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14.5.2006 / Luc 2. La double paternité de Jésus est révélatrice de toute la condition humaine

Luc 2
14.5.2006
La double paternité de Jésus est révélatrice de toute la condition humaine
Mc 10 : 13-16 / Luc 2 : 41-51

Chères paroissiennes, chers paroissiens, Chers Amis,
Cette semaine, j'étais en visite dans une classe de 2e année (avec des enfants d'environ 8 ans). Je répondais à leurs questions sur le programme d'histoire biblique, sur Dieu, sur Jésus, etc… Et voilà qu'une fille me pose la question : "Mais qui est le père de Jésus ?" On sent en même temps la curiosité et le doute sous-jacent. Elle a entendu différentes choses qui — toutes mises ensemble — ne donnent pas une réponse claire.
Et si la scène se passait au temps de Jésus ? On imagine assez bien les disciples empêcher les enfants d'approcher Jésus pour qu'ils ne posent pas de questions aussi embarrassantes. "Dis, Jésus, c'est qui ton papa ?"
Cette enfant avait senti qu'il se pose-là une question importante, essentielle, explosive ! Cette question est posée à propos de Jésus déjà dans les Evangiles. Elle et soulevée par Luc dans l'épisode de Jésus au Temple. Marie et Joseph cherchent Jésus. Lorsqu'ils le trouvent, Marie dit : "Ton père et moi nous étions très inquiets" (Lc 2:48) et voici que Jésus répond : "Il fallait que je sois dans la maison de mon Père." (Lc 2:49).
Jésus se présente bien comme ayant deux pères, Joseph et Dieu ! Mais si cette question est posée à propos de Jésus, elle nous concerne tous, même sans remettre en rien la question de notre filiation biologique. Quelle est notre origine ? D'où vient la vie qui nous habite ? Qui nous met vraiment au monde ? De qui voulons-nous recevoir / porter / transmettre l'héritage ? Pouvons-nous nous contenter de la réponse biologique, matérielle ?
C'est là que la double paternité de Jésus est révélatrice de toute la condition humaine. Lorsque Jésus dit à ses parents : "Je dois m'occuper des affaires de mon Père," il révèle d'existence d'un monde parallèle à notre monde. D'habitude les mondes parallèles apparaissent seulement dans les livres de science-fiction. Pourtant, je crois que Jésus nous présente un monde parallèle chaque fois qu'il nous parle du Royaume de Dieu.
Il y a une réalité terrestre dans laquelle parents et enfants sont liés biologiquement. Mais il existe un autre niveau de réalité, au-delà des apparences. Au premier niveau "nos enfants sont nos enfants." Mais au deuxième niveau "nos enfants ne sont pas nos enfants" comme le dit le poète Kahlil Gibran. Et cette deuxième phrase est tout aussi vraie que la première ! C'est ce que Jésus dit à ses parents.
Jésus cherche à nous élever à ce deuxième niveau de réalité. Il y a quelque chose de plus que la réalité biologique, matérielle. Il y a une dimension subtile, qui donne du relief, de la substance, du sens à ce qu'on vit. Bien sûr on vit et on est plongé dans la réalité matérielle et biologique. Un simple mal de dent nous ramène à cette réalité bien terre à terre. Loin de moi l'idée de la nier.
Cependant, il est possible — et c'est le privilège de l'être humain — de vivre cette réalité en prenant un petit peu de recul. Etre en même temps celui qui vit et celui qui regarde cette vie. Petit décalage qui s'appelle "avoir conscience de…" Petit décalage qui fait passer de la physique à la métaphysique ! De bien grands mots pour exprimer des choses toutes simples : décalage entre manger et se nourrir, entre vivre et exister, entre respirer et inspirer / expirer.
On respire tout le temps, c'est un réflexe, on n'a même pas besoin d'y penser (heureusement). Mais de temps en temps, prendre une inspiration, puis se laisser expirer. Ou le contraire, expirer tout l'air de ses poumons, puis se relâcher et l'inspir se fait tout seul. Essayez.
Faire les choses avec conscience, c'est peut-être simplement cela entrer dans le Royaume de Dieu. Ouvrir sa conscience à l'existence d'une autre réalité, une réalité très subtile, on ne peut pas la toucher, la saisir, s'en emparer, mais on peut la laisser venir, éclore, nous toucher.
Cette autre dimension, c'est celle de la relation, du lien, une dimension immatérielle, mais tellement réelle. C'est dans cette dimension que s'inscrit le bonheur, la joie, les émotions. C'est dans cette dimension que sont gravés les premiers sourires de nos enfants, les premiers émois amoureux, les amitiés indéfectibles. Et personne ne peut nous les retirer. Ce sont les trésors amassés dans le ciel — dont parle l'Evangile (Mt 6:20) — qui ne peuvent ni pourrir, ni rouiller et que personne ne peut dérober.
C'est à cette dimension que nous sommes appelés à nous ouvrir — ce que Jésus appelle "la maison de son Père," de notre Père. C'est vers cette dimension que nos enfants nous entraînent par l'exemple de leur émerveillement devant la vie. C'est vers cette dimension que nous avons à projeter nos enfants comme l'arc envoie la flèche vers l'avenir, comme de dit le poète :

"Vous êtes les arcs par qui vos enfants, comme des flèches vivantes, sont projetés.
L'Archer voit le but sur le chemin de l'infini, et Il vous tend de Sa puissance
pour que Ses flèches puissent voler vite et loin.
Que votre tension par la main de l'Archer soit pour la joie;
Car de même qu'Il aime la flèche qui vole, Il aime l'arc qui est stable." Khalil Gibran
Ayons conscience de cette mission que Dieu nous confie.
Amen


© 2006, Jean-Marie Thévoz, Suisse, Bussigny.

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