartement et personne à qui parler pendant la journée à part la caissière du grand magasin. Est-il possible aujourd'hui d'être isolé toute la semaine alors qu'on se retrouve ici le dimanche ? Pourquoi les liens ne se tissent-ils pas ? Où sont les barrières ? Sont-elles extérieures ou intérieures ? Comment dépasser ces barrières ?
    Il me semble que la paroisse devrait être le lieu où des contacts peuvent se nouer, des visites mutuelles se programmer, des rendez-vous se prendre. Est-ce l'aveu d'une vulnérabilité que d'essayer d'inviter quelqu'un pour un café, pour parler ? Est-ce un pas trop difficile à franchir ?
    Souvenons-nous que c'est le sentiment de vulnérabilité de la première Eglise qui a renforcé les liens et la solidarité entre ses membres. Le Christ est venu pour abattre les barrières entre les humains. C'est pourquoi Paul met tant de soin à envoyer ses salutations à chaque personne qu'il connaît. C'est une façon de dire l'amour du Christ, dans le concret, dans la réalité de tous les jours. Pensez-y en écrivant vos cartes postales.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2012