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egypte

  • "J'ai appelé mon fils à sortir d'Egypte"

    (7.1.2001)

    Matthieu 2

    "J'ai appelé mon fils à sortir d'Egypte"

    Deutéronome 16 : 1-3.          Matthieu 2 : 1-15

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    Chers amis,

    Vous avez sûrement mangé de la couronne des rois, le 6 janvier, date traditionnelle de la fête des Rois, aussi appelée Epiphanie. Traditionnellement, les rois mages, venus d'Orient n'arrivent pas vers Jésus le soir de sa naissance comme les bergers. Ils arrivent plus tard, car ils voient l'étoile qui paraît lors de la naissance de Jésus. Puis ils voyagent jusqu'à Jérusalem pour savoir où on peut trouver le futur roi des Juifs (tient, ce titre de "roi des Juifs" sera celui inscrit sur l'écriteau qui surmonte la croix !). Ensuite, il faut encore rassembler les autorités, les savant pour percer ce mystère. Finalement, c'est l'Ecriture sainte (Michée 5:1) qui révèle l'endroit où doit naître le Messie. La vérité ne se trouve pas dans les étoiles, mais dans l'Ecriture sainte.

    Plus on lit le récit biblique de l'avenue des mages, plus on se rend compte des différences et des contrastes qu'il y a entre la légende des rois mages — qui se raconte de Noël à l'Epiphanie — et le récit biblique qui n'a rien d'un conte de Noël.

    Matthieu ne nous raconte pas un conte où la naissance de Jésus apporte joie et paix dans le monde ! Matthieu nous montre comment — dès la naissance de Jésus — la venue de Dieu qui réclame sa royauté sur le coeur des humains crée des tensions, suscite des conflits.

    Que le règne de Dieu s'approche et le pouvoir temporel tremble de peur — ici Hérode. La venue de Jésus ne débouche pas sur un paradis, la venue de Jésus amorce un rapport de force — qui va persister tout au long du ministère de Jésus — entre les forces de la mort et les forces de vie de Dieu. Dès le moment de sa naissance, Jésus est l'objet de menaces : "Hérode cherche l'enfant pour le faire mourir" (Mt 2:13).

    Ce premier affrontement va être esquivé, car Dieu avertit Joseph de prendre l'enfant et sa mère et de fuir en Egypte. Peut-être une indication, un conseil pour les parents pour leur dire : Votre enfant devra affronter la réalité — et elle n'est pas facile — mais votre rôle pour le moment, tant que l'enfant n'est pas mûr, c'est de le protéger, en lui évitant, autant que possible, le moment de faire face au mal qui viendra bien assez tôt.

    Dieu avertit Joseph de prendre l'enfant et sa mère et de fuir en Egypte. L'Egypte — dans l'histoire et la pensée israélite — est un pays symbole. Symbole de l'esclavage et de l'oppression. C'est le pays du malheur, des dix plaies. C'est le pays du passé — où l'on a vécu — mais dont il faut sortir pour vivre vraiment.

    Il est intéressant et significatif que Matthieu nous montre que Jésus a aussi passé par l'Egypte, son Egypte intérieure, le pays de la frustration, le pays des blessures intérieures, de la violence subie — le massacre des innocents d'Hérode n'est pas sans rappeler le massacre des bébés hébreux ordonné par Pharaon autour de la naissance de Moïse !

    Personne — pas même Jésus, nous dit l'Evangile de Matthieu — personne n'échappe à un passage en Egypte, le plus souvent pendant son enfance. Malgré tous les soins, toutes les attentions que des parents peuvent porter à leurs enfants, il est impossible que l'enfant ne ressente pas des frustrations, des injustices, des malchances blessantes, des humiliations, des vexations. Le monde n'est pas le paradis... la vie n'est pas un conte de fée, malgré tous les cadeaux — et les trois rois mages en apportent d'importants — il y a une réalité qui fait que nous existons dans un monde limité où le malheur, à toutes les échelles, surgit, sans que ce soit la faute de quelqu'un en particulier. Peut-on reprocher aux mages d'avoir contacté Hérode et enflammé sa colère ?

    L'Egypte intérieure existe pour chacun. Le malheur n'est pas d'y avoir été exilé, c'est inévitable, le malheur c'est d'y rester, de ne pas en sortir, de ne pas entendre l'appel de Dieu : "J'ai appelé mon fils à sortir d'Egypte" (Mt 2:15).

    Descendre en Egypte et remonter d'Egypte, c'est le parcours historique du peuple d'Israël, Abraham, Jacob, Moïse. Descendre et sortir d'Egypte, c'est aussi comme un parcours initiatique qui marque l'appartenance au peuple d'Israël (dans la liturgie de la Pâque, "vous vous souviendrez à jamais du jour où vous êtes sortis d'Egypte"); un parcours qui marque aussi la vie du croyant aujourd'hui; un parcours qui passe par l'association à la mort et à la résurrection de Jésus-Christ, au travers du baptême.

    Chacun, à l'âge où il se rend compte qu'il séjourne en Egypte, peut entendre l'appel de Dieu pour lui : "J'ai appelé mon fils à sortir d'Egypte". « Je t'appelle, mon fils, ma fille, à sortir d'Egypte.»

    Nous avons accueilli, N N , aujourd'hui dans notre communauté, avec l'espérance qu'un jour il entende lui-même cette appel, et qu'à ce moment il puisse demander lui-même son baptême, pour sortir d'Egypte et entrer dans le Royaume de Dieu.

    Amen

    © Jean-Marie Thévoz, 2021

  • Joseph, un destin qui s’accomplit dans l’épreuve

    Genèse 37

    14.1.2018

    Joseph, un destin qui s’accomplit dans l’épreuve

    Genèse 37 : 2-11      Genèse 37 : 12-27+36       Marc 9 : 33-35

    Télécharger le texte : P-2018-01-14.pdf

     

     

    Chers frères et soeurs en Christ,

    Pendant ces prochaines semaines — en parallèle avec le programme des Etudes bibliques — je vous propose de faire un parcours dans la vie de Joseph, le fils de Jacob. Aujourd'hui, vous avez entendu les premiers passages de sa vie que nous présente le livre de la Genèse. Le premier passage (A) nous décrit la situation familiale dans la fratrie des fils de Jacob. Ensuite (B) nous avons entendu les rêves de Joseph puis (C) le complot que les frères préparent pour se débarrasser de lui.

    A. La famille de Jacob est plus compliquée qu'aucune des "familles recomposées" qu'on rencontre de nos jours. Imaginez : un père avec douze fils nés de quatre femmes différentes, dont deux sont sœurs et les deux autres leurs servantes. L'une de ces épouses, Rachel, la bien-aimée de Jacob est décédée. Cela fait un fils aîné, Ruben, le premier-né de la première femme (Léa) et trois autres fils premiers-nés des autres femmes qui peuvent chacun réclamer une prééminence. Ce sont Dan (fils de Bila), Gad (fils de Zilpa) et Joseph (fils de Rachel) le onzième fils de Jacob. Joseph est donc le cadet, c'est-à-dire l'avant-dernier fils, le dernier étant Benjamin, le benjamin de la famille.

    Pour tout compliquer, Joseph a un statut particulier en tant que fils tant attendu de Rachel, le premier amour de Jacob. Joseph est donc le préféré de son père, ce qui est manifesté ostensiblement par la robe — particulièrement riche — qu'il reçoit de son père. Cette fratrie est donc animée de rivalités qui tiennent aux rangs réels, numériques, de chacun dans la famille et à la jalousie qui vient de la prééminence que Jacob accorde à Joseph. Dans ce sens, Jacob n'a jamais guéri de ce que j'appellerai "sa haine contre le droit d'aînesse héréditaire." Il reporte sur ses propres enfants le problème qui l'habite !

    En même temps, cette "haine contre le droit d'aînesse héréditaire" est quelque chose que Dieu partage, parce que ce prétendu droit s'apparente trop souvent au simple "droit du plus fort". Ainsi cette fratrie sans chef évident ("de droit divin"!) ressemble en miniature à toute société humaine. Cette famille est l'image de toute société humaine avec ses luttes de clans, ses haines et ses jalousies, ses rivalités et ses envies d'exclusion et de meurtres.

    B. Là au milieu, il y a Joseph, que l'on peut voir péjorativement — comme le voient ses frères — comme l'homme aux rêves, aux songes, dans les nuages, ou positivement comme le visionnaire, celui qui a un projet pour cette société qu'est cette fratrie, comme — plus tard — il aura un projet pour l'Egypte, un projet social pour traverser la famine sans perdre un habitant du pays. La problématique qui traverse toute l'histoire de Joseph est celle de la vie fraternelle de toute l'humanité. Comment vivre tous ensemble en paix ?

    Joseph est le porteur de cette problématique, il va vivre dans son corps toutes les étapes qui feront de cette famille divisée par la haine, une famille réconciliée et sauvée de la mort. La vie de Joseph ressemble à une tragédie grecque. Son destin est énoncé dans ses rêves et toutes les tentatives faites autour de lui pour l'empêcher d'accomplir son destin, seront autant de pas en direction de cet accomplissement.

    C. Ainsi le complot des frères contre Joseph est un moment nécessaire à cet accomplissement. Ici, on peut commencer à observer les parallèles avec la Passion de Jésus. Pensez à la phrase : "ils complotèrent de le faire mourir" (Gn 37:18), phrase qu’on retrouve souvent dans les Evangiles (cf. Mt 26:4 et par.) Ou pensez aux annonces de la Passion de Jésus « il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup et qu’il soit rejeté » (Luc 17 :25)

    On trouve déjà dans ce récit de la Genèse ce côté nécessaire et inéluctable du déroulement des événements. Les frères n'en peuvent plus de voir Joseph tourner autour d'eux. Ils trouvent Joseph extrêmement désagréable, c'est vrai, il dénonce, il rapporte à son père, il est d'un orgueil plus qu'agaçant, il est toujours du côté de son père, en un mot, il trahit ses frères, il n'a aucune loyauté à leur égard : il faut donc l'éliminer — pensent-ils !!!

    On remarquera ici que c'est la première solution — la solution la plus primitive — que toute société envisage lorsqu'elle est confrontée à un problème : éliminer celui qui soulève le problème, désigner un bouc émissaire et l'exclure. Faire l’unité intérieure contre le corps étranger.

    Les frères ont pris une décision, reste à trouver le meilleur moyen de la mettre en oeuvre. Le meilleur moyen serait qu'un animal, une bête féroce, s'en charge ou de faire comme si un animal s'en était chargé. Cette simple mention montre que le meurtre dégrade l'homme de sa dignité humaine et le réduit au rang d'animal. Sur l'intervention de Ruben — l'aîné qui reprend de l'autorité — la vie de Joseph est épargnée. Joseph sera fnalement vendu comme esclave. Les frères devaient bien rire en eux-mêmes. Le prétentieux qui pensait les dominer tous, le voici réduit au rang d'esclave ! Mais c'est aussi ainsi que s'accomplit le destin de Joseph, ce destin qui le conduira à les dominer tous.

    Ce n'est pas sans raison qu'on prête à Joseph d'être une figure messianique. Il est — comme le sera Jésus — "la pierre rejetée des bâtisseurs qui est devenue la pierre principale" (Ps 118:22). Ce rejet, qui passe par l'esclavage, qui passera par la prison, donc par des position "basses", subalternes, voire humiliantes, sont des voies qui vont ouvrir à la vraie autorité, celle qui fait grandir au lieu d'asservir.

    Ce que Joseph a vécu dans sa personne, ces positions « basses », c'est une chose que Jésus va reprendre et réaffirmer sans cesse comme l’essence même de la position « haute » : Ecoutez ces lignes de l’Evangile :

    "Jésus et ses disciples arrivèrent à Capernaüm. Quand il fut dans la maison, Jésus demanda à ses disciples : « De quoi discutiez-vous en chemin ? » Mais ils se taisaient, car, en chemin, ils avaient discuté entre eux pour savoir lequel était le plus grand. Alors Jésus s'assit (tiens, il prend une position basse !), il appela les douze disciples et leur dit : « Si quelqu'un veut être le premier, il doit être le dernier de tous et le serviteur de tous. »" (Marc 9:33-35).

    Jésus retourne complètement la vision de ce que la société désigne comme des positions hautes ou basses. Jésus donne à notre vie un nouvel éclairage.

    Il y a dans nos vies des moments où le destin nous fait descendre d'un cran (ou de plusieurs), apprenons à avoir la foi de Joseph — et la vision de Jésus — que cette descente n'est pas abandon, terminus, situation désespérée. C’est davantage un lieu d’apprentissage, en vue d’un plus grand service. Apprenons à avoir la sagesse de Joseph d'espérer en l'avenir et surtout en Dieu qui accompagne l'exclu et qui le réhabilite.

    Amen    

  • Genèse 45. Chercher la trame sous-jacente de sa vie (Typologie IV)

    Genèse 45
    8.9.2013

    Chercher la trame sous-jacente de sa vie (Typologie IV)

    Genèse 37 : 1-9      Genèse 45 : 1-10     Marc 9 : 33-37
    Télécharger la prédication : P-2013-09-08.pdf

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    J’aime beaucoup cette histoire de Joseph, le fils de Jacob. Cette histoire nous parle de la vie, de la vie réelle, avec ses hauts et ses bas, les relations difficiles, les chutes et les ascensions vertigineuses.
    Précisément, cette histoire nous parle de la jalousie dans une fratrie, de la haine et du rôle de bouc émissaire quand les frères veulent tuer Joseph, et finalement le vendent comme esclave. Cette histoire parle du travail qui fait progresser et de l’injustice qui fait chuter, Joseph se retrouve en prison. Cette histoire nous parle de compétence et de réseau social quand la capacité à interpréter les rêves fait sortir Joseph de prison et l’amène devant Pharaon qui le nomme premier ministre.
    Ce récit nous parle de relations familiales difficiles, de mise à l’épreuve pour sonder les intentions, de tentatives de réconciliation, de savoir s’il faut ou non montrer ses émotions, de remplacer la rancune par la générosité.
    Ce récit peut donc être lu comme un enseignement sur la vie, comme une histoire déployant une certaine sagesse, dont nous pouvons tirer des leçons pour notre vie. Mais cette histoire n’est pas seulement cela. Cette histoire peut également se lire à un deuxième niveau, en regardant ce qui donne la force à Joseph de tout supporter et de surmonter les événements contraires, les malheurs. Oui, comment supporter la haine de ses frères, comment supporter d’être injustement jeté en prison, comment rester zen à ce point ?
    Joseph peut le faire parce qu’il regarde ce qui lui arrive d’une façon différente de l’ordinaire.
    Reprenons les rêves d’adolescent que Joseph raconte à ses frères : les onze gerbes de blé et les onze étoiles figurent ses frères qui se prosternent devant lui. Les frères lisent cela au premier degré : Joseph veut devenir leur maître, il veut que ses frères, ses aînés, soient ses serviteurs. Et cela les rend fous et on les comprend.
    La lecture que Joseph fait de ces rêves n’a rien à voir avec la domination. La clé nous en est donnée dans le chapitre 45 de la Genèse, lorsque Joseph dit à ses frères : «  Ce n’est pas vous qui m’avez envoyé ici, mais Dieu. Et c’est encore lui qui a fait de moi le ministre de Pharaon. » (Gn 45 :8) En effet, ici le rêve de Joseph s’est réalisé, ses frères se sont prosternés devant lui pour obtenir du blé, mais c’est dans une perspective de salut et pas de domination.
    Joseph ajoute encore — laissant tomber toute rancune : « Ne vous faites pas de reproches pour m’avoir vendu ainsi. C’est Dieu qui m’a envoyé ici à l’avance, pour que je puisse vous sauver la vie. » (Gn 45 :5).
    Joseph ne regarde pas la jalousie et la haine passée de ses frères, il voit la trame sous-jacente de sa vie, comment Dieu a tout organisé pour sauver sa famille. Joseph surmonte tous les obstacles parce qu’il fait pleinement confiance en Dieu, en un Dieu qui le soutient et le relève à chaque étape de sa vie.
    Joseph arrive à avoir et à garder ce regard sur sa vie. C’est le regard qu’essaient de nous donner les Evangiles en nous racontant la vie de Jésus. Un regard qui voit comment Dieu agit, quelles positions Dieu prend dans la vie, pour nous. Et c’est là que nous pouvons faire des parallèles entre la vie de Joseph et celle de Jésus, des parallèles qui viennent de la constance de l’action de Dieu, de sa position permanente. C’est ce que nous apprend la lecture typologique de la Bible, comme nous l’avons déjà vu précédemment.
    Comme les frères de Joseph complotent pour le faire mourir, les prêtres et les pharisiens complotent contre Jésus pour le faire mourir.
    Comme Joseph est écarté, exclu de sa fratrie, Jésus est écarté, exclu de la société des hommes par sa condamnation à mort, « La pierre qu'ont rejetée ceux qui bâtissaient est devenue la principale de l’angle » (Mt 21:42; Mc 12:10; Lc 20:17; Ac 4:11; 1 P 2:7).
    Comme Joseph devient le sauveur de ses frères, Jésus devient le sauveur de l’humanité.
    Dans les deux récits de vie, on voit la position que Dieu prend. Celui que les hommes écartent, Dieu lui donne une place de choix ; celui qui tombe, Dieu le relève. Et là, il est à noter que les évangiles utilisent deux mots pour parler de la résurrection, tantôt Dieu réveille Jésus, tantôt Dieu relève Jésus de la mort.
    Ainsi Dieu cherche toujours à nous relever de nos malheurs, de nos échecs, des injustices qui nous arrivent. Le Dieu de Joseph, auquel il fait confiance, est un Dieu qui recueille les exclus, les laissés pour compte, les méprisés.
    Vous avez entendu Jésus parler à ses disciples quand il les surprend à se demander lequel d’entre eux est le plus important. Il leur dit : « Si quelqu’un veut être le premier, il doit être le dernier de tous et le serviteur de tous » (Mc 9:35).
    Dieu a une autre échelle de valeur que celle de notre société actuelle. L’importance ne dépend pas de la célébrité ou du nombre d’amis sur Facebook. La vraie grandeur se révèle dans le service et souvent dans le service le plus humble, le moins visible.
    Ah si notre société donnait plus de valeur à l’attention d’une maman pour chacun de ses enfants ! Ah si notre société donnait plus de valeur aux gestes de respect des uns envers les autres, on verrai moins d’incivilités ! Ah si notre société donnait plus de signes de reconnaissance à ceux qui exercent des fonctions publiques indispensables au bon fonctionnement de la société : enseignant, gendarmes, infirmières, voyers, caissières, personnel des EMS, etc…
    Ces fonctions de service, si souvent méprisées, Dieu les place en haut de l’échelle des valeurs et nous pouvons nous aussi leur donner une plus juste appréciation.
    Joseph a su voir, dans sa vie, la valeur que Dieu donne à ces services, à ces personnes méprisées et cela lui a donné la force de tenir, de surmonter le malheur, jusqu’au retournement de sa situation.
    Saurons-nous avoir le courage de lire la trace de Dieu dans nos vies, la valeur qu’il donne à chacun de nos gestes ?  Saurons-nous voir comment il retourne les valeurs dans nos vies, comment il peut changer notre regard pour adopter la valeur que lui-même donne plutôt que le mépris qu’affiche la société ? Saurons-nous voir comment Dieu travaille à nous relever, à nous redonner vie et force pour avancer ? Saurons-nous être fiers d’être au service de la société, sachant que Dieu — à défaut des hommes — que Dieu apprécie à sa juste valeur ce que nous faisons et ce que nous sommes ?
    Amen.
    © Jean-Marie Thévoz, 2013

  • Exode 14. La mort est engloutie (Typologie III)

    Exode 14
    25.8.2013
    La mort est engloutie (Typologie III)
    Exode 14 : 5-31     1 Corinthiens 15 : 51-58

    Télécharger la prédication : P-2013-08-25.pdf


    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Je continue ma série de l'été qui nous permet de voir comment l'Ancien Testament éclaire certaines paroles du Nouveau Testament et leur donne une dimension plus compréhensible. Cela demande d'entendre les récits de l'Ancien Testament davantage comme des images de notre vie et moins comme des reportages historiques.
    Pour ce matin, j'ai choisis cette parole de l'apôtre Paul qui dit "La mort a été engloutie dans la victoire du Christ" (1 Co 15:54). L'apôtre Paul — dans son annonce de l'évangile —  met la mort et la résurrection de Jésus au centre de son message. C'est sur la croix que tout se joue pour nous. C'est vraiment difficile à comprendre et à croire pour nous aujourd'hui.
    Que veut dire "la mort est engloutie" ? Il est important de s'en faire une idée, puisque c'est ce que nous disons qu'il se passe dans le baptême. Sur la croix, la mort a été engloutie.
    Pour comprendre cette notion, il faut aller voir le récit de l'Ancien Testament que vous avez entendu, sur le passage à pied sec de la Mer Rouge par les hébreux, sous la conduite de Moïse. Souvenez-vous, depuis Joseph, le fils de Jacob, le peuple hébreu habitait dans le delta du Nil, en Egypte. Le peuple s'est développé au point que le pharaon l'a vu comme une menace et l'a réduit en esclavage. Le pharaon a soumis les hébreux à de lourdes corvées, au point de les mener à la révolte.
    C'est Moïse qui mène la révolte et négocie avec le pharaon le départ des hébreux, d'où la célèbre chanson "Let my people go", "Laisse aller mon peuple." Pharaon finit par céder, laisse partir le peuple d'Israël, mais se ravise et se met à les poursuivre avec son armée. Ici commence le récit que vous avez entendu.
    Le peuple a peur, il fait des reproches à Moïse, à quoi bon nous libérer d'Egypte si c'est pour mourir au désert, il y avait assez de tombeaux en Egypte. Sortons de l'histoire d'il y a 3'000 ans pour voir à quel aspect de nos vies ce récit ressemble.
    Parfois, on se trouve à un tournant dans nos vies. On doit quitter une situation établie pour une autre que nous espérons meilleure, Quitter un logement pour un autre. Espérer un autre emploi après avoir été licencié. Et nous vivons des sentiments ambivalents. A un moment nous nous réjouissons de l'avenir, ce sera mieux, il y aura de la place, ce sera plus intéressant.
    Et par moments, nous sommes remplis d'inquiétude, est-ce que ça va jouer, ne devrais-je pas regretter le connu que j'abandonne pour de l'inconnu ? Regrets de ce qu'on quitte et peur de ce qui doit venir. Cela aussi nous habite.
    Ainsi, nous sommes le peuple en marche vers l'inconnu, avec une armée de soucis et d'inquiétude à nos trousses, avec nos interrogations : ai-je fait le bon choix, vais-je réussir ou échouer, vais-je tenir la pression, le stress ?
    A chacun de donner un nom à cette armée qui nous poursuit dans le chenal que Moïse a ouvert devant nous dans la Mer Rouge. A chacun de donner un nom à la terre promise qui nous attend après la traversée du désert. A chacun de nous de donner un nom à la force qui ouvre un chemin devant nous et qui engloutit derrière nous les soucis, les angoisses ou le désespoir qui nous poursuivent.
    Comme chrétiens, nous entendons comme venant de Dieu les paroles de Moïse à son peuple : "N'ayez pas peur, tenez bon et vous verrez comment le Seigneur interviendra." (Ex 14:13) Le Seigneur intervient pour ouvrir une voie devant nous. Une route qui éloigne des tombeaux de l'Egypte et qui nous conduit à la vie, à une vie vraie, enrichissante. Cette traversée, de la mort vers la vie, nous la symbolisons dans le baptême en Christ.
    L'eau du baptême, nous la recevons comme l'eau de la Mer Rouge, que nous traversons vers la vie et qui vient engloutir tout ce qui nous poursuit, qui vient engloutir le mal que nous traînons derrière nous. Evidemment, lorsque nous baptisons un tout petit enfant, nous ne pensons pas à ce qui l'encombre maintenant, mais plutôt aux fardeaux qu'il accumulera petit à petit, comme nous l'avons fait nous-mêmes jusqu'à maintenant. 
    En nous rappelant notre propre baptême, nous pouvons demander à Dieu de nous faire — à nous aussi — traverser à nouveau la Mer Rouge pour qu'il noie derrière nous tout ce qui nous encombre et nous freine. Pour noyer, engloutir tout ce qui nous retient dans notre Egypte intérieure et nous empêche de marcher, de progresser vers la terre promise. Pour noyer, engloutir nos angoisses et nos peurs, pour pouvoir marcher dans la confiance et la sérénité. Pour noyer, engloutir tout ce que nous n'arrivons pas à nous pardonner à nous-mêmes.
    Sur la croix, le Christ a à nouveau traversé cette Mer Rouge pour que la mort elle-même soit engloutie, anéantie, pour que tout ce qui doit mourir en nous soit emporté avec le Christ sur la croix, afin que nous recevions la vie, la vraie vie, la vie en abondance.
    "N'ayez pas peur, tenez bon, Dieu nous donne la victoire en Jésus-Christ." (Ex 14:54 et 1 Co 15:57) Si nous acceptons de faire ce chemin avec lui, à entrer dans ce chemin de la Mer Rouge, à faire le saut de la foi, alors Dieu engloutira derrière nous tout ce qui nous fait peur, tout ce qui nous angoisse, toutes nos fautes, pour nous conduire dans une vie libérée et joyeuse. 
    Oui, Dieu ouvre devant nous un avenir et nous pouvons avancer à notre tour avec cette confiance qu'un chemin se dessine sous nos pas et que Dieu engloutit derrière nous — en Christ — nos peurs et nos angoisses.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2013