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perte

  • Si le grain ne meurt...

    16.4.2017

     

    Si le grain ne meurt...

     

    Matthieu 28 : 1-10         Jean 12 : 23-25

    télécharger le texte : P-2017-04-16.pdf

    Chers frères et sœurs en Christ,

    Un ange a roulé la pierre... Jamais Marie de Magdala et l'autre Marie n'auraient imaginé vivre cela! Jésus-Christ est ressuscité... Jamais les disciples n'auraient imaginé une telle suite à Vendredi saint! Les femmes et les disciples se réjouissent, dansent et chantent de joie.... Jamais personne n'aurait pu imaginer une telle joie après le désarroi et la peine des jours précédents !

    Le peuple d'Israël jubile en prenant possession de la terre promise.... Lesquels d'entre eux auraient imaginé cela après avoir été pourchassés par les soldats de pharaon et être presque morts au désert ! La Pâque juive est un passage de l'esclavage en Égypte à la liberté.

    Notre Pâques est un passage aussi. Un passage de la nuit vers la lumière. Pâques est un passage qu'on n'aurait jamais imaginé ! Un passage à travers l'ombre de la mort. Qui aurait imaginé qu'il y avait un passage ?

    Que savons-nous de la mort, nous qui sommes vivants ? La mort nous est inconnue, sauf par petits bouts. Nous l'avons vécue au travers de nos deuils, au travers de nos pertes, ou de nos renoncements à ce que nous n'avons pu entreprendre, aux rêves ou aux espoirs non-réalisés. La mort ne nous est pas totalement inconnue et — dans cet ordre — nous avons aussi vécu des passages, des résurrections.

    Jésus a parlé de la résurrection comme d'un grain de blé. S'il ne meurt pas, il reste seul, inchangé, perdu. S'il meurt, il porte du fruit, il vit, il crée l'abondance. Le grain de blé, image d'un passage à portée de notre compréhension. Sans l'acceptation de certaines pertes, de certains deuils, nous nous retrouvons seuls, c'est-à-dire pauvres dans le domaine des relations, pauvres ou en manque d'amour, d'affection. Mais le passage qui nous est offert — et qui ne se fait pas sans pertes, sans souffrances — débouche sur une vie relationnelle pleine de fruits, de richesses.

    Le grain comme image de la vie donnée du Christ, image d'expérience dans nos vies. Jésus continue son explication sur la résurrection à ses disciples par ces mots paradoxaux : "Celui qui aime sa vie, la perd, et celui qui hait sa vie dans ce monde la gardera pour la vie éternelle". (Jean 12:25)

    Une explication qui aurait plutôt tendance à nous embrouiller, nous, aujourd'hui. En effet, deux mots grecs différents sont traduits par "vie" en français, ce qui crée une certaine confusion. Il y a en effet une opposition entre la vie dans ce monde-ci et la vie éternelle. On peut donc reformuler la phrase de Jésus comme cela : "Celui qui se satisfait de sa vie terrestre en l'état va tout perdre (maintenant et plus tard), par contre celui qui ne peut pas se contenter de sa vie terrestre gagnera la vraie vie (maintenant et plus tard)." Celui qui se contente de ne vivre que dans la réalité visible — dans le réalisme positiviste — passe à côté de la vraie vie, de ce qui est durable et qui subsistera encore après la mort, une fois sorti de la réalité visible.

    La résurrection appartient au monde de l'invisible, à cette réalité au-delà du tangible, que les évangiles nomment le Royaume de Dieu ou la vie éternelle. Une réalité au-delà du réel qui a déjà fait irruption dans notre monde et que nous pouvons saisir pour vivre vraiment, dès aujourd'hui. Une réalité que nous ne pouvons pas imaginer, s'il ne nous est pas donné de la vivre, vivre ce retournement où l'ombre est traversée, où l'obscurité devient lumière.

     

    Ecoutez ce témoignage d'une personne âgée qui était endeuillée :

    "Pendant cinq ans, j'ai porté le deuil de mon mari. Je trouvais sa mort injuste. Pourquoi avais-je à rester seule, sans lui. Une nuit, j'ai enfin obtenu une réponse ! Mon mari savait que l'amour est le secret de la vie et il le vivait tous les jours. Je connaissais l'amour inconditionnel, mais je ne l'avais jamais vécu pleinement. Voilà, c'est pourquoi il est parti en premier et pourquoi je devais rester derrière. Tout ce temps, j'ai cru que j'étais punie pour quelque chose, mais cette nuit-là, j'ai découvert que le fait que je sois restée était un cadeau de Dieu ! Il m'a laissée sur terre pour que je puisse transformer ma vie en amour. J'ai compris que les leçons ne s'apprennent pas là-haut. L'amour doit se vivre ici, sur terre." (Résumé de Canfield et Hansens, J'ai Lu 7155, p.72)

    Jamais cette femme n'aurait imaginé — avant cette nuit-là — sortir de sa peine et retrouver goût à la vie. Ce retournement n'a pas été le produit d'un effort de sa part, elle s'est plutôt abandonnée, abandonné à faire confiance : "Et si ce qui m'est arrivé, je le considérais comme une opportunité ?"

    Mettons-y plus de confiance : "Et si ce qui m'est arrivé, je le considérais comme une chance !"

    Mettons-y plus de confiance encore : "Et si ce qui m'arrive était un cadeau !"

    Difficile à imaginer ? Impossible à imaginer ? Oui, certainement, si l'on ne regarde que le visible, si on ne lit que le journal.

    Impossible à imaginer ? Peut-être pas si l'on écoute les femmes revenir du tombeau vide...

    Impossible à imaginer ? Sûrement pas... puisque Jésus est ressuscité !

    Amen

    © Jean-Marie Thévoz, 2017

  • Luc 16. La conversion du gérant habile

    Luc 16
    27.2.2000
    La conversion du gérant habile
    Luc 3 : 7-14      Luc 16 : 1-9

    Téléchargez la prédication ici : P-2000-02-27.pdf

    Franchement, qu'est-ce qu'on peut tirer de cette histoire, de cette parabole du gérant malhonnête et astucieux. Qu'est-ce qui a pris Jésus ce jour-là de nous raconter une histoire pareille ? Qu'est-ce qui a pris à Luc de placer cette histoire dans son Evangile ? En tout cas, son étrangeté est une garantie pour nous de son authenticité. Si Jésus ne l'avait pas prononcée lui-même, jamais personne n'aurait eu l'audace de placer ces paroles dans sa bouche.
    On pourrait comprendre que Jésus raconte cette histoire de gérant malhonnête en nous disant de faire le contraire, comme un contre exemple, comme une voie à ne pas suivre. Mais ici, la morale que Jésus donne à cette histoire est : "Le maître de ce gérant malhonnête le loua d'avoir agi si habilement." (Luc 16:8). Cette histoire immorale doit donc nous servir d'exemple !
    De quoi Jésus veut-il nous parler, que veut-il nous faire comprendre ? Reprenons l'histoire pour ne rien manquer :
    •     Un propriétaire apprend que son gérant gaspille ses biens.
    •     Il le convoque, lui annonce son licenciement, et lui demande d'établir le bilan de sa gestion, un inventaire, avant de partir.
    •     Le gérant est paniqué, il se voit sans avenir, sans ressource et sans ami. Il ne voit pas vers quelle activité se reconvertir. Il est perdu et cherche son salut. C'est là qu'il se révèle astucieux : avec les derniers pouvoirs qui lui restent, il allège les dettes de ses clients, avec l'espoir — pas forcément une assurance — que ces débiteurs soulagés, reconnaissants, pourront ou voudront bien le recueillir lorsqu'il aura perdu son emploi.
    C'est l'astuce, l'intelligence de cette dernière manoeuvre que le maître loue ! (sûrement pas le gaspillage de ses biens ou la remise des dettes de ses débiteurs).
    1. Première leçon à tirer : nous avons à être aussi inventifs et intelligents que les gens malhonnêtes dans nos missions, dans nos tâches, dans nos relations. C'est comme si Jésus nous disait : "Voyez quelle énergie les gens mettent à trouver des solutions habiles pour se sortir d'un mauvais pas. Mettez autant d'énergie à développer, à maintenir ou préserver les relations qui comptent pour vous !
    2. Deuxième leçon à tirer : voyez comme tant de gens transforment le bien en mal — on lit cela tous les jours dans les journaux — appliquez-vous avec autant de soin que ce gérant à transformer le mal en bien, les dettes en amitié. Le maître loue les efforts du gérant plus que les moyens utilisés ou les résultats obtenus.
    3. Et puis, il y a une troisième chose intéressante : lorsque le gérant est acculé, qu'il se sent perdu, il change complètement son point de vue, sa façon de faire, il opère un renversement complet, — ce que j'aimerais appeler une conversion. Lorsque l'argent va le lâcher (il va être renvoyé), il se tourne d'un coup vers le relationnel. Il change brusquement de cheval lorsqu'il réalise qu'il avait misé sur le mauvais. Il réalise que la seule chose importante dans la vie, et surtout dans les coups durs, c'est d'avoir des amis.
    La conversion du gérant est un changement de valeurs. Même plus, c'est un changement de système, de cadre de référence.
    Il a vécu pleinement dans le système économique de l'argent, profitant du système, jouant selon ses règles, peut-être se jouant des règles. Mais il prend conscience tout à coup — au moment d'en être éjecté — que ce système n'assure aucune sécurité. En vitesse, il essaie de convertir la valeur économique en valeur relationnelle, comme quelqu'un convertirait sa monnaie locale en pleine dévaluation en or ou en monnaie forte pour sauver ce qui peut l'être encore.
    Cette parabole nous confronte donc à l'existence de ces deux systèmes qui subsistent en parallèle : d'un côté, l'économie de l'argent (que l'Evangile nomme Mammon) et de l'autre, l'économie du Royaume de Dieu ou de l'agapè (l'agapè est le terme grec qui signifie l'amour dans le Nouveau Testament). Ces deux économies ne fonctionnent pas selon les mêmes règles.
    L'économie de l'argent fonctionne selon les principes de la rareté et de la compétition. Le gâteau a une certaine taille et si je veux une plus grosse part, quelqu'un en aura une plus petite.
    L'économie de l'agapè ou du Royaume de Dieu fonctionne au contraire selon les principes de l'abondance et du partage. Il y a une quantité illimitée d'amour et son partage ne fait que le multiplier.
    C'est pourquoi Jésus dit aussi, quelques versets plus loin :
    "Aucun serviteur ne peut servir deux maîtres; il haïra l'un et aimera l'autre; il sera fidèle à l'un et méprisera l'autre. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l'argent." (Luc 16:13).
    Ce qui signifie pour moi qu'on ne peut pas appliquer en même temps les règles de l'économie de l'argent et celle de l'économie de l'agapè. En d'autres termes, on ne peut pas appliquer les règles de l'économie de l'argent dans le domaine des relations interpersonnelles sans se détourner de ce que Dieu nous demande de vivre. Il est insensé d'être avare d'amour alors qu'on ne risque jamais d'en manquer.
    La conversion du gérant — qui lui vaut la louange du maître — nous encourage donc à réfléchir au type de règles (économiques) que nous mettons en oeuvre dans notre vie. La conversion du gérant nous encourage à miser sur l'économie du Royaume de Dieu pour nous en sortir, pour vivre pleinement.
                        *    *    *
    Reste à voir ensuite, comment nous pouvons mettre à profit l'économie de l'argent pour promouvoir l'économie du Royaume de Dieu, comme Jésus nous y exhorte lorsqu'il dit :

    "Et moi je vous dis : faites-vous des amis avec les richesses de ce monde, afin qu'au moment où elles viendront à vous manquer on vous reçoive dans les demeures éternelles. (Luc 16:9).
    Amen

    © Jean-Marie Thévoz, 2013