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Matthieu 18. "Devenez comme des enfants !"

Matthieu 18

13.9.98
"Devenez comme des enfants !"       
Mt 7 : 7-12    Mt 18 : 1-5


Chères paroissiennes, chers paroissiens,
Aujourd'hui, nous accueillons des enfants qui vont commencer ou poursuivre le culte de l'enfance. Pour certains, c'est peut-être un peu nouveau de se trouver dans cette église. Il y a beaucoup de choses à découvrir dans une église. Ce matin, j'aimerais attirer votre attention sur les deux vitraux que vous pouvez voir. (Dialogue avec les enfants sur ce qu'ils voient). Le vitrail de gauche montre une scène de la parabole du fils prodigue, lorsque le père accueille son fils à bras ouverts. Sur celui de droite, on voit Jésus qui bénit des petits enfants que leurs mères lui présentent. Les évangiles soulignent à quel point Jésus se souciait des enfants.
Dans le récit que vous venez d'entendre, c'est à un enfant que Jésus fait appel lorsque ses disciples se disputaient entre eux pour savoir qui était le plus grand. Pour régler leur dispute, ils se tournent vers Jésus. Ils espèrent probablement qu'il va les départager. "Qui est le plus grand dans le Royaume de Dieu ?", ce qui signifie : qui est le plus grand aux yeux de Dieu ?
Jésus ne tombe pas dans le piège de désigner l'un ou l'autre de ses disciples. Cela risquerait de créer une bagarre ou de diviser le groupe.
Jésus, alors, appelle un enfant et le place au milieu d'eux et il leur dit de changer leur état d'esprit pour devenir comme un enfant. Alors Dieu les accueillera tous.
Jésus ne fait pas un calcul de grandeur ou de quantité. Il ne fait pas de comparaison des qualités et des défauts de chacun. Dieu ne fait pas ces calculs, cette comptabilité. Dieu regarde ce qu'il y a dans notre coeur. Dieu regarde notre attitude fondamentale, notre être profond. Il cherche l'enfant en nous.
"Devenez comme des enfants !" Qu'est-ce que cela veut dire ? Jésus avait déjà dit la même chose à Nicodème qui lui avait répondu  qu'il ne pouvait pas retourner dans le ventre de sa mère ! Nous tous, adultes, nous nous sentons investis de responsabilités, nous ne pouvons pas les abandonner pour redevenir insouciants comme des enfants ! Nous avons un travail, nous ne pouvons pas aller jouer ! Nous faisons des choses sérieuses et importantes, nous ne pouvons retourner à la sieste !
Et puis, qu'est-ce que l'enfant a que nous n'ayons pas ? N'avons-nous pas l'impression que c'est quand même mieux d'être adulte que d'être enfant ? Ne disons-nous pas à nos enfants : "Quand tu seras grand alors tu pourras..." L'enfance ne serait que le chemin qui mène au but : être grand, responsable, travailleur...
Jésus, cependant, pense autrement ! Il y a dans l'enfance une qualité que l'adulte doit retrouver pour "entrer dans le Royaume de Dieu" comme dit Jésus. Dans notre recherche de cette qualité, on peut écarter tout ce qui paraît faire de l'enfance, un âge d'or, c'est un mythe de ce XXe siècle.
En fait, c'est un travail énorme de grandir, de découvrir le monde, d'être confronté à l'inconnu, d'être si petit dans un monde si grand, d'être si dépendant de ses parents. L'enfant, c'est celui qui n'a pas le pouvoir. Pas le pouvoir de répliquer au mal, de se défendre adéquatement, de trier le vrai du faux dans ce qu'on lui dit.
L'enfance peut être très heureuse dans son ensemble, mais elle est tout de même parsemée de situations difficiles et blessantes. Ainsi, personne ne sort-il intact de son enfance pour vivre sa vie d'adulte. Cette vie d'adulte est marquée par ces blessures qui restent souvent profondément enfouies et méconnues. Ces blessures conditionnent souvent longtemps nos comportements relationnels.

Aussi Jésus nous invite-t-il à retrouver en nous notre être d'enfant, ce qui consiste en deux choses :
1) reconnaître comment l'enfant en nous a été blessé, pour le guérir
2) reprendre contact avec l'enfant créatif et plein d'énergie qui se cache derrière l'enfant blessé.
Bien sûr, sous le terme "enfant" on parle de l'Etre fondamental qui nous habite et que nous sommes. Retrouver cet Etre véritable qui est en nous-mêmes, c'est retrouver la clé du Royaume de Dieu, comme le promet Jésus. Et si on lit attentivement le dernier verset de ce récit (Mat. 18:5) "Celui qui reçoit cet enfant, me reçoit moi-même", on constate que Jésus s'identifie même avec cet enfant en même temps blessé et créateur de vie. Cela est tout à fait analogue à sa destinée. Ce Jésus crucifié, c'est celui que Dieu a ressuscité. Cet enfant (blessé) en nous, c'est celui qui ressuscite aussi en nous lorsque nous reconnaissons sa souffrance et sa parenté avec nous.
Ce Dieu qui ressuscite Jésus est le Père qui fait vivre son Fils. La relation que nous avons au Père, n'est pas une infantilisation de l'être humain. C'est une relation nourricière. Dieu est ce Père qui fait revivre en nous l'enfant, qui en prend soin, qui l'entoure de sa tendresse. Comme le père du fils prodigue et comme Jésus qui accueille tous les enfants que l'on voit sur les vitraux de cette église de Bussigny.
Amen
© Jean-Marie Thévoz, 2007

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