Marc 4
6.9.1998
Lorsque la tempête frappe, Jésus est à nos côtés
Ps 65 : 2-9 Col 1 : 15-20 Mc 4 : 1-2a + 35-41
Chères paroissiennes, chers paroissiens,
Vous avez entendu le récit dit "de la tempête apaisée". Pendant toute la journée, Jésus s'est tenu là, debout dans une barque, face à la foule rassemblée sur le rivage. Il leur racontait de petites histoires, des paraboles : la parabole du semeur, la parabole de la lampe, la parabole de la semence qui pousse toute seule, la parabole de la graine de moutarde.
Après cette journée d'enseignement et de récits, Jésus se retire avec ses disciples. Et ce soir-là, les disciples se demandent : "Mais qui est cet homme ?" Le récit de la tempête apaisée apporte une certaine réponse à cette question. Pour comprendre cette réponse, abordons le récit par la fin, en remontant le temps.
"Qui est cet homme pour que même le vent et l'eau lui obéissent ?" Les disciples avaient pu penser que Jésus était un bon conteur... ou plus que cela ? Ils pouvaient même penser qu'il était un prophète... parce qu'il parlait bien de Dieu, ou plus que cela ? Avec cet épisode de la tempête, ils peuvent découvrir encore un aspect de l'identité de Jésus.
Cette intervention sur la tempête est là pour nous montrer le lien entre Jésus et Dieu. Dans le Ps 65, on nous montre que la puissance de régner sur les éléments déchaînés et de pouvoir les apaiser est une prérogative de Dieu seul. Si seul Dieu peut apaiser une tempête et que Jésus le fait, alors Jésus a un lien extrêmement étroit avec Dieu.
Pourquoi est-il si nécessaire de montrer que Jésus est en lien étroit avec Dieu ou comme le dit l'apôtre Paul que "Le Christ est l'image visible du Dieu invisible"? Pourquoi est-ce si nécessaire ? Parce que Jésus fait des choses qui ne semblent pas venir de Dieu, ou plus précisément qui ne collent pas avec la représentation habituelle ou intuitive de Dieu.
A un Dieu éloigné des hommes, Jésus oppose un Dieu proche. A un Dieu tout-puissant, mobilisateur des forces de la nature, il oppose un Dieu qui se trouve dans des signes humains, à peine perceptibles. A un Dieu juge qui distribuerait peines et récompenses, Jésus oppose un Dieu qui prend part aux souffrances humaines (Jésus meurt sur la croix). Jésus propose une nouvelle vision du visage de Dieu, ce visage est présent dans ce récit.
Lorsque la tempête frappe — et c'est là une image de nos vies — donc quand nous sommes ballottés par les difficultés et les souffrances de la vie, Jésus n'est pas au sec et en sécurité sur le rivage. Il est là, dans la barque, à nos côtés. Il est là, solidaire et souffrant avec nous.
Certes, on nous le montre qui dort ! Mais on nous le montre aussi se réveillant à l'appel de ses disciples ! Il ne faut pas hésiter à réveiller Jésus lorsqu'on veut l'avoir à notre côté ! Dieu a trop de respect pour nous, pour intervenir lorsque nous ne le souhaitons pas, lorsque nous ne le demandons pas. C'est à nous de le réveiller, de le ressusciter dans nos vies pour l'avoir à nos côtés. Il est là tout proche, prêt à répondre à notre appel.
Les disciples ont réveillé Jésus. Pourtant, dans le bilan final d'après la tempête, Jésus leur reproche un manque de foi. Pourquoi ? C'est très étrange ! Dans la difficulté, ils ont eu recours à Jésus. N'est-ce pas la foi qu'on nous enseigne au catéchisme ? Je crois que la foi n'a pas tellement à faire avec ce que les disciples ont fait ou pas fait, mais à leur façon de voir et penser Dieu. C'est dans la question que les disciples posent à Jésus que se cache un manque de foi : "Maître, nous allons mourir, cela ne te fait-il rien?" (Mc 4:38) Cela t'est-il égal ? Es-tu indifférent à notre sort ?
Penser que Dieu est indifférent au sort des humains, à notre sort personnel (lorsque nous sommes pris dans la tempête), c'est méconnaître l'amour que Dieu a pour chacun de nous, c'est passer à côté du message que Jésus nous répète constamment : Dieu est proche de nous.
Dieu n'est pas indifférent à nos drames (collectifs ou personnels), il vit à nos côtés, il souffre à nos côtés, il est présent à nos côtés pour que nous puissions vivre et espérer.
Dieu est proche, n'hésitons pas à le réveiller pour jouir de sa présence.
Amen
© 2006, Jean-Marie Thévoz