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Zacharie 2. "Jérusalem doit rester ville ouverte !"

Zacharie 2

6.6.1999

"Jérusalem doit rester ville ouverte !"

Za 2 : 5-9    Rm 8 : 35-39    Mt 6 : 19-21


Ce matin, j'aimerais commencer par vous raconter un rêve. Voici ce que me disait la personne qui a rêvé :
« Je me trouvais sur une place de la ville. Là, je vis un géomètre qui transportait un de ces bâtons rouge et blanc et un ruban métrique. Comme il allait à la périphérie de la ville comme moi, je lui demandai ce qu'il projetait de faire, sur quel projet il travaillait. Il me dit qu'il faisait des mesures tout autour de la ville en vue de reconstruire les anciens remparts. A ce moment arriva à vélo un postier qui interpelle le géomètre : "Un télégramme pour vous, Monsieur !" L'ingénieur le déplie et le lit à haute voix :
« Jérusalem doit rester ville ouverte ! STOP Anciens murs trop étroits pour les habitants futurs STOP Autour de la ville, je serai une muraille de feu. Au milieu d'elle, je serai sa gloire STOP » Signé Dieu. »
Zacharie racontait ce rêve, cette vision aux habitants de Jérusalem. Ces derniers étaient récemment revenu d'exil, de Babylone. Ils étaient revenus dans une ville quasi fantôme et ils étaient préoccupés par leur sécurité, ce qui explique qu'ils aient été stressés et pressés.
Je crois qu'aujourd'hui nous ne sommes pas moins inquiets, moins pressés, moins stressés. On sent un sentiment diffus d'insécurité, qui vient autant des préoccupations internationales avec leurs retentissement chez nous (par exemple l'arrivée d'un nombre incertain de réfugiés) que des préoccupations économiques. Certes le chômage régresse, mais il reste des gens sur le carreau, à l'assistance alors que le RMR (revenu minimum de réinsertion) ou les rentes AI sont l'objet d'économies. Il y a aussi les préoccupations de notre Eglise, sur son avenir, sa réorganisation, sa restructuration avec son slogan utopique "faire mieux avec moins".
Au coeur de cette insécurité, Zacharie le prophète nous fait voir deux visions de l'avenir, celle du géomètre et celle de Dieu. La perspective du géomètre, c'est de reconstruire au plus vitre la muraille de Jérusalem pour la mettre à l'abri de toute nouvelle attaque. Il y avait là, autrefois, des murailles et elles ont bien servi; elles se sont révélées utiles bien des fois (sauf la dernière fois). Alors l'attitude prudente, rationnelle, raisonnable, c'est de reprendre les solutions qui ont marché.
Dieu connaît nos habitudes et notre besoin de sécurité. C'est pourquoi, il envoie un télégramme à Zacharie pour avertir le peuple. C'est la perspective de Dieu. Ce télégramme dit : "Halte ! Vouloir reconstruire le passé est une fausse solution !" Cela ne veut pas dire que les gens du passé avaient tout faux, simplement qu'entre-temps le monde a changé. Aujourd'hui, il faut apprendre à vivre sans les murs de protection du passé. Cela ne signifie cependant pas que nous soyons abandonnés à nous-mêmes, dans l'insécurité totale. Nous avons à apprendre à nous fier à d'autres protections.
"Jérusalem doit rester ville ouverte !" nous dit Dieu. Il y a deux raisons à cela.
La première, c'est simplement qu'à l'intérieur des anciens murs, Jérusalem ne pourrait pas accueillir toutes les familles que Dieu veut y rassembler. Il faut penser à l'avenir, au futur, il faut de la place pour les nouveaux habitants, il faut un pays, une ville, une Eglise ouverte pour tous ceux qui vont venir. Il faut des solutions nouvelles pour les nouvelles générations.
La deuxième raison, c'est que Dieu lui-même s'offre pour assurer notre sécurité. Il sera lui-même une muraille de feu autour de la ville. Ici Zacharie fait allusion à la tradition de l'Exode. Lorsque les hébreux ont enfin pu quitter l'Egypte, ils sont allés vers le désert, vers la mer Rouge. Mais le Pharaon a lancé son armé à leur poursuite. Les hébreux se sont retrouvés acculés à la mer. Alors Dieu a dressé une muraille de feu entre l'armée et son peuple pour le sauver.
En plus de cette protection, Dieu assure son peuple — donc aussi son Eglise et tous les croyants — de sa présence glorieuse. La gloire, c'est la présence de Dieu dans son Temple, et dès la Pentecôte, en chacun des croyants.
La véritable sécurité ne peut pas venir de mesures de protections extérieures, de remparts, de serrures ou de blindages. Pour nous sentir en sécurité, nous avons besoin d'être certains de ne rien pouvoir perdre dans les circonstances aléatoires de la vie. Nous avons donc besoin d'une assurance intérieure que  — quoi qu'il arrive — nous resterons entier. Une assurance intérieure qu'on ne peut rien nous voler, rien nous prendre, rien nous ôter. Cela implique de ne pas donner de valeur à nos biens. Au contraire, comme Jésus le dit dans son Sermon sur la montagne : "Ne vous amassez pas des richesses dans ce monde, où les vers et la rouille détruisent, où les voleurs forcent les serrures et dérobent. Amassez-vous plutôt des richesses dans le ciel, où ni les vers ni la rouille ne peuvent détruire, où les voleurs ne peuvent pas forcer de serrures ni dérober. Car là où sont tes richesses, là aussi est ton coeur" (Mat. 6:19-21).
La confiance dans les temps de changements — qu'ils soient géopolitiques ou internes à l'Eglise — ne peut pas reposer sur des frontières ou des structures, mais réside dans la force et la certitude intérieure. C'est notre être que nous avons à fortifier, à affermir. Cet affermissement vient de la confiance que nous plaçons en Dieu, confiance dans son amour. Un amour qui n'est pas paroles en l'air, mais se montre dans des actes concrets pour nous : Il a donné son fils unique pour notre vie. C'est pourquoi, comme le dit Paul aux habitants de Rome : "Oui, j'ai la certitude que rien en peut nous séparer de son amour : ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni d'autres autorités ou puissances célestes, ni le présent, ni l'avenir, ni les forces d'en haut, ni les forces d'en bas, ni aucune autre chose créée, rien ne pourra jamais nous séparer de l'amour que Dieu nous a manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur" (Rom 8:38-39).
Fortifiés intérieurement par cette assurance, nous pourrons nous ouvrir sans crainte (sans murs) aux autres et vivre l'expérience "d'amasser des richesses dans le ciel".
Forts de cet amour reçu, Jérusalem restera ville ouverte et l'Eglise restera une Eglise ouverte.
Amen

© Jean-Marie Thévoz, 2007


D'après "Jérusalem doit rester ville ouverte !", in Samuel Amsler, Le dernier et l'avant-dernier, Etudes sur l'Ancien Testament, Genève, Labor et Fides, 1993, pp. 323-327.

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