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enfant

  • Matthieu 1. Joseph

    Matthieu 1
    14.12.2014
    Joseph

    Luc 2 : 41-52       Matthieu 1 : 18 — 2 : 2

    Télécharger la prédication : P-2014-12-14.pdf


    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Ma précédente prédication parlait de Marie. Je me dois aujourd’hui de vous parler de Joseph. Ce pauvre Joseph, tellement délaissé et rejeté au second plan. Regardez les peintures de la nativité : Joseph est dans l’ombre, on l’aperçoit tout juste en silhouette ou dans un manteau couleur muraille se confondant avec les parois de la grange ou de la grotte. L’âne et le bœuf sont bien plus visibles que lui !
    Pauvre Joseph ! Peut-on le réhabiliter un peu ? Que sait-on de Joseph ? Que nous disent les Evangiles ? L’Evangile le plus ancien, Marc, le passe entièrement sous silence, aucune mention de lui. Matthieu et Luc lui donnent une place dans les récits de la naissance de Jésus, au côté de Marie. Là il est important.
    Joseph est le lien de Jésus avec la dynastie davidique. C’est par Joseph que Jésus est un descendant de David, qu’il peut s’inscrire comme Messie issu du tronc de Jessé. Ça n’est pas rien.
    Que sait-on encore ? Joseph est fiancé à Marie et l’épouse. Il habite Nazareth. Il est charpentier ou artisan dans le bois et toujours considéré comme le père de Jésus, jusque dans l’Evangile selon Jean où Jésus est nommé à deux reprises comme le fils de Joseph.
    Joseph est présent à la naissance de Jésus et à la présentation au Temple. Il organise la fuite en Egypte et le retour à Nazareth « divinement averti en songe » (Mt 2:19). Et il est présent lors du pèlerinage à Jérusalem lorsque, à 12 ans, Jésus reste au Temple à l’insu de ses parents. Ce récit parle toujours des parents de Jésus et lorsque Marie gronde Jésus, elle lui dit : « Ton père et moi étions très inquiets en te cherchant » (Luc 2:48).
    Temporellement, c’est la dernière mention de Joseph. Il n’apparaît plus en tant que tel dans les récits, sinon pour des indications « patronymiques » notamment lors d’une controverse avec les autorités juives. Pour expliquer le sens de la multiplication des pains, Jésus dit qu’il est le « pain descendu du ciel » (Jean 6:41). Alors, ceux qui sont autour de lui disent : « N’est-ce pas Jésus, le fils de Joseph ? Nous connaissons son père et sa mère, comment peut-il dire maintenant qu’il est descendu du ciel ? » (v.42).
    Voilà pour les mentions de Joseph. C’est Matthieu qui lui donne la plus grande place en le dépeignant comme le récepteur, le dépositaire des révélations divines (en songe) ; ces révélations qui assurent la survie de Jésus déjà en butte à l’hostilité du monde qui préfigure déjà la croix. Joseph a donc là un rôle extrêmement important, même si ce rôle ne s’étend pas au temps du ministère de Jésus dont il est complétement absent.
    Pendant le temps de rédaction des Evangiles, on ne voit aucune raison de le faire disparaître des textes. Même la défense de la virginité de Marie ne réclame pas qu’il soit gommé, d’autant plus que personne n’a gommé (dans les Evangiles) les frères ou les sœurs de Jésus. Il est donc probable que Joseph soit mort avant le début du ministère de Jésus, ce qui est la façon la plus simple et logique d’expliquer qu’il n’est plus présent dans ces récits.
    Matthieu, donc, revalorise la place d’un Joseph plutôt absent dans la vie de Jésus. C’est un peu un paradoxe pour un évangéliste qui défend en même temps la virginité de Marie. En fait, Matthieu peut défendre les deux, la place de Joseph et la virginité de Marie, en se plaçant comme héritier spirituel de l’Ancien Testament.
    L’histoire des patriarches nous montre qu’on peut dépasser les hiérarchies naturelles (le droit d’aînesse par exemple) par des bénédictions (c’est tout le conflit entre Jacob et Esaü, ou la bénédiction croisée de Jacob envers les fils de Joseph). L’histoire du roi David (David contre Goliath) et le fait que Dieu choisit le petit dernier pour monter sur le trône d’Israël plutôt que les grands frères baraqués, en est aussi le signe. Ensuite vient l’appel à dépasser le clan pour s’ouvrir à l’humanité et à l’universalité.
    La Bible appelle à remplacer les liens du sang par des relations ouvertes et universelles. La Bible appelle à remplacer la force par la justice et l’agapè. Dans l’histoire de la naissance de Jésus, les Evangiles appellent à faire le même chemin : tisser des liens spirituels et c’est bien le chemin que doit parcourir Joseph. Joseph est le prototype de ces nouveaux liens que nous devons tous créer : nous ouvrir à une double filiation.
    Nous sommes les enfants de nos parents, selon la chair, mais nous avons à nous ouvrir à une relation avec « notre Père qui est dans les cieux ». C’est ce que fait Jésus à 12 ans dans le Temple, quand il laisse partir ses parents. Nous avons à apprendre à nous relier au Père céleste, ce qui n’empêche pas de retrouver ou d’être retrouvé par ses parents biologiques. Il n’y a pas d’exclusion, il y a une addition bénéfique.
    Et puis, il y a lieu aussi d’apprendre à laisser aller nos enfants. Comme Joseph, nous avons à nous effacer pour laisser une place à Dieu. Comme le dit le poète Khalil Gibran :
    « Vos enfants ne sont pas vos enfants.
    Ils sont les fils et les filles de l'appel de la Vie à elle-même,
    Ils viennent à travers vous mais non de vous.
    Et bien qu'ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas. (…)
    Vous êtes les arcs par qui vos enfants,
    comme des flèches vivantes, sont projetés.
    L'Archer voit le but sur le chemin de l'infini,
    et Il vous tend de Sa puissance
    pour que Ses flèches puissent voler vite et loin.
    Que votre tension par la main de l'Archer soit pour la joie;
    Car de même qu'Il aime la flèche qui vole, Il aime l'arc qui est stable. *»
    Ce n’est pas perdre sa place de parents, de père, que de laisser ses enfants découvrir et accéder à Dieu. C’est faire notre travail, c’est remplir notre rôle. Heureux celui qui donne la vie, mais plus heureux encore celui qui permet l’ouverture à la vraie vie. Ce rôle-là ne se fait pas par l’action, par la puissance, mais par le retrait, en laissant la place.
    Si nous occupons la place de Dieu, celui-ci ne peut la prendre. Comme Joseph, nous avons à laisser cette place libre pour que Dieu puisse venir l’habiter de sa présence et ainsi nous faisons, à nos enfants, le plus beau cadeau du monde : ils peuvent découvrir leur Père céleste.
    Amen
    * Khalil Gibran, Le prophète, Paris, Castermann, 1956. p.19.
    © Jean-Marie Thévoz, 2014

  • Marc 7. Aimer son enfant, c'est…

    Marc 7
    30.9.2012
    Aimer son enfant, c'est…
    Esaïe 29 : 17-21     Marc 7 : 31-37

    Téléchargez la prédication ici : P-2012-09-30.pdf

    Chères paroissiennes, chers paroissiens, chers parents et catéchumènes,
    J'aimerais commencer par vous féliciter d'être là, d'être venus aujourd'hui pour vivre ce culte. Félicitations pour vous spécialement, les parents des catéchumènes : vous avez fait l'effort de motiver vos enfants à venir ce matin, vous avez fait l'effort d'inscrire votre enfant au catéchisme. Cela montre que vous avez du cœur, de l'amour pour vos enfants, que vous vous préoccupez de leur éducation, de leur croissance, de leur devenir de personnes et cela devient rare dans notre société actuelle.
    Donner une éducation religieuse à son enfant devient une exception de nos jours. C'est aller à contre courant de la voie majoritaire de notre société, d'où mes félicitations.
    Pourquoi tant de gens suivent-ils cette voie majoritaire ? On peut se le demander, car enfin, notre société est-elle si belle, va-t-elle si bien, est-elle tellement exemplaire qu'il faille suivre aveuglément ses tendances ?
    Vous, vous allez à contre courant, et je crois que vous avez fait le bon choix, même si c'était un choix difficile. Vous l'avez fait parce que vous portez vos enfants dans votre cœur et c'est là que je commence la comparaison avec le récit biblique d'aujourd'hui : la guérison de ce sourd-muet par Jésus.
    On y voit des gens qui amènent à Jésus un homme qui est sourd et muet. Ils le portent, dit le texte, comme si son handicap l'empêchait de marcher, d'avancer dans la vie. En fait, je crois qu'ils le portent dans leurs cœurs, ces gens veulent le meilleur pour lui, c'est pourquoi ils le portent vers Jésus, pour qu'il pose ses mains sur lui, pour une bénédiction.
    Mystérieusement, ces gens sont persuadés que Jésus peut faire du bien à cet homme. De la même manière que vous pensez — aussi mystérieusement — que cela fera du bien à votre enfant de s'approcher de Jésus, de le découvrir, de le rencontrer.
    Un mot d'explication sur ma façon de lire les récits bibliques : pour moi, la façon la plus fructueuse de les lire aujourd'hui, c'est d'y chercher une image, une transposition de notre vie personnelle, de notre vie intérieure, de nos relations, les uns avec les autres ou avec Dieu.
    C'est pourquoi je vois cet homme sourd et muet, non pas comme un handicapé physique, mais comme une image de nous-mêmes. N'avons-nous pas besoin d'être portés vers Jésus ? Ne sommes-nous pas fermés, hermétiques, handicapés face à la dimension spirituelle de la vie ?
    Si vous avez un accès direct à Dieu, si vous entendez la voix de Dieu et si toutes ces questions sur la vie et la mort ont déjà reçu des réponses satisfaisantes, alors ces paroles ne s'adressent pas à vous.
    Pour moi, cela n'est pas aussi clair ! Je me sens sourd et la parole embrouillée quand il faut parler de Dieu. J'ai besoin d'être porté par la communauté vers les mains de Jésus pour qu'il ouvre mes oreilles et mon cœur, pour qu'il délie ma langue.
    C'est ce que Jésus fait avec cet homme sourd-muet qui nous représente. Il lui touche les oreilles, il lui touche la langue et il dit ce mot "Effata !" qui veut dire "Sois ouvert !" dans le sens qu'une force ouvre un passage à travers lui pour que le souffle circule.
    C'est l'action de Jésus en nous : faire tomber les blocages. Faire tomber les barrières, les obstacles dans nos relations. L'action de Jésus, c'est d'ouvrir des voies de communications entre les humains entre Dieu et nous, entre la vie courante et la vie spirituelle. L'action de Jésus, c'est de transformer la platitude en joie, l'utile en poésie.
    En fréquentant l'Eglise et le catéchisme, vous ouvrez un chemin devant vos enfants pour qu'ils développent une personnalité riche et solide — on dit résiliente aujourd'hui.
    Vous avez accompagné vos enfants ici ce matin pour l'ouverture du catéchisme, vous avez fait un gros travail pour lequel nous vous sommes reconnaissants. Mais le chemin n'est pas terminé. Il est important que vous continuiez d'accompagner vos enfants pour faire un bout de chemin avec eux. Vous voulez qu'ils s'ouvrent à la présence de Jésus, ouvrez-vous avec eux. Découvrez Jésus avec eux et avec vos yeux d'adultes.
    Vous les jeunes, acceptez un instant qu'il y a des choses qui vous sont encore inconnues — auxquelles vous êtes, pour le moment, sourds et aveugles. Ne fermez pas la porte. Laissez-vous ouvrir un espace, une place inconnue pour découvrir la dimension spirituelle, ce lien avec l'infini, avec l'éternité, avec tout ce qui nous dépasse.
    Chers parents, tout à l'heure vos enfants vont recevoir un Evangile de Luc annoté*, avec des explications. Il est fait pour être lu à plusieurs, en groupe ou en famille. Ouvrez-vous avec eux à la Parole de Jésus, découvrez que vous pouvez partager des choses essentielles avec vos enfants. C'est une occasion de vous ouvrir à eux de vos pensées ou de vos questions spirituelles et c'est l'occasion de leur laisser exprimer leurs pensées et leurs questions spirituelles. Qu'y a-t-il de plus précieux qu'un tel échange dans la vie ?
    Encore un mot sur la fin du récit. On n'entend plus parler de l'homme sourd, mais seulement de ceux qui l'ont porté vers Jésus. Les gestes de Jésus ont eu un fort impact sur son entourage, eux-mêmes s'ouvrent à la Parole de Jésus et se mettent à faire des liens.
    Les gens avaient entendu les promesses de l'Ancien Testament, d'Esaïe, sur la venue d'un sauveur, du Messie. Et là, tout à coup, ils font le lien entre ce qu'ils avaient entendu et ce qu'ils voient. Leurs oreilles et leurs yeux s'ouvrent : ils reconnaissent Jésus comme l'envoyé de Dieu.
    Vous avez fait le pas d'envoyer votre enfant découvrir Jésus au catéchisme, continuez le chemin avec lui, ouvrez-vous en même temps que lui — ne restez pas sourds — à la Parole de Dieu. Marchez ensemble, parlez de Dieu ensemble — ne restez pas muets. Et puis, vous les enfants, stimulez vos parents, exigez d'eux qu'ils vous accompagnent, questionnez-les, ouvrez-vous ensemble à Jésus.
    Amen
    * lancement de la campagne "Lire l'Evangile de Luc" : 
http://www.cath-vd.ch/L-Evangile-a-la-maison-lancement.html
    © Jean-Marie Thévoz, 2012

  • Jean 15. Donner de l'amour — pas n'importe lequel — à nos enfants

    Jean 15

    2.9.2007
    Donner de l'amour — pas n'importe lequel — à nos enfants
    Ga 5 : 22-26    Jn 15 : 9-13


    Chères familles, chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Ces baptêmes ont été accompagnés et nourris d'une part d'un texte sur l'amour entre parents et enfants / enfants et parents et d'autre part par un verset biblique choisi pour E. : "Le fruit de l'Esprit est : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi." (Ga 5:22-23)
    Personne ne s'étonne que l'amour soit au cœur de la relation parents-enfants (en tout cas tant que les enfants sont petits). L'amour est aussi au centre de la relation entre Dieu et les êtres humains. Le christianisme est entièrement centré sur la notion d'amour, un amour qui circule entre Dieu et Jésus, un amour que Dieu éprouve pour tous les humains. Un amour que Dieu met au centre de ses commandements : "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu" (Dt 6:5); "Aime ton prochain comme toi-même" (Luc 10:27); "Aimez-vous les uns les autres, comme je vous aime" (Jn 15:12); "Dieu est amour" (1 Jn 4:8); "Le fruit de l'Esprit, c'est l'amour…" (Ga5:22).
    Et pourtant à voir comment va le monde, on ne peut pas dire que l'amour soit au centre, soit le moteur de nos comportements ! En fait, l'amour est bien plus difficile à vivre qu'on ne le pense. En fait, une multitude de comportements se travestissent derrière ce vocabulaire.
    Il y a des "je t'aime" qui veulent dire "aime-moi" aussi bien que "je vais te dévorer." Il y a les "si tu m'aimais vraiment, alors…" — je vous laisse compléter la phrase — qui ne sont que des formes de chantage ou de manipulation. Il y a des "j'aimerais être aimé(e)" paralysé par la peur. Il y a des "on ne peut pas m'aimer" découragés voir désespérés.
    Combien de personnes ne peuvent pas se laisser aimer ? Le mécanisme est souvent assez simple, mais très retort : La personne est sûre qu'elle a un défaut intérieur qui la rend impossible à aimer. Celui qui lui dirait "je t'aime" ne peut pas être cru ou crédible tant qu'il ne connaît pas ce redoutable défaut. Mais celui qui le connaîtrait ne pourrait définitivement plus l'aimer. Mieux vaut donc refuser d'être aimé(e) plutôt que dévoiler son secret.
    L'amour commence donc par l'acceptation de soi-même, l'acceptation de la possibilité d'être aimable, puis l'acceptation d'être effectivement aimable puisque déjà aimé. C'est ce que Dieu nous affirme (et nous rappelle dans le baptême) : je t'aime avant que tu en sois conscient.
    Se savoir aimé ouvre les portes à aimer les autres. Aimer ceux qu'on trouve aimables dans un premier temps. Puis — c'est une grande étape sur le chemin de la sagesse et de la croissance personnelle, trouver aimables ceux que l'on croise dans la vie, de sorte à pouvoir aimer tout le monde… Mais peut-on aimer tout le monde ? (C'est ce dont nous parle la parabole du bon samaritain, Luc 10).
    Là, il est important de regarder un peu le vocabulaire. Notre langue française est assez pauvre. On dit aussi bien "aimer son conjoint" que "aimer la salade" ce qui embrouille les choses. La langue du Nouveau Testament, le grec, connaît trois mots principaux pour dire "amour."
    Le premier mot est "eros" qui veut dire désirer, désirer prendre, désirer s'accaparer, posséder. C'est l'amour possessif, autant celui de l'avare que celui de l'amant.
    Le deuxième est "philo" qui est l'attachement émotionnel, l'amour-affinité, l'amitié, l'intérêt pour quelque chose. C'est un amour où l'on partage un même goût. Vous connaissez les philatélistes qui collectionnent les timbres-poste, les colombophiles qui élèvent des pigeons ou la philosophie qui est l'amour de la sagesse ou de la pensée.
    Enfin, le terme le plus fréquent dans le Nouveau Testament est le mot "agapè" qui est l'amour altruiste, c'est-à-dire l'élan vers l'autre pour répondre à ses besoins à lui. L'amour qui fait grandir l'autre, qui donne de l'espace à l'autre, qui lui permet de devenir lui-même.
    La Bible reconnaît l'existence de ces trois formes d'amour, elle n'en disqualifie aucune, mais elle nous avertit que ces trois formes d'amour n'ont pas les mêmes destinataires, ni les mêmes rôles, ni les mêmes origines.
    L'amour-désir est destiné au conjoint et ne doit pas être dirigé vers ses enfants, cela mènerait à l'inceste.
    L'amour-affinité intervient quand les parents jouent à des jeux avec leurs enfants. Et il faut de la complicité et de la joie dans les relations parents-enfants, mais pas seulement.
    L'amour nécessaire dans l'éducation, c'est de l'amour-agapè, c'est-à-dire la préoccupation prioritaire du développement de l'enfant. Si le parent qui doit dire "non" à l'enfant pour parer à un danger a peur de ne plus être aimé de son enfant et renonce, ce parent veille à son bien être personnel et pas à celui de l'enfant. Il ne l'aime par pour lui-même, mais pour soi, pour ce qu'il reçoit de son enfant, il est dans l'amour-affinité, pas dans un amour altruiste et nuit à son enfant.
    Lorsque Jésus dit : "Je vous aime comme le Père m'aime" puis "aimez-vous les uns les autres comme je vous aime" il décrit la juste circulation de l'amour qui est celui de la cascade d'eau dans la fontaine romaine. L'eau de la vasque supérieure s'écoule dans la vasque intermédiaire puis dans le bassin.
    C'est aux parents qu'il revient de donner de l'amour à leurs enfants. Si les parents ont besoin d'amour, ce qui est bien compréhensible, ils ont à le chercher en dessus d'eux-mêmes, chez leurs parents ou auprès du Père qui est dans le ciel.
    Qu'en est-il de l'origine de ces formes d'amour ? Si l'amour-désir est le fruit du corps, de la pulsion de survie, si l'amour-affinité est le fruit du cœur, de l'élan social, l'amour-agapè est le fruit de Dieu, le fruit de l'Esprit et répond à une aspiration spirituelle.
    Dans son langage imagé, Jésus avait dit, dans l'Evangile de Jean, avant le passage que nous avons entendu sur l'amour : "Je suis le cep et vous êtes les sarments" (Jn 15:5). Une façon de nous dire que nous avons besoin d'être reliés à la sève de la vie pour donner la vie à nos enfants, d'être reliés à la source de l'amour, pour donner à nos enfants cet amour qui fait grandir.
    Ne laissons pas dépendre notre vie et notre amour de la pluie et du beau temps, plaçons-nous sous la cascade de l'amour de Dieu pour que notre fontaine soit abondamment alimentée et que cet amour puisse rejaillir sur nos enfants. De cette façon, ils pourront grandir et s'émerveiller de la beauté de la vie.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2007