Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Jean 15. "Demeurez dans mon amour"

Jean 15

28.5.2000

"Demeurez dans mon amour"

Ex 20 : 1-17    1 Jean 4 : 7-10    Jean 15 : 9-17


L'évangile de Jean est rempli de très beaux textes, qui sonnent bien, qui nous parlent avec des mots simples, mais qui se révèlent — à la relecture — assez difficiles à comprendre. On dirait que Jean joue à faire le plus de phrases possibles avec les mêmes mots, mais dans un ordre différent. Pourtant, il est clair que Jean veut nous faire connaître la pensée de Jésus, son message, sa révélation !
Dans le passage que nous avons entendu, le fil conducteur c'est "Demeurez dans mon amour" (Jn 15:9). "Demeurez / restez dans mon amour" est pour l'évangéliste Jean la clé de la vie chrétienne, ce qui différencie le chrétien de toute autre personne, ce qui différencie le christianisme de toute autre religion.
Demeurer dans l'amour de Jésus, ou du Père, est en même temps une situation passive et une attitude active. Le premier mouvement, l'initiative vient de Dieu. C'est lui qui nous aime en premier lieu, nous n'avons qu'à accepter cet état de fait, nous ne pouvons rien faire, ni pour ni contre cela. Ni nos mérites, ni nos fautes ou nos malheurs ne peuvent rien changer à cet acte divin. Dieu à choisi de nous aimer et de nous le dire !
Ensuite, seulement, vient notre réponse et notre engagement qui sont d'obéir aux commandement de Jésus. "Si vous obéissez à mes commandements, dit Jésus, vous demeurez dans mon amour, comme moi, j'ai obéi aux commandement de mon Père et que je demeure dans son amour" (Jn 15:10).
Jésus nous a précédé dans cette obéissance, il nous en a ouvert le chemin, il l'a rendue possible, accessible. Il faut bien voir ici le lien entre l'obéissance aux commandements et le fait de "demeurez dans l'amour de Dieu". On ne peut pas douter que Jésus demeurait dans l'amour de Dieu. Il faut prendre la mesure de ce que cela signifie. Rester dans l'amour de Dieu comme Jésus l'a fait, c'est être resté en bonnes relations, en communion étroite avec Dieu. C'est aussi, pour Jésus,  être resté fidèle à lui-même, authentiquement lui-même, avoir préservé et développé sa véritable identité, son être essentiel. Tout cela a été possible pour Jésus au travers de son obéissance.
C'est très important, voyez-vous, parce qu'aujourd'hui, l'obéissance a été jetée aux orties. L'idée de loi, d'une loi à respecter est devenue quasiment caduque, complètement ringard. On en voit l'effet sur notre société actuelle.
Deux choses sur la loi et l'obéissance à la loi. D'abord, dans la Bible, il est toujours affirmé que la loi est bonne. Le décalogue est donné par ce Dieu libérateur qui a sorti son peuple de l'esclavage en Egypte. Ce n'est pas pour le soumettre à un nouvel esclavage. La loi est au contraire le garant de la durée de cette libération.
Ensuite, c'est le Dieu d'amour qui donne la loi. Celui qui comprend que le don de la loi est un acte d'amour n'a plus de problème avec l'obéissance à la loi. Certes, la loi peut être utilisée de manière perverse, comme un moyen d'oppression, pour exercer une tyrannie, et cela s'est vu. Jésus — dans tout son enseignement — s'est battu contre l'emploi tyrannique de la loi et en faveur de la loi qui libère et qui protège. Voyez ses controverses à propos du sabbat, notamment contre l'interdiction de guérir un jour de sabbat. C'est pourquoi Jésus spécifie qu'il a obéi et qu'en conséquence il est resté dans l'amour du Père.
C'est pourquoi, aussi, il spécifie qu'il ne nous considère pas comme des serviteurs, mais comme des amis. Les serviteurs, les esclaves ou les subordonnés doivent obéir, exécuter des ordres sans comprendre, ce sont des marionnettes ou des robots. Au contraire, les amis, les égaux, les collaborateurs n'exécutent que ce qu'ils comprennent — en conséquence — ils peuvent accepter des tâches pénibles ou difficiles puisqu'ils en reconnaissent la visée et la pertinence.

"Je vous appelle mes amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j'ai appris de mon Père" (Jn 15:15).
Nous sommes dans le secret. Nous sommes au courant, informés de la visée des commandements de Dieu et de Jésus. Notre obéissance n'est pas une soumission, mais une adhésion, parce que nous trouvons bon le fait et le résultat de la loi, du commandement.
La révélation de l'Evangile, la Bonne Nouvelle, est venue au travers de l'enseignement de Jésus qui nous dit la vraie nature de Dieu : "Dieu est amour" (1 Jn 4:8). Il nous dit par conséquent la vraie nature de la loi, sa vraie visée : rendre possible l'amour entre tous les humains, d'où le commandement de Jésus "Ce que je vous commande, donc, c'est de vous aimer les uns les autres" (Jn 15:17).
La révélation de la bonne Nouvelle est venue au travers de la vie et de la mort de Jésus, parce qu'il a mis en acte cet amour en révélant la nature du mal. Le mal, c'est la lutte, la guerre des uns contre les autres pour des choses matérielles ou pour le pouvoir, la domination. Cette lutte, cette compétition était déjà signalée dans le dernier des dix commandements "Tu ne convoiteras rien de ce qui appartient à ton prochain" (Ex 20:17) car cette envie qui met deux désirs symétriques en compétition est l'amorce de toutes les violences.
Par sa vie, par sa mort, le Christ a montré comment chacun pouvait renoncer à cette quête de biens ou de pouvoir qui conduit à la mort. "Demeurez dans l'amour du Christ", vivre dans cet amour, c'est adhérer librement au commandement d'amour qui nous dit de renoncer à cette avidité qui détruit toute relation. Ce renoncement à la violence du monde — une violence tellement évidente aujourd'hui — est l'obéissance que Jésus nous demande, une obéissance qui ne vas pas nous laisser démuni puisque Jésus nous dit : "Ainsi, le Père vous donnera tout ce que vous lui demanderez en mon nom" (Jn 15:16).
Apprenons donc, chaque jour, à marcher dans les pas du Christ — loin de toute violence — pour demeurer dans son amour.
Amen

© Jean-Marie Thévoz, 2007

Les commentaires sont fermés.