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  • Romains 5. Calvin 2009. Une Eglise réformée qui témoigne de la grâce de Dieu

    Romains 5

    18.1.2009
    Calvin 2009. Une Eglise réformée qui témoigne de la grâce de Dieu
    Jn 1 : 35-42    Rm 5 : 1-5    Rm 5 : 6-11

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Cette année 2009, nous célébrons les 500 ans de la naissance de Jean Calvin, le réformateur qui a eu le plus d'influence en Suisse romande et qui a marqué de son empreinte tout le protestantisme réformé (à côté des Luthériens et des Anglicans). Il est donc né en 1509 à Noyon (France) et mort à Genève en 1564. Je ne suis pas là pour vous dresser un portrait ou une biographie de Calvin. Si vous souhaitez entendre une conférence, saisissez l'occasion d'aller entendre la directrice du Musée International de la Réforme qui parlera mardi à St-Sulpice. *
    Ce qui nous intéresse maintenant, c'est la pensée théologique de Calvin, la nouveauté qu'il a apportée au XVIe siècle et qui continue à nous nourrir aujourd'hui. Mais l'Eglise ne prêche pas tel ou tel auteur, aussi grand soit-il. C'est à la parole biblique qu'il faut remonter.
    L'épître aux Romains a été une grande source d'inspiration pour Calvin, aussi ai-je choisi quelques versets du chapitre 5 et en particulier les mots qui me semblent particulièrement bien traduire, résumer, la pensée fondamentale de Calvin : "nous sommes maintenant en paix avec Dieu !" (Rm 5:1)
    Le sommes-nous, en fait, personnellement ? Pour l'apôtre Paul, c'est une affirmation programmatique, parfois traduite par "soyons maintenant en paix avec Dieu !" Affirmation programmatique, injonction : oui, nous pouvons, oui, nous avons la permission, la possibilité d'être en paix avec Dieu, parce que Dieu l'a rendu possible ! Dieu l'a voulu, Dieu l'a fait, Dieu l'a mis à notre portée, à notre disposition. Cette paix, il nous la donne : aurons-nous confiance et la prendrons-nous ?
    Mais nous revenons de loin ! Oui, nous revenons de loin, et Paul n'hésite pas à parler de nous comme "pécheurs" (Rm 5:8) et de parler de la "colère de Dieu" (v. 9) et d'ajouter "nous étions les ennemis de Dieu, mais il nous a réconcilié avec lui, par la mort de son fils" (v. 10).
    Cette bonne nouvelle du salut, Calvin veut la proclamer partout, en prédicateur et écrivain infatigable. Il prêchait souvent deux fois par jour à la cathédrale St-Pierre à Genève, prenant les livres bibliques un à un, versets après versets, en lecture continue; prédications que nous possédons encore grâce à un sténographe qui les relevait et les transcrivait.
    A côté de cela, Calvin a commenté tout le Nouveau Testament (hormis l'Apocalypse) et une bonne part de l'Ancien Testament; et rédigé l'Institution de la Religion Chrétienne, un résumé systématique de sa théologie qui était un petit livre dans sa première édition, puis, par remaniements et ajouts successifs, constitue aujourd'hui une suite de 4 tomes. Ces quatre livres suivent un plan précis qui nous disent beaucoup sur sa théologie et ce que je viens de vous dire sur ces quelques versets de l'épître aux Romains.
    Le premier livre, qui a pour but — dans les mots de Calvin — "de connaître Dieu en titre et en qualité de Créateur et souverain gouverneur du monde" nous place, tout petits devant la grandeur, la gloire de Dieu. Ce Dieu, maître de l'univers, aucun humain ne peut l'affronter. Personne ne peut tenir une minute debout devant lui ! Qui — s'il est sincère — pourrait laisser scanner sa vie, de la première à la dernière minute, et oser dire — sans mourir de honte ou de ridicule — "je me suis toujours bien comporté !"
    Nous sommes tous pécheurs devant la Loi et la justice de Dieu et il n'y a pas moyen d'en sortir. Est-ce désespéré ? Oui, tout a fait et complètement. Enfin, de notre côté, nous ne pouvons rien faire, mais Dieu a décidé de prendre les choses en main et de retourner la situation.
    Et c'est le deuxième livre de l'Institution de la Religion Chrétienne, intitulé "la connaissance de Dieu, en tant qu'il s'est montré rédempteur en Jésus-Christ, laquelle [connaissance] a d'abord été connue par les Père sous la Loi [Ancien Testament], et depuis nous a été manifestée en l'Evangile [Nouveau Testament]."
    Dieu a changé notre sort en nous montrant son visage à travers Jésus-Christ. Il n'a pas abandonné son exigence de justice, mais il y a ajouté sa grâce. Il n'a pas effacé la Loi, il a levé la condamnation. De sorte que si nous lui faisons confiance — la foi — nous pouvons vivre justifiés, avec la certitude de son amour et de sa bienveillance, avec la certitude que : "nous sommes maintenant en paix avec Dieu !"
    Cette certitude nous est donnée par le Saint-Esprit (Rm 5:5), "le témoignage intérieur du Saint-Esprit" dit Calvin. Le troisième livre de l'Institution de la Religion Chrétienne nous parle du Saint-Esprit et de "la manière de participer à la grâce de Jésus-Christ, des fruits qui nous en reviennent et des effets qui s'en suivent".
    Et finalement, le quatrième livre traite de l'Eglise et du gouvernement civil, comme "les moyens extérieurs ou aides dont Dieu se sert pour nous convier à Jésus-Christ son Fils et nous retenir en lui."
    En construisant —en quatre livres — le développement de sa théologie, Calvin reprend exactement le plan du Symbole des Apôtres, confession de foi ancienne et pratiquée dans l'Eglise catholique de son temps comme du nôtre. On voit là que Calvin n'a jamais souhaité établir une nouvelle Eglise, à côté de l'Eglise catholique, mais a toujours eu l'espoir de réformer toute l'Eglise et maintenir une Eglise universelle, pour tous les croyants, mais réformée sur la base de l'évangile biblique. Nous savons que, malheureusement, l'histoire n'a pas évolué dans cette direction.
    L'Eglise invisible, cependant, rassemble tous ceux qui acceptent la réconciliation offerte par Dieu en Jésus-Christ et qui peuvent dès maintenant vivre en paix avec lui. Cette Eglise n'est pas elle-même la lumière. Elle est seulement porteuse de la lumière de Dieu pour apporter ce message de paix, de réconciliation à tous les humains, à tous nos voisins et nos proches.
    A ce propos, j'aimerais partager une inquiétude. Au mois de mars, il y aura l'élection du Conseil paroissial et de divers Conseils régionaux. Avec les déménagements et les départs de conseillers et de bénévoles qui ont travaillés de nombreuses années, nous avons entre 10 et 12 places à repourvoir, dont 7 au Conseil paroissial. La relève s'annonce difficile et je vois la paroisse en danger.
    Merci de porter ce souci, cette inquiétude, dans vos prières, mais aussi dans vos réflexions personnelles et vos discussions avec votre entourage. De nouveaux disciples sont appelés, se lèveront-ils pour faire partager cette réconciliation et cette paix que Dieu nous offre ?
    Amen

    * la conférence est passée, mais on peut voir le calendrier des manifestations sur : http://www.calvin09.org/FR/home/accueil.html
    ou se référer à : Calvin sans trop se fatiguer, Christopher Elwood,  Mix & Remix, Labor et Fides, 2008
    © Jean-Marie Thévoz, 2009

  • Luc 2. L'homme calcule. Dieu ne compte pas sa grâce.

    Luc 2

    25.12.2008
    L'homme calcule. Dieu ne compte pas sa grâce.
    Gen 15 : 1-5 Apoc 7 : 9-12 Luc 2 : 1-20

    54… 55… 56…
    Excusez-moi, je fais le recensement, le compte des paroissiens de Noël ! Bussigny a — paraît-il —atteint les 8'000 habitants et Villars-Ste-Croix a dépassé les 600 habitants, mais le nombre total des protestants est en baisse sur notre paroisse.
    L'Evangéliste Luc place la naissance de Jésus au moment du recensement demandé à Quirinius par l'empereur César Auguste. Auguste semble avoir inauguré les recensements dans l'empire romain. Cela servait à déterminer le montant des impôts de chaque province : pas étonnant que cela laisse des traces dans les mémoires. Luc accroche la naissance de Jésus à ce souvenir historique. Il est possible que ce soit juste pour dater la naissance de Jésus, mais je pense qu'on peut y trouver un sens symbolique.
    Dénombrer le peuple, c'est un acte de pouvoir, de puissance. On peut aussi bien compter ce que cela va rapporter en impôts que compter le nombre de soldats que la population va fournir. C'est sûrement pour cela que les livres des Chroniques condamnent les recensements. Cela donne une puissance illusoire, qui repose sur les forces humaines, au lieu de compter sur Dieu seul.
    Le recensement évoqué dans le récit de la naissance de Jésus manifeste le pouvoir de l'empereur Auguste, qui ordonne "un recensement de toute la terre" (Luc 2:1). A cela s'opposent deux choses, d'abord la terre appartient à Dieu et lui seul peut en voir et éventuellement en compter toute la richesse, ensuite, à cette puissance, Dieu oppose un signe dérisoire : la naissance d'un bébé.
    Ce que Luc ne pouvait pas savoir, mais qu'il envisage, c'est que ce bébé va provoquer la chute de l'empire romain ! A la puissance de l'argent et des armes qui découle du recensement, Luc oppose juste une naissance.
    Oui, Dieu a une autre façon de compter que les humains, ou plutôt une autre façon d'être et d'agir, puisque Dieu refuse justement de compter — à l'opposé des êtres humains.
    Déjà à Abraham, Dieu promettait une descendance aussi innombrable que les étoiles du ciel ou les grains de sable du désert. Aux calculs de nos mérites, de nos heures de bénévolat ou de travail, de nos bonnes actions, Dieu oppose une grâce incalculable — souvenez-vous de la parabole du serviteur impitoyable (Mt 18:21-35).
    Au moment où l'empereur compte ses moyens, ses richesses, compte les humains comme des objets qui peuvent rapporter, Dieu donne, Dieu donne son fils aux êtres humains. Dieu nous donne son fils. Au moment où l'empereur dénombre, comptabilise, calcule son pouvoir, sa richesse, Dieu prend le risque de déposer son fils dans le monde, comme un cadeau à tous les humains, sans garantie, sans sécurité, mais avec l'espoir, la confiance en l'être humain qu'il sera reçu, accueilli.
    Marie et Joseph le reçoivent comme un cadeau. Les bergers le reçoivent comme un cadeau et viennent l'adorer. Ici ou là, des hommes et des femmes ouvrent leurs cœurs pour l'accueillir et marcher avec lui. Des disciples, des hommes et des femmes, font route avec lui, des apôtres, des prophétesses, des légionnaires, des marchands, des femmes d'affaires formeront la première Eglise après avoir recueilli sa parole. Une poignée de personnes — comme le levain dans la pâte — à chaque époque, reçoivent l'évangile, en vivent et le transmettent à la génération suivante. Une poignée de personnes qui transforment la société, le monde.
    On ne peut pas en faire le recensement, on ne peut pas les dénombrer, mais ils font — vous faites — partie de cette innombrable multitude — dont parle l'Apocalypse — qui s'avance pour louer Dieu.

    "Je regardais encore et je vis une foule immense ; personne ne pouvait compter tous ceux qui en faisaient partie. C'était des gens de toute nation, de toute tribu, de tout peuple et de toute langue. Ils se tenaient devant le trône et devant l'Agneau, habillés de robes blanches et avec des branches de palmier à la main." (Ap 7:9-10).
    Une foule que personne ne peut compter a accueilli Jésus, a ouvert son cœur, se nourrit de sa force pour avancer chaque jour. Cette foule n'est pas recensée par les administrations, elle n'est connue que de Dieu seul.
    Peut-être est-elle même un peu trop inconnue, anonyme, dans notre monde contemporain. Elle échappera toujours à l'administration et c'est une bonne chose, mais elle devrait être connue de nos voisins. A Noël, ne recevons-nous pas un cadeau — nous les chrétiens — que tous devraient connaître et pouvoir recevoir ?
    Dieu ne compte pas des dons, il donne avec abondance, il a assez de grâce et d'amour pour tout le monde. Ne gardons pas ce trésor pour nous seuls ! Prenons exemple sur les bergers qui repartent de la crèche pour rendre public ce qu'ils ont vu, ce qu'ils ont reçu, ce qu'ils ont vécu.
    Dieu a pris le risque de nous donner son fils dans cette nuit de Noël. Dieu ne compte pas ses bienfaits, mais il compte sur nous pour que nous diffusion cette bonne nouvelle : Dieu nous fait confiance, il nous a confié ce qu'il avait de plus précieux et de plus cher. Partageons la joie de ce trésor qui ne peut pas s'épuiser.
    Amen

    © Jean-Marie Thévoz, 2009