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  • Luc 16. La conversion du gérant habile

    Luc 16
    27.2.2000
    La conversion du gérant habile
    Luc 3 : 7-14      Luc 16 : 1-9

    Téléchargez la prédication ici : P-2000-02-27.pdf

    Franchement, qu'est-ce qu'on peut tirer de cette histoire, de cette parabole du gérant malhonnête et astucieux. Qu'est-ce qui a pris Jésus ce jour-là de nous raconter une histoire pareille ? Qu'est-ce qui a pris à Luc de placer cette histoire dans son Evangile ? En tout cas, son étrangeté est une garantie pour nous de son authenticité. Si Jésus ne l'avait pas prononcée lui-même, jamais personne n'aurait eu l'audace de placer ces paroles dans sa bouche.
    On pourrait comprendre que Jésus raconte cette histoire de gérant malhonnête en nous disant de faire le contraire, comme un contre exemple, comme une voie à ne pas suivre. Mais ici, la morale que Jésus donne à cette histoire est : "Le maître de ce gérant malhonnête le loua d'avoir agi si habilement." (Luc 16:8). Cette histoire immorale doit donc nous servir d'exemple !
    De quoi Jésus veut-il nous parler, que veut-il nous faire comprendre ? Reprenons l'histoire pour ne rien manquer :
    •     Un propriétaire apprend que son gérant gaspille ses biens.
    •     Il le convoque, lui annonce son licenciement, et lui demande d'établir le bilan de sa gestion, un inventaire, avant de partir.
    •     Le gérant est paniqué, il se voit sans avenir, sans ressource et sans ami. Il ne voit pas vers quelle activité se reconvertir. Il est perdu et cherche son salut. C'est là qu'il se révèle astucieux : avec les derniers pouvoirs qui lui restent, il allège les dettes de ses clients, avec l'espoir — pas forcément une assurance — que ces débiteurs soulagés, reconnaissants, pourront ou voudront bien le recueillir lorsqu'il aura perdu son emploi.
    C'est l'astuce, l'intelligence de cette dernière manoeuvre que le maître loue ! (sûrement pas le gaspillage de ses biens ou la remise des dettes de ses débiteurs).
    1. Première leçon à tirer : nous avons à être aussi inventifs et intelligents que les gens malhonnêtes dans nos missions, dans nos tâches, dans nos relations. C'est comme si Jésus nous disait : "Voyez quelle énergie les gens mettent à trouver des solutions habiles pour se sortir d'un mauvais pas. Mettez autant d'énergie à développer, à maintenir ou préserver les relations qui comptent pour vous !
    2. Deuxième leçon à tirer : voyez comme tant de gens transforment le bien en mal — on lit cela tous les jours dans les journaux — appliquez-vous avec autant de soin que ce gérant à transformer le mal en bien, les dettes en amitié. Le maître loue les efforts du gérant plus que les moyens utilisés ou les résultats obtenus.
    3. Et puis, il y a une troisième chose intéressante : lorsque le gérant est acculé, qu'il se sent perdu, il change complètement son point de vue, sa façon de faire, il opère un renversement complet, — ce que j'aimerais appeler une conversion. Lorsque l'argent va le lâcher (il va être renvoyé), il se tourne d'un coup vers le relationnel. Il change brusquement de cheval lorsqu'il réalise qu'il avait misé sur le mauvais. Il réalise que la seule chose importante dans la vie, et surtout dans les coups durs, c'est d'avoir des amis.
    La conversion du gérant est un changement de valeurs. Même plus, c'est un changement de système, de cadre de référence.
    Il a vécu pleinement dans le système économique de l'argent, profitant du système, jouant selon ses règles, peut-être se jouant des règles. Mais il prend conscience tout à coup — au moment d'en être éjecté — que ce système n'assure aucune sécurité. En vitesse, il essaie de convertir la valeur économique en valeur relationnelle, comme quelqu'un convertirait sa monnaie locale en pleine dévaluation en or ou en monnaie forte pour sauver ce qui peut l'être encore.
    Cette parabole nous confronte donc à l'existence de ces deux systèmes qui subsistent en parallèle : d'un côté, l'économie de l'argent (que l'Evangile nomme Mammon) et de l'autre, l'économie du Royaume de Dieu ou de l'agapè (l'agapè est le terme grec qui signifie l'amour dans le Nouveau Testament). Ces deux économies ne fonctionnent pas selon les mêmes règles.
    L'économie de l'argent fonctionne selon les principes de la rareté et de la compétition. Le gâteau a une certaine taille et si je veux une plus grosse part, quelqu'un en aura une plus petite.
    L'économie de l'agapè ou du Royaume de Dieu fonctionne au contraire selon les principes de l'abondance et du partage. Il y a une quantité illimitée d'amour et son partage ne fait que le multiplier.
    C'est pourquoi Jésus dit aussi, quelques versets plus loin :
    "Aucun serviteur ne peut servir deux maîtres; il haïra l'un et aimera l'autre; il sera fidèle à l'un et méprisera l'autre. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l'argent." (Luc 16:13).
    Ce qui signifie pour moi qu'on ne peut pas appliquer en même temps les règles de l'économie de l'argent et celle de l'économie de l'agapè. En d'autres termes, on ne peut pas appliquer les règles de l'économie de l'argent dans le domaine des relations interpersonnelles sans se détourner de ce que Dieu nous demande de vivre. Il est insensé d'être avare d'amour alors qu'on ne risque jamais d'en manquer.
    La conversion du gérant — qui lui vaut la louange du maître — nous encourage donc à réfléchir au type de règles (économiques) que nous mettons en oeuvre dans notre vie. La conversion du gérant nous encourage à miser sur l'économie du Royaume de Dieu pour nous en sortir, pour vivre pleinement.
                        *    *    *
    Reste à voir ensuite, comment nous pouvons mettre à profit l'économie de l'argent pour promouvoir l'économie du Royaume de Dieu, comme Jésus nous y exhorte lorsqu'il dit :

    "Et moi je vous dis : faites-vous des amis avec les richesses de ce monde, afin qu'au moment où elles viendront à vous manquer on vous reçoive dans les demeures éternelles. (Luc 16:9).
    Amen

    © Jean-Marie Thévoz, 2013

  • Matthieu 22. Accepter la gratuité de l'invitation de Dieu à la vraie vie

    Matthieu 22
    8.2.1998

    Accepter la gratuité de l'invitation de Dieu à la vraie vie
    Osée 2:18-22     1 Corinthiens 11:23-26     Matthieu 22 : 1 - 14

    Téléchargez la prédication ici : P-1998-02-08.pdf

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Vous venez d'entendre la lecture de la parabole de l'invitation au festin telle que l'évangéliste Matthieu l'a écrite. Cette même parabole se trouve aussi dans l'évangile de Luc (chap. 14), mais le texte en est un peu différent. Ce décalage nous montre que chaque évangéliste a reçu des témoignages des paroles de Jésus et qu'il les a retransmises avec sa marque personnelle. Cette parabole doit toucher la communauté pour laquelle Matthieu écrit. Matthieu y insère une relecture de l'histoire du salut et de l'histoire tout court. Cette relecture nous choque aujourd'hui parce qu'il y est question d'un Dieu qui châtie, tue et incendie. Matthieu avait besoin de comprendre et de faire comprendre le sens d'événements récents et bouleversants : la destruction de la ville de Jérusalem par les armées romaines. Cette destruction, cet incendie a bien eu lieu. Matthieu ne peut s'empêcher d'y voir l'action vengeresse de Dieu à l'égard de ceux qui ont refusé son Fils et l'ont conduit à la mort. Je laisse cette compréhension à la responsabilité de Matthieu, je n'arrive pas à l'assumer à mon tour.
    Je souhaitais faire cette petite mise au point pour que nous ne restions pas bloqués sur ce passage vengeur, mais que nous puissions nous tourner depuis maintenant vers le sens de cette parabole au-delà de cet épisode.
    Un roi lance une invitation, mais c'est l'échec. Un roi marie son fils, mais les invités ne viennent pas ! Voilà quelque chose de peu probable, même d'impossible. Qui peut refuser d'aller faire la fête ? Qui peut refuser de boire et de manger gratuitement ? Vous refuseriez, vous, deux invitations au restaurant, deux invitations au cinéma ?
    Le Royaume de Dieu est comparé à une fête, à un festin, à un banquet, mais il y a peut-être plus que cela. Lorsque Jésus parle du Royaume de Dieu, il en parle — toujours en parabole — comme d'une réalité à vivre déjà dans le présent. Il dit que le Royaume de Dieu s'est déjà approché, qu'il est pour maintenant. Le Royaume de Dieu n'est pas ce que nous en avons fait, une réalité qui intervient après la mort, la vie éternelle. "Y a-t-il une vie avant la vie" disait un graffiti à Lausanne. Le Royaume de Dieu c'est la vraie vie avant la mort, la vie qui vaut la peine d'être vécue, la vie remplie, riche de moments vrais.
    Et la réalité d'aujourd'hui, c'est que beaucoup de monde refuse de vivre cette vie-là. Il y a plein d'excuses pour ne pas vivre sa vie pleinement. "J'ai trop de travail en ce moment..." "Je serai vraiment heureux ... lorsque j'aurais enfin 18 ans et que je serai libre;  lorsque j'aurai pu me marier et fonder une famille; lorsque j'aurai une maison..." Il est facile de penser qu'on sera heureux plus tard lorsque ...
    Ceux qui raisonnent comme cela avancent des excuses pour ne pas répondre à l'invitation, parce que la vraie vie est possible dès maintenant.  Ceux qui raisonnent comme cela vont manquer l'invitation et le roi va inviter d'autres personnes à leur place.
    L'accès au Royaume de Dieu n'est pas réservé aux gens bien, aux gens religieux, aux purs ou aux sérieux, à ceux qui renoncent à tout ce qui fait la vie belle. Ceux qui peuvent venir, ce sont ceux qui acceptent de faire de leur vie une fête, ceux qui ont le désir d'être heureux. Même dans les difficultés ou la souffrance, on vit des moments vrais — souvent durs et pas faciles — mais des moments où l'amour passe véritablement entre les êtres.
    La vraie vie, voici l'enjeu de cette parabole. Dieu nous invite — mauvais et bons — à vivre la vie comme une fête, comme un banquet de noces et non comme une collation d'enterrement ou un pénible travail.
    Vivre auprès de Dieu — et qui est plus près de Dieu que les amis qui viennent au mariage de son fils — c'est s'ouvrir à une vie pleine, c'est ouvrir son coeur à nos proches, c'est être-là, dans le moment présent, c'est habiter chacun de ses gestes, sentir la proximité des autres, goûter à cette communion. Etre pleinement présent dans le baiser qu'on donne à ses enfants (à ses parents) lorsqu'on part pour le travail ou l'école.
    Celui qui vit sur cette terre, mais comme en passant, sans habiter ses gestes, sans goûter au bonheur, c'est quelqu'un qui n'honore pas l'invitation de Dieu à entrer dans le Royaume de Dieu. C'est ce que nous dit la deuxième partie de la parabole. Celui qui n'a pas d'habit de noces, c'est celui qui vit, tout en passant à côté de la vraie vie. Celui qui n'arrive pas à saisir ce qui est bon dans chaque instant de la vie, celui qui ne vit pas de moments vrais. Celui-là est déplacé dans la fête, il n'a pas sa place dans le Royaume de Dieu. Non pas que son accès lui soit refusé — le Royaume de Dieu n'est fermé à personne — mais que par définition, on ne peut pas être mort et vivant à la fois, être dans le Royaume de Dieu et ne pas vivre de la vraie vie.
    La phrase "il y a beaucoup d'appelés et peu d'élus" signifie dans ce contexte simplement la réalité que l'on constate autour de nous. Nous sommes tous appelés à vivre de cette vraie vie qui vient de Dieu, mais bien peu choisissent ce mode de vie, cette façon d'être.
    Le repas du Royaume de Dieu, il nous est donné de le vivre dans la sainte Cène. La sainte Cène, c'est les prémices du Royaume, la bande annonce du Royaume. C'est le même repas auquel nous sommes invités. Ce n'est pas une collation d'enterrement, c'est un repas de noces, les noces de Jésus avec son Eglise. C'est un repas de fête. Nous y sommes tous invités, bons et mauvais. Nous y sommes tous invités, pour notre joie.
    Cette invitation à la Cène, il nous est facile d'y répondre, puisque nous avons répondu à l'invitation du culte. L'invitation du roi est d'abord pour maintenant, mais elle est aussi pour les jours de semaine, pour l'entier de notre vie. Etes-vous d'accord de recevoir cette invitation à une vie renouvelée pour chaque jour ?
    Je m'adresse maintenant spécialement aux jeunes. Cette invitation à entrer dans la fête de Dieu, à goûter au bonheur qu'il donne est aussi pour vous. Cette invitation va tomber dans votre boîte aux lettres de façon très concrète, invitation à vous joindre aux JP ou à d'autres activités paroissiales. Allez-vous dire "oui" à ces invitations ?
    Réfléchissez-y tous. Le roi vous invite au mariage de son fils. Que lui répondez-vous ?

    Amen.
    © Jean-Marie Thévoz, 2013

  • Luc 5. Une foi porteuse.

    Luc 5
    3.2.2013
    Une foi porteuse.
    Luc 6 : 31-36     Luc 5 : 17-20

    Téléchargez la prédication ici : P-20130203.pdf


    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    "Jésus vit leur foi" (Lc 5:20). Jésus voit la foi de ces hommes qui descendent un homme paralysé au travers du toit pour l'amener jusque devant Jésus, au milieu de tous ceux qui l'écoutent.
    "Jésus vit leur foi." C'est cette phrase qui a retenu mon attention et fait choisir ce récit pour le message de ce culte Terre Nouvelle. Je ne vais pas m'attacher à la suite du texte qui est une polémique entre les pharisiens et Jésus sur le pouvoir de pardonner et sur le pouvoir de guérison de Jésus.
    Ce qui m'intéresse ici, c'est ce qui se joue dans le début du récit, entre les porteurs et le paralytique. Sur le lien d'entraide, sur la volonté de ces hommes de parvenir à placer ce malade ou cet infirme devant Jésus.
    De quelle façon lire ce récit ? Je vais me laisser guider par ce que le pasteur Antoine Nouis appelle la lecture intrigante (qui est aussi le titre de son dernier livre)*. La lecture intrigante, c'est d'essayer de nouer une intrigue entre le texte et nous, entre le récit biblique et le récit de notre vie. Laisser le texte nous parler à nous, comme si le récit était celui du rêve que nous avons fait cette nuit. "Se promener dans le récit en étant à l'écoute des sentiments suscités par sa lecture." (p.196) C'est aussi se mettre dans la peau de chaque personnage et découvrir ce qu'on ressent dans leurs situations.
    Mettons-nous dans la peau de l'homme paralysé. Que pouvons-nous ressentir ? D'abord le malheur de la situation : l'immobilité, l'impuissance, la dépendance, la souffrance morale de dépendre des autres, du fait d'être manipulé, manutentionné ! C'est le côté sombre.
    Mais il y a aussi la présence et l'action de ces hommes qui me portent. C'est une chance d'avoir des amis comme ceux-ci, d'être entouré, d'être pris en charge, accompagné, soigné, qu'on s'occupe de moi. Au moins cet infirme n'est pas abandonné, comme le paralytique de la piscine de Béthesda (Jn 5:7).
    Ce double sentiment révèle l'ambivalence de la situation de l'homme couché sur sa civière. Ce récit révèle aussi bien la difficulté de la dépendance que la sollicitude des accompagnants.
    Plaçons-nous un moment dans la peau des porteurs. Il y a chez eux une volonté, une persévérance, une ténacité formidable. Ils ne se laissent pas décourager par les obstacles. Rien ne les arrête, ils mettent toute leur énergie dans leur tâche, et leur imagination, et leurs ressources. On peut imaginer leur contentement, leur satisfaction, lorsque le malade est arrivé devant Jésus, lorsqu'ils parviennent à leur but. Comme lorsqu'on arrive au sommet de la colline ou de la montagne qu'on visait. Satisfaction, plaisir, joie.
    Sentiment de la tâche accomplie. Sentiment aussi de ne pas avoir laissé passer l'occasion, de l'avoir saisie au bon moment. Jésus était là, il ne fallait pas le manquer, cela ne se représenterait peut-être jamais et il en allait de toute la vie à venir de leur ami. Il fallait agir maintenant pour cet homme, pour qu'il s'en sorte.
    C'est cette confiance, cette foi-là que Jésus remarque et loue. Ces hommes ont vu la situation de leur ami et ils ont vu l'occasion de le faire sortir de son malheur. Ils ont saisi l'occasion, ils ont donné d'eux-mêmes pour que cet homme puisse retrouver son autonomie.
    L'effort gigantesque qu'ils font pour le monter sur ce toit, pour ôter les tuiles et le faire descendre, vaut la peine parce qu'il va faire cesser une situation chronique qui — sinon — va se perpétuer dans la durée. Une grosse aide pour sortir de la chronicité permet d'allouer ailleurs ses ressources plus tard. C'est aussi un gain.
    Entrer de cette façon dans ce récit, avec la lecture intrigante, nous fait réfléchir et nous ouvre des pistes sur notre façon d'être dans le malheur et sur notre façon d'aider.
    La première chose à constater, c'est que — dans notre société — nous détestons être dépendants et devoir demander de l'aide. J'avais déjà soulevé cette difficulté dans mes prédications de cet été sur le vieillissement (26.8.2012).
    Nous aimons aider — cela nous valorise — mais nous n'aimons pas devoir demander de l'aide, cela nous fait honte. Voilà un joli paradoxe ! Nous n'aimons pas devoir quelque chose à quelqu'un et c'est ce que nous ressentons lorsque nous avons besoin d'aide : nous ne voulons pas nous sentir redevable.
    Peut-être est-ce pour cela que Jésus enseigne le don gratuit, de renoncer à attendre quelque chose en retour de nos dons ou de nos bonnes actions. Et c'est vrai que si nous attendons quelque chose en retour de nos dons et de nos aides, nous faisons peser une dette sur autrui.
    La voie est peut-être de se permettre d'avoir du plaisir à donner et de n'avoir que ce plaisir comme récompense. Donner pour se faire plaisir, voilà qui change la donne.
    C'est peut-être aussi ce que nous avons à faire lorsque nous aidons les pays du Sud. Faire de vrais dons, sans attente de retour, de récompense ou de profits en retour. Faire de vrais dons qui permettent le retour à l'autonomie de ceux à qui on donne.
    Comme en faveur du paralytique : donner de son énergie et de ses ressources — comme les porteurs — pour une retour à l'autonomie, à l'indépendance, à la mobilité et à la liberté. De notre côté, cela signifie aussi de renoncer à la domination que peut représenter l'aide. Restons humble dans notre manière de proposer de l'aide — non pas en étant économe de nos ressources, mais en étant ouverts et attentifs à leur façon d'envisager des solutions pour recouvrer leur autonomie. 
    Il n'y a pas d'autonomie si on doit suivre le plan de quelqu'un d'autre, obéir à une liste de tâches dictées de l'extérieur. Les porteurs ne dictent pas à Jésus ce qu'il doit faire, ils ont mis leur énergie à apporter l'infirme devant Jésus. A lui de voir ce qu'il va faire dans cette situation.
    "Jésus vit leur foi" nous dit le récit, parce que rien ne se serait passé s'ils n'avaient pas apporté le malade devant Jésus. Rien ne se serait passé, si ces hommes n'avaient pas eu la foi d'imaginer que la situation pouvait être changée radicalement. Cette foi, la foi de ces porteurs a tout changé. Grâce à eux, le paralytique a été relevé.
    Amen
    * Antoine Nouis, La lecture intrigante, La Bible appliqué à vingt situations de vie, Genève, Labor et Fides, 2012.

    © Jean-Marie Thévoz, 2013