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fragilité

  • Recentrons-nous sur l'essentiel

    (9.1.2005)

    Matthieu 6

    Recentrons-nous sur l'essentiel

    Luc 13 : 1-5.        Jean 13 : 33-35.      Matthieu 6 : 19-21. 

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  • 2 Corinthiens 4. Ce qui est visible est provisoire, ce qui est invisible dure toujours.

    2 Corinthiens 4
    6.9.2015

    Ce qui est visible est provisoire, ce qui est invisible dure toujours.

    2 Corinthiens 4 : 16-18—5 : 1-5       Jean 3 : 12-17
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    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Dimanche dernier nous avons entendu que Dieu sauve, sauvegarde notre être essentiel, sans toujours nous épargner les épreuves ou la maladie. Aujourd’hui j’aimerais continuer sur cette ligne, voir comment le Nouveau Testament parle de l’être intérieur.
    Or il se trouve que l’apôtre Paul utilise justement cette opposition « intérieur - extérieur » pour parler de notre condition humaine (2 Co 4:16). Paul vient de parler de la vulnérabilité physique. Il a parlé de notre condition humaine avec l’image des vases d’argile qui contiennent un trésor spirituel (v.7). Puis il parle des risques (physiques) liés à son apostolat — et on sait qu’il a été persécuté, battu, emprisonné et que cela a eu un retentissement sur sa santé. Mais il invite au courage en opposant l’extérieur — qui peut être touché, blessé — et l’être intérieur qui se renouvelle, que Dieu régénère. (v.16)
    Et Paul continue avec une image qui fait penser à une balance avec d’un côté la détresse présente qui ne fait pas le poids face à la gloire promise (v. 17). Le présent, que Paul appelle le visible, est provisoire, éphémère, impermanent. Alors que l’invisible, le monde de Dieu, est permanent, éternel, infini. Renoncer au visible contre l’invisible c’est comme échanger un parapluie contre une maison, face à la tempête.
    On a presque là le pari de Pascal : misez notre vie (si courte) pour gagner la vie nouvelle (éternelle) c’est un pari gagnant à tous les coups. Il suffit de miser pour gagner, il suffit de croire pour recevoir la vie éternelle.
    « Ce qui est visible est provisoire, ce qui est invisible dure toujours. » (v.18) C’est en ces termes que Paul parle de l’être extérieur et de l’être intérieur.
    Dans un deuxième temps, Paul change d’images pour approfondir sa pensée. Il va parler d’habits et d’habitat. Les verbes parlent d’habillement : se vêtir se dévêtir et se revêtir. Les noms parlent de tente pour le provisoire, de maison qui n’est pas faite de mains d’homme ou d’habitation céleste pour ce qui est d’ordre divin.
    Et Paul explique que nous gémissons dans nos habits ou notre habitation provisoire et que nous espérons être vêtus ou habiter dans l’habitation céleste que Dieu nous réserve.
    Paul laisse une ambiguïté dans le texte pour savoir si l’habit ou l’habitation céleste va remplacer ou recouvrir notre tente, notre corps terrestre. Pour lui l’important est ailleurs, l’important est dans la direction qui est impulsée par Dieu : c’est la vie qui va engloutir, absorber, recouvrir la mort.
    Il y a là un grand retournement — et c’est vraiment le sens de tout l’évangile et de toute la mission de Jésus : la vie l’emporte sur la mort malgré toutes nos images. C’est l’inversion de l’image de l’océan qui noie le marin ou l’image de la baleine qui engloutit Jonas. Non, avec Dieu, c’est la mort qui est engloutie (1 Co 15:54), c’est la vie qui contamine la mort. Les captifs sont libérés, les tombeaux s’ouvrent.
    Et la foi, c’est de croire à cette inversion des forces, c’est de croire que la force de vie que Dieu insuffle dans le monde l’emporte sur les forces de mort. Et cela malgré les apparences contraires, puisque nous restons vulnérables et mortels.
    Comment conjuguer cette force de la vie et nos vulnérabilités ? En fait, plus nous avons foi dans l’habitat du ciel, plus nous pouvons accepter notre vulnérabilité ici-bas, parce que nous savons qu’elle est vaincue, qu’elle n’a pas le dernier mot, qu’elle est provisoire et que le meilleur nous attend.
    La perspective d’une autre réalité (l’invisible) nous permet de traverser le provisoire (le visible), comme la perspective de la guérison nous permet de supporter l’hôpital, les douleurs et les désagréments des traitements. La foi crée une mise en perspective qui nous permet de mieux traverser le présent.
    Le problème, c’est que certains ont dénoncé cette perspective comme l’opium du peuple ! « La vie est dure, mais ne vous révoltez pas, vous aurez le paradis ! »
    Comment échapper à ce juste reproche, à ce risque existant de baisser les bras, d’avoir une acceptation résignée face au malheur ? Ce qui est reproché là, justement, c’est une acceptation passive de la réalité, une mise en attente. Or justement le christianisme a toujours eu une double attitude.
    A. D’un côté la confiance et l’acceptation en regardant l’invisible derrière le visible. C’est la part de Dieu, nous donner une espérance, préserver notre être intérieur, nous préparer une habitation céleste.
    B. Mais d’un autre côté, il y a notre travail, notre mission qui est d’agir et de servir dans la société, dans le monde. Agir, avec Jésus comme modèle, lui qui n’a cessé d’accueillir et de guérir partout où il passait. C’est la force de l’incarnation de nous rappeler que le corps et la vie physique n’est jamais méprisable. Même si la vie humaine, corporelle, est provisoire, elle ne peut être dédaignée, méprisée, négligée. Notre travail, c’est de soigner le monde et de favoriser la vie.
    Nous avons à le faire sur trois plans au moins.
    1. Sur le plan de notre être intérieur, favoriser la vie, la joie, la relation, aux dépens de la tristesse, de la dépression et de l’isolement.
    2. Sur le plan de nos relations et de la société. Tout être humain sur la terre a autant de valeur que moi, que chacun. Dieu ne fait pas de différences entre les personnes. Il ne privilégie pas le fort sur le faible. Il n’abandonne personne. Et c’est à nous de le manifester et de le rappeler aux puissants.
    3. Sur le plan de la planète, nous devons sauvegarder la vie — à tous les niveaux — parce que nous sommes tous interdépendants. Il n’y a pas de survie de l’humanité sans la survie des animaux, des plantes et des écosystèmes dont nous dépendons.
    Notre acceptation de notre réalité provisoire n’est pas une carte blanche pour la passivité. Au contraire cette dépréoccupation de notre sort — parce que notre être intérieur est garanti par Dieu — nous libère et nous apporte des forces nouvelles pour rendre notre monde meilleur. Accepter la condition humaine et notre vulnérabilité, nous pouvons le faire parce que Jésus-Christ lui-même l’a revêtue, mais comme lui nous devons agir pour humaniser notre monde qui en a bien besoin.
    Sachant que notre être intérieur est déjà sauvegardé auprès de Dieu, nous pouvons utiliser nos ressources pour humaniser le monde.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2015

  • Luc 9. Pouvons-nous vivre avec une image bouleversée de Dieu ?

    Luc 9
    29.9.2013
    Pouvons-nous vivre avec une image bouleversée de Dieu ?
    Esaïe 53 : 2-8    Luc 9 : 18-25
    Téléchargez la prédication ici : P-2013-09-29.pdf


    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    On n’imagine pas le bouleversement que Jésus apporte à l’image de Dieu, à la compréhension de Dieu ! On sous-estime encore aujourd’hui cette transformation !
    Au milieu de son parcours, Jésus demande à ses disciples ce que les gens disent de lui. Puis Jésus veut vérifier si ses propres disciples le comprennent mieux. S’ils se font une image plus claire, plus juste. Et voilà que Pierre déclare à Jésus qu’il est le Messie, le Christ, l’envoyé de Dieu. Bonne réponse ou pas ?
    Si Pierre a en tête l’idée d’un Messie glorieux qui va appeler une armée d’anges pour renvoyer les Romains chez eux et établir le Royaume de Dieu sur terre, alors il se trompe du tout au tout. Si Pierre a dans la tête les poèmes du Serviteur que l’on trouve dans le livre d’Esaïe et dont vous venez d’entendre un passage, alors il est près de la bonne réponse.
    Jésus va tout de suite mettre les pendules à l’heure pour qu’il n’y ait pas de malentendu, il dit : « Il faudra que le Fils de l’Homme souffre beaucoup » (Lc 9:22)
    Voilà pour ce qui en est de Pierre. Mais qu’en est-il aujourd’hui, autour de nous ? Comment les gens voient-ils Dieu ? Quand on les interroge, on entend souvent ces réponses : « c’est l’être suprême » ; « une puissance d’en-haut » ; « une force qui nous dépasse » ; « une énergie dans l’univers, au-dessus de nous. » Et on attend de lui qu’il mette de l’ordre dans le chaos de notre monde, qu’il stoppe les guerres, qu’il corrige les injustices criantes, qu’il protège chacun et nous rende invulnérables et immortels.
    Ce n’est finalement pas très différent du rêve des zélotes qui attendaient que Jésus chasse les Romains et leur assure liberté et prospérité. Mais voilà, Jésus dit tout autre chose. Le Messie, le Fils de l’Homme doit souffrir, être rejeté, être mis à mort avant de revenir à la vie le troisième jour. (v.22)
    Pouvons-nous vivre avec cette image bouleversée de Dieu ? Jésus ne nous dit-il pas, là, que Dieu renonce à sa toute-puissance à son trône dans le ciel ? Qu’avons-nous à y gagner ? Qu’avons-nous à y perdre ?
    Ce que nous perdons, c’est la possibilité de lui reprocher de ne pas intervenir dans les affaires humains. C’est perdre la possibilité de le confondre avec la nature : il n’est pas le dieu qui déclenche les tremblements de terre et les épidémies. Il n’est pas même « celui qui rappelle à lui les humains. » Jésus nous dit : Dieu n’est pas à cette place, il n’est pas la météo, la nature, le régisseur de l’univers. Inutile de s’en prendre à lui quand on tombe malade ou qu’il nous arrive un malheur.
    Mais où est-il alors, notre Dieu ? Il n’est plus au-dessus de nous : il est à côté de nous, il est en nous et il souffre de nos propres souffrances. « Ce sont nos maladies qu’il subit, ce sont nos souffrances qu’il porte » comme de dit le prophète Esaïe (Es 53:4). Non pas parce que nous les lui infligerions, mais parce qu’il a choisi de vivre avec nous, en nous. Il porte nos souffrances avec nous. Il subit nos malheurs avec nous, il est sur la même route que nous, il nous accompagne et nous soutient.
    Dieu en Jésus est venu assumer notre pleine condition humaine, dont on sait qu’elle est faite de joie et de tristesse, de bonheur et de malheur, de naissances et de décès, de force et de fragilité. Il n’y a pas d’un côté la force de Dieu et de l’autre la fragilité humaine, comme si nous étions adversaires.
    Dieu en Jésus s’est laissé dépouillé de sa force pour venir habiter notre vulnérabilité, notre absolue nudité face à la maladie, au malheur et à la mort. Dieu n’est pas contre nous, il est avec nous dans tous les aspects de notre existence. Cette présence qui habite tous les événements de nos vies nous permet de vivre différemment.
    En effet, le bouleversement que Dieu s’est imposé à lui-même pour nous rejoindre là où nous sommes, ce bouleversement se répercute aussi sur notre image de nous-mêmes. Nous n’avons plus besoin d’être forts et invincibles pour être digne de notre condition humaine. Nous n’avons plus besoin d’être archi-compétents et productifs pour être digne de notre condition humaine. Nous n’avons plus besoin d’être jeunes, beaux et en bonne santé pour être digne de notre condition humaine.
    Hélas, le malheur, les défauts, les erreurs, la maladie, les chutes font partie de la condition humaine. Mais avec Jésus — acceptant ces aspects de la condition humaine — nous n’avons plus besoin de les cacher et d’en avoir honte. Il a déjà tout porté sur la croix, il a déjà tout élevé sur la croix, de sorte que nous pouvons porter, porter haut, élever nos croix sans honte.
    Jésus dit à ses disciples : « Celui qui veut venir avec moi, qu’il cesse de penser à lui-même, qu’il porte, qu’il élève sa croix chaque jour et me suive. » (Luc 9:23). Verset que je comprends comme disant : « celui qui veut venir avec moi, qu’il cesse de penser à son image, à sa réputation, qu’il élève sa condition humaine comme un étendard et qu’il me suive. »
    Il n’y a pas de faute à être humain et à ressentir des émotions humaines dans le malheur. Il n’y a pas de honte à être découragé, abattu par la maladie, à être triste dans le deuil, à avoir peur dans la précarité. La société a peur de tout cela, parce que cela lui renvoie en miroir une image qu’elle déteste.
    Dieu n’est pas comme cela en Jésus-Christ. Dieu nous accueille tels que nous sommes, avec nos émotions, avec nos fragilités et nos vulnérabilités, parce qu’il sait que la vraie vie y trouve son terreau. C’est de cette profondeur humaine que Dieu fait rejaillir de la vie, de la lumière et une force de guérison. C’est de cette profondeur humaine que Dieu ressuscite, re-suscite, en nous la vie et l’amour de la vie, après et malgré les malheurs subis.
    Jésus a accepté toutes les facettes de la condition humaine et par là il renverse non seulement notre image de Dieu, mais également la valeur de notre vie humaine. Ce que le monde méprise, Dieu lui donne de la valeur. Ce que le monde abaisse, Dieu le relève. Ce que le monde abandonne, Dieu en prend soin. Nous qui sommes touchés et fragilisés, Dieu nous accompagne, nous aime et nous soutient.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2013