1 Rois 3
18.6.2006
Croire vraiment en la générosité de Dieu
1 R 3 : 5-14 Jn 13 : 12-17
Chères paroissiennes, chers paroissiens, chères familles des nouveaux baptisés,
Vous venez de confier ces enfants à Dieu dans le baptême. Vos enfants et vous-mêmes, au travers de vos engagements, vous entrez dans une relation nouvelle ou renouvelée avec Dieu. Chacun d'entre vous qui êtes venus dans cette église ce matin, vous entrez dans la relation avec Dieu. La relation est un dialogue, un échange où chacun peut demander quelque chose à l'autre. En effet, nous venons pour demander des choses à Dieu, puisque nous venons prier : nous souhaitons que Dieu nous aide dans nos difficultés, nous apporte du soulagement ou de la consolation, nous apporte de la joie ou du répit.
Alors qu'est-ce que Dieu va nous demander en retour ? Dieu ! me demander quelque chose ! Peut-être que l'appréhension monte ? Oui, bien sûr, dans ce dialogue, Dieu nous demande quelque chose, il attend de nous une réponse. C'est ce qui s'est passé lorsque Salomon est entré en dialogue avec Dieu au sanctuaire de Gabaon.
Dieu est apparu à Salomon dans un rêve et lui a demandé :
"— Que pourrais-je te donner ? Demande-le-moi." (1 R 3:5)
Observez bien la délicatesse de la demande ! Dieu — qu'on imagine tout savoir — ne vient pas dire à Salomon : « Je sais ce dont tu as besoin et je vais te le donner. » Non, Dieu ne veut rien imposer, il demande vraiment ce que désire Salomon. Dieu respecte la liberté de Salomon. Dieu ne fait pas le bien des gens contre leur volonté. Dieu nous demande de poser les objectifs de notre vie et de demander ce dont nous avons besoin pour les atteindre.
Avant de dire ce qu'il désire, Salomon dit à quel point il est reconnaissant envers la générosité de Dieu, pour son père David et pour lui-même. Ensuite, il reconnaît qu'il a reçu son titre de roi, c'est un don qu'il a reçu et qui ne dépend pas de ses mérites, de ses actions, il est simplement le fils du roi précédent. Enfin, il reconnaît ses propres limites : il est jeune et sans expérience, il a besoin de recevoir une intelligence, une sagesse pour accomplir sa mission. Aussi demande-t-il "un cœur plein de sagesse" pour conduire son peuple et pour discerner le bien du mal.
Avec le recul, on pourrait dire que cette demande est déjà pleine de sagesse et d'intelligence. Cette demande plaît à Dieu. Non seulement Dieu va lui accorder ce qu'il demande, mais en plus il va lui donner ce que Salomon avait renoncé à demander : une longue vie, la richesse et les victoires.
Cela vaut la peine de se lancer dans le dialogue avec Dieu et de prendre le risque d'écouter ce qu'il nous demande et de lui répondre !
Le Dieu de la Bible, le Dieu de Jésus-Christ est un Dieu généreux et bienveillant : après le don de la vie, il veut encore nous combler comme Salomon. Peut-on croire que Dieu nous fait, à chacun, la même demande, la même offre qu'il a faite à Salomon ?
Bien peu de monde y croit ! On a tellement l'habitude d'entendre dire "Dieu est généreux, Dieu est bienveillant, Dieu est amour" que, paradoxalement, cela ne nous touche plus, cela ne nous atteint plus, nous n'y croyons pas.
Il faut que cela soit reformulé différemment, et surtout hors Eglise, pour que les gens l'entendent : "La vie est généreuse"; "Rien n'arrive par hasard"; Chacun a son ange gardien, apprends à le connaître et il te guidera…"; "Crois en ton destin, demande ce que tu veux à la vie et cela te sera donné."
Le point commun de toutes ces affirmations, c'est d'ouvrir notre esprit à une présence mystérieuse; c'est de faire de la place pour un être bienveillant au-dessus de nous; c'est de recevoir les événements de la vie comme des dons, des cadeaux; c'est d'avoir conscience de sa petitesse, de ses limites et que cette conscience devient une force; c'est d'avoir conscience qu'il existe une sagesse qui vient du fond des âges et peut nous guider.
Eh bien, ici — dans l'Eglise — nous donnons au destin, à la force de vie, à la présence mystérieuse, le nom de "Dieu" ou celui de "Jésus-Christ." Jésus-Christ était un "maître" comme il le dit à ses disciples après le lavement des pieds, mais il n'est pas venu comme un tyran, mais comme un serviteur. Au service de la vie, au service de la relation, de l'amour.
Jésus nous offre la même sagesse que celle qu'il a donnée à Salomon. Cette sagesse est là dans les paroles de Jésus qui se trouvent dans la Bible, un véritable mode d'emploi de la vie et du bonheur, si seulement nous voulions nous en inspirer !
Dieu ne nous offre pas seulement la vie à la naissance, il nous offre la possibilité du bonheur, quelles que soient les circonstances de l'existence. Il n'offre pas le bonheur aux seuls gens heureux, cela n'aurait pas de sens.
"Je suis venu chercher et sauver ce qui était perdu" dit Jésus (Luc 19:10).
C'est à chacun de nous — dans la situation que nous vivons — que Dieu adresse la même demande qu'à Salomon : "— Que pourrais-je te donner ? Demande-le-moi."
Oserons-nous dire à Dieu nos désirs secrets et accepter la générosité de sa main ? Avons-nous assez confiance en lui ?
Amen
© 2006, Jean-Marie Thévoz, Suisse, Bussigny.