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suicide

  • Paroles du Sage

    (14.11.1999)

    Qohélet / Ecclésiaste

    Paroles du Sage

    Tous les passages sont tirés du livre de l'Ecclésiaste (aussi appelé Qohélet).

    Les passages en italiques dans le texte biblique signalent des ajouts ou des modifications.

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  • Ce que Judas nous révèle...

    Pour le dimanche 15 mars 2020

    Matthieu 26

    Ce que Judas nous révèle...

    Matthieu 26 : 14-16.     Matthieu 27 : 1-10

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    Chers frères et soeurs en Christ,

    Dans le récit de la Passion, deux disciples tiennent des rôles particulièrement importants : Pierre et Judas. Le premier semble tenir un rôle côté lumière et le second un rôle côté ténèbres. Mais finalement, Jésus s'est quand même retrouvé tout seul face à la mort, abandonné de tous. Toutes les autorités ont condamné Jésus, tous les disciples ont abandonné Jésus, toute la foule a crié "Crucifie !" Il y a eu unanimité contre Jésus, ce jour-là.

    Mais dans la tradition chrétienne, dans les récits des Evangiles, c'est Judas qui est désigné comme "le mauvais", celui qui a livré et trahi Jésus. Déjà dans les listes des disciples que donne chaque Evangile, Judas est placé en dernier et désigné comme celui qui trahit, qui livre Jésus (Mt 10:4). Dans les Evangiles on ne crée pas de suspens.

    Ainsi, Judas porte la marque de l'infamie. Pourtant, il n'est qu'un rouage dans la grande machine qui a conduit à la condamnation de Jésus. Mais il est un rouage, le seul rouage qui vient de l'entourage immédiat de Jésus, il est l'un des Douze. Cela accentue l'incompréhensible.

    Comment un proche de Jésus, quelqu'un qui l'a suivi, qui l'a accompagné pendant des mois, qui l'a entendu prêcher, qui l'a vu faire des miracles, guérir, nourrir les foules, etc., comment Judas a-t-il pu trahir son maître ? On donne généralement trois explications différentes.

    1) Ce serait de la jalousie, comme Caïn à l'égard d'Abel. Cette raison est trop subjective et peu présente dans les Evangiles.

    2) Ce serait l'appât du gain. L'Evangile de Jean place plusieurs touches dans ce sens (Judas était le caissier du groupe, il blâme la femme qui verse du parfum sur les pieds de Jésus et crie au gaspillage, et, ajoute Jean, "il dit cela parce qu'il était voleur" (Jn 12:6)). Le fait que Judas soit payé pour livrer Jésus va dans ce sens, mais la somme est modeste pour un homme cupide.

    3) La troisième raison, qui a été souvent développée dans la littérature est une raison théologique et me semble la plus intéressante. Judas aurait livré Jésus pour qu'il puisse accomplir son destin messianique — en tout cas le destin messianique tel que Judas l'envisageait.

    Dans la liste des disciples — à la fin de la liste — on trouve Simon le nationaliste (ou le zélote) et Judas l'Iscariote. Iscariote pourrait venir de "sicaire", le poignard et distinguer Judas comme un résistant à l'occupant romain, comme Simon le nationaliste auquel il est rattaché dans les textes.

    Judas se serait joint aux disciples de Jésus parce qu'il était persuadé que Jésus était le Messie qui devait délivrer Israël de l'occupant romain. Judas aurait été sourd à l'enseignement de Jésus sur la messianité souffrante; il n'aurait pas été réceptif aux remises à l'ordre de Pierre par Jésus chaque fois que Pierre refusait les annonces de la Passion.

    Judas pouvait donc attendre de la montée à Jérusalem et de l'entrée triomphale de Jésus avec l'épisode des rameaux qu'elles soient suivies d'une révélation éclatante. Judas peut s'être vu investi d'une mission dans ce dévoilement. Qu'est-ce qui serait plus éclatant que des myriades d'anges venant délivrer le Messie des mains de l'occupant ? Il fallait donc provoquer l'arrestation de Jésus pour déclencher le processus, pour mettre Dieu en demeure de réagir, de sauver son Fils et de libérer le peuple d'Israël.

    Ainsi, à ses propres yeux, Judas aurait pu avoir un motif honorable de livrer Jésus. C'était une façon de collaborer au plan de Dieu. Et bien, cela a été une façon de collaborer à ce qui devait arriver, mais pas selon le plan de Judas. En effet, le plan ne tourne pas comme Judas l'attendait :

    "Lorsque Judas vit que Jésus avait été condamné, il fut pris de remords et rapporta les 30 pièces d'argent et dit : « J'ai péché en livrant un innocent à la mort »." (Mt 27:3-4)

    Judas se retrouve-là dans la même situation que Pierre juste après son reniement. Tous deux ont trahi leur maître. Mais leur destinée ne sera pas la même. Pierre vit, Judas meurt. Que se passe-t-il ?

    Pierre et Judas n'ont pas le même regard sur la messianité de Jésus et sur eux-mêmes. Après l'arrestation de Jésus, Pierre se voit tel qu'il est, avec sa faute. Judas voit sa faute, mais il veut l'effacer par la restitution de l'argent. Il veut effacer le passé, remonter le temps, retrouver le Jésus d'avant, et probablement réessayer autrement de faire advenir le Messie glorieux. Comme cela est désespérément impossible, il n'a plus d'espérance, tout est fini. Il va se pendre.

    Pierre de son côté a retenu l'enseignement de Jésus. Il garde un espoir dans le Messie, même s'il ne peut espérer l'incroyable, la résurrection.

    Judas a été marqué du sceau de l'infamie parce qu'il représente la tentation — toujours forte — de brusquer Dieu, de le mettre à l'épreuve, de le pousser vers la toute-puissance pour nos propres intérêts.

    En Jésus-Christ, Dieu a choisi la difficile voie de l'impuissance, de la faiblesse pour se révéler. C'est un amour qui se propose, mais ne s'impose pas. Face à cela, nous gardons toujours — comme Judas — la tentation de la trahison en réclamant de Dieu une manifestation plus vigoureuse, plus contraignante, plus imposante.

    Le temps de la Passion nous rappelle que Dieu a choisi la voie de la douceur et du pardon. Il a choisi de porter nos fardeaux, nos soucis, nos faiblesses, nos souffrances avec nous. Il n'est pas le Messie glorieux qui ôte les obstacles de notre route, il est le Messie souffrant qui traverse les difficultés avec nous, à nos côtés.

    Il est celui qui relève Pierre et tous ceux qui faiblissent sur le chemin. Ce visage, c'est celui de Dieu qui nous est révélé en Jésus-Christ, mort sur la croix et ressuscité le troisième jour.

    Amen

    © Jean-Marie Thévoz, 2020

     

  • 1 Rois 19. Elie épuisé est nourri, restauré par Dieu

    24.11.2019

    1 Rois 19

    Elie épuisé est nourri, restauré par Dieu

    1 Rois 19 : 1-8          Matthieu 14 : 13-21

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    Chers frères et soeurs en Christ,

    Lorsqu'on entend parler d'Elie, on a des souvenirs d'Ecole du Dimanche qui remontent à notre mémoire, le souvenir d'un grand prophète, d'une grande figure de l'Ancien Testament, et du Nouveau Testament, puisqu'Elie apparaît comme la figure emblématique de tous les prophètes de l'Ancien Testament. Il est celui qui doit revenir pour manifester le règne de Dieu. Certains ont même pensé que Jésus était le nouvel Elie. Il est aussi celui qui se trouve à côté de Jésus et de Moïse lors de l'épisode de la Transfiguration sur la montagne. Une grande figure prophétique donc...

    Pourtant — dans le récit que nous avons entendu aujourd'hui — ce n'est qu'un homme épuisé et las. Cet un homme seul, à bout de force. Il est vide, démuni, désespéré.

    Peu de temps auparavant, Elie a pourtant gagné son challenge contre les faux prophètes, les prophètes de Baal, mais cette réussite s'est retournée contre lui, il est maintenant poursuivi, sa vie est en danger, sa tête est mise à prix. C'est comme s'il devait payer en monnaie de malheur ses succès, ses réussites.

    Elie s'enfuit donc pour sauver sa vie. Il descend jusqu'à la ville de Bersheba, l'extrême sud du pays d'Israël, la limite des terres habitées. Il y laisse son serviteur et continue sa marche vers le sud, dans le désert du Néguev, en direction de l'Horeb, du Sinaï.

    Cette fuite est bizarre. Il fuit pour sauver sa vie, mais en même temps, il demande à Dieu de le laisser mourir, de lui reprendre la vie. C'est comme sauter dans l'eau pour éviter d'être mouillé par la pluie.

    Elie est habité par une lassitude extrême, comme une fatigue épuisante dont on n'arrive pas à se débarrasser. Et dans ces conditions, il exprime le désir de mourir, non pas tant pour la mort, mais plutôt contre la vie, contre cette vie là, cette vie tellement pesante, tellement chargée, écrasante. Après une journée de marche, Elie s'écroule sous un buisson pour dormir.

    On devine son épuisement, physique, mais aussi moral. On devine cette envie de sombrer dans un sommeil qui fait tout oublier, un sommeil qui nous délivrerait de tous nos fardeaux, un sommeil transformateur, libérateur. Combien sommes-nous à espérer cela certains soirs, ou même chaque soir ?

    Elie s'endort, rempli de cet espoir, qui est en même temps désespoir, parce que ce sommeil libérateur n'existe pas — il le sait — et parce qu'il pense que seule la mort peut le délivrer vraiment de ses maux. Ainsi, Elie est là, endormi sous son buisson, dans le désert.

    Dans ce même désert où les Israélites ont erré et souffert pendant 40 ans sous la conduite de Moïse. Dans ce même désert où Moïse a été interpellé par la vue d'un buisson mystérieux, qui brûlait sans se consumer, qui donnait son énergie sans s'épuiser. Dans ce même désert où Dieu s'est révélé, presque face à face, à Moïse. Dans ce même désert où le peuple d'Israël a été nourri avec la manne, avec les cailles. Dans ce même désert où le peuple a été abreuvé de l'eau qui sortait du rocher frappé par le bâton de Moïse. Ce désert où Elie vient échouer pour mourir.

    Ce désert a deux visages. Le visage mortel d'un lieu aride et impitoyable et le visage d'un lieu où l'on rencontre Dieu lui-même, apportant secours et protection à son peuple bien-aimé. Ce désert à deux visages est comme un message pour nous dire que c'est là, lorsque nos vies sont tourmentées, lorsque la lassitude et la fatigue nous écrasent, lorsque le deuil nous assaille, c'est là que Dieu se manifeste, c'est là que Dieu se révèle le plus proche, le plus aimant. Peut-être parce que c'est à ce moment que toutes nos barrières sont tombées, parce que toutes nos protections personnelles, nos carapaces et nos systèmes D pour nous en sortir tous seuls ont montrés leurs limites et leur inefficacité. A ce moment, nous sommes prêt à recevoir ce que Dieu veut nous offrir depuis toujours.

    A ce moment-là un ange vient toucher Elie. A ce moment-là, Elie sent une main sur son épaule, une main caresser ses cheveux comme on éveille un enfant, un contact chaleureux s'établir. Il est touché, il sent la pression, il sent la chaleur, il sent la vie revenir en lui. Et cette voix qui lui dit : "Elie, lève-toi et mange !" (1 R 19:5).

    En cette nuit d'extrême tristesse et de lassitude, Dieu vient restaurer Elie. En nos nuits d'extrême tristesse et lassitude, Dieu vient nous restaurer, il nous apporte réconfort et nourriture pour nous donner la force de continuer notre route, même si elle est encore longue. Une route qui va mener Elie à l'Horeb, la montagne de Dieu où il va faire une rencontre personnelle bouleversante avec un Dieu qu'il n'avait jamais connu de cette façon-là (mais je vous laisse lire le récit de cette rencontre dans 1 R 19).

    Ce que Dieu a fait cette nuit de désespoir pour Elie,, Jésus l'a fait aussi pour cette foule qui le suivait, qui avait faim de sa parole et qui s'est retrouvée dans ce lieu désert, sans ressources. Cette foule fatiguée ce soir-là Jésus l'a restaurée également. Au travers de ses disciples, il a nourrit chacun.

    Aujourd'hui, Jésus répète pour chacun de nous ces gestes de partage pour nous nourrir. A chacun il s'offre lui-même comme pain de vie en nous invitant à sa table pour nous régénérer. A chacun il offre — au travers de ses disciples et des croyants d'aujourd'hui — d'être accueilli dans la prière, d'être touché et béni, d'être déchargé de fardeaux trop longtemps portés seuls. A chacun Jésus offre son accueil et sa vie.

    Amen

    © Jean-Marie Thévoz, 2019.