Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Genèse 2. L'arbre de la confusion du bien et du mal

Genèse 2

12.7.1998

L'arbre de la confusion du bien et du mal

Gn 2:4b-9 + 15-17    Apoc. 22:1-5    Jean 15:5-9

Chères paroissiennes, chers paroissiens,
Des enfants me demandaient récemment : "Mais comment s'est passée la création du monde ?" J'ai dû leur dire tout d'abord que personne n'était là pour voir comment cela s'était passé. Ensuite il a fallu leur expliquer que d'un côté la science pouvait reconstituer à peu près comment cela pouvait s'être passé et que de l'autre côté la Bible nous parlait plutôt du pourquoi ou du pour quoi cela était comme cela aujourd'hui. Le récit de création que nous avons entendu vise essentiellement à répondre à la question : "quelle est la place de l'être humain dans le monde ?" ou "quelle était l'intention de Dieu en plaçant l'être humain dans le monde ?".
Le récit part clairement du présent pour réfléchir à un "avant". Le texte dit : "il n'y avait encore aucun buisson sur la terre..." ou "Dieu n'avait pas encore envoyé la pluie..." comme c'est le cas maintenant. Eh bien, en premier lieu, dans ce récit, Dieu crée l'être humain, avant même de créer les plantes ou les animaux. La première préoccupation de Dieu, c'est de faire l'être humain, et de faire de lui un être vivant, un vivant qui respire. Ce n'est qu'après cela que Dieu s'occupe de son cadre de vie : le jardin, puis plus tard encore, ses compagnons et sa compagne.
Si le récit de création de Genèse 1 décrit en détail les étapes de la création, ici au chapitre 2, il n'est question que d'un jardin, un jardin planté tout de même "de toutes sortes d'arbres à l'aspect agréable et aux fruits délicieux" (Gn 2:9). Parmi ces arbres s'en trouvent deux qui vont retenir notre attention. Ils sont au centre du jardin, ce sont l'arbre de vie et l'arbre de la connaissance du bien et du mal. La dramatique du récit va se construire autour de ces deux arbres, parce que Dieu y inscrit son premier commandement :

"Tu peux manger les fruits de n'importe quel arbre du jardin, sauf de l'arbre de la connaissance du bien et du mal. Le jour où tu en mangeras, tu mourras."
(Gn 2:16-17).  
Dans cette première parole, il y a trois choses importantes : Premièrement, il y a le don, le don du jardin tout entier, donc l'ouverture d'un espace de liberté. Dieu donne, et il donne la liberté. Deuxièmement, Dieu place un interdit qui touche un seul arbre parmi tous les autres. Enfin, en troisième, une information sur la conséquence de la transgression de l'interdit est donnée. Ainsi, les choses sont claires, il n'y a pas de non-dit entre Dieu et les hommes, il n'y a pas d'embrouilles ou de confusion sur ce qui est permis et interdit.
Une chose frappe cependant par rapport à l'idée qu'on peut se faire du jardin d'Eden. A l'intérieur du paradis, il y a déjà un interdit ! Le paradis n'est pas un monde sans loi. Le loi fait partie des choses bonnes du monde, des choses voulues par Dieu et nous allons voir pourquoi.
Pour cela, il faut approcher de cet arbre mystérieusement appelé "arbre de la connaissance du bien et du mal". Qu'est-ce que cet arbre ? Qu'est-ce que ce nom veut dire ? "Connaître" en hébreu biblique a un sens très pratique d'entrer en connexion, en relation; ce n'est pas une connaissance intellectuelle, rationnelle, mais l'expérimentation pratique d'une réalité. On peut donc remplacer "connaître" par "faire l'expérience de".
Ensuite, il y a cette expression "le bien et le mal". Dans notre tradition et par un jeu de mémoire qui nous fait rouler dans des ornières, on prend cette expression comme "le bien ou le mal", comme pour en faire la distinction, et on en déduit que c'est la capacité de distinguer le bien du mal. Mais ici, pourquoi ne pas prendre au sérieux la conjonction "et", au sens de "avec", et parler du bien avec le mal, ou du bien mêlé au mal. Ainsi cette arbre ne serait pas celui de la capacité de distinguer le bien du mal, mais plutôt l'arbre de "l'expérience du bien mêlé au mal". Cet arbre, il vaudrait peut-être mieux l'appeler "l'arbre de l'expérience de la confusion du bien et du mal".
Ainsi, manger du fruit de cet arbre, c'est entrer dans le monde de la confusion, où le mal et le bien sont tellement mélangés qu'on ne peut plus les distinguer et faire la part des choses. Manger de ce fruit, entrer dans ce monde de confusion, c'est assurément sortir du jardin où tout était clair entre le permis et l'interdit, d'où l'avertissement "tu mourras". Entrer dans le monde de la confusion, perdre ses repères, c'est effectivement entrer dans un monde de mort.
Mais il ne faut pas oublier qu'à côté de cet arbre, il y a aussi l'arbre de vie, un arbre absolument disponible dans le jardin. (L'interdit sur l'arbre de vie découlera plus tard de la transgression). Cet arbre, symboliquement, c'est le Christ, la vie donnée, offerte par le Christ, comme en parle l'Apocalypse : "l'arbre de la vie, qui donne du fruit douze fois par année, chaque mois, dont les feuilles servent à la guérison, et qui supprime la malédiction" n'est-ce pas une façon imagée de résumer le ministère du Christ sur la terre, qui nous a nourrit, guérit et réconcilié avec Dieu ?
Ainsi, Dieu s'est-il servi successivement de deux moyens pour contrer la confusion engendrée par le péché. Premièrement, il a donné sa loi sur le Sinaï, comme un moyen pratique de moins confondre le bien et le mal. Mais, c'est resté un moyen imparfait, acceptable pour maintenir des relations entre les humains, mais insuffisant pour réconcilier l'être humain avec Dieu. Deuxièmement, il a envoyé son fils, comme un pur geste d'amour gratuit, comme une seconde invitation à choisir entre l'arbre de la connaissance du bien et du mal et l'arbre de vie qui guérit.
A nous de choisir... maintenant.
Amen
© Jean-Marie Thévoz, 2007

Les commentaires sont fermés.