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Jean 16. "Il est avantageux pour vous que je parte"

Jean 16

3.5.98

"Il est avantageux pour vous que je parte"

Jérémie 7 : 21-28    Jean 14 : 12-18    Jean 16 : 4-11


Chères paroissiennes, chers paroissiens,
Lors de mes visites après d'habitants de Bussigny, je rencontre — et cela n'a rien d'étonnant — une grande diversité d'opinionS sur la présence de Dieu dans le monde.
Le même jour de cette semaine, une personne me disait : "Face à tant d'injustices, sur cette terre, il m'est impossible de croire à l'existence de Dieu". Mais une autre me disait quelques instants plus tard : "Dieu est toujours présent dans ma vie, je le sens, je le ressens, il est comme une lumière sur ma route".
Dieu est absent du monde pour l'un, présent à le sentir pour l'autre. Qui a raison ? Qui est le plus raisonnable, qui est le plus fou ? Là n'est pas la question. La question est plutôt de savoir comment l'absent peut-il être présent !
Dans l'Evangile de Jean, Jésus ne cesse d'expliquer aux disciples qu'il va les quitter, qu'il va partir. Cela remplit les chapitres 14, 15 et 16, au point qu'on les appelle "Les discours d'adieu." Ces chapitres sont des réflexions théologiques sur des questions qui préoccupaient les premières Eglises. Le Jésus qu'ont connu les disciples n'est plus présent en chair et en os. Comment la deuxième génération, et les suivantes, peuvent-elles continuer à vivre son absence et sa présence ? C'est aussi notre question : Jésus n'est plus là, mais nous proclamons qu'il est vivant et qu'il est présent dans nos cultes, dans nos vies, dans le monde.
Il a donc fallu se dégager de l'idée que nous avions besoin du Jésus terrestre, de l'idée que les Douze disciples avaient plus de chance (de croire) que ceux qui viennent après eux, que nous. C'est ainsi que Jésus va dire cette phrase étrange (au moins pour les disciples) : "Il est avantageux pour vous que je m'en aille" (Jean 16:7).
A. Il est vrai qu'il y a trois avantages pour le croyant. Le premier avantage se situe dans l'espace/temps. La personne historique du Jésus terrestre — parcourant les routes de Palestine au 1er siècle de notre ère, donc localisée dans le temps et l'espace — est remplacée par ce que Jean appelle le Paraclet et que les autres rédacteurs du Nouveau Testament appellent le Saint-Esprit.
Le Paraclet est le successeur de Jésus après des croyants, mais il est identique au Christ.  En effet, le texte dit "Le Père vous donnera un autre Paraclet" (Jean 14:16) Jésus étant le premier Paraclet. Paraclet signifie littéralement "celui qu'on appelle au secours de quelqu'un". La racine latine de même construction est ad-vocatus, l'avocat, celui qui prend la défense de quelqu'un. D'où l'idée de défenseur ou de consolateur. Le premier avantage est donc le passage du plan historique au plan universel ou cosmique. Le Paraclet, ou Saint-Esprit, peut être présent partout et dans tous les temps.
B. Cela conduit au deuxième avantage. Il est mis en avant spécialement dans l'Evangile de Jean, de par sa forme d'écriture, de rédaction, de construction.
On ne peut saisir le sens de la venue de Jésus dans le monde qu'à reculons, à partir des événements de Pâques. Ce n'est qu'un fois la mission de Jésus terminée qu'on comprend (a posteriori) le sens de chacun de ses gestes. (Comme dans un bon roman policier où tous les éléments mis en place petit à petit, mais apparemment sans lien, prennent tout à coup sens dans les dernières pages avec la clé de l'énigme).

Ainsi les disciples qui ont vu le travail de Jésus avant Pâques étaient dans l'impossibilité de comprendre ce qui se passait et qui il était ! C'est le travail du Paraclet de leur remémorer ce qui s'était passé et De leur enseigner le sens de tout cela. Aujourd'hui, nous ici à Bussigny, nous profitons de ce travail de remémoration et d'enseignement. Nous avons les évangiles et la Bible pour connaître et comprendre. C'est notre privilège de disposer de l'Ecriture. C'est un grand privilège par rapport aux disciples directs. Alors, profitons-en pour lire la Bible, comprendre et croire.
C. Le troisième avantage est lié aux deux premiers. D'abord Jésus est devenu universel par la venue du Paraclet. Ensuite il est devenu accessible à tous par la Parole contenue dans l'Ecriture sainte. Enfin, le départ de Jésus, extérieur à nous, ouvre la voie à la présence du Paraclet en nous.
La relation à Dieu ne passe plus par des marques externes (représentées traditionnellement par le Temple), mais par une vie intérieure (ce que Jean appelle le culte en esprit dans son dialogue entre Jésus et la Samaritaine (Jean 4 : 23)). C'est pourquoi Jésus peut affirmer à propos de l'Esprit : "vous le connaissez, car il demeure auprès de vous, et il est aussi en vous." (Jean 14 : 17). Il y a une intériorisation de la relation à Dieu. Notre quête de Dieu n'a pas à se tourner vers l'extérieur, vers le monde, mais vers l'intérieur. Nous avons à chercher celui qui habite en nous.
Déjà le prophète Jérémie s'élevait contre les signes extérieurs de la religion pour inviter à un retour à l'écoute de la voix de Dieu. Ecouter la voix de Dieu — ce que Calvin appelait "le témoignage intérieur du Saint-Esprit" — c'est abolir en nous les obstacles à la présence du Paraclet. C'est ouvrir une brèche où puisse souffler l'Esprit, par l'écoute de sa Parole et la prière; la prière étant le temps et l'espace qu'on se donne pour accueillir Dieu.
Dieu — présent ou absent — de nos vies, c'est notre choix, notre responsabilité. Il est là, présent en nous, il nous habite, il est prêt à nous donner ce que nous demandons, il est disposé à nous prendre à son service pour que nous puissions faire ce que Jésus a fait et plus encore : "En vérité, en vérité, celui qui croit en moi fera lui aussi les oeuvres que je fais : il en fera même de plus grandes, parce que je vais au Père."
Amen

© Jean-Marie Thévoz, 2007

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