Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

new york

  • Une espérance dans notre monde troublé

    (30.9.2001)

    Luc 13

    Une espérance dans notre monde troublé

    Deutéronome 30 : 11-14.       Luc 13 : 1-5.      Luc 13 : 6-9

    télécharger le texte : P-2001-09-30.pdf

    Lire la suite

  • Faut-il croire que Dieu dirige l'Histoire ?

    11.9.2022

    Luc 24

    Faut-il croire que Dieu dirige l'Histoire ?

    Genèse 6 : 9-19.        2 Chroniques 36 : 11-21.         Luc 24 : 42-49

    Télécharger le texte : P-2022-11-09.pdf

    Chers frères et soeurs en Christ,

    Nous sommes le dimanche 11 septembre et — pour notre génération — il est impossible de ne pas associer cette date avec l'écroulement des tours de New York ! Cette date a marqué le retour de la question de Dieu dans le débat et les décisions politiques, avec cette question : Dieu intervient-il dans l'Histoire ?

    Certains milieux fondamentalistes l'ont affirmé en s'appuyant sur l'Ancien Testament. Les milieux réformés s'en sont abstenus ou bien l'ont clairement nié. Comment se positionner ? Et bien, en faisant un parcours biblique et en essayant de mettre en lumière les critères qui nous font choisir de donner priorité à certaines affirmations bibliques plutôt qu'à d'autres.

    Les deux lectures bibliques de l'Ancien Testament de ce jour — celle du Déluge dans le premier livre de la Bible et celle de la fin du Royaume de Juda dans le dernier livre de l'Ancien Testament — ces deux lectures affirment la souveraineté de Dieu sur la nature, les éléments et l'Histoire.

    Dieu gouverne les catastrophes naturelles et dirige les rois et les armées. Tantôt il sauve son peuple — comme dans le passage de la Mer Rouge — tantôt il le punit — lorsqu'il l'envoie en Exil. L'Ancien Testament nous montre clairement un Dieu qui intervient dans l'Histoire, qui dirige son peuple, soit directement, soit par des intermédiaires comme les patriarches, Moïse ou les prophètes. Les rédacteurs des livres de l'Ancien Testament partagent cette vision et attribuent tous les événements à la main de Dieu.

    Quels effets cela fait-il de rendre Dieu responsable de tous les événements ? Il y a des effets bénéfiques, mais aussi des coûts.

    C'est rassurant de penser que tout est entre les mains de Dieu, cela donne un sentiment de sécurité : à la fin, il devrait en sortir du bien ! Cela compense notre sentiment d'impuissance. Si nous n'y pouvons rien, Dieu pourvoira, Dieu nous sauvera ! Ainsi rien n'est hors de contrôle.

    Mais il y a aussi des coûts à penser Dieu tout-puissant. Lorsque les malheurs n'ont aucune commune mesure avec les supposées fautes, comment penser que Dieu est juste, que Dieu est bienveillant ? Les malheurs et la mort étant inhérents à la destinée humaine, comment ne pas perdre confiance, perdre notre assurance en Dieu ?

    Voilà pour la position de l'Ancien Testament, qu'en est-il dans le Nouveau Testament ? Dans le Nouveau Testament, Jésus nous est présenté comme le visage de Dieu. C'est dans les actes et les paroles de Jésus que nous est présentée la juste figure de Dieu. Or que voyons-nous ?

    Pendant son ministère, Jésus est habité de bienveillance et de tolérance. Il accueille tous ceux qui viennent à lui et il guérit. Les rédacteurs des Evangiles sont encore habités de l'idée que Dieu dirige les événements. On le voit dans les récits de Noël ou dans le baptême de Jésus où Dieu parle. Mais bien vite — avec le récit de la Passion — le destin de Jésus échappe tant aux rédacteurs des Evangiles qu'à Dieu !

    Jésus a été envoyé pour porter la lumière divine et il est arrêté, capturé, battu, jugé, moqué puis crucifié.

    Il y a des contorsions littéraires pour faire passer ce destin comme conforme à la volonté divine, mais cela détruit l'image d'un Dieu juste et bon ! Cela mène à une impasse, à une contradiction totale entre Jésus et Dieu.

    Et si l'on prenait Jésus au sérieux ?!

    Dans sa dernière apparition aux disciples, Jésus dit des choses extrêmement importantes. Après avoir mangé avec ses disciples, il les invite à une relecture des Ecritures. Pour cela il « ouvre leur intelligence » (Luc 24:45) et il leur donne des mots-clés pour cette nouvelle interprétation de l'Ancien Testament : le Christ devait souffrir et être relevé, dans sa personne est proclamée, affirmée la transformation (metanoia) et le pardon, et c'est un message universel.

    Ensuite Jésus donne à ses disciples une mission et la promesse de son Esprit qu'il appelle « puissance ». Ces paroles de Jésus nous invitent donc à avoir une lecture totalement nouvelle de l'Ancien Testament et de Dieu. Ne pas le voir dans la puissance, mais dans la souffrance, dans la vulnérabilité.

    Dieu n'est pas intervenu pour descendre Jésus de la croix, parce que Dieu était sur la croix. Dieu n'est pas dans la punition et la cause du malheur, il est dans le pardon.

    La puissance (dunamis en grec) qui était attribuée à Dieu dans l'ancienne lecture de l'Ancien Testament, Jésus la promet — pour la Pentecôte — aux disciples, aux êtres humains. Avec mission d'annoncer cette bonne nouvelle dans le monde entier.

    Jésus restitue à l'être humain la dynamique, le pouvoir d'agir, la responsabilité du monde. Tans que Dieu est pensé comme tout-puissant, l'être humain est réduit à l'impuissance. « Dieu sauvera les choses quand ça tournera mal » avons-nous longtemps pensé.

    En refusant un Dieu maître de l'Histoire, Jésus nous sort de notre sentiment d'impuissance, il nous restitue notre puissance.

    En refusant un Dieu maître de l'Histoire, Jésus nous rend à nos responsabilités : personne ne viendra arranger les choses que nous négligeons.

    En refusant un Dieu maître de l'Histoire, Jésus nous enracine dans le monde : il n'y aura pas de sauvetage extérieur (comme pour Jésus sur la croix) ; il n'y aura pas de Planète B, quand nous aurons saccagé totalement la terre ; il n'y aura que ce que nous faisons nous-mêmes du monde et de la société. C'est notre responsabilité de « nous aimer les uns les autres » !

    Renoncer à un Dieu qui maîtrise l'Histoire est une bonne nouvelle parce que cela met fin au fatalisme et nous restitue autant notre liberté que notre responsabilité. Mais cela veut dire que notre responsabilité doit s'exercer !

    A nous tous de nous mettre au travail pour un monde vivable, habitable et convivial.

    Amen

    © Jean-Marie Thévoz, 2022

     

  • Matthieu 6. Le Sermon sur la Montagne (II) : Jésus, lanceur d’alerte

    Matthieu 6
    29.5.2016

    Le Sermon sur la Montagne (II) : Jésus, lanceur d’alerte

    Matthieu 6 : 19-32     Matthieu 7 : 1-5

    Télécharger le texte : P-2016-05-29.pdf

    Non, mais, franchement, Jésus exagère ! Ce Sermon sur la Montagne est plein de prescriptions impossibles à tenir, impossibles à réaliser. Jésus nous dit que les pauvres, les affamés, les endeuillés sont bienheureux. Jésus nous dit d’aimer de nos ennemis (Mt 5:44), de tendre la joue gauche (v.39), de donner sans retour (v.42), de céder à celui qui nous prend (v.42), de ne pas juger (Mt 7:1), de ne pas divorcer, ni de se remarier (Mt 5:32). Jésus nous dit de reconnaître que nous avons une poutre dans l’œil (Mt 7:5), de ne pas se soucier de notre nourriture et de nos vêtements (Mt 6:31), donc de renoncer à toute prévoyance, de nous détacher des richesses (v.19). Mais que faire de toutes ces injonctions ?
    Et ce ne sont pas les seules paroles choquantes de Jésus. Les Évangiles — et particulièrement les paroles qui ont été identifiées comme venant du document intitulé la Source*1 qui a recueilli très tôt les paroles de Jésus — nous livrent encore d’autres paroles chocs de Jésus : rien ne restera caché, tout sera dévoilé (Mt 10:26) ; c’est du feu que je suis venu jeter sur la terre (Lc 12:49) ; je suis venu diviser, le fils contre le père, la fille contre la mère, la belle-fille contre la belle-mère (Lc 12:53); celui qui ne hait pas père et mère ne peut pas être mon disciple (Lc 14:26); les derniers seront les premiers (Lc 13:30); quiconque s’élève sera abaissé (Lc 14:11); etc.
    Nous avons perdu l’habitude d’être confrontés à cette facette de Jésus. Au fils du temps le message de Jésus s’est couvert de poussière et ses couleurs vives, provocantes, ont été recouvertes et atténuées. C’est comme les fresques de la Chapelle Sixtine qui étaient toutes grises mais qui sont devenues tellement lumineuses après leur nettoyage. Les couleurs de Jésus peuvent être retrouvées. Jésus n’est pas un hippie aux cheveux longs qui déambule en Galilée en proclamant « Peace and love» !
    Si on revient aux paroles de Jésus, si on les prend au sérieux, au pied de la lettre, dépoussiérées et décapées, alors Jésus apparaît davantage comme un trublion, un provocateur, quelqu’un qui dérange !Oui, Jésus est un dénonciateur, un lanceur d’alerte. Il dénonce des dysfonctionnements sociaux, il dénonce les mises à l’écart des handicapés et des malades, les discriminations entre les petits et les élites. Il dénonce des dysfonctionnements religieux, il dénonce le fardeau des lois, l’accaparement du pouvoir par les prêtres et le temple.
    Jésus dénonce, mais ne propose pas de programme social, politique ou religieux. Jésus est dans l’excès, Jésus est dans l’urgence. Ce qu’il veut c’est faire bouger les choses, appeler au changement, changement d’attitude, de mentalité, ce que les évangiles appelle la « metanoia »,  mais il se refuse à enfermer ses disciples dans une nouvelle conduite à tenir, d’où des mesures idéales mais intenables. Vous ne construisez pas une société sur les principes du Sermon sur la Montagne. Les mesures sont excessives, radicales, exagérées. Il n’y a rien de pratique et de pragmatique. Jésus provoque pour provoquer le changement. Jésus ne se préoccupe pas du réalisable, du faisable, Jésus n’est pas un politique, ni un réformateur. Jésus vient bousculer.
    On pourrait comparer Jésus à un dessinateur de presse : il met en lumière une situation qui déraille, mais il ne propose pas la solution pragmatique. Au lecteur de ce retrousser les manches et voir comment agir. Retrouvez Jésus pour aujourd’hui, c’est retrouver l’homme, la personne, l’acteur (celui qui agit, pas le comédien). Il s’agit de retrouver le prophète Jésus. La Passion de Jésus viendra confirmer ces paroles prémonitoires de Jésus : « Ô Jérusalem, toi qui tues tes prophètes… » (Mt 23:37).
    Jésus est un prophète au sens fort de l’Ancien Testament, celui qui est porteur d’une parole qui vient de Dieu, celui qui est porteur d’un jugement qui vient de Dieu. Jugement sur les situations de dysfonctionnement, sur les relations tordues, sur les oppressions et les inégalités, sur les discriminations et les exclusions.
    C’est ce Jésus, cette figure prophétique qui a bouleversé son temps et les siècles qui suivent. Ce sont ces paroles percutantes qui se sont propagées d’une manière fulgurante tout autour de la Méditerranée pour qu’en 280 ans (de 33 à 313 de notre ère) le message et la Passion de Jésus deviennent la religion de l’Empire romain. Il faut des paroles vraiment percutantes pour arriver à ce résultat-là ! De quoi changer notre regard sur Jésus.
    J’ai comparé Jésus à un dessinateur de presse, c’était par rapport au côté percutant de son message et au renoncement à l’aspect réaliste, pragmatique. Pour se rapprocher de l’image de la personne même de Jésus, on peut faire d’autres comparaisons. À notre époque, je pense que Jésus serait un artiste — pas pour le côté baba-cool — mais pour le côté d’impact public et le côté implication personnelle.Pour le premier aspect (impact public) je pense à des photographes qui essaient de faire bouger les mentalités, comme Yann Arthus-Bertrand ou Sébastiao Salgado pour l’écologie ; ou JR pour le rapprochement des peuples (c’est lui qui a photographié des Israéliens et palestiniens qui font des grimaces pour les coller sur le mur de séparation entre Israël et la Cisjordanie).
    Pour l’aspect implication personnelle, je verrais l’artiste Marina Abramovic, notamment dans sa performance « The artist is present » au musée d’Art moderne de New York (MoMA) où elle était assise 75 jours de suite, immobile, toute la journée, dans le musée. Et les visiteurs venaient s’asseoir en face d’elle, pendant quelques minutes, pour se regarder, les yeux dans les yeux, dans une présence totale. Les visiteurs qui n’ont cessé de faire la queue pour vivre cette expérience en ressortaient complètement bouleversés par cette présence et ce contact si profond.
    C’est ce contact, cette présence bouleversante de Jésus — même si nos regards ne peuvent pas se croiser aujourd’hui — que nous avons à rechercher en relisant les Évangiles.
    Les propos de Jésus sont irréalistes, parfois choquants, mais c’est pour nous déplacer, nous bouleverser, nous émouvoir, nous qui restons tellement figés dans nos habitudes et nos petites sécurités.
    Par ses propos, Jésus nous invite à retrouver l’urgence de la relation — par-dessus toutes les barrières — et retrouver la proximité fondamentale de Dieu — par-dessus tous les discours religieux qui éloignent et divisent. Jésus lance un cri, un appel, au-delà de tous les conseils pratiques, pour que nous retrouvions la pleine présence de Dieu.
    Amen


    *1 Frédéric Amsler, L’Evangile inconnu, La Source des paroles de Jésus, Genève, Labor et Fides, 2001.

    © Jean-Marie Thévoz, 2016

  • Luc 6. "Celui qui tient un marteau dans la main cherche des clous"

    Luc 6
    25.3.2012
    "Celui qui tient un marteau dans la main cherche des clous"
    1 Thess 5 : 15-18     Luc 6 : 46-49
    Télécharger la prédication : P-2012-03-25.pdf

    "Celui qui tient un marteau dans la main cherche des clous."
    J'ai entendu cette phrase étrange dans une émission de radio qui parlait de la recherche du bonheur. "Celui qui tient un marteau dans la main cherche des clous." Cette phrase m'a donné à réfléchir sur le lien entre ce que fait notre corps et ce que nous pensons. Quand notre corps tient un objet, cela influence notre pensée. Quand nous faisons certains gestes, cela oriente notre esprit dans une direction plutôt que dans une autre.
    Cette phrase veut nous dire que notre regard, notre attention ne sont pas les mêmes selon que nous avons un marteau, un tournevis, un sarcloir ou une éponge à la main.
    Nous avons l'habitude de penser que tout est dans la tête. Que c'est notre cerveau qui dirige, que ce sont nos pensées qui nous façonnent. Nous pensons prendre des décisions de manière rationnelle et les faire exécuter par notre corps. La tête commande et le corps obéit, c'est notre façon habituelle de voir les choses.
    Et pourtant, combien de fois voyons-nous que c'est inefficace ! Entre nous, combien de temps avez-vous tenu les bonnes résolutions de Nouvel An ? Depuis combien de temps essayez-vous de vous débarrasser d'une certaine habitude… sans y parvenir ?
    Hélas, souvent, la volonté ne suffit pas ! L'apôtre Paul — déjà — ne disait-il pas : "Je ne fais pas le bien que je veux, mais je fais le mal que je ne veux pas" (Rom 7:19).
    Peut-être bien que nous prenons les choses à l'envers ? Nous cherchons à dominer le corps par l'esprit, peut-être vaut-il mieux en faire un allié, un collaborateur, un associé, un ami.
    "Celui qui tient un marteau dans la main cherche des clous." Cette phrase m'a fait penser à cette parole de Jésus à propos des deux maisons. Jésus oppose deux attitudes : celui qui écoute sa parole et la met en pratique et celui qui écoute sa parole et ne la met pas en pratique. Remarquez que les deux personnes écoutent la Parole de Jésus.
    La différence est dans la mise en pratique, dans la mise en route du corps, dans la mobilisation de tout l'être. L'intuition formidable de Jésus, c'est que la vie n'est pas seulement affaire de pensée, de réflexion, de volonté, d'intention. La vie est affaire d'action, d'émotion, de pratique, d'exercice, de mise en mouvement du corps, d'action transformatrice du monde.
    Je vous donne un exemple : au collège, j'avais un copain qui était tombé amoureux d'une camarade de classe. Celle-ci faisait de l'équitation. Mon copain s'est alors acheté un livre sur l'équitation. Il pensait pouvoir en apprendre assez sur l 'équitation — dans un livre — pour se rapprocher de cette fille. C'est sûr : il pouvait parler d'équitation, mais il ne savait pas monter à cheval.
    Ce que Jésus veut nous dire, c'est qu'on peut connaître la Bible par cœur, si on n'a pas de pratique, si on n'a pas exercé ce savoir dans la vraie vie, ça ne sert à rien.
    Et Jésus précise à quoi sert cette pratique, il en définit le but : à construire une maison solide dans la tourmente, ce qui est une image pour décrire une personnalité qui résiste aux épreuves de la vie. Le but est donc de construire sa personnalité pour pouvoir vivre heureux, sage ou serein, malgré les tempêtes de l'existence.
    Le savoir théologique ou psychologique ne suffit pas. Il faut s'être exercé. Il ne suffit pas de lire un livre pour savoir monter à cheval. Ce que Jésus nous dit, c'est que la pratique crée l'état d'esprit et la compétence, en même temps. 
    Je vais prendre un exemple qui sera aussi la matière sur laquelle vous pourrez vous exercer toute la semaine qui vient, si vous le souhaitez. Je vais prendre l'exhortation de Paul aux Thessaloniciens : "Soyez joyeux, priez sans cesse, soyez reconnaissants en toute occasion." (1 Thess 5:16-18).
    Cela ressemble typiquement à un ordre du genre : "Soyez spontanés !" impossible à mettre en œuvre ! Comment je fais si je ne suis pas joyeux ? Comment je fais s'il ne m'arrive rien de positif pour lequel être reconnaissant ?
    Et bien, ça ne marche pas, en effet, si on met la charrue avant les bœufs, si on pense qu'il faut d'abord être joyeux pour se sentir bien; s'il faut d'abord qu'il nous arrive quelque chose de vraiment bien ou d'extraordinaire pour être reconnaissant. C'est lié à l'idée que nos émotions doivent diriger nos comportements.
    Et si l'inverse était possible aussi, et si l'inverse était vrai ?
    J'aimerais vous parler d'un journaliste new-yorkais, A. J. Jacobs — spécialiste des paris un peu fous (son expérience précédente avait consisté à lire l'Encyclopédie Britannica en entier !) — ce journaliste a décidé de vivre selon la Bible pendant une année*. Lui, juif agnostique complet, a voulu tenter l'expérience d'obéir à tous les commandements bibliques, les uns après les autres.
    Et il est tombé sur ce commandement de Paul : "Soyez reconnaissants en toutes circonstances." Et il a essayé. Voici ce qu'il dit de cette expérience-là : "Je commence à voir la vie différemment. Quand on remercie Dieu à la moindre petite joie — à chaque repas, chaque fois qu'on se réveille, chaque fois qu'on boit une gorgée d'eau — on ne peut pas s'empêcher d'être davantage reconnaissant de la vie elle-même, du fait improbable et miraculeux qu'on existe." (p.242). Et il ajoute : "le comportement façonne les émotions" (p.409).
    "Celui qui tient un marteau dans la main cherche des clous." Celui qui lève les mains vers le ciel pour rendre grâce trouve toutes sortes d'occasions de remercier et par là même embellit sa vie et la rend joyeuse.
    Lancez-vous dans cette mise en pratique, prenez un carnet ou une feuille de papier dans votre poche et notez toutes les petites choses agréables qui vous arrivent, que vous voyez autour de vous, et vous verrez qu'il y en a, et vous serez surpris de les voir s'accumuler, vous en découvrirez de nouvelles, vous vous arrêterez à des choses à côté desquelles nous passions sans les voir.
    Ecouter les paroles de l'Evangile et les mettre en pratique n'est pas un devoir, un pensum, une charge, c'est le chemin d'une vie heureuse, d'une vie sereine et solidement établie.
    Amen

    * A. J. Jacobs, L'année où j'ai vécu selon la Bible, Actes Sud, 2008 (Babel 1007), traduit de l'américain par Yoann Gentric.

    Site de Jacobs en anglais
    © Jean-Marie Thévoz, 2012