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"Mon joug est facile" dit Jésus

(4.7.1999)

Matthieu 11

"Mon joug est facile" dit Jésus

Romains 8 : 9-11.    Matthieu 23 : 1-4.     Matthieu 11 : 27-30

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Sur un ton de reporter sportif :

Chers amis sportifs bonjour !

Quel week-end, quel week-end !

Vendredi une soirée magnifique avec Athletissima et sa pluie de performances.

Samedi, le prologue du Tour de France. Une grande boucle qui nous tiendra en haleine pendant ces prochaines semaines.

Et aujourd'hui, deux finales à Wimbledon. Une finale dames où s'affronteront deux championnes, Steffi Graf et Lindsay Davenport et la finale messieurs qui verra s'opposer André Agassi et Pete Sampras. Du spectacle en perspective. Que d'exploits, que d'efforts, que de réussites et de victoires pour notre plaisir ! Voilà un exemple pour tous : se surpasser, donner le meilleur de soi-même, vaincre, être le plus fort !

Silence.

Sur un ton paisible :

Vous n'êtes pas fatigués par ces exemples, par cette compétition permanente, par cette poursuite de l'exploit, de la perfection, de la victoire ?

Même si le monde du sport n'est qu'une facette de l'image de notre société, il est un reflet de son fonctionnement général. Ce qu'on nous montre comme un jeu, n'est cependant pas un jeu pour tout le monde. L'exigence de compétition, de réussite, de surpassement, on la trouve maintenant dans tous les secteurs de la vie. Le sport nous montre les gagnants, mais on nous cache tous les perdants, tous ceux qui restent sur la touche, encore plus ceux qui y laissent leur santé, ceux qui en meurent...

De tout temps l'être humain a été soumis à l'esclavage d'en faire davantage, produire plus, être meilleur. Au temps de Jésus, cette exigence était promulguée par les scribes et les pharisiens. Ils avaient développé la loi de Dieu en une multitude de prescriptions qui envahissaient toute l'existence. Tout ce qu'il fallait faire pour plaire à Dieu ne laissait plus aucune place pour être simplement et aimer son prochain. A cela Jésus a opposé cette parole :

 

"Venez à moi vous tous qui êtes fatigués de porter un lourd fardeau et je vous donnerai le repos" (Mt 11:28)

Au temps de Jésus, la religion était devenue un lieu d'asservissement. L'accomplissement de toutes les prescriptions de la loi était devenu « l'Exigence » à remplir pour satisfaire Dieu. Au moyen âge le christianisme était retombé dans cette ornière. Pour obtenir le salut, il fallait se retirer du monde dans les monastères, ou produire de bonnes oeuvres et obtenir des mérites. Aujourd'hui, « l'Exigence » est de retour. Mais je ne la vois pas au coeur de la religion, mais au coeur de notre société laïque et sécularisée. C'est « l'Exigence » d'excellence et de perfection.

Nous devons à toute force être — dans nos fonctions et dans nos rôles — au mieux de ce que nous pouvons être, et même au-delà. Nous devons être une bonne mère (sinon les enfants seront traumatisés), un bon père, une collaboratrice estimée, efficace, un professionnel performant, un camarade ou une amie sans défaut, etc. C'en est au point que même dans la médiocrité, nous sommes appelés à devenir de bons médiocres, sinon nous perdons la capacité d'être estimés et de nous estimer nous-mêmes, sinon, autant dire que nous perdons la face, si ce n'est la vie.

Impossible d'échapper à cette loi qui nous poursuit partout. Et elle finit par nous peser, par nous miner, par tuer en nous toute vie, toute joie, par nous épuiser. Au bout du compte, même quand on sera perdants, malades ou mort, il faudra nous arranger pour être encore de bons perdants, des malades exemplaires et des morts sans reproches ! Cette « Exigence » est renforcée tous les jours par la compétition sociale, la publicité, la mode, le sport, l'économie ou l'industrie.

Arriverons-nous à satisfaire cette « Exigence » ? Quelqu'un peut-il espérer satisfaire cette « Exigence » ? Quelques jeunes peuvent le croire, pour un temps. Mais nous, citoyens ordinaires, personnes moyennes, ou gens âgés ? Quand verrons-nous la vanité de cette poursuite ? Quand saurons-nous décrypter ces langages mensongers, ces illusions, ces leurres ? Quand saurons-nous débusquer ces pharisiens des temps modernes qui mettent sur nos épaules des fardeaux qu'ils ne remuent pas eux-mêmes du bout du doigt ? Quand renoncerons-nous à cette poursuite du vent ?

Jésus nous propose de troquer ces fardeaux pesants et inutiles contre son joug ! Et il nous dit que son joug (son yoga, c'est la même étymologie) est léger. Sa discipline est facile, car le maître lui-même est doux et humble de coeur. Jésus n'est jamais entré dans la compétition des hommes, il n'a jamais cherché, ni cherché à imposer, la perfection, le surpassement, la réussite.

Jésus est celui qui s'est abaissé jusqu'au plus humble d'entre nous. Il est celui qui est allé à la rencontre des malades, des blessés de la vie, des mal-portants, des souffrants. Au devant de ceux qui ont échoué, qui se retrouvent éliminés, sortis du tableau par le bas.

Dans le Tour de France, Jésus est le conducteur de la voiture balais ! Il s'occupe de ceux qui n'en peuvent plus de ce rythme effréné. Il nous dit : "Vous tous qui êtes fatigués de porter le fardeau de la compétition et de la réussite, monter dans ma voiture, je vous donnerai du repos".

Bonnes vacances à ceux qui en prennent ! Et pour ceux qui continuent à travailler : prenez soin de vous !

Amen

© Jean-Marie Thévoz, 2023

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