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Pâques : une pierre, un animal, un homme.

(15.4.2001)

Actes 4

Pâques : une pierre, un animal, un homme.

Lévitique 16 : 20-22.        Actes 4 : 8-12.       Jean 11 : 45-50+53

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Pâques... la résurrection après la croix, qu'est-ce que cela signifie ? Qu'est-ce que cela veut nous dire ? Qu'est-ce qu'on peut en comprendre dans notre XXIe siècle ?

Pâques... c'est une pierre, un animal, un homme.

Un homme mort et ressuscité ! Est-ce simplement un "happy end", une fin heureuse pour une histoire qui avait mal tourné ? Est-ce un rattrapage, un retournement qui permet d'oublier les mauvais moments ? Non, la résurrection n'efface pas la mort de Jésus, la résurrection n'efface pas l'horreur du supplice, la résurrection n'efface pas l'injustice. La résurrection, c'est la façon qu'a Dieu de dire : "Je ne suis pas d'accord", " ce n'est pas comme cela que ça devait finir !", "Je suis fâché !" C'est un jugement ! Mais comme Dieu n'aime pas punir, mais enseigner et sauver, il ressuscite Jésus.

Dieu pose un acte constructif :

"La pierre rejetée par les bâtisseurs, est devenue la principale de l'angle." (Ps 118:22, Ac 4:11)

Une pierre, un animal, un homme.

* * *

Le monde est aux prises avec la violence, une violence qui conduit à toutes les horreurs, parmi lesquelles se trouve la croix de Jésus. Pour contrôler la violence, la loi de Moïse instituait le rituel du bouc émissaire. Le grand-prêtre posait ses mains sur la tête de l'animal et transférait les péchés du peuple dans l'animal qui était ensuite conduit dans le désert et abandonné. De cette manière, les péchés étaient sortis de la communauté.

Mais d'où vient l'efficacité du rituel ? Elle vient d'abord de la reconnaissance qu'il y a des fautes et qu'elles font mal à la communauté. Le grand-prêtre nomme les problèmes. Ensuite, ces fautes ne sont pas reportées — comme des accusations — sur quelqu'un, dans ou en marge de la communauté, mais sur le bouc. Il est inutile de chercher un fautif, on s'attache à résoudre le problème : c'est un animal, pas un humain, qui est exclu. Ainsi finalement, la communauté peut vivre ensemble et entière le rituel. Sacrifier l'animal, c'est donner une deuxième vie à chacun, à chaque personne de la communauté, car personne n'est sûr d'échapper à la fonction de bouc émissaire s'il n'y a pas de bouc ! Il y a déjà là les prémisses de la résurrection.

Une pierre, un animal, un homme.

* * *

Dieu a en horreur les sacrifices humains. C'est une abomination à ses yeux. Lorsqu'Abraham est sur le point de sacrifier Isaac, Dieu retient sa main et lui fait voir un bélier. Jamais Dieu n'a voulu sacrifier son Fils et effacer la croix par le geste de la résurrection.

Un homme, le Christ, est mort parce qu'il a accepté de mourir pour nous ouvrir les yeux sur la violence que nous exerçons, sur les sacrifices humains que nous perpétrons chaque jour. Chaque fois que nous écrasons quelqu'un pour atteindre nos buts de carrière, d'ambition, de satisfaction. Chaque fois qu'un entreprise pense "profit" avant "personnel"; chaque fois qu'on pense "le divorce résoudra mes problèmes"; chaque fois qu'on pense "la solution du problème, c'est d'écarter tel ou tel"; ou "c'est la faute aux étrangers, aux réfugiés, aux gitans", chaque fois nous sommes dans la logique du bouc émissaire que la résurrection dénonce !

Chaque fois que l'intérêt personnel passe avant le souci de l'autre nous répétons la phrase de Caïphe : "Il est préférable qu'un seul homme meurt plutôt que tout le peuple" (Jn 11:50).

Une pierre, un animal, un homme.

* * *

La résurrection, c'est Dieu qui ramasse la pierre écartée et qui la place au centre de la construction comme pierre d'appui, au centre du Temple, de l'Eglise, du monde. La résurrection n'est pas un happy end, c'est Dieu qui récupère la victime et la replace dans sa communauté, c'est Dieu qui court les chemins pour trouver les abandonnés, les laissés pour compte et qui les rassemble autour de sa Table.

Jésus qui avait été écarté du monde des vivants, Dieu l'a ressuscité des morts pour qu'il prenne sa place au centre de nos vies, comme la pierre sur laquelle nous appuyer et construire.

Jésus est comme le bouc émissaire, celui qui a accepté de porter toutes nos fautes, toutes nos violences. Il est celui sur lequel nous pouvons nous décharger pour vivre en communion les uns avec les autres.

Jésus est l'homme que Dieu a choisi pour nous apprendre à vivre selon sa volonté. Jésus est l'homme que nous pouvons suivre dans la vie comme dans la mort.

Amen

© Jean-Marie Thévoz, 2023

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