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Ruth 2. La bénédiction est le signe de la présence de Dieu

Ruth 2
13.8.2006
La bénédiction est le signe de la présence de Dieu
Dt 24 : 19-22 Rt 2 : 1-13 Rt 2 : 14-23

Chères paroissiennes, chers paroissiens,
Nous continuons notre exploration du livre de Ruth, l'histoire de cette veuve Moabite, donc étrangère à Israël, qui s'attache à sa belle-mère Noémi et la raccompagne à Bethléem. Une fois réinstallées, elles doivent vivre, subvenir à leurs besoins. C'est pourquoi Ruth s'en va glaner dans les champs, puisque c'est le temps de la moisson.
Glaner, c'est chercher les épis que les ramasseurs qui suivent les moissonneurs oublient ou perdent dans les champs. C'est récolter les miettes qui tombent de la table des riches. La Loi de Moïse que nous avons entendue dans le Deutéronome, essaie de donner un peu plus de chance aux glaneuses : elle interdit aux propriétaires ou aux moissonneurs de passer deux fois dans leurs champs. Mais le résultat du travail des glaneuses restera toujours précaire et aléatoire.
Les glaneuses dépendent du bon vouloir du propriétaire. Et là — ce que le récit nous montre— c'est que Booz est un propriétaire généreux. Booz accueille Ruth, il la protège en avertissant ses ouvriers pour qu'ils ne l'importunent pas. Il l'invite à partager son repas. Il la favorise même discrètement en demandant à ses ouvriers de laisser exprès des épis par terre !
Lorsque Ruth revient à la maison et raconte sa journée, Noémi réagit tout de suite en s'exclamant : "Que Dieu bénisse celui qui a été bon pour toi" (Rt 2:19). Le bien que Booz fait transforme la vie de ces deux femmes. A leur tour elles souhaitent du bien à leur bienfaiteur et ainsi la bénédiction circule des uns aux autres.
C'est une des caractéristiques de ce livre de Ruth : la bénédiction, le bien, va en s'amplifiant en circulant d'une personne à une autre. Cette amplification du bien, de la bénédiction, est le signe de la présence de Dieu dans ce récit. Une présence discrète, silencieuse, mais constante. Elle n'a rien de spectaculaire, puisqu'elle passe par des gestes tout humains, mais elle est là et rend la vie plus facile, plus légère.
Booz fait du bien, pour le plaisir de faire du bien, pour enrichir le monde de bonté. Booz n'a aucune arrière-pensée, il ne calcule pas, il ne poursuit pas de but. Nous qui connaissons la suite de l'histoire pourrions penser que Booz agit ainsi en vue de son mariage avec Ruth. Mais ce n'est pas ce qui se passe. Le texte montre bien — dans le 3e chapitre — que c'est Ruth qui prend toutes les initiatives.
Booz fait le bien pour le bien, car il a compris le fonctionnement de la bénédiction (il n'est pas agriculteur pour rien !) : on récolte ce qu'on sème. C'est ainsi dans la vie, l'amour donné gratuitement revient sous de nouvelles formes, souvent inattendues. Il ne grandit que lorsqu'il circule sans arrière-pensées ou calculs. C'est ainsi que Noémi reconnaissante demande à Dieu de bénir Booz en retour.
Le thème de la bénédiction divine est un thème qui parcours toute la Bible, même si souvent nous la négligeons. J'ai souvent entendu, dans mes visites de classes, des enfants demander : "Mais pourquoi Dieu n'agit-il plus aujourd'hui comme au temps de Moïse, lorsqu'il a ouvert la mer ?"
C'est vrai que de nos jours, nous n'arrivons plus à voir Dieu intervenir visiblement dans le cours de l'Histoire. Mais quand nous disons cela, nous négligeons au moins la moitié de la Bible, Ancien Testament compris. Bien sûr, il y a, dans le Pentateuque, le noyau important de la sortie d'Egypte où Dieu intervient par des événements extraordinaires. Mais la Bible affirme aussi, avec insistance et longuement, que Dieu agit dans la vie des humains au travers de ses actes de bénédiction.
Tout le livre de la Genèse, depuis Noé jusqu'à Joseph, en passant par Abraham, Isaac et Jacob, nous montre comment Dieu bénit l'humanité au travers des naissances et des liens de filiations. A travers les généalogies, la vie continue, la vie renaît, recommence. Et chaque naissance est un renouveau et une bénédiction, un avenir ouvert ! La suite des générations est une bénédiction divine.
Et puis le livre du Deutéronome qui clôt le Pentateuque met, lui, l'accent sur la bénédiction que constitue le don d'une terre, d'un pays où coulent le lait et le miel. La production de la terre, le produit du travail des humains, sont vus comme une bénédiction divine.
Et c'est bien ainsi que le conçoit Booz. Il reçoit tout comme venant de la main de Dieu. Ensuite il est plus facile de donner, d'être généreux, si l'on considère que tout ce que l'on possède ou tout ce que l'on acquiert nous a été donné comme une bénédiction.
Dans le récit, Booz devient la figure de la Providence divine, celui qui accueille, celui qui invite à partager son repas, celui qui protège, celui qui favorise en nous donnant l'occasion de recevoir.
Qu'est-ce qui nous empêche de voir dans nos vies la présence de cette bénédiction continue de Dieu ? Qu'est-ce qui nous empêche de la reconnaître dans ce qui nous arrive ? Qu'est-ce qui nous empêche de la recevoir et de la communiquer autour de nous ?
Nous voyons bien que le monde et plutôt engagé sur le chemin de la vengeance et dans la spirale de la violence. Le livre de Ruth nous apprend que la spirale du bien est aussi une option. Que jour après jour Dieu place quelques épis de bonheur que nous pouvons glaner dans le champ de notre existence, si nous nous faisons assez humbles pour partir glaner plutôt que d'attendre ce qui nous revient de droit !
Engageons-nous dans le cycle, la spirale de la bénédiction pour semer le bonheur et la joie autour de nous et il y aura toujours quelqu'un pour dire "Que Dieu bénisse celui qui a été bon pour toi !"
Amen
© 2006, Jean-Marie Thévoz

Fait partie de la suite : Ruth 1 / Ruth 2 / Ruth 4 (il n'y a pas de Ruth 3)

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