(14.9.2003)
Marc 9
L'aveuglement des disciples lorsque Jésus annonce sa Passion
Esaïe 53 : 1-5. Marc 9 : 30-37
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(14.9.2003)
Marc 9
L'aveuglement des disciples lorsque Jésus annonce sa Passion
Esaïe 53 : 1-5. Marc 9 : 30-37
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Pour le dimanche de Pâques, 12 avril 2020
1 Corinthiens 15
Comme Paul, s'inscrire dans la lignée des témoins de la résurrection
1 Corinthiens 15 : 1-11. Matthieu 28 : 1-10
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Chers frères et soeurs en Christ,
Dans chacun des Evangiles, Pâques, c'est le récit des femmes qui se rendent au tombeau de Jésus, dans le but de faire sa toilette mortuaire et l'enterrer dignement. Et c'est la surprise d'une réalité toute autre : celui qu'on cherche parmi les morts n'est pas là, il est vivant et il attend ses disciples en Galilée.
Ces récits des Evangiles nous montrent les premiers témoins, leurs réactions, leur perplexité, leur foi ou leurs doutes. Ces récits nous donnent l'impression d'une proximité, d'une immédiateté des témoins avec les événements qui rend leur foi facile et — à nos yeux — leurs doutes risibles : Pourquoi les disciples ne croient-ils pas les femmes ? Pourquoi Thomas doute-t-il lorsqu'il a Jésus devant les yeux ?
Si nous avions eu tout cela sous les yeux, ne serait-il pas facile de croire ? Cela ne serait-il pas convainquant pour nos voisins, nos proches, ceux qui doutent ?
Comment passer de la première génération, celle des témoins visuels, aux générations suivantes, celles qui doivent croire sans voir ? C'est là que le témoignage de Paul, l'apôtre Paul, est important.
Paul ne faisait pas partie des disciples de Jésus du vivant de celui-ci. Paul n'a pas été témoin du tombeau vide. Paul n'a pas été témoin des apparitions de Jésus entre Pâques et l'Ascension. Pire, Paul a été un persécuteur des premiers disciples, des premières communautés chrétiennes. Il s'est élevé contre la prétention des chrétiens à témoigner d'un certain Jésus de Nazarteh, tué par les autorités juives et romaines et prétendument ressuscité !
Paul a cependant vécu une conversion sur le chemin de Damas. De persécuteur de Christ, il est devenu son apôtre, son défenseur, son ardent prédicateur. Dans sa première lettre à la communauté de Corinthe, Paul énumère les témoins des apparitions de Jésus : Pierre, puis les Douze apôtres, ensuite une foule nombreuse dont les Evangiles ne parlent pas. Et Paul se place après eux tous, comme le plus modeste d'entre eux.
Paul se met donc sur la liste des témoins d'une apparition, mais non pour s'en glorifier, s'en vanter, mais pour montrer combien grande est la grâce de Dieu. Dieu lui a fait la grâce, à lui le persécuteur, de lui faire connaître Jésus-Christ. Paul n'a pas lieu de s'enorgueillir de cette apparition, de cette révélation, elle met simplement en relief la force de retournement, de renouvellement que contient la résurrection.
Paul explique cela à la communauté de Corinthe. A Corinthe, il semble que Paul soit face à une communauté très diverse, qui est composée en partie de très petites gens et en partie de mystiques ou d'illuminés (dirait-on aujourd'hui) qui se glorifient d'expériences religieuses particulières et probablement spectaculaires.
Paul, face à cela, les invite tous à revenir au Credo de base de la foi chrétienne. Il veut rassembler autant les illuminés qui impressionnent, que les gens modestes qui sont impressionnés par les premiers et se sentent inférieurs, incapables, abaissés.
Paul répète ce Credo de base en quelques mots :
"Le Christ est mort pour nos péchés (comme l'avaient annoncé les Ecritures)
il a été enterré;
il est revenu à la vie le troisième jour (comme l'avaient annoncé les Ecritures)
il est apparu (à Pierre, aux Douze, à 500, à moi...)" (1 Co 15:3-4)
Paul se place sur la liste des témoins, pour montrer qu'il y a une place pour chacun dans cette liste, lui qui se qualifie d'avorton, de moins que rien parce qu'il a débuté comme persécuteur.
Ceux qui se prévalent du Christ et d'expériences grandioses n'ont pas compris la mort et la résurrection de Jésus. La résurrection de Jésus — l'homme crucifié — est le signe donné par Dieu du retournement, du renouvellement de toutes choses, dans la vie personnelle de chacun comme dans le cosmos tout entier.
La résurrection de Jésus par Dieu est un événement indescriptible, impossible à raconter et à voir par des yeux humains (d'où des récits très différents suivant les Evangiles) parce que c'est l'irruption de la réalité divine dans le monde des humains. L'irruption d'une réalité toute autre, toute différente de nos échelles de valeurs humaines.
L'irruption d'une espérance dans le désespoir;
d'une ouverture dans nos impasses et nos blocages;
d'une réconciliation possible dans nos brouilles et nos ruptures;
d'une guérison de nos blessures intérieures;
d'une libération de nos découragements, de nos lassitudes et de nos fatalismes.
Croire en la résurrection, c'est se placer dans la liste des témoins pour faire mémoire du passé (Jésus était mort et il est vivant), c'est vivre du renouvellement, du retournement du présent, et c'est s'ouvrir à une futur, dans la confiance de Dieu. Oui, Christ est ressuscité et nous en sommes — encore aujourd'hui — les témoins.
Amen
© Jean-Marie Thévoz, 2020
1 Co 1
25.12.2017
Dieu joue l'énigmatique pour nous inviter au détour qui permet la rencontre
Exode 3 : 1-8 1 Corinth. 1 : 18-21 Luc 2 : 8-12
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Chers frères et soeurs en Christ,
Imaginez, un instant, que vous êtes ... Dieu ! Il y a quelques millions d'années, vous avez donné un coup de pouce au développement de l'être humain et depuis lors vous le regardez évoluer. Pour l’être humain, la vie est difficile et précaire sur la terre. Vous voyez comment il a de la peine à vivre bien, à vivre pacifiquement ses relations avec ses proches ou ses voisins.
Vous le voyez malheureux, misérable, oppressé et vous souhaitez lui donner un coup de main, le mettre sur la voie du bonheur, de la liberté, de l'amour.
Mais voilà, vous êtes Dieu, avec des moyens illimités, une puissance sans borne et vous ne voulez pas le terroriser. L'être humain a déjà bien assez peur comme cela, il est superstitieux et craintif. Comment faire ? Comment se révéler ?
La Bible nous relate, côté humain, les prises de contact de Dieu avec nous. Dieu s'est promis de ne pas recommencer avec la méthode par trop radicale du déluge. Alors, il opte pour une méthode plus légère : se faire connaître au sein d'une famille, celle d'Abraham, Isaac, Jacob. C'est un travail qui demande du doigté, qui est à reprendre à chaque génération, mais enfin, il fait peu à peu ses preuves.
L'humanité, à travers Israël, découvre peu à peu un Dieu qui se montre sensible et proche, à l'écoute de la misère des humains. Et c'est ainsi, de génération en génération que la foi se transmet, de personnes à personnes, comme un témoin depuis des siècles. Dieu ponctue le temps de ses révélations, jusqu'à venir en personne, en Jésus, à Noël, pour visiter son peuple et accomplir, parachever, parfaire sa révélation.
Mais que ce soit pour Moïse, pour les bergers à Noël ou pour les disciples à Pâques, la révélation n'est jamais fracassante, totalement claire et univoque. Dieu se révèle, mais toujours dans le mystère, comme pour laisser à l'incroyant une porte de sortie honorable. Dieu se révèle, mais ne s'impose pas comme irréfutable. La foi ne naît pas de la preuve. La foi naît du questionnement, de l'interrogation que pose l'énigmatique, l'improbable.
Ainsi, Moïse est-il intrigué par ce buisson qui ne semble pas normal. "Il décida de faire un détour pour aller voir ce phénomène étonnant et découvrir pourquoi le buisson ne brûlait pas" (Ex 3:3). Face à un phénomène improbable, énigmatique, Moïse consent à faire un détour, à sortir de sa routine, de sa logique, de sa sagesse humaine. Et c'est au détour du chemin qu'il rencontre Dieu. Dieu joue l'improbable, l'énigmatique pour nous inviter au détour qui permet la rencontre.
Les bergers de Noël sont aussi "victimes" d'un phénomène étrange, est-ce une vision, une illusion ou une révélation ? On leur annonce une naissance. N'est-ce pas un fait d'une banalité navrante ? Des naissances, cela arrive tous les jours ! Pourtant, ils sont intrigués, accrochés et ils se déplacent. Ils vont faire leur détour jusqu'à la crèche et y découvrir Dieu.
De même, plus tard, les disciples, appelés les uns après les autres par Jésus, vont partir à sa suite sur les chemins, se détournant des métiers qu'ils avaient appris pour devenir pêcheurs d'hommes. Ils ont dû être intrigués par la personne de Jésus pour le suivre ! Pourtant d'autres ont passé à côté de ce Jésus sans rien voir !
Peut-être les croyants sont-ils fous !? Ne voient-ils pas de l'extraordinaire dans des événements extrêmement banals ? Un buisson qui brûle dans le désert, un nouveau-né pauvre, un vagabond qui se prend pour un prêcheur itinérant.
Voir Dieu dans un feu, dans une naissance, dans un condamné en croix, n'est-ce pas une folie ? n'est-ce pas contraire à toute logique ? Oui, selon la sagesse, la logique humaine du monde qui ne veut croire que ce qu'on voit, qu'on touche, qu'on peut calculer. C'est vrai : "le monde a été incapable, au moyen de la sagesse humaine, de reconnaître Dieu là où se manifestait la sagesse divine" (I Co 1:21) nous rappelle l’apôtre Paul.
C'est pourquoi Dieu a choisi de parler à l'être humain par énigmes, par des événements improbables qu'il faut déchiffrer et interpréter.
Tout ce qui nous arrive peut être appréhendé, compris "selon la sagesse humaine" — et la science prétend tout pouvoir expliquer, depuis notre origine jusqu'à nos maladies — ou bien tout peut être abordé avec les yeux de la foi et compris avec Dieu en arrière-fond... ou même avec Dieu sur le devant de la scène.
La foi, c'est oser voir Dieu à l'oeuvre dans nos vies. La foi, c'est voir Dieu dans cet enfant de Noël. Noël, c'est voir Dieu dans ceux qui nous côtoient. Noël, c'est voir Dieu dans ce qui nous arrive et grandir en confiance. Alors ouvrons les yeux !
Joyeux Noël !
© Jean-Marie Thévoz, 2017
Jean 14
25.5.2017
Jésus part, mais ne nous abandonne pas.
Jean 14 : 1-12 Jean 16 : 5-7 + 13-15
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Chers frères et sœur en Christ,
Nous commémorons aujourd’hui l’ascension de Jésus. Selon le calendrier propre à l’Évangile de Luc l’Ascension a lieu 40 jours après Pâques et 10 jours avant la Pentecôte, le don de l’Esprit Saint. Ainsi l’évangéliste Luc a donné une durée déterminée et symbolique (40 jours) au temps des apparitions de Jésus à ses disciples après la résurrection. Et l’Eglise à adopté ce timing dans son calendrier des fêtes.
L’évangéliste Jean ne définit pas de calendrier, mais il développe longuement — dans les discours d’adieu de Jésus (Jn 13—17) — le sens du départ de Jésus. Car ce départ pose problème ! Ce départ après les apparitions aux disciples ne marque-t-il pas la fin du contact avec Jésus ? N’est-ce pas une deuxième séparation, une deuxième mort ? Puisque Jésus va être définitivement absent.
Les disciples ne le reverront plus à leur table. Les disciples ne marcheront plus avec lui dans les campagnes. Les disciples ne l’entendront plus enseigner. Allons-nous entrer dans l’époque du souvenir et de la commémoration ; un temps... puis retourner aux affaires courantes et n’en plus parler dans deux ou trois générations ? Est-ce que le souvenir, encore vif, ne va pas se dégrader pour finir par disparaître, comme le souvenir de nos aïeux de la quatrième et cinquième génération, ceux qu’on n’a jamais vu ? Pourquoi en irait-il différemment avec Jésus ?
Les discours d’adieu que rapporte l’évangéliste Jean servent à préparer les disciples à cette transition. Jean revisite les paroles de Jésus et compose une théologie du départ pour assurer la pérennité de la présence de Jésus dans son absence, malgré son absence.
Ce qu’on voit d’abord dans les dialogues entre Jésus et les disciples, c’est que les disciples ne comprennent pas les paroles de Jésus. Thomas dit: « Nous ne savons pas où tu vas ! » (Jn 14:5) Philippe dit : « Montre nous le Père ! » (Jn 14:8) Et chaque fois Jésus doit les corriger et leur expliquer ce qui se passe.
Par ces successions d’incompréhensions des disciples, Jean souligne que la situation des disciples aux côtés de Jésus n’est pas plus facile que la situation des croyants après le départ de Jésus. Même — entre les lignes — Jean laisse penser que grâce à son Évangile, pour ses lecteurs, les choses sont plus claires. Notamment parce que — comme lecteurs — nous connaissons l’histoire de Jésus jusqu’au bout. Il y a un paradoxe temporel dans ces discours d’adieu : les disciples ne savent encore rien de la fin de Jésus, de sa Passion, alors que l’évangéliste et les lecteurs ont plus de connaissances que les disciples. Le lecteur peut penser : les disciples sauront bientôt ce que Jésus voulais dire !
Nous comprenons donc que la fin de l’histoire — le temps de la Passion — est indispensable pour comprendre la mission de Jésus et découvrir le vrai visage de Dieu. Le départ de Jésus fait partie intégrante de l’histoire, c’en est même la clé de voûte, la partie la plus significative.
La croix révèle la vraie position divine. Non pas un Dieu tout-puissant qui domine et asservit, mais un Dieu qui se défait de sa toute-puissance pour rentrer dans une démarche d’offre aimante, dans la même faiblesse que tous les humains.
C’est pourquoi Jésus insiste auprès de Philippe en disant : « celui qui m’a vu a vu le Père » (Jn 14:9). Ce qui est exactement exprimé sur la représentation de Dieu sur la fresque qui est devant vous : Dieu a le même visage que Jésus sur la croix (voir la fresque et son explication). L’Ascension — dans l’Évangile de Jean — a lieu sur la croix même.
Le départ de Jésus n’est pas l’arrêt de tout ce qui a été vécu entre Jésus et les disciples. Au contraire, c’est un commencement. Un commencement qui n’est pas marqué par une absence, mais pas une substitution. Jésus s’en va — en tant que personne physique —mais il est remplacé par le Consolateur, le Paraclet (Jn 14:16,26, 15:26, 16:7,13), par l’Esprit Saint, qui n’est pas dépendant de l’espace et du temps. Cet Esprit qui vient remplacer Jésus a deux tâches, deux rôles, celui de rappeler les paroles de Jésus et celui de faire comprendre, expliquer, ce que Jésus a voulu dire.
Et on peut dire, rétrospectivement, que les évangiles sont le fruit de cet Esprit qui a rappelé les gestes et les enseignements de Jésus. Et l’Évangile selon Jean les explique, les développe particulièrement, comme les lettres du Nouveau Testament le font aussi d’une autre façon.
Ce rôle de rappel, de mémoire des actions et des paroles de Jésus — en Galilée et à Jérusalem — est important, parce qu’il rappelle que c’est dans cette personne, dans ce Jésus de Nazareth que la parole de Dieu a pris chair, a pris corps.
Les évangiles insistent sur le parcours terrestre de Jésus bien plus que sur ses apparitions, dans lesquelles d’ailleurs l’enseignement est absent. Tout ce qui est décisif s’est passé avant et pendant la croix. C’est dans cette vie incarnée et brusquement arrêtée sur la croix que se révèle véritablement le nouveau visage de Dieu.
C’est pourquoi la relecture et la compréhension de l’évangile et si nécessaire aux croyants. C’est pourquoi Jésus dit qu’il est le chemin qui mène au Père (Jn 14:6). Si Jésus est l’accès au visage du Père, les évangiles sont l’accès à la personne de Jésus. Le Christ qui vient, qui revient est le Jésus qu’on découvre toujours à nouveau dans les évangiles. Jésus revient à nous dans notre lecture de l’évangile, dans la prédication et l’explication de l’évangile et dans la mise en pratique de son enseignement qui culmine dans l’amour, de Dieu et du prochain.
L’Ascension n’est pas la fin du chemin, mais le commencement d’un chemin nouveau où Jésus promet de nous accompagner par l’Esprit Saint. Un chemin qui mène au Père, à travers la connaissance de Jésus qui a parcouru les routes de Galilée, de Samarie et de Jérusalem.
Un chemin qu’on redécouvre dans son évangile et un chemin qui mène à des œuvres pareilles à celle du Christ, et même à de plus grandes (Jn 14:12). Il n’y a pas de perte pour les disciples à laisser partir Jésus. Il reste présent à chacun sous une forme nouvelle. Il nous donne l’énergie de marcher dans ses pas. Il nous le donne de l’énergie d’aimer pleinement à notre tour.
Amen
© Jean-Marie Thévoz, 2017