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  • Jean 12. « Marie l'a cru avant nous tous »

    Jean 12
    10.3.2002
    « Marie l'a cru avant nous tous »
    Romains 5 : 6-11     Jean 12 : 1-8

    Télécharger ici la narration biblique : P-2002-03-10.pdf

    Un serviteur avec son balai. Il balaye un peu et hume l'air.

    « L'odeur n'a jamais disparu...
    Cela fait pourtant des années...
    Combien de temps cela fait-il ?
    J'étais déjà au service de Madame Marthe depuis un an lorsque c'est arrivé. Cela doit bien faire quinze ans maintenant. Mais je m'en souviens comme si c'était hier.
    Oui, chaque fois que je reviens dans cette pièce je sens l'odeur de ce parfum et tout me revient, aussi nettement que si c'était hier.

    Ce soir-là, j'étais de service (comme tous les soirs d'ailleurs. On n'avait pas de congé à cette époque !) Je supervisais le travail des servantes, sous la direction de Madame Marthe, car il y avait du monde à servir ce soir-là. Poser le balai.
    Marthe et Marie recevaient beaucoup. Elles menaient grand train de vie avec leur frère Lazare.
    Ce soir-là, elles recevaient l'homme qui avait sorti leur frère Lazare de sa tombe. Une bien étrange histoire ! C'était Jésus, celui de Nazareth. Ce soir-là, il était revenu à Béthanie, avant de se remettre en route vers Jérusalem.
    C'était juste six jours avant la Pâque, et personne ne se doutait de ce qui allait se passer. Personne... sauf peut-être Marie, qui avait comme un sixième sens avec Jésus.
    Il faut dire qu'elle l'avait tant écouté, elle pouvait passer des heures assise à ses pieds à l'écouter (même que cela énervait sa soeur !). Elle enregistrait toutes les paroles de Jésus. Elle l'avait pris pour maître de pensée, elle était pendue à ses lèvres.

    Alors ce soir-là, il y avait beaucoup de monde autour de la table. Il y avait Jésus, avec ses douze compagnons, et puis il y avait Marthe et Marie et Lazare qui mangeait tout près de Jésus.
    Mais ce n'était pas un repas ordinaire, on sentait une tension dans l'air, c'était palpable, c'était pesant comme si un orage était sur le point d'éclater.
    La discussion était très vive entre les disciples, car Jésus venait d'annoncer qu'il allait monter à Jérusalem pour la fête de la Pâque.
    Or chacun savait que les chefs des prêtres et les Pharisiens voulaient arrêter Jésus. Ils avaient déjà voulu arrêter Lazare à cause du tumulte que faisaient tous ceux qui voulaient voir "l'homme qui était sorti de sa tombe après quatre jour" !
    Dans la discussion j'entendais Jacques, le frère de Jésus, demander : "Pourquoi aller se jeter dans la gueule du loup ? Revenons l'an prochain à Jérusalem quand tout sera calmé"
    Mais Pierre répliquait : "Je ne laisserai pas Jésus être arrêté. J'ai quelques relations à Jérusalem, ou bien je me battrai et je défendrai mon maître !

    Jésus se tenait silencieux pendant cette discussion.

    Alors Judas pris la parole pour dire que, justement, il fallait que Jésus entre à Jérusalem. Son entrée serait un triomphe. Il voyait déjà la foule couper des rameaux aux arbres et les poser par terre pour faire un chemin, les autres étaler leurs manteaux comme un tapis rouge sous les pas de Jésus. Pour sûr, on pourrait même lui trouver un âne pour faire son entrée triomphale à Jérusalem, comme un vrai prophète.
    Une fois dans la ville, Judas se faisait fort de recruter une troupe d'hommes de main pour écraser la petite garnison de Ponce Pilate et prendre le pouvoir. Ce serait l'occasion de se débarrasser une fois pour toute des romains.
    Judas en rajoutait : "Je tiens la caisse, on a de l'argent pour recruter, et puis voyez ... — il montra un vase contenant un parfum précieux qui était posé dans le renfoncement de la fenêtre, le parfum qui avait été acheté après la mort de Lazare et qui devait servir à embaumer son corps, mais dont on ne s'était pas servi puisque Jésus l'avait sorti de sa tombe — ... voyez, ce parfum, on pourrait le vendre et cela nous procurerait encore 300 pièces d'argent avec lesquelles on pourrait recruter une bonne troupe de pauvres bougres qui se battraient pour nous."
    Judas s'était emporté, certains disciples criaient pour soutenir sa proposition, d'autres s'y opposaient, c'était un vrai tumulte, on ne s'entendait plus dans cette salle.

    Depuis où j'étais, je voyais que Marie aurait voulu dire quelque chose, mais comment un femme pourrait-elle se faire entendre dans un tel brouhaha ?
    (lentement) Alors, j'ai vu Marie s'approcher de la fenêtre, prendre le vase de parfum, s'approcher de Jésus, s'agenouiller devant lui et verser tout le parfum sur ses pieds.
    Personne n'avait remarqué les gestes de Marie, à part Jésus et moi. Mais l'odeur du parfum s'est répandu dans la pièce. Cela sentait tellement bon et tellement fort que le brouhaha s'est évanoui d'un coup et le silence s'est installé.

    Un silence que seul habitait encore le bruissement des cheveux de Marie sur les pieds de Jésus. Puis, comme elle relevait son visage, le silence fut rempli du regard que s'échangeaient Jésus et Marie. Le silence était complet, mais il était habité par ce regard et par cette odeur...

    C'est alors que j'ai compris ce que Marie devait avoir compris longtemps avant moi et que Jésus approuvait. J'ai compris quel devait être le destin de Jésus. Dans ce parfum, il y avait toute l'histoire que Jésus allait vivre dans les jours suivants.
    Ce parfum disait tout.
    Il disait la mort prochaine de Jésus.
    Il disait que Jésus acceptait cette mort. Jésus n'allait-il pas prendre la place de Lazare dans la tombe, puisqu'il recevait le parfum qui lui était destiné ?
    Jésus n'allait-il pas prendre la place de chacun de nous, dans la tombe qui nous était destinée, pour que nous vivions ?
    Ce parfum nous disait donc sa mort, une mort annoncée, une mort acceptée.

    Mais ce parfum répandu en ce jour, ce parfum — qui s'était écoulé sur les pieds de Jésus et répandu sur le sol de cette pièce qu'il embaume encore aujourd'hui — ce parfum ne pourrait plus servir pour prendre soin du corps de Jésus dans sa tombe !
    Qui l'a réalisé sur le moment même ?
    Marie sûrement, Marthe aussi. N'avait-elle pas entendu Jésus lui dire : "Je suis la résurrection et la vie" lorsqu'ils se trouvaient ensemble devant le tombeau de Lazare ?
    Le parfum, dans ce moment de silence intense, disait tout, la mort et la résurrection. Et Jésus l'acceptait. Et Jésus était reconnaissant envers Marie d'avoir fait cesser le tumulte de ses disciples qui essayaient de le détourner de son destin.
    Qui comprenait mieux Jésus que les femmes qui l'accompagnaient ?

    Voilà, chaque fois que j'entre dans cette pièce, l'odeur de ce parfum me rappelle tout cela.
    Le parfum avait dit vrai, Jésus est mort, mais Dieu l'a ressuscité des morts, la tombe ne l'a pas retenu.
    Jésus a donné sa vie pour nous, la mort ne peut retenir personne dans la tombe, et Marie l'a cru avant nous tous.

    © Jean-Marie Thévoz, 2014

  • Jean 19. L’heure de la naissance de l’Eglise est l’heure de la croix

    Jean 19
    18.4.2014
    L’heure de la naissance de l’Eglise est l’heure de la croix

    Jean 19 : 16-22     Jean 19 : 23-30
    Téléchargez la prédication ici : P-2014-0418.pdf


    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Nous avons entendu le récit de la crucifixion, de la mort de Jésus dans l’Evangile selon Jean. Nous entendons souvent ces récits des évangiles, tirés tantôt d’un Evangile, tantôt d’un autre et pour nous ils racontent tous la même histoire. Oui, ils nous racontent la même histoire, le même événement, mais pas de la même façon. Pas avec la même interprétation, mais c’est plus difficile à percevoir.
    Je vais essayer de mettre en relief ce qui est propre à l’Evangile selon Jean, ce qui le différencie des évangiles synoptiques (Matthieu, Marc et Luc). Les différences ne se trouvent pas dans les événements relatés, mais dans la position de Jésus, dans son statut, dans son attitude.
    Matthieu et Marc nous présentent Jésus comme la victime dans son procès. Il subit son arrestation, son procès, sa mort. C’est une victime qui se croit abandonnée de Dieu, d’où cette parole sur la croix : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ! » Ps 22:2 (dans Mt 27:46 et Mc 15:34).
    Pour Luc, Jésus est la figure du juste injustement persécuté et condamné. Il traverse cette injustice avec confiance, assurant le « bon larron » de le rejoindre au paradis (Lc 23:43).
    Comment Jean nous présente-t-il Jésus dans sa Passion ? Eh bien, Jésus porte lui-même sa croix, pas besoin de l’aide de Simon de Cyrène. Il est désigné par Pilate comme « le roi des juifs ». Il parle à sa mère et au disciple bien-aimé, pour leur dicter sa volonté. Il sait que tout est achevé et il demande à boire. Il affirme la fin de sa mission, de son mandat par une dernière parole et il remet son esprit, comme dernier acte de souveraineté.
    On voit donc que Jean nous présente à nouveau Jésus comme souverain, comme acteur de sa vie et de sa mort, comme celui qui sait ce qui lui arrive, qui sait ce qu’il fait et qu’il accomplit en toute conscience.
    Il me fait penser à ces épisodes de films de guerre où, dans une situation critique, un homme reste en arrière pour couvrir sa troupe poursuivie par l’armée ennemie. Cet homme-là va barrer le chemin pour sauver ses camarades, mais on sait comme spectateur, et le soldat le sait lui-même : il va mourir, mais c’est un héros parce qu’il donne sa vie pour sauver ses camarades. Il le fait en toute connaissance de cause, il l’a choisi, il l’a décidé, il sait pourquoi il le fait et il accomplit sa mission. Ce n’est pas une victime, c’est un héros.
    C’est ainsi que Jean nous présente Jésus montant au calvaire et sur la croix, en pleine maîtrise de son destin et de celui de ses disciples. Voyons cela dans le détail. Jésus dit trois paroles sur la croix.
    A. D’abord, les paroles à sa mère et au disciple bien-aimé. « Femme, voici ton fils » et « Voici ta mère » (Jn19:26-27) Concrètement, Jésus présente à sa mère son nouveau tuteur et au disciple bien-aimé il présente la personne dont il devient responsable. A cette époque, les femmes devaient dépendre d’un homme pour ne pas tomber dans la précarité. Mais le souci de l’évangéliste n’est pas la précarité de Marie, mais la succession de Jésus dans l’ordre de la révélation. Le souci de Jésus c’est « qui lui succède pour transmettre la parole du Père ? » Et ici, sur la croix, Jésus offre au disciple bien-aimé sa propre place de fils.
    Il fait du disciple bien-aimé le légataire de ses paroles, de son message. Le disciple bien-aimé devient le messager de Jésus, celui qui peut attester de la véracité de ses paroles, de son héritage théologique, héritage qui se transmet dans l’Evangile selon Jean. En faisant cela, Jésus organise symboliquement son Eglise, il la constitue, il la fonde. Et le lieu de la fondation de l’Eglise, c’est la croix, d’où Jésus prononce ces paroles.
    Ces paroles de Jésus fondent l’Eglise, mais elles la fondent sur le disciple bien-aimé qui devient responsable de Marie, la mère de Jésus, et non sur Marie qui deviendrait responsable des disciples comme le laisse entendre la mariologie catholique romaine. C’est le disciple bien-aimé qui accueille Marie chez lui, non l’inverse.
    Mais l’important ici, c’est que l’heure de la naissance de l’Eglise est l’heure de la croix, croix que Jean nous présente dans tout son Evangile comme l’heure de l’élévation du Fils, l’heure de l’élévation de l’Envoyé.
    B. La deuxième parole que Jésus prononce est «  J’ai soif » (v.28). Là encore, Jésus est acteur. Cette parole attire l’attention des soldats qui en réponse à cet appel trempent une éponge dans leur piquette pour la lui donner. Dans les autres évangiles, ce sont les soldats qui prennent l’initiative. Cette parole peut nous faire penser à la rencontre au puits de Jacob avec la samaritaine, mais elle fait plus certainement référence à la prière de Gethsémané sur la « coupe à boire », c’est-à-dire la mort à affronter.
    D’ailleurs lors de son arrestation, à laquelle Pierre veut s’opposer, Jésus s’exclame : « Crois-tu que je ne boirai pas la coupe que le Père m’a donnée ? » (Jn 18:11). Par cette parole «  J’ai soif » Jésus affirme qu’il assume totalement sa mission, c’est son choix, il en est le maître.
    C. La troisième parole est « Tout est accompli » (v.30) après quoi Jésus, encore souverain, baisse la tête et remet son esprit. Deux choses à remarquer.
    a) « Tout est accompli » il faudrait presque ajouter « ici ». C’est ici, sur la croix que tout s’accomplit. C’est enfin l’heure de l’accomplissement, c’est l’heure où tout se révèle. C’est la « déclaration de l’Envoyé parvenu au terme et au plein accomplissement de son mandat : sa mort est l’achèvement de sa vie. Par elle, elle prend son sens ultime. La croix n’est pas simplement un passage, mais le point culminant de la révélation. »*
    b) Ensuite Jésus remet son esprit. C’est une phrase à double, voir à triple sens. Le sens premier et concret, c’est que Jésus meurt. C’est sûr. Mais ce n’est pas tout. A qui remet-il son esprit ? La première idée, c’est qu’il remet son esprit à Dieu. Et c’est juste. Tout est accomplit et Jésus retourne à Dieu. Mais le texte laisse aussi penser qu’il donne (remettre est un composé du verbe « donner » en grec) son Esprit (avec majuscule) à ses disciples.
    C’est à partir de l’heure de la croix, lieu de l’élévation et de la glorification de Jésus que l’Esprit peut descendre sur les disciples (Jn 7:38-39).
    Par ces trois paroles, on voit comment la mort de Jésus fait naître l’Eglise. Jésus assure la transmission de sa révélation au disciple bien-aimé. Jésus assure que sa mort sur la croix est l’accomplissement de son mandat, de sa mission, la coupe de Dieu. Et Jésus assure — en son absence — sa nouvelle présence par le don de l’Esprit.
    C’est ainsi que l’événement — a priori — dévastateur, destructeur et absurde de la croix, devient un événement victorieux, fondateur d’une nouvelle communauté, fondateur d’un nouveau style de relations humaines, fondateur d’une vie nouvelle, vraie et en plénitude.
    Amen
    * Jean Zumstein, L’Evangile selon saint Jean (13—21), Commentaire du Nouveau Testament, Genève, Labor et Fides, 2007, p.255.
    © Jean-Marie Thévoz, 2014

  • Le Requiem de Fauré entrecoupé de méditations

    Concert au Temple de Bussigny
    18.4.2014
    Le Requiem de Fauré (textes en italique) entrecoupé de méditations
    Pour écouter le Requiem, suivre les indications de temps donné pour chaque pièce.


    Francis Poulenc : Motet pour un temps de pénitence : timor et tremor (1939) : la crainte et l’effroi ont fondu sur moi, les ténèbres m’ont envahi, aie pitié de moi Seigneur… puisque mon âme te fait confiance. Mon Dieu exauce ma prière car tu es mon refuge et mon puissant secours. Je t’ai invoqué, je ne serai pas confondu.

    En ouverture, nous avons entendu chanter ces paroles du psalmiste : « La crainte et l’effroi ont fondu sur moi, les ténèbres m’ont envahi, aie pitié de moi Seigneur… » (Ps 55 :6). Ainsi pourrait aussi s’exprimer Jésus sur la croix. Ainsi s’exprime chaque humain, lorsqu’il est en proie à une détresse extrême.

    Après ce préambule de Poulenc, nous allons écouter le Requiem de Fauré. 
    Un Requiem exprime également l’angoisse devant l’obscurité et la mort. Un Requiem exprime l’angoisse que nos proches disparus souffrent encore et disparaissent à jamais. Un Requiem demande pour eux la paix et un accès au paradis. Un Requiem est une prière à Dieu pour changer la destinée des morts.
    Cela ne convient pas très bien à mon esprit protestant. Il me semble que nous ne pouvons plus rien pour les morts. Par contre, nous avons à nous préoccuper de notre vie et de notre destinée. Je vous invite à écouter cette musique non pas comme un appel pour d’autres, mais pour nous.
    Reconnaissons que nous sommes angoissés par la mort et que c’est nous qui avons besoin d’un apaisement. C’est nous qui avons besoin d’un repos maintenant. C’est nous qui avons besoin d’un répit maintenant. C’est nous qui avons besoin que quelqu’un mette un stop à nos inquiétudes, à nos angoisses. Pour cela nous pouvons prier Dieu avec les chanteurs : « Donne-nous, un répit, Seigneur, et que ta lumière brille à jamais sur nous. Aie pitié de nous, Seigneur. »

    Gabriel Fauré : Requiem, opus 48 (1893)
    00:00 - I. Introït et Kyrie (D minor)

    INTROÏT
    Donne-leur le repos éternel, Seigneur, et que la lumière brille à jamais sur eux .C’est de Sion que notre louange doit s’élever vers toi. 
C’est de Jérusalem qu’il faut offrir nos sacrifices. Exauce ma prière et tout être de chair parviendra jusqu’à toi.

    KYRIE
    Kyrie, eleison Christe, Kyrie eleison.

    Un tissu se déchire, une tasse se casse, la corde s’use, la fatigue s’installe, les mouvements deviennent plus lents, une perle tombe, un être s’en va, c’est la vie…
    Est-ce vraiment la vie ? Celle qu’on souhaite, celle qui nous est destinée ? N’y a-t-il rien n’y personne pour contester ce devenir ? Inch allah ! Il n’y a rien à faire. C’est la vie. Il faut accepter. Une page se tourne.
    N’y a-t-il personne pour se lever et dénoncer cette infortune ? La vie doit-elle être un enfer, devons-nous accepter de nous enliser dans un marécage sans fonds ? N’avons-nous qu’à accepter d’être guettés par la gueule du lion, engloutis par l’abîme, absorbé par la nuit de l’angoisse ?

    Quand le monde s’écroule autour de moi, quand mon patron me renvoie, quand mon meilleur ami me lâche, quand mon conjoint quitte la maison, quand mon plus proche est happé par la mort, vers qui puis-je crier ? Qui répond à mon cri ? Qui soulage mon angoisse ? Qui balaye mes soucis ? Qui va rallume mon espoir ? Qui fera le reste du chemin avec moi ?

    OFFERTOIRE 05:59 - II. Offertoire (B minor)
    Seigneur Jésus Christ, Roi de gloire, délivre les âmes de tous les défunts des peines de l’enfer et des marécages sans fond. / Seigneur Jésus Christ, Roi de gloire, délivre les âmes de tous les défunts de la gueule du lion ; qu’ils ne soient pas engloutis par l’abîme ; qu’ils ne tombent pas dans la nuit.
 Nous t’offrons, Seigneur, ce sacrifice et ces prières. Accepte-les pour ceux dont nous faisons mémoire : fais-les passer, Seigneur, de la mort à la vie, que jadis tu as promise à Abraham et à sa descendance.

    SANCTUS 14:24 - III. Sanctus (E-flat major)
    Saint, Saint, Saint, le Seigneur, Dieu des forces célestes. Le ciel et la terre sont remplis de ta gloire.
 Hosanna au plus haut des cieux. Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. Hosanna au plus haut des cieux.

    « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. »
    Un humain est venu s’asseoir à côté de moi. Il est resté silencieux. Il a pris le temps. Il a écouté mon souffle. Il a tendu l’oreille. Et il a attendu. Il a attendu jusqu’à ce que je puisse dire ma peine. Dire mon incompréhension. Dire ma révolte. Dire l’injustice du monde. Dire mon angoisse face à l’absurdité du monde, face à la méchanceté des humains et à la cruauté du destin. Il a écouté mon cri et recueilli mes pleurs. Il a entendu ma peur et accueilli mon angoisse. Il a écouté ma tristesse et recueilli mes larmes.

    Il a pris ma main dans la sienne. Elle était douce comme l’agneau. Il n’a rien expliqué, il avait simplement tout compris de ma vie. Il ne m’a pas donné d’interprétations, il a simplement ôté le poids qui écrasait mon dos et desserré l’étau de ma gorge. Il m’a redonné du souffle.
    Il était là, avec ses mains et ses pieds blessés, pour me donner du répit. Pour alléger ma charge. Pour apaiser mon âme. Il est là, pour moi, pour que je vive. « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. »

    PIE JESU  17:30 - IV. Pie Jesu (B-flat major)
    Pieux Jésus, Seigneur, donne-leur le repos. Donne-leur le repos éternel

    AGNUS DEI  21:02 - V. Agnus Dei et Lux Aeterna (F major)
    Agneau de Dieu qui enlève les péchés du
 monde, donne-leur le repos.
Agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde, 
donne- leur le repos, le repos éternel.

    Ecce Homo. Voici l’humain. Il s’est donné à l’humanité, pour s’asseoir à mes côtés.
    De quoi ai-je peur ? Qu’ai-je à perdre de me laisser embrasser par lui ?
    Pourquoi ai-je encore peur du jugement, annoncé comme ce « jour redoutable où le ciel et la terre seront ébranlés ; quand tu viendras éprouver le monde par le feu ».  « Voici que je tremble et que j’ai peur devant le jugement qui approche et la colère qui doit venir.
Ce jour là sera jour de colère, jour de calamité et de misère, jour mémorable et très amer. »

    De quoi ai-je peur ? Qu’ai-je à perdre de me laisser embrasser par le tout-humain ? Vais-je longtemps préférer mes angoisses et mes inquiétudes ? Vais-je vaincre tout seul ma peur de disparaître ? Qui me laisse penser que je peux apprendre à nager pour ne pas sombrer dans le néant ? Qui me fait croire que mes achats seront des bouées suffisantes contre le naufrage de la vieillesse ? Est-ce à eux que je veux m’accrocher ? Pourront-ils longtemps m’abuser de leurs illusions ?
    Vers qui me tourner en ce monde ? Qui peut verser un éclairage vrai sur ma vie et mes choix ?  Qui peut me promettre la vie ? Une vraie vie, faite de moments qui ne peuvent ni sombrer ni rouiller ?
    Ecce Homo. Voici l’humain. Il s’est donné à l’humanité, pour s’asseoir à mes côtés. C’est lui mon libérateur, celui qui sauvegarde ma vie à jamais.

    LIBERA ME   26:23 - VI. Libera Me (D minor)
    Délivre-moi, Seigneur, de la mort éternelle, en ce jour redoutable où le ciel et la terre seront ébranlés ; quand tu viendras éprouver le monde par le feu.
 Voici que je tremble et que j’ai peur devant le jugement qui approche et la colère qui doit venir.

    Ce jour là sera jour de colère, jour de calamité et de misère, jour mémorable et très amer.
    Quand tu viendras éprouver le monde par le feu.
 Donne-leur, Seigneur, le repos éternel,
 et que la lumière brille à jamais sur eux.

    La vraie vie n’est pas au bout du chemin, elle est le chemin. Un chemin parcourut par l’humanité. Un chemin parcourut avec celui qui s’est fait tout-humain pour marcher à nos côtés.
    Le vrai compagnon n’est pas au bout du chemin, il est le chemin. Un chemin cahoteux et chaotique, un chemin tantôt formidable, tantôt insoutenable. Mais un chemin qu’on n’est pas obligé de parcourir seul.
    Un homme, un humain nous tend la main pour prendre ce chemin et marcher avec nous. Il connaît le chemin de la vie, il l’a déjà parcouru, il l’a déjà traversé, il a déjà franchi tous les obstacles.
    Il est là pour nous accompagner, pour nous suivre quand nous voulons conduire ; pour nous conduire quand nous voulons le suivre. Il est là ; toujours il est là. Il est Dieu avec nous ; Emmanuel.
    Jusqu’au bout du monde, jusqu’au bout du chemin, jusqu’au bout de la vie, avec lui nous pouvons marcher apaisés et vivants.

    IN PARADISUM 30:57 - VII. In Paradisum (D major)
    Que les anges te conduisent au Paradis ; 
que les saints martyrs t’y accueillent et te guident jusqu’à la sainte cité de Jérusalem.
Que le choeur des anges te reçoive, et qu’avec Lazare, jadis si pauvre, tu connaisses le repos éternel.
    © Jean-Marie Thévoz, 2014 pour les textes de méditation.

  • Jean 13. Le lavement des pieds prépare les disciples au choc de la croix.

    Jean 13
    6.4.2014
    Le lavement des pieds prépare les disciples au choc de la croix.
    Jean 13 : 1-5       Jean 13 : 12-20
    Téléchargez ici la prédication : P-2014-04-06.pdf


    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    L’Evangile selon Jean est le seul des quatre évangiles à nous raconter cet épisode du lavement des pieds. Jean nous dit que cela se passe juste avant la Pâque, que Jésus soupe avec ses disciples et que Judas se prépare à trahir Jésus. Trois indices suffisants pour comprendre que cet épisode se passe lors du dernier souper que Jésus passe avec ses disciples, le jeudi soir. Ce souper pendant lequel Jésus partage le pain et le vin et donne un nouveau sens à ces gestes. Gestes que nous commémorons, que nous vivons dans la Sainte-Cène.
     Mais l’évangéliste Jean remplace ici l’institution de la Cène par le lavement des pieds comme récit d’entrée dans le temps de la Passion. Voyons ce que l’évangéliste veut nous dire, nous signifier par là. Qu’est-ce que Jésus fait ici ?
    Laver les pieds était un acte relativement courant à l’époque, mais dans des circonstances précises. Lorsqu’un maître de maison lançait une invitation et que ses invités avaient dû marcher quelques kilomètres pour venir dans sa maison, il était « classe » d’avoir un esclave qui lavait les pieds des invités à leur arrivée. C’est un moment de détente offert pour se sentir bien ensuite. Surtout c’était une tâche considérée comme subalterne, voire dégradante, confiée à l’esclave le plus bas de l’échelle.
    C’est cette place-là que Jésus prend en lavant les pieds de ses disciples. En faisant cela, il fait quelque chose de tout à fait inconvenant, inconcevable, de complétement déplacé. Comment Jésus « le Seigneur et le maître » peut-il s’abaisser à un tel geste ? Il va y perdre toute considération.
    Ainsi, Jean place ici — en ouverture du temps de la Passion de Jésus — un acte incongru, déplacé, incroyable.
    Pourtant, dans tout son Evangile, Jean montre Jésus comme celui qui a autorité, comme celui qui choisit ce qu’il fait et quand il le fait, comme celui qui sait ce qui se passe dans l’esprit des gens, qui connaît leurs projets. Ici même, il sait où il en est, il sait où il va : « Jésus savait que l’heure était venue pour lui de quitter ce monde » (v.1) ainsi commence ce récit. Jésus sait ce qui se passe dans le cœur de Judas.
    Donc Jean nous montre un Jésus qui maîtrise sa vie, qui domine les éléments de son destin et qui a autorité sur ses disciples. Et pourtant, il s’abaisse à leur laver les pieds, à prendre la place de l’esclave le plus bas sur l’échelle sociale. Ce récit nous montre que ce geste incroyable ne remet pas en cause l’autorité de Jésus, mais bien plus, qu’il en est l’accomplissement.
    C’est l’enseignement que Jésus donne après son geste. Ce n’est pas une erreur, ce n’est pas une humiliation. Ce geste est l’accomplissement de sa mission. Ce geste est l’accomplissement de la révélation qu’il est venu faire au monde. Dieu s’abaisse. Dieu s’abaisse sans perdre son autorité. Au contraire, cet abaissement affirme la vraie nature de Dieu et de la relation qu’il veut développer avec tous les humains. 
    Dieu est venu renverser les valeurs humaines qui valorisent la grandeur, la richesse, le pouvoir. Dieu renverse ces valeurs en montrant que l’autorité de l’un ne s’accomplit pas dans la subordination, dans l’asservissement ou l’aliénation de l’autre. Non, c’est le contraire : c’est dans le service des uns envers les autres que se réalise le vrai bonheur. C’est dans le service envers l’autre que se réalise le plus grand amour.  
    Ce geste incongru, cet acte incroyable, contraire à toute pensée humaine, ne remet pas en cause l’autorité, la valeur, la pertinence du message de Jésus. Et en cela, le lavement des pieds est — ici en ouverture de la Passion — comme une métaphore, une image de la croix, de la mort de Jésus qui va survenir.
    De même que le lavement des pieds ne détruit pas la vérité du message de Jésus, de même la croix, la mort de Jésus ne détruit pas la vérité du message de Jésus. De même que le lavement des pieds est l’accomplissement de l’amour de Jésus pour ses disciples, de même la croix sera l’accomplissement de l’amour de Jésus pour ses disciples.
    C’est un avertissement de Jésus. C’est un enseignement de Jésus pour que les disciples comprennent le sens de sa mort. Il doit passer par un abaissement total, par un sort qui va ressembler à un échec total pour accomplir, pour achever sa mission sur la terre. Ne soyez pas troublés, semble dire Jésus, cela doit arriver, vous comprendrez après coup.
    C’est pourquoi Jésus explique le sens de son geste à ses disciples. C’est pourquoi il leur dit, il nous dit, de l’imiter, d’imiter ce nouveau type de relation aux autres. C’est en imitant ce type de relation, de service, de respect, que nous serons heureux c’est dans ces attitudes que se trouve le bonheur, pas dans la domination et l’aliénation des autres. 
    Et Jésus va plus loin encore lorsqu’il dit : « Recevoir celui que j’enverrai, c’est me recevoir moi-même, et me recevoir, c’est aussi recevoir celui qui m’a envoyé. » (v.20) Ceux que Jésus envoie, ce sont ses disciples. Il les envoie dans le monde et il les envoie comme il a été envoyé par le Père. Souvenez-vous ce que je vous ai dit dimanche dernier sur le rôle d’envoyé, d’ambassadeur. L’ambassadeur est celui qui représente le chef d’Etat, il peut négocier et signer pour celui qui l’envoie, il a tout pouvoir. Et nous avons vu que Jésus a reçu ce pouvoir de son Père.
    Ici, Jésus est juste en train de dire que « comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie » (Jn 20:21). Ce qui signifie que Jésus nous transfert son pouvoir, son autorité, pour nous faire ses représentants, ses envoyés, ses ambassadeurs dans le monde.
    A nous d’être les dignes ambassadeurs de Jésus pour qui l’accomplissement d’une vie est dans le service. A nous — en tant que personne et en tant qu’Eglise — de montrer ce nouvel ordre de relation qui se vit dans le service, l’amour et le don de soi.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2014

  • Jean 5. Jésus, l’ambassadeur de Dieu auprès des humains

    Jean 5
    30.3.2014
    Jésus, l’ambassadeur de Dieu auprès des humains

    Jean 5 : 1-30
    Téléchargez la prédication : P-2014-03-30.pdf


    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Les Evangélistes ne sont pas des conteurs. Ils ne cherchent pas à nous raconter des histoires. S’ils nous transmettent des récits, c’est pour nous présenter une personne, pour nous faire découvrir la personne de Jésus, le Christ.
    Tous les récits, tous les épisodes, toutes les narrations, tous les discours des évangélistes sont orientés vers la présentation de la personne de Jésus, pour le faire découvrir et nous faire découvrir le lien qui l’unit à Dieu.
    C’est aussi ce que l’évangéliste Jean fait à travers ce récit autour de la guérison de cet homme à la piscine de Bethzatha. Un récit en trois parties (1-9 la guérison ; 10-18 la polémique ; 19-30 l’enseignement de Jésus).
    1) Premièrement donc, la rencontre et la guérison, qui ressemblent tout à fait aux guérisons qu’on trouve dans les autres évangiles. Jésus se préoccupe du sort d’un malheureux et il le guérit, grâce à la puissance divine que Dieu lui a confiée.
    2) Ensuite, comme souvent dans les autres évangiles, la polémique surgit parce que la guérison a eu lieu le jour du sabbat. Ici, cependant, ce n’est pas le fait que la guérison ait eu lieu le jour du sabbat qui pose problème : mais c’est le fait que l’homme guérit porte sa natte ! On retrouve toute l’ironie de l’évangéliste Jean. Voilà un homme relevé de son handicap après 38 ans de misère et on lui reproche de porter sa natte.
    Dans notre canton on dirait « c’est du pinaillage ! » C’est une perte totale de perspective. C’est une incapacité à faire la différence entre le détail et l’essentiel. Mais c’est bien ce que reproche Jésus aux autorités religieuses : pinailler sur les détails et manquer l’essentiel : « Malheur à vous pharisiens, vous payez la dîme sur la menthe et les herbes aromatiques, mais vous négligez la justice et l’amour de Dieu. » (Luc 11:42).
    A partir de là, la polémique glisse vers l’essentiel : qui est le vrai interprète de la volonté de Dieu ? Jésus dit aux pharisiens, à propos de cette guérison, « mon Père est continuellement à l’œuvre et moi aussi je suis à l’œuvre » (Jn 5:17). Jésus pose une similitude d’action entre le Père et lui. Aussitôt, il lui est reproché de se faire l’égal de Dieu — là le texte utilise le mot grec « iso » comme dans « isotherme » en météo qui dit des températures égales.
    3) C’est à ce moment que commence l’enseignement de Jésus : « En véritié, en vérité, je vous le dis… (v.19) tout ce que le Père fait, le Fils le fait également. » (v.20). Et là, le texte utilise le mot « homo » comme dans le mot « homogène » qui signifie que tous les éléments sont semblables ou équivalents. Ici, Jésus et Dieu sont équivalents.
    Ainsi, Jean passe de la similitude (v.17) à l’égalité (v.19) puis à l’identité (v.20) entre le Fils et le Père. Et c’est bien le message que l’évangéliste veut faire passer. Il y a identité entre le Fils et le Père.
    Cette identité, Jean l’affirme plus encore lorsqu’il écrit : « Celui qui n’honore pas le Fils, n’honore pas le Père qui l’a envoyé. » (v.23). Deux éléments dans cette phrase : a) il y a identité de culte entre le Père et le Fils, honorer égale rendre un culte ; b) la relation entre le Père et le Fils est marquée par cet envoi. 
    On trouve 41 fois dans l’Evangile selon Jean le concept que Jésus est envoyé par le Père ou que Jésus est celui que le Père a envoyé. Pour comprendre cette relation Père - Fils comme en parle Jean, il faut comprendre ce que signifiait, au temps de Jésus, cette notion d’Envoyé.
    Il faut penser à un roi qui envoie un ambassadeur. Un ambassadeur à qui le roi a expliqué la mission et donné plein pouvoir pour négocier. Lorsque cet ambassadeur arrive dans l’autre pays, il est reçu avec les honneurs qui sont dus, non à son rang propre, mais au rang du roi qui l’envoie. Si on veut honorer le roi, on honore son ambassadeur.
    Lorsque l’ambassadeur parle, il transmet la parole du roi qui l’envoie. Si l’ambassadeur signe un traité, sa signature à valeur de signature du roi. L’ambassadeur et le roi ne sont pas les mêmes personnes, mais ce que demande le roi, l’ambassadeur le transmet, et ce que décide l’ambassadeur engage le roi. Il y a donc différence de personnes, mais identité de vue et de pouvoir.
    C’est cette analogie que l’évangéliste Jean met en avant chaque fois qu’il répète (41 fois) que Jésus est celui que Dieu a envoyé. Ainsi, Jésus dit les paroles de son Père, il accomplit les œuvres du Père (v.17,19,36), il fait la volonté de son Père (v.30). C’est pourquoi honorer Jésus, c’est honorer celui qui l’a envoyé (v.23). C’est pourquoi croire en Jésus, c’est croire en celui qui l’a envoyé (v.24) et par là, recevoir la vraie vie.
    Comme envoyé dans le monde, comme ambassadeur du roi des cieux, Jésus accomplit l’œuvre de Dieu. L’évangéliste Jean découpe l’activité de l’envoyé en trois étapes.
    A. Une première étape qu’on trouve dans le prologue de l’Evangile selon Jean (Jn 1) où l’envoyé existe auprès de Dieu et pré-existe à sa mission.
    B. Une deuxième étape où le Fils accomplit l’œuvre de Dieu. On a vu qu’il l’accomplit par des signes (comme le signe de Cana ou des guérisons), des signes qui marquent la bienveillance de Dieu à l’égard des humains et la volonté de leur donner la vraie vie. Nous verrons encore dimanche prochain, à travers l’épisode du lavement des pieds, comment Jésus accomplit l’œuvre de Dieu.
    C. Enfin, la troisième étape est l’élévation de l’envoyé, élévation que nous verrons s’accomplir lors de la Passion de Jésus pendant la semaine sainte.
    Après les noces de Cana qui illustraient la vraie vie que Dieu veut offrir aux humains, après les marchands chassés du Temple qui illustrait comment Jésus fait table rase de la religion ancienne et enfermante, Jésus se présente comme celui qui a été envoyé par Dieu pour nous guérir de toutes les entraves qui nous empêchent de marcher à sa suite et qui nous empêchent de croire qu’il est bien celui que Dieu nous a envoyé. « Celui qui honore le Fils, honore le Père » (v.23) « celui qui écoute ma parole, dit Jésus, et qui croit en celui qui m’a envoyé, celui-là reçoit la vraie vie » (v24).
    L’évangéliste Jean montre donc à ses lecteurs, nous montre à nous, le chemin qui conduit à Dieu. En apprenant à connaître son Envoyé, le Christ, nous découvrons Dieu lui-même. En croyant en Jésus, nous recevons la vraie vie de Dieu.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2014