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Spiritualité

  • Le Requiem de Fauré entrecoupé de méditations

    Concert au Temple de Bussigny
    18.4.2014
    Le Requiem de Fauré (textes en italique) entrecoupé de méditations
    Pour écouter le Requiem, suivre les indications de temps donné pour chaque pièce.


    Francis Poulenc : Motet pour un temps de pénitence : timor et tremor (1939) : la crainte et l’effroi ont fondu sur moi, les ténèbres m’ont envahi, aie pitié de moi Seigneur… puisque mon âme te fait confiance. Mon Dieu exauce ma prière car tu es mon refuge et mon puissant secours. Je t’ai invoqué, je ne serai pas confondu.

    En ouverture, nous avons entendu chanter ces paroles du psalmiste : « La crainte et l’effroi ont fondu sur moi, les ténèbres m’ont envahi, aie pitié de moi Seigneur… » (Ps 55 :6). Ainsi pourrait aussi s’exprimer Jésus sur la croix. Ainsi s’exprime chaque humain, lorsqu’il est en proie à une détresse extrême.

    Après ce préambule de Poulenc, nous allons écouter le Requiem de Fauré. 
    Un Requiem exprime également l’angoisse devant l’obscurité et la mort. Un Requiem exprime l’angoisse que nos proches disparus souffrent encore et disparaissent à jamais. Un Requiem demande pour eux la paix et un accès au paradis. Un Requiem est une prière à Dieu pour changer la destinée des morts.
    Cela ne convient pas très bien à mon esprit protestant. Il me semble que nous ne pouvons plus rien pour les morts. Par contre, nous avons à nous préoccuper de notre vie et de notre destinée. Je vous invite à écouter cette musique non pas comme un appel pour d’autres, mais pour nous.
    Reconnaissons que nous sommes angoissés par la mort et que c’est nous qui avons besoin d’un apaisement. C’est nous qui avons besoin d’un repos maintenant. C’est nous qui avons besoin d’un répit maintenant. C’est nous qui avons besoin que quelqu’un mette un stop à nos inquiétudes, à nos angoisses. Pour cela nous pouvons prier Dieu avec les chanteurs : « Donne-nous, un répit, Seigneur, et que ta lumière brille à jamais sur nous. Aie pitié de nous, Seigneur. »

    Gabriel Fauré : Requiem, opus 48 (1893)
    00:00 - I. Introït et Kyrie (D minor)

    INTROÏT
    Donne-leur le repos éternel, Seigneur, et que la lumière brille à jamais sur eux .C’est de Sion que notre louange doit s’élever vers toi. 
C’est de Jérusalem qu’il faut offrir nos sacrifices. Exauce ma prière et tout être de chair parviendra jusqu’à toi.

    KYRIE
    Kyrie, eleison Christe, Kyrie eleison.

    Un tissu se déchire, une tasse se casse, la corde s’use, la fatigue s’installe, les mouvements deviennent plus lents, une perle tombe, un être s’en va, c’est la vie…
    Est-ce vraiment la vie ? Celle qu’on souhaite, celle qui nous est destinée ? N’y a-t-il rien n’y personne pour contester ce devenir ? Inch allah ! Il n’y a rien à faire. C’est la vie. Il faut accepter. Une page se tourne.
    N’y a-t-il personne pour se lever et dénoncer cette infortune ? La vie doit-elle être un enfer, devons-nous accepter de nous enliser dans un marécage sans fonds ? N’avons-nous qu’à accepter d’être guettés par la gueule du lion, engloutis par l’abîme, absorbé par la nuit de l’angoisse ?

    Quand le monde s’écroule autour de moi, quand mon patron me renvoie, quand mon meilleur ami me lâche, quand mon conjoint quitte la maison, quand mon plus proche est happé par la mort, vers qui puis-je crier ? Qui répond à mon cri ? Qui soulage mon angoisse ? Qui balaye mes soucis ? Qui va rallume mon espoir ? Qui fera le reste du chemin avec moi ?

    OFFERTOIRE 05:59 - II. Offertoire (B minor)
    Seigneur Jésus Christ, Roi de gloire, délivre les âmes de tous les défunts des peines de l’enfer et des marécages sans fond. / Seigneur Jésus Christ, Roi de gloire, délivre les âmes de tous les défunts de la gueule du lion ; qu’ils ne soient pas engloutis par l’abîme ; qu’ils ne tombent pas dans la nuit.
 Nous t’offrons, Seigneur, ce sacrifice et ces prières. Accepte-les pour ceux dont nous faisons mémoire : fais-les passer, Seigneur, de la mort à la vie, que jadis tu as promise à Abraham et à sa descendance.

    SANCTUS 14:24 - III. Sanctus (E-flat major)
    Saint, Saint, Saint, le Seigneur, Dieu des forces célestes. Le ciel et la terre sont remplis de ta gloire.
 Hosanna au plus haut des cieux. Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. Hosanna au plus haut des cieux.

    « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. »
    Un humain est venu s’asseoir à côté de moi. Il est resté silencieux. Il a pris le temps. Il a écouté mon souffle. Il a tendu l’oreille. Et il a attendu. Il a attendu jusqu’à ce que je puisse dire ma peine. Dire mon incompréhension. Dire ma révolte. Dire l’injustice du monde. Dire mon angoisse face à l’absurdité du monde, face à la méchanceté des humains et à la cruauté du destin. Il a écouté mon cri et recueilli mes pleurs. Il a entendu ma peur et accueilli mon angoisse. Il a écouté ma tristesse et recueilli mes larmes.

    Il a pris ma main dans la sienne. Elle était douce comme l’agneau. Il n’a rien expliqué, il avait simplement tout compris de ma vie. Il ne m’a pas donné d’interprétations, il a simplement ôté le poids qui écrasait mon dos et desserré l’étau de ma gorge. Il m’a redonné du souffle.
    Il était là, avec ses mains et ses pieds blessés, pour me donner du répit. Pour alléger ma charge. Pour apaiser mon âme. Il est là, pour moi, pour que je vive. « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. »

    PIE JESU  17:30 - IV. Pie Jesu (B-flat major)
    Pieux Jésus, Seigneur, donne-leur le repos. Donne-leur le repos éternel

    AGNUS DEI  21:02 - V. Agnus Dei et Lux Aeterna (F major)
    Agneau de Dieu qui enlève les péchés du
 monde, donne-leur le repos.
Agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde, 
donne- leur le repos, le repos éternel.

    Ecce Homo. Voici l’humain. Il s’est donné à l’humanité, pour s’asseoir à mes côtés.
    De quoi ai-je peur ? Qu’ai-je à perdre de me laisser embrasser par lui ?
    Pourquoi ai-je encore peur du jugement, annoncé comme ce « jour redoutable où le ciel et la terre seront ébranlés ; quand tu viendras éprouver le monde par le feu ».  « Voici que je tremble et que j’ai peur devant le jugement qui approche et la colère qui doit venir.
Ce jour là sera jour de colère, jour de calamité et de misère, jour mémorable et très amer. »

    De quoi ai-je peur ? Qu’ai-je à perdre de me laisser embrasser par le tout-humain ? Vais-je longtemps préférer mes angoisses et mes inquiétudes ? Vais-je vaincre tout seul ma peur de disparaître ? Qui me laisse penser que je peux apprendre à nager pour ne pas sombrer dans le néant ? Qui me fait croire que mes achats seront des bouées suffisantes contre le naufrage de la vieillesse ? Est-ce à eux que je veux m’accrocher ? Pourront-ils longtemps m’abuser de leurs illusions ?
    Vers qui me tourner en ce monde ? Qui peut verser un éclairage vrai sur ma vie et mes choix ?  Qui peut me promettre la vie ? Une vraie vie, faite de moments qui ne peuvent ni sombrer ni rouiller ?
    Ecce Homo. Voici l’humain. Il s’est donné à l’humanité, pour s’asseoir à mes côtés. C’est lui mon libérateur, celui qui sauvegarde ma vie à jamais.

    LIBERA ME   26:23 - VI. Libera Me (D minor)
    Délivre-moi, Seigneur, de la mort éternelle, en ce jour redoutable où le ciel et la terre seront ébranlés ; quand tu viendras éprouver le monde par le feu.
 Voici que je tremble et que j’ai peur devant le jugement qui approche et la colère qui doit venir.

    Ce jour là sera jour de colère, jour de calamité et de misère, jour mémorable et très amer.
    Quand tu viendras éprouver le monde par le feu.
 Donne-leur, Seigneur, le repos éternel,
 et que la lumière brille à jamais sur eux.

    La vraie vie n’est pas au bout du chemin, elle est le chemin. Un chemin parcourut par l’humanité. Un chemin parcourut avec celui qui s’est fait tout-humain pour marcher à nos côtés.
    Le vrai compagnon n’est pas au bout du chemin, il est le chemin. Un chemin cahoteux et chaotique, un chemin tantôt formidable, tantôt insoutenable. Mais un chemin qu’on n’est pas obligé de parcourir seul.
    Un homme, un humain nous tend la main pour prendre ce chemin et marcher avec nous. Il connaît le chemin de la vie, il l’a déjà parcouru, il l’a déjà traversé, il a déjà franchi tous les obstacles.
    Il est là pour nous accompagner, pour nous suivre quand nous voulons conduire ; pour nous conduire quand nous voulons le suivre. Il est là ; toujours il est là. Il est Dieu avec nous ; Emmanuel.
    Jusqu’au bout du monde, jusqu’au bout du chemin, jusqu’au bout de la vie, avec lui nous pouvons marcher apaisés et vivants.

    IN PARADISUM 30:57 - VII. In Paradisum (D major)
    Que les anges te conduisent au Paradis ; 
que les saints martyrs t’y accueillent et te guident jusqu’à la sainte cité de Jérusalem.
Que le choeur des anges te reçoive, et qu’avec Lazare, jadis si pauvre, tu connaisses le repos éternel.
    © Jean-Marie Thévoz, 2014 pour les textes de méditation.