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Genèse 17. Dieu est le jardinier de nos racines communes.

7.11.2010
Dieu est le jardinier de nos racines communes.
Gn 17 : 1-9+15-16,  Ex 6 : 2-8,  Rm 15 ; 5-13

télécharger la prédication : P-2010-11-07.pdf


Les JP (jeunes paroissiens) ont présenté un sketch : dans la cour de récréation, des élèves— un juif, un musulman et une protestante — discutent entre eux de la conférence qu'ils vont avoir ensuite sur les religions. Ils ne sont d'accord sur rien. Alors, Abraham intervient dans leur conversation pour leur rappeler qu'il est l'ancêtre des trois religions et que Dieu a promis qu'il serait une source de bénédiction pour tout le monde.
Le pasteur monte en chair et commence à parler :


Voilà, la récré est terminée, vous avez droit maintenant à la conférence annoncée par le directeur ! La conférence a pour titre : "Abraham, une source de bénédiction."
Comme réflexion liminaire, j'aimerais commenter le choix des JP quand au thème de leur sketch. Sans qu'ils ne le sachent peut-être eux-mêmes, je ne pense pas que ce choix soit le fait du hasard. Ce choix — conscient ou inconscient — est le fait d'une préoccupation qui concerne notre monde et le monde dans lequel ils vivront plus longtemps que nous. Ces JP avaient entre 7 et 11 ans le 11-Septembre. Ils ont grandi dans les bruits du "choc des civilisations" et de "l'axe du mal" que produisaient CNN et FoxNews.
La question fondamentale de notre temps est devenue : Comment vivre ensemble tout en restant soi-même ? Comment allier notre identité personnelle ou nationale avec la nécessité de vivre tous ensemble sur la même planète ? Comment allier identité et universalité, être soi et être relié aux autres ?  C'est une préoccupation d'aujourd'hui avec le mélange des populations, les voyages, la culture globale d'internet.
Mais c'était déjà une préoccupation biblique, puisque la Bible s'occupe du "grand universel" qu'est Dieu et de sa relation avec l'humain, avec vous et moi, petite particule individuelle et insignifiante aux yeux de l'univers.
Parler d'un Dieu qui se révèle à l'être humain, c'est parler de la relation de l'universel au particulier, ce qui permet de penser ensuite la relation du particulier, l'individu, avec le général, le peuple ou le monde.
Comment la Bible parle-t-elle de la relation de Dieu à l'être humain ? Elle en parle en termes d'alliance d'abord. Dieu prend l'initiative de faire alliance avec plus petit que lui. Dieu fait alliance avec Abraham, il lui fait des promesses, une promesse de fidélité : "Je serai ton Dieu" (Gn 17:7), une promesse de descendance : tu as un avenir (Gn 17:2), et une promesse de pérennité, d'éternité : "Je serai le Dieu de tes descendants pour toujours" (Gn 17:7). Et puis la Bible parle des relations humaines en termes de généalogies. Les humains sont reliés par des liens familiaux, mais bien au-delà de la famille nucléaire ou même du clan.
La Bible, à travers sa manière de nous présenter la révélation de Dieu aux humains, à travers sa description de l'alliance et à travers les généalogies, nous montre comment se noue le rapport entre l'universalité et l'identité.
Que nous apprend le personnage d'Abraham à ce sujet ? D'abord, c'est Dieu qui intervient dans la vie d'Abraham. C'est lui qui va le chercher et lui dit de se mettre en route. C'est lui qui lui fait des promesses. C'est lui qui le bénit. C'est lui qui lui donne sa descendance. Dieu a choisi un homme de nulle part, il le sort du polythéisme, il le sort de son pays d'origine pour en faire un migrant, un voyageur. Abraham n'aura de terre à lui que la grotte où il est enterré.
Ensuite, Abraham n'est pas le père d'un seul peuple, mais de plusieurs, par Ismaël, par Isaac et d'autres encore, si l'on regarde la liste de sa nombreuse descendance que la Bible nous donne en Genèse 25. Par la généalogie, tous les peuples sont liés, nous dit la Bible. Ce qu'elle accentuera encore plus tard dans son processus de rédaction en faisant descendre tous les habitants de la terre d'Adam et Eve.
Abraham est donc le père d'une multitude de peuples, et de quelques rois est-il précisé, pour bien montrer que ne ce sont pas juste différentes familles d'un même peuple, mais bien des nations indépendantes les unes des autres. Indépendants, mais reliés, en lien, avec des choses en commun, avec un bout d'histoire en commun.
Même quand le temps nous aura séparés, même quand la géographie nous aura séparés, même quand l'histoire de notre pays nous aura séparés, nous avons encore quelque chose en commun avec les autres. L'histoire d'Abraham nous dit qu'il n'y a pas d'Alleingang, il n'y a que des frères trop longtemps séparés, mais qui peuvent se retrouver s'ils retrouvent leurs racines communes.
Dieu — le grand universel — est le jardinier de nos racines communes, même s'il nous semble que notre arbre est différent de celui de notre voisin.
C'est le rôle de l'Eglise — notre rôle — de rappeler que nos racines sont au ciel, dans l'universel. Notre identité, notre identité protestante — et nous fêtons aujourd'hui le dimanche de la Réformation — c'est de croire que nos racines sont exposées dans la Bible et la Bible seule. C'est de croire que la grâce, et la grâce seule, nous assure notre identité en Dieu, par la foi.
L'identité protestante affirme la valeur de chaque personne devant Dieu, indépendamment de son origine. Notre protestantisme se veut ouvert, tolérant, accueillant, comme le Dieu qui nous inspire et qui nous est décrit dans la Bible.
Il y a 40 ans, nos prédécesseurs — il est encore un peu tôt pour parler de nos ancêtres — ont construit le Centre paroissial que nous fêtons aujourd'hui, et nous l'ont remis pour que cette identité puisse être affirmée et transmise, par des réunions, par des conférences ou du catéchisme. Dans notre monde actuel, nous avons encore besoin de transmettre le message biblique, surtout celui qui rappelle que l'universel nous unit et nous permet de vivre ensemble, tous ensemble sur cette terre.
Les JP ont été bien inspirés dans leur choix pour nous rappeler qu'il y a un ancêtre commun qui est le père de la multitude de peuples qui couvrent la terre et que cet ancêtre est — peut et doit rester — "celui qui est une source de bénédiction pour tous" (Gn 12:2).
Amen

© Jean-Marie Thévoz, 2010

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