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Prends courage, lève toi, il t’appelle !

Marc 10
18.10.2015
Prends courage, lève toi, il t’appelle !

Josué 6 : 1-5        Marc 10 : 46-52

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Chères paroissiennes, chers paroissiens,
Pour bien comprendre la portée de la guérison de l’aveugle Barthimée, il est nécessaire de comprendre quand, dans la vie de Jésus, se passe cet épisode. Nous sommes à Jéricho. Jéricho est une ville étape sur la route entre la Galilée et Jérusalem. Depuis le lac de Galilée, il est bien plus facile de suivre la vallée du Jourdain jusqu’à Jéricho, puis de monter à Jérusalem, que de traverser toutes les montagnes de Samarie.
Jésus a donc terminé son ministère en Galilée, il a fini son enseignement, il monte à Jérusalem pour ce qu’il sait être le temps de sa Passion. Il a déjà annoncé sa Passion à ses disciples par trois fois, mais ceux-ci ne comprennent toujours pas. Ils restent aveugles face au destin de Jésus. Cette guérison est donc emblématique du besoin des disciples —  et des lecteurs — de se voir ouvrir les yeux sur la personne et le rôle de Jésus.
Cette rencontre avec Barthimée se passe aux portes de Jéricho. Il n’est pas possible de ne pas penser à ce que l’Ancien Testament dit de Jéricho et de l’effondrement de ses murailles. C’est le lieu même où la foi — sans le recours à la violence — a fait tomber les murailles, les obstacles, les remparts. C’est le lieu que Jésus choisit pour faire tomber les obstacles à notre foi, les murailles que nous érigeons pour nous protéger, pour nous séparer des autres ou de Jésus.
C’est là que Jésus rencontre Barthimée et que cette rencontre va transformer la vie de ce mendiant aveugle, assis au bord de la route, attendant passivement les aumônes. Jésus passe là avec ses disciples et une petite foule. Barthimée s’en rend compte, il identifie le personnage principal et il l’interpelle : «Jésus fils de David, aie pitié de moi». « Aie pitié de moi » C’est l’appel classique du mendiant. Faire appel à la charité, à la miséricorde, à la compassion, pour recevoir une aumône, de quoi vivre ce jour là. Ceux qui accompagnent Jésus ont deux réactions opposées. Les uns rabrouent Barthimée et l’enjoignent au silence. Il ne faut pas déranger le maître. Les autres soutiennent la demande de Barthimée en disant : « Prends courage, lève toi, il t’appelle. » (Mc 10:49)
Jésus est en effet attentif. Il est attentif aux cris, aux appels, aux prières qui lui sont adressés. Mais le monde est ambivalent, plus souvent sourd et fermé. Le monde actuel est plutôt du côté de faire taire ceux qui crient à Dieu. La mode, c’est de dire que la foi c’est ringard, c’est dépassé, c’est quelque chose pour les naïfs.
Qui allez vous écouter ? Ceux qui disent tais-toi, ou ceux qui disent « Prends courage, lève toi, il t’appelle » ?
Ici, dans la paroisse, vous n’aurez que des encouragements, que du soutien, que de l’aide : prenez des forces là où elles vous sont offertes. Ces paroles « Prends courage, lève toi, il t’appelle. » sont un antidote au repli, à la passivité, au ressassement sans fin de la plainte, du malheur.
Votre cri est entendu, votre appel parvient aux oreilles de Jésus, il se tourne vers vous et engage le dialogue. Jésus commence par demander ce dont nous avons besoin : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » (v.51) Chacun a des besoins différents ; les besoins changent au cours du temps et Jésus veut donner une réponse adaptée. Il attend la réponse de Barthimée. Il attend votre réponse personnelle : que veux-tu ? Et Barthimée demande de recouvrer la vue.
Et Jésus est heureux de cette demande. Barthimée aurait pu juste demander une aumône, de quoi subsister un jour de plus. Non, Barthimée est confiant, il demande un changement de vie. Barthimée a passé de la prière des besoins à une prière de transformation. Il a confiance que Jésus peut transformer sa vie, et lui redonner la vue et la vie. Jésus approuve cette demande et c’est pourquoi il lui dit : « Va ta foi, ta confiance t’as sauvé » (v.52)
Et Barthimée revoit. Cette nouvelle vue, c’est ce que Barthimée reçoit. Mais il y a aussi dans ce récit une promesses pour le lecteur. Le lecteur aussi peut recevoir une nouvelle vue, une nouvelle vision en faisant confiance à Jésus.
Ici à Jéricho, entre l’enseignement de Jésus (sur l’amour et les nouvelles relations que chacun peut entretenir avec son prochain en suivant Jésus) et la montée à Jérusalem pour sa Passion, ici doit se passer la guérison de notre propre aveuglement. L’aveuglement de ne pas connaître la vraie nature de Dieu. L’aveuglement de croire que Dieu veut s’imposer. L’aveuglement de croire que Dieu est loin au-dessus de nous.
Ce récit nous invite à nous laisser ouvrir les yeux sur le fait que Dieu se révèle vraiment dans la Passion de Jésus. C’est dans sa Passion, sur la croix, que Jésus est le plus proche de nous, qu’il est vraiment à nos côtés. Il n’est pas un Dieu lointain qui nous surplombe et reste indifférent à nos malheurs. Non, il est plongé dans notre monde, dans nos luttes, dans nos tristesses, dans nos souffrances, véritablement à nos côtés. À cette réalité, nos yeux sont trop souvent fermés. Nos yeux ont besoin d’être ouverts à cette proximité. Besoin d’être ouverts à cette position nouvelle de Dieu : il est à nos côtés dans nos souffrances. Nos yeux ont besoin d’être ouverts pour découvrir le monde autrement, à l’aulne de cette révélation.
Jésus nous offre cette nouvelle vision du monde : nous ne sommes pas seul, il vit avec nous, il nous accompagne, nous soutient, nous relève. Il nous encourage, il nous relève, il nous appelle ! C’est ce que disent les disciples à Barthimée « Prends courage, lève toi, il t’appelle. »
Cette guérison de la vue est le commencement d’une transformation intérieure complète. Au début du récit, Barthimée était assis au bord du chemin, prostré dans son manteau, attendant passivement les aumônes. Après sa rencontre avec Jésus, Barthimée se met en route pour suivre le chemin de Jésus, transformé, transfiguré.
Ayez courage, ayez confiance, relevez-vous en saisissant la main que Jésus vous tend, il vous appelle, écoutez-le.
C’est lui qui va faire tomber les murailles de Jéricho dans lesquelles vous êtes enfermés. C’est lui qui va faire tomber les remparts de tristesse, de chagrin, qui vous coupent des autres. C’est lui qui va faire surgir la lumière dans vos vies. C’est lui qui ouvre un chemin sous vos pas.
Amen
© Jean-Marie Thévoz, 2015

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