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Jean 21. Reconnaître la présence de Jésus, de l'intérieur.

Jean 21

19.4.1998
Reconnaître la présence de Jésus, de l'intérieur.
Ezéchiel 36:24-28    Jean 21:1-14    1 Pierre 3:18-22


Chères paroissiennes, chers paroissiens,
Nous vivons, dans le calendrier de l'Eglise : le temps pascal, qui va de Pâques à Pentecôte. C'est le temps entre la résurrection et l'ascension, un temps où Jésus est apparu à ses disciples. C'est le temps de la présence du ressuscité parmi les hommes.
On pourrait s'attendre à des récits merveilleux, des retrouvailles fêtées, des discussions interminables sur les événements de Pâques. On pourrait s'attendre à ce que les disciples manifestent ces retrouvailles par de la vénération, par l'adoration, en se prosternant devant Jésus, etc.
Les évangiles ne nous racontent rien de ce type. Jésus apparaît et c'est à peine si ses disciples finissent par le reconnaître ! Jésus apparaît comme s'il était transparent, quasi invisible. Dans ses apparitions, Jésus est comme incognito. On ne le reconnaît pas par les sens, la vue ou l'ouïe, on ne le reconnaît que par la foi, dans des événement quasi périphériques, par ce qui se produit dans la vie des disciples.
Pas de discours, pas de nouvel enseignement de Jésus, seulement une présence discrète, par des paroles qui pourraient être dites par n'importe qui !
— N'avez-vous rien pris cette nuit ?
— Allez-y, recommencer, ça peut mordre.
— Venez, partageons notre repas... etc.
Dans ce récit de pêche, suivi d'un repas, l'évangéliste veut faire passer deux messages difficiles à tenir ensemble :
1) la présence de Jésus apporte une dimension inouïe, extraordinaire à la vie quotidienne
2) la présence de Jésus entre Pâques et l'ascension est vraiment très semblable à sa présence dans l'Eglise des années après l'ascension.
Les récits d'apparition sont des récits sur la présence de Jésus auprès des disciples de tous les temps. Ils ne sont pas propre au temps de Jésus. Ils sont contemporains de tous les chrétiens. Finalement, ce que les disciples contemporains de Jésus ont vécu, nous pouvons le vivre aussi. Il n'y a pas eu un âge d'or d'abord, puis un âge, disons de plomb, maintenant. Non ! La présence de Jésus au bord du lac de Tibériade et sa présence aujourd'hui sont de la même qualité : l'extraordinaire dans le quotidien.
Comme les disciples au bord du lac de Tibériade, nous avons à ouvrir les yeux et reconnaître la présence de Jésus dans notre univers quotidien.
Un inconnu marche sur le rivage de notre vie, il nous demande :
— alors, ça n'est pas bien allé ces derniers jours ? Que se passe-t-il ? Voulez-vous en parler ?
— Allez, jetez le filet dans l'eau de votre vie et voyons ce qu'on va en retirer cette fois-ci !
Il y a dans nos vies des moments de rencontre où l'on peut voir Jésus dans son interlocuteur.
Cela m'est arrivé, mais je suis aussi embarrassé que l'évangéliste pour dire en même temps :
1) l'extraordinaire que cela a apporté dans ma vie, d'être écouté et aimé de cette façon. Cela a valut plus que 153 poissons.
2) dire aussi que tout cela a passé par des mots et des gestes qui restent complètement banals.
Le surgissement de l'extraordinaire, c'est de voir tout à coup, avec les disciples, que ce Jésus est toujours présent et se manifeste à nous, de manière mystérieuse, mais réelle, sensible. Tout é coup, face à l'abondance de la pêche, face aux gestes du partage du pain, on peut se dire "Il est là, c'est le Seigneur !". La reconnaissance de la présence de Jésus ne provient pas d'un trait particulier de son visage ou de son corps — pas même ses mains ou ses pieds — la reconnaissance ne vient pas de la vue, de l'extérieur, la reconnaissance vient de l'intérieur, d'un sentiment, d'un ressenti particulier, lié à la qualité de la relation, lié à une impression de surabondance.
Tout à coup, on sent cette présence par la transformation intérieure qui s'est faite en nous. "Aucun disciple n'osait lui demander "Qui es-tu?" car ils savaient qui il était" (Jn 21:12).
"Ils savaient qui il était". La présence de Jésus incognito éveille quelque chose dans la vie intérieure du disciple, en nous. Cette présence rencontre un écho, touche un point sensible, ouvre en nous un espace nouveau.
C'est probablement ce qu'exprime le prophète Ezéchiel lorsqu'il parle de la promesse de Dieu de rassembler son peuple et de lui donner un coeur nouveau, un coeur réceptif.
Ce Jésus qui a vécu parmi nous, qui a souffert, qui est mort et ressuscité, ce Jésus est là encore aujourd'hui auprès de nous pour toucher et transformer nos vies et nos coeurs.
Proche de nous dans nos nuits, il nous invite à jeter le filet dans la mer de nos vies, pour en sortir l'abondance qui s'y trouve et la partager les uns avec les autres, comme le poisson et le pain rompu et partagé sur la plage avec Jésus.
Amen.
© Jean-Marie Thévoz, 2008

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