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Une espérance dans notre monde troublé

(30.9.2001)

Luc 13

Une espérance dans notre monde troublé

Deutéronome 30 : 11-14.       Luc 13 : 1-5.      Luc 13 : 6-9

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Mais dans quel monde vivons-nous ?

Nous avons tous été choqué par les événements de New York et Washington du 11 septembre, touchés par la souffrance des familles des victimes et de l'ensemble des américains, horrifiés par cette volonté si inhumaine de tuer, emportés par nos désirs de vaincre le mal et d'éradiquer le terrorisme.

Nous avons eu peur, nous avons été en colère, nous nous sentons bouleversés. Notre colère ou désir de vengeance a fait place à plus de rationalité, à un désir de justice plutôt que d'écrasement violent. Notre peur était en train de se calmer parce que nous ne sommes pas américains, nous vivons quand même dans un pays tranquille, neutre et pacifique.

Et voilà qu'à notre tour — bien que sans lien avec le terrorisme — nous sommes touchés, à Zug, en Suisse, par une violence meurtrière ! Et la peur revient, et la colère resurgit... et notre impuissance aussi...

Quel est ce monde dans lequel nous vivons ? Quel est ce monde que nous offrons à nos enfants ? qu'avons-nous fait pour mériter cela ?

Pour répondre à ces questions qui nous habitent, j'aimerais revenir aux paroles de Jésus qui commente deux événements tragiques de son époque — événements qui ressemblent tellement aux nôtres ! (J'avais choisi ce texte au début de la semaine, avant les événements de Zug, j'étais loin de me douter que l'actualité allait rejoindre si fidèlement ce récit !)

Les contemporains de Jésus se posent les mêmes questions que nous. Qui est responsable ? Qui est coupable ? De qui est-ce la faute ? Les victimes ont-elles mérité de mourir ? Jésus coupe court à cette recherche de la faute, en tout cas celle tournée vers les victimes. Il ne faut pas blâmer les victimes. Ce sont des personnes ordinaires, ni meilleures ni pires que n'importe qui.

Il est important que soit dit et réaffirmé : Il n'y a pas de commune mesure entre que qui leur arrive et ce qu'elles ont pu faire. Jésus s'associe à la souffrance des victimes et au deuil de tous leurs proches, il le fait ici en parole, il le fera en acte sur la croix, lorsqu'il sera lui-même la victime innocente qui révèle, met au jour la violence collective, pour qu'elle soit dénoncée et condamnée une fois pour toute. La mort n'est pas le résultat d'une faute de la victime !

Mais Jésus ajoute une phrase énigmatique à son refus de blâmer la victime : "si vous ne changez pas de comportement, vous mourrez tous comme eux." (Lc 13:3,5). Qu'est-ce que cela veut dire ?

Je crois qu'il faut rejeter la première idée qui nous vient, c'est-à-dire "maintenant que vous êtes avertis, ce sera de votre faute si cela vous arrive aussi". Ce serait blâmer les prochaines victimes ! "Si vous ne changez pas de comportement, vous mourrez tous comme eux" je crois que c'est une façon de dire que nous sommes tous concernés maintenant par ces phénomènes de violence. Il y a en chacun de nous une racine, une radicelle de violence qui maintient et nourrit le phénomène général de la violence. Ne nous tournons pas vers le passé pour chercher un coupable, mais tournons-nous vers l'avenir, avec des comportements nouveaux pour promouvoir l'harmonie, la paix, la bonne entente.

Nous avons une responsabilité positive à l'égard du devenir du monde, pour qu'il ne sombre pas dans une violence généralisée. C'est pourquoi Jésus enchaîne avec cette petite histoire de jardinier à propos d'un arbre qui ne porte pas de fruit.

Le propriétaire, voyant cet arbre improductif, veut le faire couper, le détruire. Le jardinier, lui, est attaché à cet arbre, il espère encore en tirer quelque chose de bon et demande pour lui un sursis. Il va travailler dur — creuser, mettre de l'engrais — pour le faire fructifier, lui faire porter du fruit.

Quelle est notre attitude face au monde actuel ? Sommes-nous désabusés comme le propriétaire, prêts à baisser les bras et nous débarrasser du problème ? Ou sommes-nous prêts à changer de comportement, à réunir nos forces et nos énergies — remplis d'espérance — pour des réalisations positives ?

Vous êtes là ce matin, paroissiens, parents et familles des catéchumènes, jeunes qui commencez le catéchisme; et j'y vois le signe de votre espérance et de votre volonté constructive. Merci et bravo à vous parents qui avez désiré que votre enfant puisse être mis au contact de Dieu pour découvrir les valeurs d'espérance et de paix qu'il nous donne, pour découvrir des repères et des valeurs tournées vers la vie.

A vous, chers catéchumènes, j'aimerais vous dire : vos parents vous ont peut-être un peu bousculé, poussé à vous inscrire. Sachez qu'il vous font là un cadeau, parce que vous allez recevoir un plus au fond de vous-mêmes — une force pour affronter notre monde — que vos autres camarades n'auront pas.

Notre monde est violent — nous ne le voyons que trop — mais nous savons tous ce que nous avons à faire, chacun, tout près de nous, directement avec notre entourage, nos proches, pour diminuer la violence et augmenter la paix.

Ce changement de comportement est entre nos mains pour que la vie ait un sens et une beauté autour de nous et plus loin, de proche en proche, comme par contagion. Participons à cet élan avec espérance et confiance.

Amen

© Jean-Marie Thévoz, 2023

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