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Luc 17. Guérir dix lépreux et un aveugle

Luc 17

6.6.2010

Guérir dix lépreux et un aveugle

Col 3:12-15, Luc 17 : 11-19

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Chères paroissiennes, chers paroissiens,

Jésus guérit dix malades, dix lépreux. Voilà un grand miracle et une bonne nouvelle pour ces dix personnes qui souffraient. Elles sont guéries. Voilà ce que semble raconter ce passage de l'Evangile. Mais moi je vous dis que ce n'est pas ce que ce texte veut nous faire voir. Ce récit nous parle de la guérison d'un aveugle et je vais essayer de vous en persuader.

Jésus ne guérit pas dix lépreux, il guérit un aveugle ! Vous voyez maintenant ? Si vous ne voyez rien, je vais vous demander de fermer les yeux. Maintenant, vous pensez à votre voisin de banc et vous essayez de vous souvenir de quels habits il porte. Vous y arrivez ? Vous l'avez vu en entrant dans l'église et pourtant vous n'arrivez pas à retrouver son image.

Il y a des choses qu'on voit tous les jours, mais qu'on ne regarde pas. Ou bien des choses qu'on voit, mais qu'on ne déchiffre pas, qu'on n'arrive pas à lire : les traces d'animaux, une échographie. Dans la vie, on voit, mais sans voir vraiment, sans enregistrer ou sans faire les liens.

Je reprends le récit de la guérison des dix aveugles ! Oui, le texte dit qu'ils sont lépreux mais moi je vous dit qu'ils sont aveugles, comme nous. Jésus croise dix lépreux sur son chemin. Ils lui disent "aie pitié de nous !", c'est une façon de dire : fais quelque chose pour nous, nous sommes malheureux.

Jésus les regarde, il les regarde vraiment, comme pour mesure leur malheur, leur souffrance. Et il les envoie voir les prêtres. Il faut comprendre qu'en ce temps-là, ce sont les prêtres qui examinent les malades pour regarder s'ils sont guéris ou encore malades. Les prêtres doivent regarder si ces lépreux ont encore des taches de lèpre ou s'ils sont guéris.

Ce qui est intéressant, c'est que les dix lépreux doivent se décider à aller là-bas avant de savoir si ça va marcher ou pas, avant de savoir s'ils sont guéris. C'est une question de confiance en Jésus. Le texte nous dit que la guérison se passe en chemin. Et il y en a un de ces lépreux qui voit qu'il est guéri. Un seul d'entre eux voit — je dirai que les autres restent aveugles. Et quand celui-ci voit ce qui lui arrive, alors, il fait demi-tour pour retourner vers Jésus et il loue Dieu en chantant d'avoir été guéri. Il se précipite aux pieds de Jésus pour le remercier, pour dire toute sa joie de voir qu'il est guéri.

Jésus demande pour les neuf autres : "Ils n'ont pas été guéris ?" N'ont-ils pas été guéris puisqu'ils ne reviennent pas ? Qu'est-ce que vous en pensez ? Moi je pense qu'ils ont été guéris de la lèpre, mais qu'il n'ont rien vu. Ils sont toujours aveugles. Ils sont toujours aveugles, comme nous ! Guéris, mais aveugles !

Nous ne voyons pas que nous sommes en bonne santé. Un grand professeur français disait que la santé, c'est le silence des organes. Et si nous sommes malades, nous nous apercevons alors combien la santé était précieuse et combien elle nous manque, et combien nous ne nous rendions pas compte à quel point c'était fabuleux d'être en bonne santé. Malheureusement, dans notre société, nous ne nous rendons compte de notre bonheur qu'après l'avoir perdu.

" Tant qu'on a la santé…" Vous avez déjà entendu cette phrase. "Tant qu'on a la santé… tout va" mais aussi "Tant qu'on a la santé… on ne se préoccupe de rien." On ne fait pas le lien avec celui qui nous donne la vie. On ne fait pas demi-tour pour louer Dieu et dire notre bonheur et notre reconnaissance.

Le récit nous alerte : nous avons tous reçu la vie, nous avons tous un grand nombre de privilèges — ici plus qu'ailleurs — mais nous ne nous retournons pas pour savoir d'où ça vient, de qui nous tenons tout cela.

Nous restons aveugles au bonheur, nous ne voyons rien. Ce récit raconte comment dix lépreux ont été guéris et comment un aveugle retrouve la vue, comment il ouvre les yeux sur la vie, sur sa vie et voit tout à coup tout ce qu'il a reçu, tout ce dont il jouit, tout ce dont il profite. Alors il fait demi-tour et dit toute sa joie.

La reconnaissance est une attitude face à la vie qui se décline en trois phases. Dans un premier temps, il s'agit d'ouvrir les yeux. C'est un acte volontaire. Je vais regarder autour de moi ce qui me rend heureux, ce que j'ai reçu, ce que je reçois chaque jour.

Le deuxième temps, c'est de ressentir, laisser descendre ne soi ce qu'on voit. C'est une démarche émotionnelle. Se laisser ressentir comme cela fait du bien, d'être-là, de recevoir le sourire d'un ami, d'avoir réussi quelque chose. C'est ce qui est indiqué par le demi-tour du lépreux. Il a vu (première phase), il ressent et ça le met en mouvement (deuxième phase).

Enfin — et c'est l'étape la plus difficile pour le vaudois — c'est d'arriver à exprimer ce qu'on a ressenti. Dire ce bonheur, cette reconnaissance autour de soi. A celui ou ceux qui nous ont fait du bien, de qui on a reçu quelque chose. Et finalement à l'auteur de nos jours, à celui qui nous a donné la vie et mis toute la création à notre disposition.

L'homme guéri de la lèpre fait le lien entre Jésus et sa santé retrouvée et il vient le lui dire. L'homme est non seulement guéri dans son corps, il est à nouveau relié aux autres et à Dieu. Il a vu ce qu'il a reçu. Il a fait demi-tour et il exprime sa reconnaissance. Il a retrouvé la vue de son lien entre sa vie et Dieu. Il peut dire son bonheur.

A nous maintenant d'ouvrir les yeux sur notre vie et sur tous les cadeaux qui nous ont été faits et de trouver qui en remercier.

Amen

© Jean-Marie Thévoz, 2010

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