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  • Exode 3. Moïse (3) Dieu vient sanctifier notre réalité, aussi banale soit-elle.

    Exode 3

    4.10.2009
    Moïse (3) Dieu vient sanctifier notre réalité, aussi banale soit-elle.
    Ex 2 : 23 — 3 : 8 Jn 4 : 19-24

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Nous retrouvons Moïse dans son parcours à la rencontre de Dieu. Nous avons vu comment il a grandi à la cour du Pharaon et fait l'apprentissage du pouvoir exercé avec violence. Vu comment il a découvert ses origines, son peuple, et les violences qu'il subit jour après jour. Partagé entre ces deux origines, Moïse s'exile au désert où il découvre une autre façon d'être dans la vie nomade du désert.
    Moïse est un homme en chemin, à la recherche de lui-même, de son identité et de sa personnalité. Cette découverte de lui-même, de soi-même, ne peut se faire sans être confronté à Dieu lui-même. Le récit de ce matin nous raconte donc la rencontre entre Moïse et Dieu, ou plutôt entre Dieu et Moïse. Car ce qui apparaît d'abord, c'est que c'est Dieu qui interpelle Moïse.
    On ne nous présente pas Moïse en quête de Dieu, ou en prière, ou en pèlerinage… Le récit nous parle d'abord de Dieu, puis de Moïse et ensuite encore de Dieu. C'est Dieu qui aborde Moïse, c'est Dieu qui se révèle à nous. En dehors de ce mouvement de Dieu vers nous, Dieu serait totalement inaccessible.
    C'est lui qui fait le premier pas. En même temps, Dieu n'est pas totalement inaccessible, parce qu'il tend l'oreille vers nous. Les derniers versets du chapitre 2 nous disent : "Les Israélites, du fond de leur esclavage, se mirent à gémir et à crier, et leur appel au secours monta jusqu'à Dieu. Dieu entendit leur plainte et se souvint de son alliance avec Abraham, Isaac et Jacob. Il regarda les Israélites et se rendit compte de leur situation." (Ex 2:23-25).
    Dieu entend, Dieu se souvient, Dieu voit, Dieu re-connaît leur situation. On voit qu'avant de nous aborder, Dieu étudie dans quelle situation nous nous trouvons, il regarde, il écoute, il cherche à savoir et lorsqu'il sait ce qui se passe, ce que nous endurons, il intervient.
    Comment intervient-il ? Par un jour tout ce qu'il y a de plus ordinaire, alors que Moïse conduit les troupeaux de son beau-père vers leurs pâturages, au-delà du désert. Moïse voit — au loin — quelque chose d'intriguant. Ce qui se passe n'est pas sous les yeux de Moïse, ce n'est pas directement sur son chemin, c'est en marge, c'est de côté, c'est à l'écart.
    Le texte nous dit clairement : "Moïse décida de faire un détour pour aller voir." (Ex 3:3) Liberté que Dieu nous accorde : décider d'aller voir, ou non ! Difficulté pour nous : faire un détour, se laisser entraîner hors du chemin tracé, se laisser dérouter, sortir de nos routes, de nos ornières ou de nos habitudes. Oui, difficulté des "pas évident", des "ça va me prendre du temps", du "qu'est-ce qui va m'arriver ?" ou du "qu'est-ce que les autres vont penser ?" Faut-il que je sorte des sentiers battus pour aller vers Dieu ?
    Moïse fait ce détour, il se laisse dérouter, se laisse intriguer. C'est une fois le détour commencé que retentit l'appel de Dieu : "Moïse, Moïse !" La rencontre avec Dieu commence lorsqu'il nous voit faire un pas hors de nos routines, dès que nous faisons le premier pas dans sa direction.
    Et voilà que, bizarrement, Moïse se fait arrêter dès ce premier pas. "Ne t'approche pas de ce buisson, enlève tes sandales, tu te trouves dans un endroit consacré." (Ex 3:5) Qu'est-ce que ce buisson qui brûle sans se consumer ?
    Pourquoi un buisson ? N'est-ce pas un peu petit pour abriter Dieu ? N'aurait-il pas fallu un olivier centenaire ou un figuier ou mieux un grand cèdre, quelque chose à la mesure de Dieu ? Non, c'est un buisson, un chétif buisson du désert, un arbuste vulgaire, sans prétention, qui ne fait d'ombre à personne, négligeable… Une façon de nous dire que Dieu habite nos réalités les plus simples, les plus banales, notre réalité quoi !
    Et le feu ? Le feu évoque le monde d'en haut, le divin. Le divin vient habiter la simple réalité, pour l'illuminer sans la détruire. La démesure est telle entre le divin et le terrestre que l'on pourrait craindre que notre réalité soit immédiatement détruite par le contact du divin, comme la matière au contact de l'anti-matière. Dieu nous rassure, il n'en est rien. L'intention divine est d'habiter notre réalité sans la détruire, seulement d'y mettre sa chaleur et sa lumière. Dieu veut illuminer nos réalités du dedans.
    Enfin, ce caractère divin du feu, du buisson, illumine, contamine tout ce qui l'entoure. L'endroit devient saint. Là où Dieu vient habiter, il sanctifie ce lieu. Dieu vient sanctifier — rendre saint — notre réalité, nos réalités, aussi banales soient-elles. Comme le pain du boulanger et le vin du vigneron deviennent Présence du Christ pour nous dans la Cène, toute réalité peut devenir porteuse de la Présence de Dieu.
    Nous pouvons offrir la réalité de nos vies, de nos personnes — notre travail, notre famille, nos biens — à Dieu pour qu'il les habite et qu'ils deviennent des actions, des personnes ou des biens sanctifiés. Dieu voit notre réalité, Dieu connaît nos situations et vient habiter notre monde.
    En Jésus, il est venu habiter notre monde. Par le saint Esprit, il vient nous habiter et nous devenons nous-mêmes le temple du saint Esprit, de sorte que — comme Jésus le disait à la Samaritaine — on peut adorer Dieu en esprit et en vérité dans n'importe quel lieu (Jn 4:24).
    A nous d'oser nous laisser dérouter, pour marcher dans les pas de Dieu, lui qui nous entend, qui nous voit et qui nous connaît.

    Amen

    © Jean-Marie Thévoz, 2009

  • Marc 4. Quatre façons d'être dans la vie.

    Marc 4

    27.9.2009
    Quatre façons d'être dans la vie.

    Mc 4 : 1-9    Mc 8 : 27-30
    Chers catéchumènes, chers parents, chers paroissiens,
    Qui est Jésus ? La question se posait déjà il y a 2'000 ans ! Jésus lui-même pose la question à ses compagnons de route, à son équipe — qu'on appelle les disciples. "Qu'est-ce que le gens disent de moi ?" (Mc 8:27) et "Pour vous, qui suis-je ?" (Mc 8:29). Il y a ce que les autres disent et il y a ce que je pense, au plus profond de moi, au plus profond de chacun.
    Qui est Jésus ? A chacun de faire sa recherche, à trouver sa réponse personnelle, et le catéchisme, comme le temps partagé au culte, sont des lieux où faire cette recherche, ce chemin. Qui est Jésus ? Il y a les titres traditionnels : Messie, Fils de Dieu, Seigneur. Mais ils ne nous disent plus grand chose, parce qu'ils sont déconnectés de notre réalité.
    Il faut chercher des titres nouveaux, qui nous parlent. Selon les personnes ou les circonstances, on pourrait dire : C'est mon guide de montagne ou mon guide du Routard; c'est mon GPS, c'est mon cadeau du ciel… c'est mon kit de survie, c'est mon accompagnant, c'est la musique qui embellit mes journées… A vous de faire preuve d'imagination et de poésie.
    J'aimerais vous proposer de le voir ce matin, avec la parabole, comme le Semeur de vie dans nos existences. Jésus raconte la parabole du Semeur pour nous parler de lui et de notre vie à nous. Comment être heureux dans la vie, comment recevoir ce qui nous arrive dans la vie pour le transformer en bonheur, en réussite, en vie accomplie ?
    Dans cette parabole, Jésus nous présente quatre attitudes face à la vie, face à ce que nous recevons, à ce qui nous arrive. Mais regardons d'abord ce qui est semé, ce qui nous est donné.
    a) Ce qui nous est donné ce sont des graines. Ce qui nous arrive, c'est le germe de quelque chose d'autre. Ce qui nous arrive doit donc être transformé pour s'épanouir. Ce n'est pas le bonheur direct, tout de suite. C'est quelque chose qui contient du bonheur en germe. C'est à nous de le faire germer et pousser, de lui donner la possibilité de se transformer, de grandir et de donner du fruit.
    b) Ensuite, ce qui est donné est donné partout et à tous. Le Semeur sème sur tous les terrains. Le bonheur n'est pas réservé à certains plutôt qu'à d'autres. Le Semeur est généreux, il donne à tous de la même façon, il nous fait confiance, il met de l'espoir en nous, en nos capacités d'accueillir les cadeaux de la vie.
    c)  Finalement, c'est la façon d'accueillir ce qui nous est donné, ce qui nous arrive, qui fait la différence. Jésus nous présente quatre terrains différents, quatre façons d'être dans la vie et de faire son bonheur ou son malheur.
    1. Première image. Le chemin nous donne l'image d'une terre piétinée, tassée, fermée, imperméable. Oui, il arrive que certaines personnes se ferment à la vie, à tout ce qui arrive, s'enferment en elles-mêmes. Les cadeaux de la vie arrivent pour ces gens aussi, mais ils sont trop fermés pour les prendre pour les ouvrir et voir ce qu'il y a dedans. C'est l'attitude : "je ne veux rien entendre, rien savoir." Ou bien "je connais déjà tout cela, cela ne m'intéresse pas." Une bonne façon de passer à côté d'un tas de bonnes choses.
    2. Deuxième image. La terre caillouteuse, empierrée. Il y a de la terre, un peu, et les graines germent, font des pousses, mais pas de racines et elles sèchent. Ces gens-là accueillent les nouveautés avec enthousiasme, "c'est génial… je veux essayer, montre-moi !" Mais si elles n'arrivent pas tout de suite à le faire, si elles rencontrent un obstacle, s'il faut faire des efforts, persévérer, ces personnes abandonnent. "C'est décevant, je n'arrive pas, je suis nul."
    On peut se pourrir la vie à vouloir tout réussir tout de suite et parfaitement. Ou à vouloir tout essayer et ne rien faire jusqu'au bout. Les choses, la vie, a besoin de temps et d'approfondissements, de persévérance et d'efforts. Ce n'est pas drôle, mais c'est comme ça. C'est le terrain pierreux. On s'enflamme et on s'éteint.
    3. Troisième image : les ronces. Jésus parle encore d'un troisième type de personnes, celles qui se laissent envahir par tout ce qui les entoure. Elles reçoivent les cadeaux de la vie, mais il y a toujours quelque chose qui leur fait du souci. "Je suis invité à une fête, chouette. Mais comment est-ce que je vais m'habiller ? Qu'est-ce que les autres vont penser de moi ? Qu'est-ce que je vais leur dire ? C'est l'angoisse, je fais mieux de ne pas y aller."
    Ou alors, on se laisse envahir par les distractions : "pourquoi est-ce que je m'affale devant la télé pour voir ces âneries plutôt que de lire le livre que je me suis acheté ?" Ou alors, une fois qu'on a choisi quelque chose, on regrette immédiatement l'autre truc sur lequel on hésitait et on vit dans le regret.
    4. Bon, jusqu'à maintenant, personne ne s'est reconnu, parce que vous êtes tous comme la bonne terre qui reçoit les graines et qui produisent plein de grain, c'est la quatrième image. Cet idéal auquel nous aspirons tous, mais que nous avons tellement de peine à atteindre.
    Eh bien, Jésus se propose comme guide pour nous conduire à devenir ce terrain accueillant où faire germer et pousser le bonheur. Jésus sème de la vie dans nos existences et veut nous apprendre à devenir les jardiniers de nos vies, apprendre à bêcher, biner, sarcler la terre, à ôter les pierres et arracher les mauvaises herbes pour faire de la place à l'essentiel, à une vie qui porte du fruit.
    Le catéchisme, la lecture de la Bible, la prière personnelle, le culte sont des temps de découverte et de rencontre avec Jésus. Dans son enseignement, sa Parole, il nous donne le mode d'emploi de la vie. Il a envie que nous soyons heureux, que nous ayons une vie épanouie, des relations enrichissantes les uns avec les autres. Préparons-nous, préparons notre terrain à le recevoir, pour que notre vie fleurisse et porte du fruit en abondance.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2009