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  • Esaïe 56. En attendant que Dieu nous rassemble tous ensemble devant Lui.

    Esaïe 56

    8.11.2009
    En attendant que Dieu nous rassemble tous ensemble devant Lui.
    Es 56 : 1-8    Jn 4 : 19-30    

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Pour comprendre les paroles du livre d'Esaïe que nous venons d'entendre, il faut expliquer les circonstances qui prévalent lorsqu'elles sont dites. Ces paroles ouvrent la troisième partie du livre d'Esaïe, celle écrite après le retour de l'Exil à Babylone.
    Bref rappel des faits. En 587 av. J.-C. l'empire babylonien s'empare de Jérusalem, détruit le Temple de Salomon et déporte les élites du pays vers Babylone. Une partie des Israélites se réfugie en Egypte. C'est donc une dispersion et un exil. En 540, les Perses — avec Cyrus à leur tête — défont les babyloniens et permettent aux israélites de rentrer chez eux à Jérusalem.
    La situation au retour est difficile : (i) il s'est passé près de 50 ans entre le départ et le retour. (ii) Sur place les maisons et les terres des exilés ont été occupées, par ceux qui sont restés ou par des populations voisines, étrangères. (iii) Ceux qui arrivent d'exil de Babylone ou de leur refuge en Egypte sont des "secondos" ou des 3e générations. Ils ne sont pas bien accueillis. Ils ne sont pas reconnus comme des "autochtones", mais vus comme des étrangers.
    Il y a donc au moins trois catégories de personnes qui habitent le pays :
    - Les Israélites qui ne sont pas partis. Ils sont considérés comme des sortes de traîtres ou de collaborateurs par les exilés.
    - Les populations voisines qui ont profité du vide pour s'installer. Ils sont vus comme des étrangers et des païens.
    - Ceux qui reviennent, porteurs de leurs souffrances d'exilés ou de réfugiés, qui s'attendent à être accueillis et fêtés, mais qui sont vus comme dérangeants et quasi étrangers.
    Tout cela est générateur de tensions, tensions ethniques et tensions religieuses. Chacun essaie de justifier son droit à habiter le pays. C'est la période où chacun se construit une généalogie et des racines pour justifier sa place, son bon droit.
    C'est là que la Parole de Dieu est adressé au prophète pour dire à tous :
    "Mon salut vient pour ceux qui respectent le droit et pour ceux qui pratiquent la justice."
    Peu importe la généalogie, la provenance, l'origine, ce qui compte aux yeux de Dieu, c'est le droit, la justice et le respect du sabbat, c'est-à-dire de faire une place à Dieu dans sa vie. Et le prophète donne des exemples où la pensée de Dieu diffère de la pensée humaine : le sort de l'étranger et le sort de l'eunuque. Les deux ont une place dans le peuple de Dieu.
    C'est tout à fait choquant, c'est un retournement des positions précédentes ! Le Deutéronome (Dt 23:2) exclut les hommes mutilés de l'assemblée du culte. Il exclut même tous les handicapés du service dans le Temple (Lév 21:16-23). Et voilà que Dieu change la Loi. Même les eunuques, même les handicapés ont une place dans le peuple de Dieu, dans le service du Seigneur ! Halte à l'exclusion, à la discrimination, les exclusions sur l'apparence physique sont terminées.
    Et il en est de même avec les étrangers, continue le prophète. Ils sont inclus dans l'alliance de Dieu. Le mot d'ordre final c'est : "J'en ai déjà rassemblés, j'en rassemblerai d'autres encore." (Es 56:8).
    Et c'est bien ce qui va se passer avec Jésus. Jésus va lui-même reprendre ce passage d'Esaïe : "La maison de mon Père est une maison de prière pour tous les peuples." (Mc 11:17). Et comme toujours, Jésus le réalise en acte aussi.
    Il a toujours refusé l'exclusion par le handicap : il touche les aveugles et les sourds, il s'approche des lépreux. Il abat également les barrières des origines. Il guérit le serviteur d'un centurion romain, il va manger avec Zachée le collabo, il guérit la fille de la femme cananéenne et parle avec la Samaritaine.
    On voit par ces rencontres la liberté incroyable de Jésus. Les humains, les religieux mettent des barrières partout : entre les peuples, entre les hommes et les femmes, entre les confessions et les religions. Jésus, dans ses relations, casse toutes ces barrières. Il est libre, totalement libre. Et il nous invite à cette même liberté.
    Dans le dialogue avec la Samaritaine, il est question de lieux de culte, ceux autorisés et ceux qui ne le sont pas. Et Jésus sort de cette logique. L'important, c'est d'adorer Dieu en esprit et en vérité. Chacun peut adorer Dieu dans son lieu, ce qui se passe dans le présent n'est pas important. Chacun peut adorer Dieu dans son lieu, jusqu'à ce que la révélation finale nous rassemble tous devant le Très-Haut.
    En attendant — semble nous dire Jésus — pas de discriminations, pas de vexations inutiles, pas de limitations humiliantes. Vivons de l'espérance du grand rassemblement final, ne soyons pas des obstacles au rapprochement, dans le présent, en dressant des barrières inutiles.
    Faisons ce que Dieu nous demande : "Respectez le droit et pratiquez la justice, car le salut que j'apporte est proche." (Es 56:1)
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2009

  • Matthieu 5. Le monde n'a pas besoin de plus d'objets, mais de plus de présence.

    Matthieu 5

    1.11.2009
    Le monde n'a pas besoin de plus d'objets, mais de plus de présence.
    Jn 14 : 15-17    Mt 5 : 1-10

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Les bénévoles engagés dans la Fête paroissiale ont reçu une invitation à participer à ce culte et à l'apéritif qui suivra tout à l'heure. Jésus de son côté est venu sur terre apporter l'invitation de Dieu à entrer dans le Royaume des cieux.
    Cette invitation de Jésus s'inscrit dans une longue tradition. Dieu s'est fait connaître à Abraham, un homme, une famille, puis à tout un peuple à travers Moïse, à une nation à travers David et les prophètes. Jésus ouvre cette invitation encore plus largement.
    C'est en voyant les foules autour de lui, qu'il voit à quel point chacun sur la terre a besoin de découvrir la présence de Dieu, découvrir la vraie forme de la Présence de Dieu auprès de tous les humains. En filigrane de son texte, Matthieu nous présent Jésus comme un nouveau Moïse. Depuis la montagne, il donne son enseignement. Les disciples sont à ses pieds et les foules en arrière-plan. Jésus, avec les Béatitudes et le Sermon sur la montagne, va donner un enseignement destiné aux croyants, mais dont la portée est universelle.
    Les huit Béatitudes présentent un enseignement choquant, paradoxal, qui confronte directement les valeurs du monde présent.
    Nous vivons dans une société de la performance, de l'efficience, de la production. Ce qui donne, aujourd'hui, de l'importance aux gens, c'est leur pouvoir d'achat, c'est leur visibilité médiatique, leurs coups d'éclat, leur agitation. Les gens ordinaires que nous sommes sont laissés de côté. Mais sommes-nous pour autant sans valeur ?
    A qui Jésus s'adresse-t-il depuis sa montagne ? A qui s'adressent les Béatitudes ? Qui sont ceux à qui Jésus offre son attention et ses promesses de bonheur ?
    Eh bien il parle (v.3) à ceux qui se savent pauvres en eux-mêmes, "pauvres en esprit", ce qui ne veut pas dire "faibles d'esprit" mais plutôt à court de souffle, essoufflés de courir tout le temps après la vie.
    (v.4) Il parle à ceux qui pleurent, à ceux qui sont affligés, à ceux qui vivent avec des blessures affectives, relationnelles.
    (v.5) Il parle aux doux, à ceux qui ne savent pas s'imposer, jouer des coudes, revendiquer haut et fort, qui s'effacent et s'inclinent.
    (v.6) Il parle à ceux qui aspirent au changement, qui en ont marre des passe-droits, des bonus indécents, qui sont scandalisé par le mépris des puissants.
    (v.7) Il parle à ceux qui sont miséricordieux (comme le mot à vieilli, nous sommes sûrement les seuls à l'utiliser encore !). Oui, il parle à ceux qui ont le cœur sur la main, à ceux qui écoutent leurs tripes, qui ouvrent leurs bras face à la souffrance des autres, ceux que leurs émotions submergent quand ils entendent parler du malheur des autres.
    (v.8) Il parle à ceux qui ont le cœur pur. Un cœur pur, c'est un cœur entier, sans mélange comme on le dirait d'une couleur, d'un pot de peinture. Ceux qui n'arrivent pas à mentir, à s'accommoder des petites compromissions si confortables pour justifier des comportements troubles.
    (v.9) Il parle à ceux qui recherchent la paix, que tout désaccord trouble, que les désunions rendent malheureux et donc qui mettent leur énergie à réconcilier, à rétablir le dialogue.
    (v.10) Il parle à tous ceux qui se font rabrouer parce qu'ils ont protesté contre les magouilles, de qui on s'est moqués parce qu'ils ont refusé d'aller dans le même sens que tout le monde, au nom de l'honnêteté et de l'intégrité.
    Dans ces Béatitudes, Jésus relève des attitudes simples, humbles, souvent silencieuses, mais toujours courageuses, droites, relevant de la fidélité à sa conscience. Et Jésus dit : c'est à vous qu'est ouvert le Royaume des cieux. Il ne cherche pas à débusquer les prix Nobel et les héros. Il ouvre le Royaume de son Père à chacun, à nous tous, qui nous reconnaissons dans ces portraits.
    Jésus ne va pas chercher les puissants, les performants, ceux qui ont réussi et sont au sommet. Jésus s'adresse à tous, à nous tous, même si nous nous sentons faibles, pas à la hauteur, malheureux, plein de chagrin ou de colère. Notre situation, quelle qu'elle soit, n'est pas un obstacle, elle est le lieu où Dieu nous rejoint. Elle n'est pas un obstacle, elle est le chemin qui nous conduit au Royaume des cieux.
    Jésus retourne les valeurs de notre société, du monde, les valeurs qui reposent sur l'accroissement du matériel, sur la productivité et la performance.
    Quand nous sommes jeunes, nous pouvons nous laisser aller à cette illusion de bonheur. Mais maintenant, quand notre position ou notre situation change, quand l'âge diminue nos forces, nous ne pouvons plus croire à cette illusion. Nous avons à changer de valeurs, à nous convertir et passer de la production matérielle au service, passer du service à la relation, passer de la relation à la présence.
    A travers les Béatitudes, Jésus nous montre un chemin qui quitte le monde du faire (faire toujours plus) pour aller vers l'être. L'être avec les autres, et l'être devant Dieu.
    Le monde n'a pas besoin de plus d'objets, mais de plus de présence. Jésus nous enseigne à être présent, à nous-mêmes et aux autres, en nous révélant la Présence du Père. Le Royaume des cieux promis, c'est un espace de relations, où personne n'est seul, où personne ne pleure sans être consolé, ne porte sa peine sans recevoir du soutien, où personne ne reste dépourvu devant l'injustice, où chacun peut manifester sa compassion, où la présence de Dieu se voit dans les regards d'affection des uns pour les autres, où la paix fait son chemin, où ceux qui souffrent de moqueries ou du dénigrement sont portés et réconfortés.
    Voilà le Royaume des cieux que Jésus offre. Voici le Royaume des cieux que le Christ nous invite  à construire, ici, ensemble. Je rêve que l'Eglise, la paroisse, puisse en être le commencement. Allons-nous le faire ensemble ?
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2009

  • Exode 3. Moïse (4) L'être de Dieu est un être-avec : "Je serai avec toi."

    Exode 3

    11.10.2009
    Moïse (4) L'être de Dieu est un être-avec : "Je serai avec toi."
    Ex 3 : 9-15 
    Deuxième lecture biblique, dans l'Evangile de Jean, Jésus révèle son identité de diverses manières :

    Je suis le pain vivant descendu du ciel. Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra pour toujours. (Jn 6:51)
    Je suis la lumière du monde. Celui qui me suis aura la lumière de la vie. (Jn 8:12)
    Je suis le bon berger. Le bon berger donne sa vie pour ses brebis. (Jn 10:11)
    Je suis la résurrection et la vie.  Celui qui croit en moi vivra même s'il meurt. (Jn 11:25)
    Je suis la vigne, mon Père est le vigneron, vous êtes les sarments. Celui qui demeure uni à moi porte beaucoup de fruit. (Jn 15:1+5)
    Je suis la porte. Celui qui entre par moi sera sauvé. (Jn 10:9)
    Quand vous aurez élevé le Fils de l'homme, vous reconnaîtrez que "je suis celui que je suis". (Jn 8:28)

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Moïse est devant le buisson ardent, ce buisson du désert du Sinaï, qui brûle, mais ne se consumme pas. Dieu a interpellé Moïse, lui a dit qu'il avait vu la situation d'esclavage des fils d'Israël en Egypte et qu'il veut les délivrer. Et Dieu mobilise maintenant Moïse : "Je t'envoie maintenant vers le Pharaon ! Va, et fais sortir d'Egypte, Israël, mon peuple !" (Ex 3:10) Mais Moïse a peur, il se sent incapable, la tâche est trop grande, il ne sent pas à la hauteur.
    L'appel de Dieu nous prend toujours au dépourvu, par surprise, et combien d'excuses ne trouvons-nous pas pour y échapper. La réponse de Dieu est intéressante. Il ne dit pas : "Tu … Tu es capable; tu n'as rien à craindre; tu peux le faire… Non ! Dieu répond à Moïse en disant "Je… Je serai avec toi" (Ex 3:12).
    Et à la question de Moïse : "C'est de la part de qui ?" Quand les Israélites me demanderont qui m'envoie, quel nom devrais-je dire ?" (Ex 3:13). Dieu répond aussi en "Je" Dis-leur "JE SUIS" m'a envoyé. Mon nom est "JE SUIS." Je suis celui que je suis, ou Je suis celui qui suis. Là se trouve la révélation du nom de Dieu, celui que les juifs s'interdisent de prononcer, le tétragramme, c'est-à-dire les quatre lettre YHWH qui forment le nom sacré de Dieu.
    zzzzz
    "Je suis", "je serai", ce qui a conduit à le traduire aussi par "l'Eternel" comme dans le Ps 23 : "L'Eternel est mon berger." L'Eternel, l'Existant, l'Etant, l'Etre. On peut donc voir Dieu comme le fondement, la fondation de tout ce qui existe, de notre être à nous aussi. C'est lui qui nous fait exister, être, qui nous fait vivre.
    Cette révélation à Moïse se passe dans un contexte historique et géographique précis. Moïse est en exil, les fils d'Israël souffrent en Egypte où ils sont maltraités. Et là, Dieu se révèle à Moïse dans un but précis : aller au secours de son peuple, intervenir en leur faveur.
    L'être de Dieu n'est pas hors du temps, hors de l'espace, dans une éternité immuable et inaccessible. L'être de Dieu est un être-avec : "Je serai avec toi." Comme Esaïe le dira plus tard : "Emmanuel", Dieu avec nous (Es 7:14).
    Si Dieu est le fondement de l'être, il est aussi dans l'action. C'est un Dieu qui entend nos plaintes, qui voit nos situations, qui comprend ce que nous vivons et qui envoie un intervenant pour délivrer son peuple. Dieu mandate Moïse pour intervenir auprès de Pharaon pour qu'il laisse sortir d'Egypte son peuple bien-aimé. Nous connaissons la suite de l'histoire, la délivrance et l'installation en terre promise.
    Sautons encore quelques siècles, jusqu'au temps de Jésus. L'évangéliste Jean nous rapport des paroles de Jésus disant :
    Je suis le pain de vie
    Je suis la lumière du monde
    Je suis le bon berger
    Je suis la résurrection et la vie
    Je suis la vigne
    Je suis la porte de l'enclos
    et encore :
    Quand vous aurez élevé le Fils de l'homme, vous reconnaîtrez que "je suis celui que je suis."
    Très clairement, l'évangéliste Jean fait référence à ce récit du Sinaï pour nous dire que ce Jésus est bien Dieu lui-même. L'apôtre Paul — avant Jean — ne faisait rien d'autre lorsqu'il disait que le Christ est "l'image même de Dieu" (1 Co 4:4) et que ce qu'il prêche c'est "Jésus-Christ comme Seigneur" (1 Co 4:5).
    Dire "Jésus-Christ est le Seigneur" c'est affirmer que Jésus-Christ est Dieu, qu'il est le Dieu qui s'est révélé à Moïse dans le désert. Dans le Dieu qui se révèle à Moïse dans le tétragramme, Jésus-Christ est déjà présent (c'est le sens de la Trinité).
    Le Nouveau Testament est la continuation de la révélation à Moïse dans le désert. Jésus est le vrai visage de Dieu. Lorsque nous découvrons la personne de Jésus dans les évangiles, dans les lettres du Nouveau Testament, nous approchons de Dieu, nous découvrons Dieu lui-même.
    L'évangéliste Jean ne peut être plus explicite lorsqu'il rapporte les paroles de Jésus : "Celui qui m'a vu a vu le Père" (Jn 14:9). Nous n'avons pas besoin d'aller dans le désert, de monter sur le Sinaï, Dieu s'offre à nous en Jésus-Christ, dans sa Parole. Il est là — tout proche — à notre portée. Et nous pouvons le mettre à la portée de tous, de nos enfants, de notre famille.
    Dieu a appelé Moïse pour une tâche de délivrance. Dieu a assuré Moïse de sa présence auprès de lui pour réaliser cette tâche. Dieu nous appelle aussi pour communiquer autour de nous, à nos enfants, la bonne nouvelle de Jésus. Jésus est Dieu avec nous, dans nos vies comme nourriture (le pain descendu du ciel), comme lumière, comme guide, comme vie, comme joie, comme accueil. Laissons-nous imprégner de cette révélation de Dieu et marchons confiants dans la vie.
    Amen

    © Jean-Marie Thévoz, 2009