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  • Jean 20. Les Experts analysent le tombeau vide.

    Jean 20
    11.5.2014
    Les Experts analysent le tombeau vide.

    Jean 16 : 16-22       Jean 20 : 1-10


    Téléchargez ici le texte : P-2014-05-11.pdf


    Chères paroissiennes, chers paroissiens, chère famille,
    En voilà une drôle d’histoire que cette découverte du tombeau vide. Que s’est-il donc passé ce dimanche matin-là ? Qu’ont vu ces trois personnes, Marie-Madeleine, Pierre et le disciple que Jésus aimait, que la tradition a appelé Jean ?
    Pour comprendre ce qui se joue là, dans ce récit, nous allons avoir recours, ce matin, aux Experts. Nous allons nous plonger dans quelques séries télé pour saisir ce qui est en jeu et voir plus clairement ce qui se passe et comment chacun des personnages réagit.
    Qui a déjà vu au moins un épisode des Experts ? Peu importe que ce soit les Experts à New York, à Miami, à Las Vegas ou à Los Angeles, nous allons nous mettre dans la peau des Experts pour enquêter, car il y a bien scène de crime et pour corser l’affaire, le corps a disparu !
    L’énigme ne porte évidemment pas sur qui a tué Jésus, mais sur la disparition de son corps. Que s’est-il passé et qu’est-ce que cela signifie ? Reprenons les éléments du texte, les uns après les autres.
    Une personne découvre la disparition du corps, c’est Marie-Madeleine. Elle a juste jeté un coup d’œil dans le tombeau et constaté que le corps de Jésus a disparu. Toute de suite, elle pense que le corps a été emporté, qu’il a été volé. C’est ce qu’elle va déclarer lorsqu’elle va alerter les autres disciples.
    Pierre et Jean accourent, ce sont eux qui vont mener l’enquête. C’est l’équipe dépêchée sur place. Pierre est le chef, Jean son adjoint. Ils courent tous les deux. Jean est plus rapide, peut-être est-il plus jeune. Il jette un coup d’œil à l’intérieur et voit des bandelettes de tissu. Il n’entre pas, il ne faut pas brouiller les indices, le chef a préséance, c’est lui qui doit entrer le premier.
    Pierre entre et relève les indices. Il y a des bandelettes, et le linge qui recouvrait la tête de Jésus. Il est bien proprement roulé et rangé d’un coté, à part. Les bandelettes sont de l’autre côté. Il n’y a pas de désordre, pas de traces de lutte, pas de trace d’empressement. Ce n’est pas un vol. Personne ne déshabillerait un cadavre pour l’emmener. Pierre est perplexe : il voit les indices, mais il n’arrive pas à tirer de conclusion.
    Marie-Madeleine avait couru vers eux en leur disant que le corps avait été volé. Mais elle n’était pas entrée dans le tombeau, elle n’avait pas vu les indices que voient Pierre et Jean. Elle a tiré des conclusions hâtives. La pierre était roulée, le tombeau ouvert, le corps absent. Elle en a déduit trop vite, mais tellement logiquement, que le corps avait été volé. La première intuition était logique, mais, à l’examen, elle se révèle invraisemblable. Que s’est-il donc passé ?
    On imagine Pierre se tourner vers Jean et lui demander : qu’est-ce que tu en penses ? Et Jean de répondre : Je vois la même chose que toi, mais je crois savoir ce qui s’est passé. J’ai ma conviction, mais pas de preuve encore ! Oui, le récit nous dit exactement cela : « Jean étant arrivé, entra dans le tombeau : il vit et il crut » (Jn 20:8) c’est-à-dire qu’il voit et il se fait sa propre conviction.
    Trois personnages et trois attitudes différentes face au mystère. Marie-Madeleine se lance immédiatement dans des conclusions logiques, mais qui ne tiennent pas compte de tous les faits. Pierre examine tout soigneusement, mais il n’a pas de solution à offrir. Jean examine et arrive à une conclusion, une conviction.
    Qu’a-t-il de plus que les autres ? On a l’impression de se trouver dans la série « Unforgettable » avec Carrie Wells, cette inspectrice qui a une mémoire infaillible, ou dans « The Mentalist » avec Patrick Jane ; ces personnages ont des facultés de plus que nous pour percevoir la réalité qu’il y a derrière le mystère.
    Qu’est-ce que Jean a de plus que les autres ? En fait, rien de plus que vous ou moi. Il utilise simplement ses capacités à faire des liens, ou à se souvenir. Il met ensemble des faits, des événements, des paroles et cet ensemble prend sens.
    Jean connaissait la victime. Il a passé trois ans avec Jésus. Pour résoudre l’énigme du tombeau vide, il rassemble ses souvenirs, il se rappelle les paroles de Jésus, comment il a annoncé lui-même qu’il y aurait séparation, mais qu’ils se reverraient : « Dans peu de temps, vous ne me verrez plus, puis peu de temps après, vous me reverrez » (Jn 16:16). Alors, Jean fait le lien.
    Dès ce moment, il croit, il est persuadé que Jésus est vivant et qu’il le reverra. Jean croit Jésus. Jean croit les paroles que Jésus a dites, aussi a-t-il, dans le tombeau, cette conviction qu’il verra Jésus vivant. C’est ce qu’il peut dire à Pierre, sans en apporter de preuve, c’est sa conviction. Une conviction qui repose sur la confiance dans les paroles que Jésus leur a dites.
    La foi ne naît pas de rien. Elle naît des liens qu’on tisse entre notre vie et les récits qu’on nous raconte, qu’on nous transmet. Nos enfants auront foi en nous si ce qu’ils éprouvent dans leur vie est en lien avec ce que nous leur racontons comme parents.
    Notre vie prend sens lorsque des liens se font entre les différentes parties de notre vie, lorsque nous comprenons comment s’enchainent, se lient les différents épisodes de notre vie. Quand nous pouvons nous dire : Mais c’est bien sûr… ; je vois maintenant, je comprends…
    Face aux évènements de notre vie, nous pouvons être comme Marie-Madeleine et tirer des conclusions hâtives (et fausses), la plus fréquente étant « tout est de ma faute ! » ou à l’inverse « tout est de la faute des autres ».
    Nous pouvons être comme Pierre, qui voit tous les indices, mais qui n’arrive pas à y voir de liens, qui ne trouve pas de sens.
    Et puis, nous pouvons être comme Jean, qui cherche des liens, qui cherche le sens, qui se souvient des paroles échangées, qui cherche dans les Ecritures, dans la Bible des récits significatifs qui peuvent éclairer la situation qu’il traverse. 
    C’est à ça que servent, dans l’éducation des enfants, l’Eveil à la foi, le Culte de l’enfance et le catéchisme. Donner un bagage de récits dans lesquels l’enfant pourra reconnaître l’une ou l’autre des situations qu’il traverse, faire un lien, trouver du sens et forger sa propre conviction.
    C’est ce que chacun d’entre nous peut faire en relisant, en parallèle, sa vie et les récits bibliques, qui ont accumulés au cours des siècles une grande sagesse.
    La vie est comme un roman policier, dont nous sommes les Experts, à nous de récolter les indices, de trouver les liens et d’aboutir à une conviction.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2014

  • Jean 20. Notre mission : apporter un message de paix et de pardon

    Jean 20
    4.5.2014
    Notre mission : apporter un message de paix et de pardon
    Genèse 2 : 4-8       Jean 14 : 18-26        Jean 20 : 19-23

    Téléchargez ici la prédication : P-2014-05-04.pdf


    Culte d’installation du Conseil paroissial


    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Nous avons quand même de la chance ! Non, mais, vous avez entendu ce que dit Jésus à ses disciples ? Il leur parle de paix et de pardon. La paix et le pardon, voilà de quoi les disciples sont porteurs. Un message de paix et un message de pardon, c’est ce que Jésus envoie les disciples annoncer au monde. C’est ce dont nous sommes porteurs aujourd’hui encore, 2'000 ans après ce premier envoi.
    Mais reprenons le récit dans le détail. Nous sommes le premier jour de la semaine, le dimanche de Pâques. Les disciples sont réunis, mais ils se sont enfermés, ils ont peur après ce qui est arrivé à Jésus. Est-ce que ce sera leur tour d’être arrêtés ? Si ce n’est pas le cas, ont-ils perdu leur temps auprès de Jésus ? Comment retourner chez eux en Galilée après un tel échec ? Comment vivre cette honte ? S’être trompé à ce point ! Voilà l’état d’esprit des disciples.
    Ils se sentent orphelins, abandonnés, sans repères. Dans leur désarroi, ils ont oublié les paroles de Jésus, ces paroles des « discours d’adieu » de Jésus qui voulait les préparer au grand choc. « Je ne vous laisserai pas orphelins, je viens à vous » (Jn 14:18). Les disciples sont enfermés dans leurs pensées noires autant que dans cette chambre haute.
    Et pourtant, justement, Jésus vient et il se tient là, au milieu d’eux, alors qu’ils ne l’attendent pas. Et les premiers mots que Jésus prononce, c’est « la paix à vous » « shalom aleikhem » (Jn 20:19). Soyez apaisés, n’ayez pas peur !
    Jésus vient se révéler aux disciples, aux croyants, comme celui qui vient apporter la paix, l’apaisement des peurs, de l’angoisse, des soucis. Et il leur montre ses mains, son côté percé par la lance du soldat. Il est bien le crucifié qui est vivant.
    Il est vivant, mais pas simplement réanimé. Il n’a pas échappé à la mort, il l’a traversée, il est monté vers le Père et se tient au milieu d’eux dans sa nouvelle vie pour leur apporter sa paix. A la transformation de Jésus en Christ vivant correspond la transformation de la peur des disciples en joie. Les promesses de Jésus s’accomplissent : il y a une vraie vie. Jésus revient se manifester aux disciples, rien n’est fini, tout commence, à neuf.
    Là, le récit quitte le dévoilement de l’apparition pour un temps d’enseignement, qui s’ouvre à nouveau sur le souhait de paix. « La répétition du souhait de paix dit l’essence du nouveau temps. »* C’est un temps de Shalom qui s’ouvre, le temps de la paix entre Dieu et l’humanité, le temps de la réconciliation et de la cohabitation (Jn 14:23).
    Un temps marqué par de nouveaux rôles : jusqu’à Pâques, Jésus était l’Envoyé de Dieu dans le monde, il était l’ambassadeur qui transmettait la parole de Dieu au monde et aux disciples. Depuis Pâques, le rôle de Jésus est transmis aux disciples. « Comme mon Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. » (v.21). Est-ce qu’on réalise bien ici la transmission du flambeau, la passage du témoin de Jésus à nous ? Il était l’Envoyé de Dieu et il nous passe la main. Nous sommes maintenant les envoyés de Dieu.
    Pour accomplir cela, Jésus souffle sur ses disciples et leur donne l’Esprit saint. Jésus insuffle l’Esprit aux croyants (v.22). Ce mot « insuffle » est le même que celui du récit de la Genèse où Dieu insuffle l’haleine de vie au premier humain (Gn 2:7). L’évangéliste Jean établit clairement ici un parallèle entre le don de la vie humaine lors de la création et le don de l’Esprit saint par Jésus, ici à Pâques. Il est vraiment question d’une nouvelle création, ou de la création d’une nouvelle vie, d’une vie nouvelle.
    La première création était marquée par la sortie du jardin d’Eden et par la malédiction de l’être humain. Ici, il est question de la seconde création où l’être humain est destiné à la paix, à l’apaisement de ses tourments et de ses angoisses. La malédiction est levée. Jésus est venu apporter la réconciliation avec Dieu, le pardon. Ici le péché originel est remplacé par le pardon originel, celui que Dieu a toujours voulu faire triompher.
    « Recevez le saint Esprit ! Ceux à qui vous pardonnerez leurs péchés obtiendront le pardon ; ceux à qui vous refuserez le pardon ne l’obtiendront pas. » (v.23) Cette phrase est difficile. Elle n’est pas à comprendre dans le registre de la morale : « si je ne lui pardonne pas, il ne sera jamais en paix » non. Ici, il s’agit de l’annonce du pardon de la part de Dieu, de l’annonce que Dieu se réconcilie avec tous les humains, que sa porte est ouverte.
    Donc on peut reformuler la phrase ainsi : « Tous ceux à qui vous annoncerez le pardon divin, ils pourront l’obtenir, en profiter. Mais, tous ceux à qui vous ne l’annoncerez pas, ils ne pourront pas en profiter ; ils ne pourront pas en vivre, s’ils restent dans l’ignorance. »
    Nous avons de la chance, nous avons un beau message — de paix et de pardon — à transmettre. Mais nous avons aussi une grande responsabilité : faire entendre ce message pour que le plus grand nombre puisse choisir d’en profiter et d’en vivre. C’est notre responsabilité de croyant, c’est notre responsabilité d’Eglise.
    Aujourd’hui, une poignée d’hommes et de femmes dans notre paroisse est installée dans une fonction de conseiller(e) de paroisse. Comme conseiller(e) vous aurez des tâches pratiques et souvent terre à terre à effectuer pour diriger cette paroisse. L’important est de ne pas perdre de vue l’essentiel, la mission de l’Eglise que Jésus nous a donnée — à tous — d’apporter la paix dans les lieux où nous vivons et d’annoncer que le ciel a fait la paix avec la terre, que le pardon l’emporte toujours sur toutes les fautes et les désaccords. Dieu en a décidé ainsi et nous a envoyé Jésus pour nous le manifester.
    Paroissiens et paroissiennes, soutenez et encouragez ce Conseil, accompagnez-le dans cette mission qui est la mission de toute l’Eglise : faire la paix et annoncer le pardon de Dieu.
    Amen

    * Jean Zumstein, L’Evangile selon saint Jean (13—21), Commentaire du Nouveau Testament, Genève, Labor et Fides, 2007, p.285.


    © Jean-Marie Thévoz, 2014

  • Jean 20. Naissance de la foi pascale.

    Jean 20
    27.4.2014
    Naissance de la foi pascale.
    Exode 25 : 10-22      Jean 20 : 11-18

    Téléchargez la prédication ici :


    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Au matin de Pâques, tout n’a pas été subitement transformé. Les disciples n’ont pas été brusquement illuminés. Il ne suffit pas de lire une affiche bleue à écriture jaune disant « Christ est ressuscité » pour devenir croyant.
    Dans le passage de l’Evangile selon Jean que nous avons entendu ce matin, l’évangéliste nous montre — en détail — le cheminement de Marie-Madeleine, d’un profond chagrin à une confession de foi auprès des autres disciples. Le récit met en scène la naissance de la foi pascale.
    Tout commence par le désarroi et le chagrin. Personne n’est venu au tombeau avec une espérance de résurrection. C’est la peine, le chagrin qui domine, avec l’incompréhension, l’incrédulité : comment est-ce possible que cela se soit passé ainsi !
    Et Marie-Madeleine est là, à l’extérieur du tombeau, en pleurs. La première démarche de Marie-Madeleine est de passer de l’extérieur à l’intérieur du tombeau. Elle affronte sa peine. Elle affronte la réalité, elle veut voir le corps mort de son maître.
    A la place, elle voit deux anges, assis l’un à la tête, l’autre aux pieds du lieu où était déposé le corps de Jésus. Les anges ne lui révèlent rien, mais la renvoie à son chagrin et à sa recherche.
    Les anges ne révèlent rien à Marie-Madeleine, mais parlent, indirectement, aux lecteurs que nous sommes. Que vous rappelent deux anges ou chérubins, se faisant face, à l’extrémité d’une banquette ou d’un coffre ? Cela me fait penser au couvercle de l’arche de l’alliance, dont il est dit que « l’Eternel résidait entre les deux chérubins » (Ex 25:22 et 2 Sam. 6:2). Cet espace entre les deux chérubins est le lieu vide d’où parle l’Eternel aux Israélites. Le lieu vide fait aussi penser au Saint des Saints dans le Temple de Jérusalem, chambre vide où se tient la mystérieuse présence de Dieu.
    L’arche de l’alliance, le Saint des Saints, le tombeau vide sont des espaces vides qui signalent quelque chose de la présence de Dieu. Une façon de renvoyer à un ailleurs, parce que Dieu ne peut être contenu dans aucun espace.
    Ce signe est une invitation — souligné par la question « Pourquoi pleures-tu ? » (v.13) — à chercher ailleurs que dans le vide — de l’arche, du Temple, du tombeau — celui qui remplit le cœur de Marie-Madeleine.
    Elle comprend le message puisqu’elle se « retourne en arrière » (v.14) pour regarder hors du tombeau. C’est là qu’elle voit un homme qu’elle prend pour le jardinier, mais que le récit nous présente comme Jésus ressuscité. Une façon de dire la transformation qu’imprime la résurrection sur Jésus. C’est lui, mais il est Tout-Autre. Marie-Madeleine est toujours dans sa recherche et son désir de retrouver et de reprendre le corps de son maître. Elle est dans sa recherche terrestre Elle a encore une étape à franchir : reconnaître Jésus.
    On s’attendrait ici à ce que Jésus s’identifie, lui dise : «  c’est moi, je suis Jésus… » On s’attendrait à ce qu’il se révèle comme étant en même temps le crucifié et le ressuscité, comme il le fera plus tard avec Thomas (v.27). Non, ce n’est pas ce qui se passe. Ce n’est pas par une information, ou un enseignement, que Jésus va faire naître la foi pascale, c’est par un autre chemin.
    Jésus fait le chemin inverse, c’est lui qui nomme Marie. (Comme vous le savez, le nom de quelqu’un, dans la pensée hébraïque, c’est toute la personne, comme un totem chez les indiens.)
    En prononçant son nom, Jésus dit à Marie-Madeleine, qu’il la connaît toute entière, qu’il la comprend dans toutes ses dimensions, qu’il l’accueille dans tout son être. Cette compréhension des personnes que Jésus rencontre est fréquemment soulignée dans l’Evangile selon Jean. On le voit dans le récit de la Samaritaine où Jésus savait tout de sa vie privée (Jn 4), dans le récit de l’homme guéri à la piscine de Bethzatha (Jn 5) ou des adversaires de Jésus dont il connaît le cœur et les pensées (Jn 2:24).
    Ici, c’est à Marie-Madeleine que Jésus dit qu’il la connaît entièrement. Et c’est cette connaissance profonde et accueillante qui déclenche la reconnaissance. A ce moment-là, Marie-Madeleine reconnaît le Christ en face d’elle.
    Etre connu, être aimé, se sentir accueilli et accepté est la source de la foi pascale. « La foi, c’est accepter d’être accepté »* disait le grand théologien américain Paul Tillich.
    Ce prénom prononcé par Jésus fait que Marie-Madeleine se retourne à nouveau (v.16), mais cette fois dans le sens spirituel. C’est sa conversion. C’est son passage de la tristesse à la foi, du désarroi à la confiance. Elle a retrouvé son maître, celui qu’elle cherchait.
    Elle a encore une étape à franchir, c’est de laisser aller, d’abandonner sa recherche du corps de Jésus, car celui-ci a véritablement disparu. Elle doit laisser aller le Jésus terrestre pour s’attacher au Christ vivant. Et cette relation ne passe pas par le toucher, mais passe par la parole, une parole d’alliance : « mon Père et votre Père, mon Dieu et votre Dieu » (v.17). Des paroles d’alliance qu’Abraham avait déjà reçues « Je maintiendrai mon alliance avec toi et tes descendants, ainsi je serai ton Dieu. » (Gn 17:7).
    Une nouvelle alliance se noue ici et Marie-Madeleine est chargée d’aller l’annoncer aux disciples. Une alliance qui instaure de nouvelles relations : les disciples deviennent des frères de Jésus (v.17), le Dieu de Jésus devient le Dieu des disciples. Une nouvelle fraternité est instaurée par le Christ ressuscité, une fraternité qui devient le signe de reconnaissance de l’Eglise.
    Et Marie-Madeleine — forte d’avoir été comprise et acceptée par Jésus — s’en va vers les autres disciples leur apporter la bonne nouvelle de Pâques : « J’ai vu le Seigneur » (v.18). Marie-Madeleine devient ainsi le premier apôtre à avoir vu Jésus ressuscité et à apporter la nouvelle aux autres disciples.
    Le Christ lui a donné la foi en lui révélant combien il la connaît bien et combien elle est aimée. Remplie de cette merveilleuse découverte et de cette confiance, elle est transformée. Elle a la force d’accomplir sa mission. Elle est débordante de joie et court annoncer la bonne nouvelle aux disciples, comme la Samaritaine était retournée dans son village pour annoncer ce que Jésus lui avait fait découvrir.
    Le Christ nous connaît. Si nous nous ouvrons à lui, si nous le laissons regarder en nous et prononcer notre nom, nous pouvons faire la même découverte que Marie-Madeleine. Etre transformés par la Parole du Ressuscité.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2014