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paroisse protestante

  • Conte de Noël : Nicodème a perdu son âne.

    13.12.2009

    Nicodème a perdu son âne.

     

    Mon petit-fils, je vais te raconter ce qui m'est arrivé quand j'avais 25 ans, le double de ton âge.

    Alors que je venais de me mettre au lit, j'entends frapper à la porte et crier:

    — Rabbi Gamaliel, supplie la femme d'un de mes amis, venez vite à la maison, je crois que mon mari est devenu fou ! Il ne fait que chanter et pleurer en répétant toujours la même chose : "Mes yeux ont vu le Roi" et encore : "Je n'avais que ma misère."

    — Ne restez pas dehors, lui dis-je. Entrez et racontez moi tout.

    Et voici ce que me raconte l'épouse de mon ami Nicodème :

    — Vous savez, Rabbi Gamaliel, que Nicodème, malgré son jeune âge — il n'a que 30 ans — est regardé comme l'un des savants les plus capables d'expliquer les textes de la Bible.

    » Or avant-hier, le roi Hérode le fait venir au Palais avec ses collègues de la Grande Synagogue pour une consultation. Le roi leur demande :

    — Dites-moi où doit naître le Messie, le roi, d'après la Bible ?

    » Nicodème et ses collègues se consultent et répondent : "A Bethléem, en Judée."

    » Alors, trois mages venus d'Orient qui se tenaient devant le trône du roi Hérode et qui étaient venus poser cette question au roi s'écrient : "Allons à Bethléem pour rendre hommage au roi des Juifs qui vient de naître, nous avons vu son étoile en Orient."

    » Quand mon mari est revenu du Palais d'Hérode, il était très agité. Hier, il me réveille avant l'aube et me demande de préparer son beau manteau de laine blanche celui bien épais que j'ai tissé de mes propres mains et que je lui ai offert pour notre anniversaire de mariage.

    » Ensuite, il a pris les 50 pièces d'argent qui sont toutes nos économies pour acheter une maison pour nos vieux jours et m'a dit : "Il faut que j'aille, moi aussi, à Bethléem pour voir le Roi des juifs qui doit libérer Israël comme Dieu l'a promis."

    » Et il est allé seller notre âne gris, celui que son père lui a donné pour son commerce. Et il est parti pour Bethléem.

    » Or Rabbi Gamaliel, ce soir, Nicodème vient de rentrer, mais il n'a plus son beau manteau de laine blanche celui bien épais que j'ai tissé de mes propres mains et que je lui ai offert pour notre anniversaire de mariage, sans argent qui sont toutes nos économies pour acheter une maison pour nos vieux jours, et sans notre âne gris, celui que son père lui a donné pour son commerce.

    Maintenant, il grelotte dans sa mince tunique, il est sale et couvert de poussière, mais il ne fait que chanter et sourire. Je crois qu'il est devenu fou. Aidez-moi Rabbi Gamaliel.

    Alors, mon cher petit-fils, je me rends chez Nicodème pour voir de mes propres yeux ce qui se passe. Je le trouve chez lui, marchant de long en large, dans l'état que m'avait décrit sa femme.

    Alors, je lui demande de s'asseoir et de me raconter ce qui s'est passé.

    Et il me raconte :

    — Eh bien, voilà, hier matin, j'ai décidé d'aller à Bethléem pour voir le Roi des juifs qui doit libérer Israël comme Dieu l'a promis dont avait parlé les mages venus d'Orient. Alors je prends mon manteau celui bien épais que ma femme a tissé de ses propres mains et que j'ai reçu pour notre anniversaire de mariage, mon argent qui sont toutes nos économies pour acheter une maison pour nos vieux jours et mon âne celui que mon père m'a donné pour mon commerce pour être digne du roi que je vais rencontrer et je m'en vais.

    Je sors de Jérusalem par la Porte du Fumier où se trouvent les bicoques des pauvres dont le métier est de trier les ordures. Il y a là un mendiant accroupi au bord du chemin qui me crie : "Mon bon Monsieur, j'ai froid, donnez-moi votre manteau".

    » Il grelottait dans l'air du matin, mais je lui réponds, agacé : C'est le beau manteau celui bien épais que ma femme a tissé de ses propres mains et que j'ai reçu pour notre anniversaire de mariage, je ne peux pas te le donner. D'ailleurs, j'ai une mission importante à remplir, je vais à Bethléem pour voir le Roi des juifs qui doit libérer Israël comme Dieu l'a promis, je n'ai pas de temps à perdre avec toi.

    » Comme j'allais continuer mon chemin, je me souviens de la parole du prophète Esaïe "Si tu vois un homme nu, couvre-le" (Es 58:7). et aussitôt j'ai donné mon beau manteau de laine blanche celui bien épais que ma femme a tissé de ses propres mains et que j'ai reçu pour notre anniversaire de mariage, et je continuais ma route vers Bethléem.

    —Tu vois, comment aurais-je pu me présenter devant le Messie, l'envoyé de Dieu annoncé par les prophètes, si je désobéis à leurs commandements ?

    » Quand je suis arrivé près de la fontaine d'En Roguel, un voleur surgit, saisit la bride de mon âne et crie :

    — Donne-moi ton argent !

    — J'ai peur, mais je lui dis : "Je me rends à Bethléem pour voir le Roi des juifs qui doit libérer Israël comme Dieu l'a promis et l'argent que j'ai est pour lui.

    »Est-ce que tu n'attends pas toi aussi que le Messie vienne libérer Israël des Romains ?

    »Laisse-moi mon argent et laisse-moi continuer mon chemin. Le voleur a l'air presque convaincu.

    — Ouais, je me bats contre les Romains et j'attends aussi que le Messie les chasse, mais est-ce que tu n'essaies pas de me raconter des histoires pour t'échapper. Donne-moi ton argent et vite !

    — J'hésite à me battre mais la parole du prophète Esaïe me revient : "L'enfant qui vous est donné, s'appellera Prince de la paix. (Es 9:6). Alors je remets au voleur ma bourse avec les 50 pièces d'argent qui sont toutes nos économies pour acheter une maison pour nos vieux jours et je continue ma route vers Bethléem.

    —Tu vois, comment aurais-je pu me présenter devant le Messie, l'envoyé de Dieu annoncé par les prophètes, si je désobéis à leurs commandements ?

    » Quand je suis en vue de Bethléem, monté sur mon âne, je dépasse un homme qui marche péniblement. Il m'appelle et me dit, avec un fort accent étranger :

    — Je viens de Damas et je me rends à Alexandrie, en Egypte, où mon père est malade, peut-être va-t-il mourir. A force de marcher mes pieds sont blessés, je n'arrive plus à avancer. Prête-moi ton âne, je te le rapporterai à mon retour. Je lui dis :

    — J'ai moi aussi une mission importante à remplir. Je vais à Bethléem pour voir le Roi des juifs qui doit libérer Israël comme Dieu l'a promis.

    — Le Sauveur des Juifs ne me concerne pas, car je suis étranger, réplique l'homme. D'ailleurs Bethléem est si proche et l'Egypte si loin. Prête-moi ton âne.

    » J'allais planter là l'étranger lorsque cette parole des Psaumes m'est revenue : "J'ai vieilli; et je n'ai jamais vu le juste abandonné, toujours il est compatissant, et il prête;" (Ps 37:25-26).

    » Alors je dis à l'étranger : Prends mon âne celui que mon père m'a donné pour mon commerce, je suis rabbi Nicodème de Jérusalem, tu me le ramèneras le plus vite possible.

    —Tu vois, comment aurais-je pu me présenter devant le Messie, l'envoyé de Dieu annoncé par les prophètes, si je désobéis à leurs commandements ?

    » Et c'est ainsi que j'arrivais à Bethléem, sans mon manteau celui bien épais que ma femme a tissé de ses propres mains et que j'ai reçu pour notre anniversaire de mariage, sans mon argent qui sont toutes nos économies pour acheter une maison pour nos vieux jours, sans mon âne celui que mon père m'a donné pour mon commerce, vêtu de ma simple tunique de lin.

    Et je lui demande aussitôt : "Et tu as trouvé le Messie ?"

    — Pas tout de suite, pas tout de suite, car je devais d'abord faire l'apprentissage de la pauvreté.

    » Ma première visite, je l'ai faite au chef de la Synagogue de Bethléem à qui je demande après m'être présenté : "Où est le Messie qui vient de naître ?" Mais quand le chef de la Synagogue de Bethléem me voit aussi misérablement habillé, il ne me croit pas, il me prend pour un plaisantin et me met à la porte.

    » Je suis allé chez tous les notables de Bethléem, mais personne ne m'a pris au sérieux. On se moquait de moi, on m'a menacé, on m'a chassé de partout.

    » Comme la nuit tombait, je suis allé à l'auberge demandant de m'accueillir juste pour cette nuit et de me faire crédit. On m'a répondu qu'un honnête homme ne voyage pas sans argent et sans bagages. Il m'a chassé lui aussi.

    » Je me préparais à dormir dans la rue quand un homme passe près de moi. Il sentait mauvais, j'ai reconnu un de ces bergers qui a l'habitude de dormir dans l'étable avec ses brebis. Je lui ai demandé d'une voix suppliante : "Peux-tu me donner un morceau de pain et m'abriter pour une nuit ? Une botte de paille me suffit." Il m'a répondu :

    — Mais oui, mais pas avant que tu m'aies accompagné à l'étable où dort le petit enfant qui est né avant-hier. Chaque soir, nous allons porter de la nourriture à ses parents, de pauvres Galiléens sans ressources, arrivés pour le recensement. D'ailleurs des anges nous sont apparus pendant les veilles de la nuit et nous ont assuré que cet enfant est le Messie. "Vous trouverez un enfant emmailloté et couché dans une crèche, nous ont-ils dit. C'est à ce signe que vous le reconnaîtrez." (Luc 2:12)

    En racontant cela, Nicodème se remet à marcher de long en large, tout ému, en répétant :

    — J'ai vu le Roi et je n'avais que ma misère !

    Je l'ai interrompu avec impatience :

    — Alors, dis-moi comment était ce roi, Nicodème ?

    — Ecoute, m'a-t-il dit, si j'étais entré dans l'étable avec mon beau manteau celui bien épais que ma femme a tissé de ses propres mains et que j'ai reçu pour notre anniversaire de mariage et ma bourse gonflée qui sont toutes nos économies pour acheter une maison pour nos vieux jours et monté sur mon âne celui que mon père m'a donné pour mon commerce, je n'aurais pas pu croire que le fils de pauvres que je contemplais était vraiment le Messie, le Roi des juifs qui doit libérer Israël comme Dieu l'a promis. Mais parce que les bergers m'avaient pris pour l'un d'eux, parce qu'ils s'étaient poussés pour me faire de la place, parce que Joseph et Marie de Nazareth m'ont accueilli avec bonté, j'ai compris que Dieu n'a pas choisi les sages et les intelligents, les riches ou les puissants, mais les illettrés et les humbles, les pauvres et les faibles pour se manifester à son peuple Israël.

    »Et il m'a demandé si je pouvais comprendre cela.

    Alors je lui ai dit : "Demain matin, je veux aller à Bethléem pour voir cela, allons-y ensemble."

    »Allons nous coucher, lui ai-je dit et partons tôt demain matin.

    * * *

    Tôt le matin, nous nous sommes mis en route, Nicodème et moi. Je me demandais bien ce que j'allais trouver à Bethléem.

    » Mais à peine arrivé à la Porte du Fumier, près de la décharge de la ville, un homme court à notre rencontre. Il interpelle Nicodème : "Rabbi, Rabbi, je suis content de vous retrouver !"

    Mais Nicodème le regarde et l'arrête pour lui demander ce qu'il a fait de son manteau celui bien épais que sa femme a tissé de ses propres mains et qu'il a reçu pour son anniversaire de mariage.

    Et l'homme de lui répondre : "Je l'ai donné au Messie qui vient de naître à Bethléem..."

    Nous étions tout étonné, lui à Bethléem ? mais il continuait :

    — Oui, Rabbi, ton manteau, je pensais d'abord le revendre, car je suis un mendiant professionnel et je trafique avec les choses que l'on me donne. Mais ta bonté m'avait tellement ému que je suis parti à ta recherche pour te rendre ton manteau. Je suis allé jusqu'à Bethléem. Un berger m'a indiqué l'étable où tu avais dormi, mais tu étais déjà reparti pour Jérusalem. Et voici que dans l'étable, je trouve un homme, une femme et un bébé beaucoup plus pauvres que moi. Avant même d'avoir réfléchi à ce que je faisais, je leur avais donné ton manteau. A ce moment, mes yeux se sont ouverts et j'ai compris que l'enfant à qui je venais de donner ton manteau était le Messie dont tu avais parlé. Alors je suis revenu en vitesse pour t'annoncer la bonne nouvelle.

    Tu es tout pardonné lui dit Nicodème et il l'invite à venir avec nous à Bethléem. Et nous repartons à trois.

    C'est à la hauteur de la fontaine d'En Roguel, que nous faisons une deuxième rencontre. Un homme se jette aux pieds de Nicodème et lui demande pardon. C'est le voleur, celui qui avait pris la bourse de Nicodème avec son argent qui sont toutes ses économies pour acheter une maison pour ses vieux jours. Alors Nicodème, dit à l'homme de lui rendre l'argent. Mais l'homme lui dit :

    — Je ne peux pas te le rendre, je ne l'ai plus, je l'ai donné. Quand j'ai ouvert ta bourse, j'ai compris que j'étais riche et que je n'avais plus besoin de voler les gens. J'ai décidé de refaire ma vie ailleurs et j'ai pris la route. Je suis arrivé à Bethléem, j'y ai acheté de beaux vêtements et je suis allé à l'auberge. On m'a très bien reçu, à cause de mon argent. Je me suis retrouvé à table avec trois mages d'Orient et ils me racontèrent une étrange histoire : ils avaient aperçu une étoile du ciel qui leur avait montré le chemin jusqu'à Jérusalem. Puis des indices cachés dans la Bible les avaient conduit jusqu'à Bethléem et la nuit précédente, dans une étable, ils avaient trouvé le Roi des juifs qui doit libérer Israël comme Dieu l'a promis.

    » Alors je me suis dit : "C'est donc vrai ce que m'a dit ce pharisien que j'ai dévalisé, ce n'était pas un conte de fée." Aussitôt je me suis rendu à l'étable où je trouvais les choses comme les mages me les avaient décrites. Avant même d'avoir réfléchi à ce que je faisais, je leur avais donné ton argent. A ce moment, mes yeux se sont ouverts et j'ai compris que l'enfant à qui je venais de donner ton argent était le Messie dont tu avais parlé. Alors je suis venu en vitesse pour t'annoncer la bonne nouvelle.

    — Tu es tout pardonné lui dit Nicodème, et il l'invite à venir avec nous à Bethléem. Et nous repartons à quatre.

    Lorsque nous arrivons à Bethléem, c'est terrible. Ce n'est que cris et lamentations dans les maisons. A nos interrogations, quelqu'un nous crie que le roi Hérode a envoyé ses soldats et qu'ils cherchent tous les bébés pour les tuer. Nous courons vers l'étable, mais nous ne trouvons que des ruines fumantes. Nicodème, le mendiant, le voleur et moi allions nous précipiter dans ces ruines pour retourner chaque pierre quand un étranger nous appelle :

    — C'est toi Nicodème, c'est toi qui m'a prêté ton âne avant-hier ? Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant? (Luc 24:5) Hier, je cherchais un abri pour la nuit et j'ai été accueilli par Joseph et Marie et j'ai passé la nuit dans cette étable avec ton âne gris celui que ton père t'a donné pour ton commerce.

    » Mais à l'aube, Joseph m'a dit qu'il avait fait un rêve et qu'il devait partir tout de suite avec Marie et le bébé pour l'Egypte. Avant même d'avoir réfléchi à ce que je faisais, je leur avais donné ton âne. A ce moment, mes yeux se sont ouverts et j'ai compris que l'enfant à qui je venais de donner ton âne était le Messie dont tu m'avais parlé.

    Ils sont partis avant que les soldats d'Hérode n'arrivent ici et détruisent tout.

    — Tu es tout pardonné lui dit Nicodème.

    Mais nous étions inquiets et pensions à haute voix : "Que peut-on espérer de cette fuite ? Ils ne vont pas survivre au froid et sans argent pour un si long voyage !"

    — Mais non, nous dit l'égyptien, j'ai vu l'enfant enveloppé dans un beau manteau celui bien épais que ta femme a tissé de ses propres mains et que tu as reçu pour ton anniversaire de mariage et j'ai vu que Joseph avait une bourse d'argent qui sont toutes les économies de Nicodème pour acheter une maison pour ses vieux jours et bien sûr Marie était montée sur ton âne gris celui que ton père t'a donné pour ton commerce. Comme cela ils pourront aller jusqu'en Egypte.

    — Je croyais que le Sauveur des Juifs n'intéressait pas les étrangers, lui dit Nicodème.

    — C'est ce que je croyais aussi, mais à l'instant même où je donnais ton âne, mes yeux se sont ouverts et j'ai compris que l'enfant à qui je venais de donner ton âne n'était pas seulement le Roi des Juifs, mais encore le Sauveur de tous les humains.

    * * *

    Ce qui est bizarre, mon petit-fils, c'est qu'un jour, bien des années après ces événements, Nicodème est allé consulter un pauvre charpentier de Nazareth qui était de passage en ville. Nicodème essayait toujours de retrouver le Messie dont il avait perdu la trace depuis trente ans. Ses collègues se moquaient de lui, car il s'obstinait à le chercher parmi les pauvres.

    — Rabbi, demande humblement Nicodème au charpentier, je sais que Dieu t'a envoyé pour nous enseigner. Dis-moi, que faut-il faire pour voir le Royaume de Dieu ?

    Et quand Jésus lui répond : "Il faut que tu naisses de nouveau" (Jn 3:3), il faut que tu recommences ta vie dans la pauvreté, comme si tu n'avais rien, alors Nicodème comprend que sa longue recherche est arrivée à son but, il a retrouvé l'enfant de Bethléem.

    * * *

    Voilà, mon petit-fils, l'histoire de Nicodème, mon ami de jeunesse qui m'avais entraîné à Bethléem. Je me demande bien ce qu'est devenu ce Jésus que Nicodème prenait pour le Messie.

    — Et bien quand je serai grand, moi, j'écrirai l'histoire de ce Jésus !

    — Pourquoi pas, Matthieu, pourquoi pas !

    FIN

    adapté d'après le conte d'André Trocmé "Nicodème", in Des anges et des ânes, Genève, Labor et Fides, 1965.

    © Jean-Marie Thévoz, pour l'adaptation.

  • Jean 20. Jésus est au milieu de nous !

    Jean 20

    19.4.2009
    Jésus est au milieu de nous !
    Mt 18 : 18-20    Jn 20 : 19-23    Jn 20 : 24-31

    Jésus est au milieu de nous !
    Voilà ce que les Evangiles nous disent dans tous les récits de Pâques : Jésus est encore au milieu de nous ! Voilà la bonne nouvelle de Pâques, de la résurrection, des apparitions de Jésus que les Evangiles nous rapportent : Jésus sera toujours au milieu de nous !
    Voilà ce que tous les récits des Evangiles nous disent en nous présentant le parcours de Jésus, de la Galilée jusqu'à la montée à Jérusalem pour la Passion. Jésus prépare ses disciples — par son enseignement — à ce moment où il ne sera plus là, à leur yeux, mais toujours présent, autrement, par la vision nouvelle que donne la foi.
    La foi — c'est tout simple — c'est de croire, avoir foi, avoir confiance que Jésus est toujours présent au milieu de nous, au centre de notre Eglise, au milieu de notre famille, au milieu de notre vie, en plein dans nos existences. Voilà, c'est ça la foi, c'est ça croire au Christ, croire en Dieu : avoir confiance dans sa présence, ici et maintenant.
    Je peux m'arrêter là et vous laisser penser à cette présence et à notre confiance dans cette présence.

    C'est vraiment l'expérience que vivent les quelques disciples qui sont rassemblés, enfermés, dans cette pièce, le dimanche soir de Pâques, remplis de peur. Les voilà qui font l'expérience de la présence de Jésus. "Jésus vint au milieu d'eux et leur dit « la paix soit sur vous ! »" (Jn 20:19) Et Jésus s'identifie en leur montrant ses mains et son côté. C'est bien celui qui a été crucifié qui se présente à eux. Et la joie monte dans leur cœur, au point que le rédacteur n'a pas besoin de dire qu'ils croient, c'est évident, puisque Jésus est là !
    Jésus répète sa salutation et les envoie en mission. Plus justement, Jésus leur transmet la mission qu'il a reçu de son Père : "Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie !" (Jn 20:21).
    Il y a transmission, passage de témoin : c'est aux disciples de remplir la mission que Jésus remplissait jusqu'à maintenant. Et Jésus leur donne les moyens de le faire : il leur donne le saint Esprit. Nous avons là l'épisode de la Pentecôte dans l'Evangile de Jean. Jésus donne sa présence et son pouvoir à ses disciples, notamment le pouvoir de pardonner.
    Vous vous rappelez de ce premier miracle de Jésus dans l'Evangile de Marc : "Est-il plus facile de dire « Tes péchés sont pardonnés » ou « Lève-toi et marche » ?" (Mc 2:9) Les pharisiens contestaient à Jésus le pouvoir de pardonner et voilà que Jésus transmet ce pouvoir à chacun de ses disciples, à tous les croyants ! Voilà un changement !
    Jésus est présent au milieu de nous et nous donne des pouvoir nouveaux, celui de pardonner et celui de prier et de recevoir de Dieu ce dont nous avons besoin : "Là ou deux ou trois s'assemblent en mon nom, je suis au milieu d'eux" (Mt 18:20). Voilà ce qu'est la foi : croire à cette présence.
    Mais voilà, Thomas n'était pas là. Nous non plus, nous n'étions pas là ! Alors, comment croire en cette présence, même si des témoins nous disent "Nous avons vu le Seigneur !" (Jn 20:25).
    Ainsi, huit jours plus tard, dans le même cadre, les portes toujours fermées, Jésus vient et se présente. Il sait la difficulté de Thomas et la nôtre. Il ne porte pas de jugement, il ne gronde pas Thomas, il ne le réprimande pas, il lui fait un cadeau. Il lui montre ses mains et son côté — comme aux autres. Et il l'invite à vérifier par lui-même. Tu peux tout contrôler, semble dire Jésus, je comprends ton doute, tes questions, ça ne me fait pas problème : vérifie, "ne doute plus et crois."
    Le texte ne nous dit pas ce que fait Thomas, il ne nous dit pas qu'il pose son doigt sur les marques des mains et sur le côté de Jésus. Peut-être l'a-t-il fait ? Peut-être  la parole de Jésus, l'invitation de Jésus lui a-t-elle suffit pour se mettre à croire.
    Ce que nous rapporte le texte, c'est que Thomas confesse sa foi en reconnaissant que Jésus est bien "son Seigneur et son Dieu" (Jn 20:28) celui en qui il peut croire désormais. Et Jésus est attentif aux croyants du futur, à nous : il reconnaît qu'il n'est pas évident d'avoir la foi, que c'est un pas, un saut qui ne va pas de soi, mais quel bonheur de s'y lancer : "Heureux ceux qui croient sans m'avoir vu !" (Jn 20:29).
    C'est notre sort de croire sans avoir vu Jésus, sans avoir vu les marques sur ses mains et son côté. C'est à nous de faire le saut de la foi; c'est un saut, parce qu'on ne peut savoir ce qu'est croire sans faire le pas, sans se lancer, sans se lâcher. On ne fait l'expérience de la présence de Jésus qu'en se lançant. "Allez, j'essaie…" comme un acte de foi, de confiance, parce que Jésus nous a touché, par sa proximité, sa chaleur, son accueil, son absence de jugement.
    Voilà quelqu'un qu'on souhaite avoir à ses côtés pour toute une vie, pour cheminer dans les bons comme dans les mauvais moments de l'existence. Et voilà qu'il vient à nous, nous disant ; "Je suis-là, je suis au milieu de vous, la paix soit avec vous."
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2009