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  • 1 Samuel 24. David sort d'une situation sans issue.

    1 Samuel 24
    3.10.2010
    David sort d'une situation sans issue.

    Télécharger la prédication : P-2010-10-03.pdf


    1 S 24 : 1-8,  1 S 24 : 9-12+17-20,  Jn 13 : 34-35


    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Petit plongeon dans l'Ancien Testament ce matin avec cet épisode de la lutte entre Saül et David. Je rappelle brièvement le contexte pour comprendre cette situation, puis nous verrons qu'au delà de l'Histoire, ce récit nous dit des choses importantes pour nous et notre époque.
    Le récit nous reporte au début de la royauté en Israël. Le peuple a demandé d'être gouverné par un roi — comme les autres nations. Le prophète Samuel a consulté Dieu et Saül a été désigné comme premier roi d'Israël. Mais Saül prend des chemins de traverse et se détourne de Dieu, de sorte que Dieu lui retire son appui et choisit le jeune David comme futur successeur. David est d'abord au service de Saül, mais ce dernier le voit grandir en force et en autorité, il prend peur et cherche à le tuer. David s'enfuit et Saül le pourchasse pour le tuer.
    C'est dans ces circonstances que la rencontre que nous avons entendue se produit. Saül est parti avec la détermination de tuer David. Dans cette grotte, Saül était désarmé, à la merci de David et de ses compagnons. Pourtant, David renonce à profiter de son avantage, il laisse la vie sauve à Saül, mais s'arrange pour lui faire connaître son geste et discuter avec lui.
    C'est cette rencontre, et ce qui se passe dans le cœur, la tête et les mains de David, qui m'intéresse et qui me semble nous donner une leçon de vie. Il se passe quelque chose à trois niveaux : au niveau personnel, interpersonnel et universel. Nous allons voir un à un chacun de ces niveaux.
    Premier niveau, le niveau personnel. C'est ce qui se passe chez David, dans son corps, dans son cœur et dans sa tête. Vous l'imaginez : il est caché dans une grotte avec ses compagnons de lutte. C'est un homme pourchassé par Saül et son armée de 3'000 hommes. Et voilà que son bourreau se présente devant lui, en ombre chinoise sur l'ouverture de la caverne. Saül dépose son manteau, s'accroupit, certainement dos à l'obscurité de la caverne pour regarder la lumière de l'entrée, pour surveiller que personne ne vient de l'extérieur.
    David est là, dans son dos, l'épée à la main. Il n'a qu'un geste à faire pour mettre fin à toute cette poursuite, à toute cette persécution. David a tous ses compagnons derrière lui — et il sait ce qu'ils pensent : "Vas-y, tue ton ennemi. S'il est là c'est que Dieu lui-même l'a mis à ta portée pour t'en débarrasser…"
    Et le texte nous dit : "Le cœur de David se mit à battre très fort." Vous imaginez l'émotion. Vous imaginez l'envie ! Un geste et finis les soucis, finis les ennuis. Un geste et David est roi d'Israël, il sera aux commandes, pas juste l'éventuel futur roi.
    Eh bien, David vit cette émotion, mais ne se laisse pas dominer par elle. Il l'accepte, mais il refuse de se laisser diriger par elle.
    Dieu lui a promis la royauté. David fait confiance en Dieu pour la lui donner, pas pour la prendre. David choisit le contrôle de lui-même et renonce à la voie de la facilité. En grand chef, il maîtrise aussi ses troupes. Il coupe juste un pan du manteau de Saül comme preuve de son renoncement à tuer.
    Quand Saül est sorti de la caverne, David sort après lui et lui explique ce qui vient de se passer. Si David avait tué Saül, il n'y aurait pas ce dialogue. Le renoncement de David permet le passage au deuxième niveau : le niveau interpersonnel.
    A ce niveau interpersonnel, Saül et David étaient bloqués dans un schéma relationnel qu'on appelle "bourreau-victime" ou "persécuteur-victime." Dans la vision de Saül, il est lui-même victime. Puisque David va lui prendre la couronne, David est le bourreau. Pour échapper à ce rôle de victime, Saül pourchasse David, il inverse donc les rôles, mais ne sort pas du schéma "persécuteur-victime."
    Par son geste dans la caverne, David fait éclater le schéma, il ouvre une porte de sortie. C'est comme s'il disait à Saül : "Regarde, j'ai renoncé être ton bourreau, sors de ton rôle de victime et nous pourrons vivre côte à côte en bons termes. Je ne te veux pas de mal, tu peux arrêter sans risque de me pourchasser.
    Qu'est-ce qui permet à David de trouver cette troisième voie ? C'est le troisième niveau : le niveau universel ou divin. Dans le texte, c'est le respect dû au roi choisi par Dieu qui anime David. Plus largement, c'est la confiance qu'a David dans l'idée que sa vie est entre les mains de Dieu et que c'est Dieu qui va faire advenir ce qui lui est promis.
    Avec cette confiance fondamentale, pas besoin de tout faire — et faire n'importe quoi — pour faire avancer ses pions. Tous les gestes, tous les mouvements doivent être en accord avec le but, avec la volonté divine.  
    Visiblement, David a pour principe de ne pas rendre le mal pour le mal. Dans ce sens, David est bien une figure messianique. Il anticipe, dans ce principe, ce que Jésus a porté à son comble : toujours opposer l'amour au mal. Rendre le bien pour le mal qu'on vous fait.
    Dans le texte, cela est mis en évidence dans le dialogue entre David et ses compagnons d'armes. Ceux-ci disent à David : "Voici le moment annoncé par le Seigneur : il te livrera ton ennemi." Les compagnons d'armes de David lisent la situation comme "Dieu te donne l'opportunité de tuer ton ennemi." Mais David a une certaine idée de Dieu qui n'est pas un Dieu qui tue, mais un Dieu qui donne la vie.
    David est messianique parce qu'il voit Dieu comme Jésus nous le décrira 1'000 ans plus tard, comme un Dieu d'amour. David a déjà ce filtre pour interpréter les situations : "Aimez-vous les uns les autres, il faut que vous vous aimiez les uns les autres comme je vous ai aimé." (Jn 13:34)
    Il n'y a rien de plus dangereux dans notre monde actuel que les gens qui savent ce que Dieu veut, au plan géopolitique, et qui disent que Dieu veut la mort de tel ou tel.
    David nous enseigne que les circonstances ne nous disent rien — ni en blanc, ni en noir —sur ce que nous devons faire. Nous devons nous équiper d'un filtre qui nous permette de comprendre ce que Dieu veut de nous. Et dans le christianisme, ce filtre et celui du commandement nouveau, celui de l'amour.
    Toute situation, tout verset biblique, toute action doit être passée à ce filtre. Toute autre interprétation que celle du respect et de l'amour doit être retenue par ce filtre, pour ne laisser passer que des gestes, des actions qui augmentent la paix dans le monde. A la manière du geste de David qui nous sort du cercle et du schéma de la violence.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2010

  • Genèse 15. Combien y a-t-il d'étoiles visibles à l'œil nu dans le ciel ?

    Genèse 15
    26.9.2010
    Combien y a-t-il d'étoiles visibles à l'œil nu dans le ciel ?

    télécharger la prédication : P-2010-09-26.pdf
    Gn 15 : 1-6, 1 Jn 4 : 7-10


    Chers catéchumènes, chers parents, chers paroissiens,
    Vous avez entendu dans la première lecture ce dialogue entre Dieu et Abraham. Dieu promet à Abraham une grande récompense, de grands biens. Mais Abraham se lamente : que lui importent tous les biens de la terre, s'il n'a pas de descendants à qui les transmettre. Abraham a un grand vide, un grand manque dans sa vie, c'est de ne pas avoir d'enfant.
    Alors Dieu lui promet une descendance, une descendance nombreuse, aussi nombreuse que les étoiles dans le ciel ! Et Abraham lui fait confiance. Abraham a-t-il raison de faire confiance à Dieu. Dieu tient-il ses promesses ? Dieu a-t-il tenu sa promesse envers Abraham. Eh bien, nous allons vérifier cela ensemble.
    Combien de descendants Dieu promet-il à Abraham ? Dieu dit à Abraham "Regarde le ciel et compte les étoiles si tu peux. Tes descendants seront aussi nombreux." (Gn 15:5). Combien y a-t-il d'étoiles visibles à l'œil nu dans le ciel ? Combien pensez-vous qu'il y en a ? Sur internet, on nous dit qu'il y a environ 6'000 étoiles visibles à l'œil nu. 6'000 descendants, c'est un nombre atteignable, non ?
    Il y a deux façons de compter les descendants d'Abraham. D'un côté, ceux qui ont vraiment du sang (de l'ADN) d'Abraham. De l'autre côté, ceux qui se disent descendants spirituels d'Abraham, c'est-à-dire les juifs, les chrétiens et les musulmans. Là, il ne faut plus compter les étoiles à l'œil nu, mais on peut sortir les grands télescopes.
    Les descendants spirituels d'Abraham représentent 53% des habitants de la terre. Comme nous sommes 6,9 milliards d'êtres humains sur la terre à ce jour, 53% font 3,6 milliards de descendants spirituels d'Abraham. On peut dire que Dieu tient ses promesses.
    Eh bien, Abraham a eu confiance en Dieu. Il a fait confiance et il a eu raison, parce qu'il a eu des fils et il a eu la descendance promise. Parce qu'il a fait confiance en Dieu, parce qu'il a eu la foi, Abraham est devenu l'ancêtre, le père spirituel de tous les croyants et un exemple pour nous.
    Mais avoir un ancêtre, cela suffit-il ? Avoir un nom dans sa généalogie, quel sens cela a-t-il, si on ne connaît pas cet ancêtre, ou qu'il ne nous inspire pas nos pensées, nos actions, notre vie ? A voir le monde actuel, à voir les conflits, les tensions qui règnent dans le monde, il ne suffit pas d'avoir un ancêtre commun pour vivre en paix. Il faut plus qu'un nom, il faut un engagement et une inspiration.
    Comme chrétiens, nous reconnaissons que Jésus est celui qui a réactualisé les promesses de Dieu faites à Abraham. Qu'est-ce que Dieu nous promet à nous, aujourd'hui ? Il nous promet la vie, une vraie vie, une vie qui ait un sens, une vie qui nous comble. Comment Dieu nous la donne-t-il, comment cela est-il réalisable ?
    Comme pour Abraham, c'est une affaire de confiance. Vais-je croire, faire confiance que Dieu me donne ce qui est nécessaire à ma vie ? Vais-je ouvrir les mains, accepter de Lui ce cadeau ?
    Nous avons entendu une petite phrase qui résume toute la Bible pour les chrétiens : "Dieu est amour" (1 Jn 4:8). La foi, c'est reconnaître que Dieu est amour, qu'il nous veut du bien, qu'il nous fait des cadeaux. Allons-nous prendre ces cadeaux ou passer à côté ? Allons-nous ouvrir ces paquets ou regarder cela avec méfiance, ou considérer que cela est trop de travail de les déballer ou de construire ce qu'il y a dans le paquet. C'est vrai la vie nous arrive un peu comme un jeu de Lego, il faut construire soi-même à partir des pièces qu'on reçoit.
    La clé de la foi chrétienne, c'est de s'ouvrir pour recevoir. C'est d'accepter d'être aimé, accepter d'être accepté — tel qu'on est — par Dieu.
    Et puis, il faut découvrir qui est Dieu, qui envoie cet amour. Pour cela, nous avons une longue lettre d'amour qu'est la Bible. La Bible, c'est comme le ciel étoilé. Au début, quand on regarde le ciel, on ne voit que des points lumineux, sans ordre, sans forme.
    Il faut quelqu'un pour nous dire "regarde-là, tu vois cette forme de casserole, eh bien c'est la Grande Ourse. Et puis si tu continues vers le haut tu peux voir une autre casserole, c'est la Petite Ourse et l'Etoile polaire. Et puis là-bas, il y a le Lion et le Cygne, etc…" Et d'abord on dit : "Je ne vois pas, je ne vois rien" mais si on persévère, tout à coup on voit la forme : "ça y est, je vois…" et nous ne pouvons plus regarder le ciel sans voir ces formes !
    Le catéchisme sera un bout de cette initiation, les cultes seront un autre bout. Au début, vous ne verrez rien, vous ne comprendrez pas grand-chose, mais si vous persévérez, si vous faites confiance — comme Abraham — vous allez découvrir des formes et des repères — comme l'Etoile polaire — qui vous permettront de vous orienter dans votre vie, qui vous permettront de faire des choix et d'accéder à cette vraie vie, celle qui vaut la peine, celle qui a du sens, celle que Dieu promet. Et souvenez-vous, Dieu tient ses promesses, faites-lui confiance.
    Amen

    © Jean-Marie Thévoz, 2010