Luc 1
6.12.1998
La réconciliation comme préparation à Noël
Es 40:3-5 Mal 3:23-24 Luc 1:5-17
Chères paroissiennes, chers paroissiens,
Qu'est-ce que tu veux pour Noël ? C'est une question qu'on pose on qu'on entend beaucoup ces temps. Les parents la posent à leurs enfant, les oncles et tantes à leurs neveux et nièces. On se la pose entre conjoints, à quelques amis chers. On nous la pose.
On a des désirs, ou on n'en a pas de précis, et puis parfois on a un soupir de lassitude... Ce qu'on désire vraiment, peut-on le mettre dans une boîte, l'emballer dans du beau papier entouré d'un joli ruban ? A-t-on vraiment besoin de quelque chose encore, d'un objet en plus ? Nos aspirations ne sont-elles pas ailleurs ? N'avons-nous pas besoin de choses plus immatérielles, plus relationnelles, plus personnelles et profondes ? Lassitude de l'aspect commercial de Noël, aspirations à d'autres réalités, plus vraies, plus réelles.
Alors, comment allons-nous préparer Noël qui vient ? Oui, Noël se prépare... Dieu lui-même a préparé Noël, Dieu lui-même a préparé le chemin de l'avènement de son Fils. C'est la figure de Jean-Baptiste que Dieu envoie pour préparer le chemin, pour préparer l'accueil de Jésus.
Avec Jean-Baptiste nous pouvons nous préparer à vivre Noël sur un mode nouveau qui réponde à nos aspirations profondes. L'évangéliste Luc nous relate comment la venue même de Jean-Baptiste est préparée pour nous montrer son rôle, sa place, sa mission. La naissance de Jean-Baptiste est mise en parallèle avec celle de Jésus. Deux annonces par un ange; deux conceptions extra-ordinaires; deux enfants qui vont grandir sous l'aile du Saint-Esprit. Beaucoup de similitudes entre Jean-Baptiste et Jésus, mais des rôles bien définis et bien différents.
Jean-Baptiste s'inscrit dans l'ordre ancien. Il est le fils de Zacharie et d'Élisabeth, qui eux-mêmes s'inscrivent dans la plus pure tradition de l'Ancien Testament. Ils servent au Temple, leurs généalogies les rattachent à Aaron, le frère de Moïse. Jean-Baptiste s'inscrit donc au coeur du peuple d'Israël, le peuple choisi par Dieu dès le début. C'est à son peuple élu que Dieu réserve le summum de sa révélation. Jean-Baptiste s'inscrit dans la continuité de l'élection. Le Sauveur qui va venir, c'est celui qui a été annoncé et promis dans l'Ancien Testament. Jean-Baptiste, c'est l'accomplissement des promesses d'Esaïe : "la voix qui crie dans le désert pour préparer le chemin" et l'accomplissement de la promesse de Malachie : "un prophète revêtu de la puissance d'Elie". Tradition et accomplissement se rencontrent en Jean-Baptiste.
Il a une mission qui est définie dès avant sa naissance :
"Il ramènera beaucoup d'Israélites au Seigneur leur Dieu. Il s'avancera lui-même devant Dieu avec l'esprit et la puissance du prophète Elie, pour réconcilier les pères avec leurs enfants et ramener les désobéissants à la sagesses des hommes justes; il formera un peuple prêt pour le Seigneur." (Luc 1:16-17).
Cette mission prépare, anticipe la venue du Messie et la réalisation de sa promesse. Cette mission est exprimée en termes de réconciliation. Réconcilier, ramener les coeurs des pères vers leurs enfants. Réconcilier les parents avec leurs enfants, c'est au niveau humain la figure de la réconciliation de Dieu avec les êtres humains. Le premier pas vient de celui qui a l'autorité, la force, le pouvoir.
• Comme Dieu a pris la responsabilité et l'initiative de renouer avec l'être humain, de même, c'est à nous adultes, parents, aînés de prendre l'initiative de rénover, renouveler nos relations avec nos proches.
• Comme Dieu a envoyé un messager pour préparer la route, aplanir les montagnes et combler les fossés, de même, c'est à nous de préparer le terrain, d'aplanir les obstacles et d'envoyer des signaux bienveillants à ceux qui nous entourent pour amorcer une réconciliation, pour améliorer nos relations.
• Comme Dieu a laissé tombé ses griefs contre Israël pour envoyer son Fils, de même, nous pouvons laisser tomber nos rancunes, nos regrets, nos désirs de vengeance pour ouvrir la porte à de nouveaux contacts.
Préparer l'Avent, la venue de Noël, c'est préparer des cadeaux pour les autres, mais peut-être des cadeaux auxquels nos proches aspirent mais n'osent pas espérer, quelques cadeaux immatériels, mais combien précieux qui pourraient illuminer Noël d'une autre lumière que celle des bougies !
L'avent, Noël, un temps pour la réconciliation, mais peut-être pas seulement avec les autres, aussi avec soi-même. Combien sommes-nous ici, qui sont partagés ou en guerre avec soi-même ? Combien de reproches avons-nous en réserve contre soi, combien de "il faut", "tu devrais", "tu aurais dû", restent en suspens dans notre esprit et nous empêchent d'être en paix avec soi-même ?
La réconciliation — dont Dieu planifie le chemin, la venue — est aussi pour nous-mêmes, pour nos âmes chargées et fatiguées de ces luttes constantes.
Reposez-vous, détendez-vous, la réconciliation intérieure est aussi une promesse pour chacun de nous, un cadeau que chacun peut recevoir, un cadeau que Dieu dépose sous chaque sapin. A chacun de le saisir et de le faire sien.
Amen
© 2006, Jean-Marie Thévoz