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Jean 6. Jésus appelle la foule qui cherche du pain à chercher à "être" plus qu'à "faire".

Jean 6

1.9.2002
Jésus appelle la foule qui cherche du pain à chercher à "être" plus qu'à "faire".
Es 55 : 1-4    Rm 12 : 9-18    Jn 6 : 22-29

La foule qui a été nourrie de pains et de poissons par Jésus se met à sa recherche, le lendemain. Peut-être — pense-t-elle — y a-t-il occasion, en le retrouvant, d'être à nouveau nourrie gratuitement. Alors la foule cherche Jésus. Mais Jésus est parti après ses disciples sur l'autre rive du lac. La foule cherche Jésus et cherche à savoir comment il a pu passer sur l'autre rive.
Ce récit illustre la recherche des humains. Dans notre vie, ne sommes-nous pas tous à la recherche de quelque chose ? Que recherchons-nous — au fond — dans la vie ? Notre quotidien est plein de petites recherches — aussi nécessaires qu'envahissantes ! Comme la foule, nous nous demandons : "Qu'allons-nous manger ?" Pas tellement : " Aurons-nous à manger ?" que "Qu'y aura-t-il ou que mettre au menu ?"
Nous avons aussi d'autres recherches : Comment avancer dans son travail ? Qui inviter chez soi ? Que faire tel soir pour s'occuper ? Que cherchons-nous lorsque nous allumons la TV, ou choisissons une vidéo à louer ?
En quoi notre choix contribue-t-il à nous rendre heureux, à nous satisfaire ? Est-ce que cela nous satisfait d'ailleurs ou est-ce que cela nous divertit juste un moment de nos soucis ? Je ne cherche pas à poser des jugements sur telle ou telle activité, je m'interroge aussi moi-même sur mes choix, sur mes occupations, ce que j'y cherche et ce que j'y trouve ! De temps en temps quelque chose vient remplir une de nos aspirations, nous avons trouvé quelque chose qui nous fait du bien et nous essayons de ne pas la perdre, de la rechercher davantage.
La foule avait tout à coup trouvé une satisfaction dans le pain reçu de Jésus et essaie de le suivre, de ne pas le perdre. Mais voilà qu'il a disparu. Les gens mènent l'enquête et finissent par le retrouver de l'autre côté du lac. "Mais où étais-tu passé ? Comment es-tu arrivé là ?" demandent les gens à Jésus.
Ils se rendent bien compte qu'il y a en Jésus un aspect mystérieux, c'est un faiseur de miracles, il se déplace bizarrement, c'est un homme à ne pas lâcher. Mais Jésus se rend compte que les gens le suivent pour de mauvaises raisons. Jésus a peut-être l'impression qu'il les trompe s'il les laisse croire qu'il est venu pour les soulager des tâches ménagères et du travail. S'il les a nourris, ce n'est pas pour qu'ils abandonnent le travail et leurs maisons, c'est pour leur délivrer un message qui vient de Dieu.
Jésus n'est pas venu pour faire croire aux gens que la vie pratique serait plus facile, que nous serions débarrassés des corvées, voire des souffrances de l'existence. Il est venu nous dire — de la part de Dieu — que l'essentiel de la vie se trouve ailleurs, et qu'il ne faut pas épuiser ses forces dans le périssable, le provisoire ou l'éphémère.
A travers la multiplication des pains, Jésus veut donner un signe visible qui nous parle d'une réalité invisible mais primordiale. Il existe une réalité qui ne s'autodétruit pas, une réalité durable qui peut nous combler. La multiplication des pains nous renvoie à cette promesse d'Esaïe :

"A quoi bon dépenser de l'argent pour un pain qui ne nourrit pas, à quoi bon vous donner du mal pour ne pas être satisfaits ? Si vous voulez m'écouter, vous aurez à manger quelque chose de bon, vous vous régalerez de ce qu'il y a de meilleur. Accordez-moi votre attention et venez jusqu'à moi. Ecoutez-moi, et vous revivrez." (Es 55:2-3).
Il y a une nourriture qui nourrit, qui satisfait, qui ne nous laisse pas sur notre faim. Jésus attire l'attention de la foule — et la nôtre — sur le risque de se laisser complètement envahir par le souci quotidien de nos recherches routinières et de manquer l'essentiel de la vie. Il nous invite à chercher ce qui est durable, ce qui ne peut jamais nous être ôté, et cela n'est pas de l'ordre du matériel.
Jésus oppose ce qui est périssable, mortel, voué à la destruction, à ce qui est porteur de vie, à tout jamais, pour toujours, ce qui est durable, ce qu'on traduit généralement par "éternel".
La foule comprend cela et demande alors à Jésus : "Comment s'y prendre ? Que devons-nous faire pour y avoir accès ?" Et Jésus répond simplement : "Croyez en celui qui m'a envoyé" (Jean 6 : 29). Réponse simple, trop simple peut-être et qui nous laisse sur notre faim ! Nous demandons "Que faut-il faire ?" Et Jésus répond "Il n'y a rien à faire, il faut être, être dans une relation de confiance avec Dieu!"
Dans la vie quotidienne, nous passons notre temps à faire des choses, et tout ce qui est fait de nos mains peut être défait. Jésus nous invite alors à être, parce que l'être est ce qui s'oppose au néant et à la mort. Etre soi-même, être face à Dieu, être sous le regard bienveillant de Dieu, être dans un état de confiance face à Dieu. Voilà le chemin qui nous est ouvert, vers la paix, vers une satisfaction durable de nos aspirations. Dieu nous invite à être et à faire croître notre être en sa présence, pour soi et pour ceux qui nous entourent.
Souvent, ce sont les événements tragiques de la vie, une maladie, la perte de son travail ou un deuil qui nous replacent devant les choix essentiels. N'attendons pas ces moments tragiques — qui sont le plus souvent remplis de regrets — pour développer notre être et passer du temps avec nos proches. Prenons le temps, dès maintenant, pour entendre l'appel de Jésus à être et à faire confiance.
Amen

© Jean-Marie Thévoz, 2007

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