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  • Luc 6. "Celui qui tient un marteau dans la main cherche des clous"

    Luc 6
    25.3.2012
    "Celui qui tient un marteau dans la main cherche des clous"
    1 Thess 5 : 15-18     Luc 6 : 46-49
    Télécharger la prédication : P-2012-03-25.pdf

    "Celui qui tient un marteau dans la main cherche des clous."
    J'ai entendu cette phrase étrange dans une émission de radio qui parlait de la recherche du bonheur. "Celui qui tient un marteau dans la main cherche des clous." Cette phrase m'a donné à réfléchir sur le lien entre ce que fait notre corps et ce que nous pensons. Quand notre corps tient un objet, cela influence notre pensée. Quand nous faisons certains gestes, cela oriente notre esprit dans une direction plutôt que dans une autre.
    Cette phrase veut nous dire que notre regard, notre attention ne sont pas les mêmes selon que nous avons un marteau, un tournevis, un sarcloir ou une éponge à la main.
    Nous avons l'habitude de penser que tout est dans la tête. Que c'est notre cerveau qui dirige, que ce sont nos pensées qui nous façonnent. Nous pensons prendre des décisions de manière rationnelle et les faire exécuter par notre corps. La tête commande et le corps obéit, c'est notre façon habituelle de voir les choses.
    Et pourtant, combien de fois voyons-nous que c'est inefficace ! Entre nous, combien de temps avez-vous tenu les bonnes résolutions de Nouvel An ? Depuis combien de temps essayez-vous de vous débarrasser d'une certaine habitude… sans y parvenir ?
    Hélas, souvent, la volonté ne suffit pas ! L'apôtre Paul — déjà — ne disait-il pas : "Je ne fais pas le bien que je veux, mais je fais le mal que je ne veux pas" (Rom 7:19).
    Peut-être bien que nous prenons les choses à l'envers ? Nous cherchons à dominer le corps par l'esprit, peut-être vaut-il mieux en faire un allié, un collaborateur, un associé, un ami.
    "Celui qui tient un marteau dans la main cherche des clous." Cette phrase m'a fait penser à cette parole de Jésus à propos des deux maisons. Jésus oppose deux attitudes : celui qui écoute sa parole et la met en pratique et celui qui écoute sa parole et ne la met pas en pratique. Remarquez que les deux personnes écoutent la Parole de Jésus.
    La différence est dans la mise en pratique, dans la mise en route du corps, dans la mobilisation de tout l'être. L'intuition formidable de Jésus, c'est que la vie n'est pas seulement affaire de pensée, de réflexion, de volonté, d'intention. La vie est affaire d'action, d'émotion, de pratique, d'exercice, de mise en mouvement du corps, d'action transformatrice du monde.
    Je vous donne un exemple : au collège, j'avais un copain qui était tombé amoureux d'une camarade de classe. Celle-ci faisait de l'équitation. Mon copain s'est alors acheté un livre sur l'équitation. Il pensait pouvoir en apprendre assez sur l 'équitation — dans un livre — pour se rapprocher de cette fille. C'est sûr : il pouvait parler d'équitation, mais il ne savait pas monter à cheval.
    Ce que Jésus veut nous dire, c'est qu'on peut connaître la Bible par cœur, si on n'a pas de pratique, si on n'a pas exercé ce savoir dans la vraie vie, ça ne sert à rien.
    Et Jésus précise à quoi sert cette pratique, il en définit le but : à construire une maison solide dans la tourmente, ce qui est une image pour décrire une personnalité qui résiste aux épreuves de la vie. Le but est donc de construire sa personnalité pour pouvoir vivre heureux, sage ou serein, malgré les tempêtes de l'existence.
    Le savoir théologique ou psychologique ne suffit pas. Il faut s'être exercé. Il ne suffit pas de lire un livre pour savoir monter à cheval. Ce que Jésus nous dit, c'est que la pratique crée l'état d'esprit et la compétence, en même temps. 
    Je vais prendre un exemple qui sera aussi la matière sur laquelle vous pourrez vous exercer toute la semaine qui vient, si vous le souhaitez. Je vais prendre l'exhortation de Paul aux Thessaloniciens : "Soyez joyeux, priez sans cesse, soyez reconnaissants en toute occasion." (1 Thess 5:16-18).
    Cela ressemble typiquement à un ordre du genre : "Soyez spontanés !" impossible à mettre en œuvre ! Comment je fais si je ne suis pas joyeux ? Comment je fais s'il ne m'arrive rien de positif pour lequel être reconnaissant ?
    Et bien, ça ne marche pas, en effet, si on met la charrue avant les bœufs, si on pense qu'il faut d'abord être joyeux pour se sentir bien; s'il faut d'abord qu'il nous arrive quelque chose de vraiment bien ou d'extraordinaire pour être reconnaissant. C'est lié à l'idée que nos émotions doivent diriger nos comportements.
    Et si l'inverse était possible aussi, et si l'inverse était vrai ?
    J'aimerais vous parler d'un journaliste new-yorkais, A. J. Jacobs — spécialiste des paris un peu fous (son expérience précédente avait consisté à lire l'Encyclopédie Britannica en entier !) — ce journaliste a décidé de vivre selon la Bible pendant une année*. Lui, juif agnostique complet, a voulu tenter l'expérience d'obéir à tous les commandements bibliques, les uns après les autres.
    Et il est tombé sur ce commandement de Paul : "Soyez reconnaissants en toutes circonstances." Et il a essayé. Voici ce qu'il dit de cette expérience-là : "Je commence à voir la vie différemment. Quand on remercie Dieu à la moindre petite joie — à chaque repas, chaque fois qu'on se réveille, chaque fois qu'on boit une gorgée d'eau — on ne peut pas s'empêcher d'être davantage reconnaissant de la vie elle-même, du fait improbable et miraculeux qu'on existe." (p.242). Et il ajoute : "le comportement façonne les émotions" (p.409).
    "Celui qui tient un marteau dans la main cherche des clous." Celui qui lève les mains vers le ciel pour rendre grâce trouve toutes sortes d'occasions de remercier et par là même embellit sa vie et la rend joyeuse.
    Lancez-vous dans cette mise en pratique, prenez un carnet ou une feuille de papier dans votre poche et notez toutes les petites choses agréables qui vous arrivent, que vous voyez autour de vous, et vous verrez qu'il y en a, et vous serez surpris de les voir s'accumuler, vous en découvrirez de nouvelles, vous vous arrêterez à des choses à côté desquelles nous passions sans les voir.
    Ecouter les paroles de l'Evangile et les mettre en pratique n'est pas un devoir, un pensum, une charge, c'est le chemin d'une vie heureuse, d'une vie sereine et solidement établie.
    Amen

    * A. J. Jacobs, L'année où j'ai vécu selon la Bible, Actes Sud, 2008 (Babel 1007), traduit de l'américain par Yoann Gentric.

    Site de Jacobs en anglais
    © Jean-Marie Thévoz, 2012

  • L'Ancien Testament en bref…


    12.2.2012
    L'Ancien Testament en bref…

    Téléchargez le texte : P-2012-02-12.pdf

    Connaissez-vous les Romains ? Quelques empereurs ? Jules César (à travers Astérix) ou Néron, celui de l’incendie de Rome ? Mon histoire se situe sous l’empereur Vespasien en 70 après J-C. Son fils Titus est général d’armée en Israël. Il vient de réprimer dans le sang une révolte du peuple juif. Titus veut effacer toute trace de la ville de Jérusalem pour dissuader toute nouvelle révolte des juifs.
    Nous nous trouvons sur le Mont des Oliviers, juste en face de Jérusalem. Un père est là avec son fils, Elkaïm, ils regardent, de l’autre côté du ravin, un terrain où il n’y a plus que des tas de pierres et de décombres. Elkaïm demande à son père : 

    — Qu’y avait-il à la place de ces énormes blocs effondrés ?

    — Tu vois, mon fils, c’est là que se dressait le deuxième Temple de Jérusalem. Là où, nos ancêtres depuis plusieurs générations et les juifs des alentours, venions rendre notre culte à Dieu. Le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, celui de Moïse, de David et de Salomon. 

    — Pourquoi le deuxième Temple ? 

    — C’est une longue histoire... Dieu avait promis à son peuple d’avoir un pays et un Temple pour l’adorer. Mais le premier Temple a été détruit lui aussi quand les babyloniens nous ont envahis.

    — Qui avait construit le premier Temple ?

    — C’est le roi Salomon qui a construit le premier Temple, il y a environ 1’000 ans pour y placer l’arche de l’Alliance. Son père David avait construit son palais, mais n’avait pas construit de Temple pour Dieu.

    — Qu’est-ce que c’est l'arche de l’Alliance ?
    
— Ah l’arche de l’Alliance, c’est encore plus vieux que le Temple. C’est Moïse qui l’a fait construire quand il était avec le peuple dans le désert. C’était une sorte de caisse avec des statues d’anges dessus. On pouvait la transporter lors du long voyage dans le désert.

    —Pourquoi fallait-il transporter Dieu dans une caisse ?
    
— Ah tu es drôle. Dieu n’était pas dans la caisse ! Dans la caisse, il y avait les Tables de la Loi que Moïse avait reçues de Dieu. 
—Comment Moïse connaissait-il Dieu ?
    
—Il avait rencontré le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob dans la montagne.


    Mais je crois que je fais mieux de te raconter les choses depuis de début, dans le bon ordre, sinon tu ne vas rien comprendre.
    
— Tu vas commencer avec le début du monde ? 

    — Non, Elkaïm, les récits de création du monde sont venus plus tard. Pour nous les croyants, tout commence avec l’homme qui a fait le saut de la foi, qui a pris le risque de croire à celui qui l’appelait, et qui est parti vers l’inconnu.
    Cet homme s’appelait Abraham : il a reçu un appel à partir avec Sarah sa femme. Il a reçu la promesse d'avoir une descendance aussi nombreuse que les étoiles dans le ciel et un pays pour s'établir. 
“A travers toi, je bénirai toutes les nations de la terre.” Pourtant Sarah n’a pas eu d’enfant pendant des années. Mais Dieu a toujours répété sa promesse.Et finalement, Sarah a eu un fils qu’ils ont appelé Isaac. 
    Isaac a épousé  Rébecca. Rébecca a eu 2 jumeaux : Jacob et Esaü. Avec les jumeaux, il y a toujours des problèmes de rivalité. Ces deux-là, ils se battaient déjà dans le ventre de leur mère. Jacob était rusé et il a réussi à prendre à Esaü son droit d'aînesse et la bénédiction d’Isaac. La colère d'Esaü a été telle que Jacob a dû s'enfuir. Il est parti en exil chez son oncle Laban.
    En chemin, il a fait un rêve, il a vu une grande échelle qui descendait du ciel vers la terre. Des anges montaient et descendaient l'échelle. Jacob a compris que ce lieu était habité. Il y a reçu une nouvelle promesse de Dieu : "A travers toi et tes descendants, je bénirai toutes les nations de la terre. Je serai avec toi, je te protégerai partout où tu iras." Jacob y a élèvé une pierre et fait de Béthel un lieu sacré : la porte du ciel, la maison de Dieu.
    Laban avait deux filles, Léa et Rachel. Jacob est tombé amoureux de Rachel, il l'a demandée en mariage. Laban a accepté, mais il a trompé Jacob (chacun son tour !). Au lendemain du mariage, Jacob a découvert qu'il avait épousé Léa. Il épousera Rachel un peu plus tard.
    Puis, Jacob souhaite revenir dans son pays, mais il a toujours peur d'Esaü. Sur le chemin du retour, une nuit, il est attaqué par un personnage bizarre, ange ou démon, Jacob ne sait pas. Jacob gagne, mais en sort blessé, mais avec une nouvelle bénédiction. Esaü accepte la réconciliation.
    Jacob a douze fils. Le cadet, Joseph fait des rêves et provoque la jalousie de ses frères qui le vendent comme esclave à une caravane qui descend en Egypte. Joseph y vit des hauts et des bas. De la prison, il devient premier ministre d'Egypte. Il obtient que ses frères et leurs clans puissent s'établir dans le delta du Nil. Les hébreux s’installent en Egypte. Ils deviennent prospères, mais est-ce la terre promise ?
    Trois cents ans passent. Un pharaon se met à craindre la puissance des hébreux et commence à les persécuter. Il ordonne de tuer tous les garçons nouveau-nés des hébreux pour les affaiblir. Une famille essaie de sauver son enfant en le cachant dans une corbeille au bord du Nil. C'est une des princesses de pharaon qui découvre l'enfant et l'adopte. Elle l'appelle Moïse. Il grandit à la cour, mais, comme Siddhârta, il découvre la souffrance de son peuple. Pour défendre un hébreu maltraité, il tue un égyptien et doit fuir dans le Sinaï. Il y reçoit l'appel de Dieu à délivrer son peuple d'Egypte.
    Un bras de fer est engagé entre Moïse et Pharaon, avec les 10 plaies d'Egypte. “Pharaon, libère Israël” dit Dieu. Finalement Pharaon cède et laisse aller le peuple hébreu. Avant de partir, les hébreux mangent le repas de la Pâque, agneau rôti et herbes amères.
    On raconte que le peuple a marché pendant 40 ans dans le désert, il y reçoit les Tables de la Loi : le décalogue. Au bout du chemin, il y a la Terre promise. Dans le désert, Moïse fait construire l'arche de l'Alliance pour y mettre les Tables de la Loi et un Temple démontable.
    Enfin, le peuple arrive au bord du Jourdain, pour entrer dans la Terre promise. La Bible a placé là le livre de Josué qui raconte la conquête. En fait, c'est la conquête rêvée de la Terre promise, un point de vue écrit bien plus tard, lors de l’Exil.
    Trois cents ans passent encore, c'est le temps des Juges. Le peuple demande alors un roi au prophète Samuel. C’est Saül qui est désigné, mais il n’obéit pas à Dieu. Il est remplacé par David, l’un de ses chevaliers.
    David choisit la ville de Jérusalem pour construire son palais et y installe l’Arche de l’Alliance. La promesse d’avoir un pays est accomplie. Le peuple est prospère. Le prophète Nathan rappelle que — des plus petits aux plus grands, même le roi — chacun doit pratiquer la justice et obéir à la loi de Dieu.
    Salomon construit le premier Temple de Jérusalem. La promesse d’avoir un Temple pour adorer Dieu est accomplie. Il a plusieurs fils qui vont se battre entre eux  pour lui succéder, ce qui provoque la division du pays en deux parties : Israël au Nord et Juda au Sud, autour de Jérusalem. Les prophètes se lèvent pour réclamer la justice. Ils annoncent qu’Israël et Juda vont tout perdre s’ils s’éloignent de la justice que Dieu veut.
    En 722, invasion d’Israël du Nord par l’Assyrie. C'est la perte de l’indépendance annoncée par les prophètes. Les prophètes annoncent que le Sud, Juda va aussi être envahi et détruit, parce que les rois et le peuple abandonnent la justice : “Vous vendez comme esclave celui qui vous doit une paire de sandale !”
    En 587, le royaume de Juda est, en effet, envahi par les Babyloniens. C'est la destruction du Temple et ladéportation du roi, de son administration et du personnel du Temple. C’est l'exil à Babylone. Les prêtres et les scribes du roi ont emporté le plus d’archives possibles avec eux. 

    — Tu vois Elkaïm, en Exil, on s’est demandé : pourquoi est-ce arrivé ? Est-ce que Dieu nous a abandonné ? Est-ce que notre Dieu est vaincu par le dieu de Babylone ? Que deviennent les promesses faites à nos ancêtres ?
     On s’est mis à relire les histoires de nos ancêtres, on a rassemblé les textes pour en faire notre histoire. On a créé Le Livre. Là-bas l’Exode est devenu notre avenir. Les promesses de descendance et de pays sont devenues nos promesses d’avenir. Nous avons compris que nos actes ont des conséquences. Si on se divise, si on exploite ses frères, on s’affaiblit et on peut être balayé par un autre peuple. Nous avons appris que nous pouvions détruire ce qui nous avait été promis.
    Justice et liberté vont ensemble. Nous nous sommes mis à espérer que Dieu nous libérerait une deuxième fois. Nous avons écrit comment nous pensions que serait la reconquête, sous le nouveau Josué.
    Nous attendions un Messie, un nouveau Moïse qui nous conduirait au travers des déserts chez nous, à Jérusalem. Le prophète Ezéchiel a eu des visions : Que Dieu montait dans un char de feu et volait de Jérusalem à Babylone pour nous rejoindre ! Et puis un nouveau prophète Esaïe a annoncé que le Messie allait venir nous libérer. Et Cyrus, le roi Perse a vaincu les babyloniens et nous a permis de rentrer chez nous, en Israël. On a longtemps cru que Cyrus était le Messie promis par Dieu.
    Le retour a été moins glorieux que nous ne l’avions écrit dans le livre de Josué. Mais nous avons reconstruit Jérusalem et commencé à reconstruire le Temple de Dieu. Mais, nous ne sommes jamais redevenu indépendants. Il y a eu les Perses, puis les Grecs, enfin, maintenant les Romains. Cyrus a été un grand libérateur, mais ce n’était finalement pas le Messie.
    Nous attendions toujours le Messie qui nous donnera la justice que Dieu veut. La Loi et la justice sont plus importantes que le pays. L’important c’est d’être libre de pouvoir adorer Dieu. Finalement c’est le roi Hérode qui a fini la construction du deuxième Temple de Jérusalem. C’est dans ce Temple que Jésus est venu et qu’il a parlé au peuple. C’est ce Temple que Titus vient de détruire. Les juifs n’ont de nouveau plus de Temple en pierre. 

    — Mais alors, sans Temple, est-ce que l’Exil recommence pour nous ? demande Elkaïm.
    
— Qu’est-ce qui est le plus important ? d’avoir un Temple ou d’avoir trouvé le Messie ? Tu vois Elkaïm, l’histoire continue avec la venue du Messie Jésus... Il est celui qui accompli les promesses du Livre, mais je te raconterai cela une prochaine fois. Il est temps de rentrer à la maison pour la prière du soir.

    © Jean-Marie Thévoz, 2012

  • Le Nouveau Testament en bref…


    11.3.2012
    Le Nouveau Testament en bref…

    téléchargez le texte : P-2012-03-11.pdf

    Elkaïm et son père sont revenus au Mont des Oliviers, où ils se trouvaient il y a un mois. Ils sont au jardin de Gethsémané. Elkaïm demande à son père : 

    — Il y a un mois tu m’as déjà emmené ici, pourquoi on y revient ?  

    — Il y a un mois, nous regardions les ruines du Temple d’Hérode. Et tu me demandais si l’histoire des juifs était finie. J’aimerais te dire comment ça continue !
    Tout n’est pas terminé avec la destruction du Temple, il y a encore un avenir pour les fils d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Dieu n’a pas abandonné son peuple ! L’histoire continue, parce que Dieu a envoyé quelqu’un pour la continuer...
    Tu vois Elkaïm, en même temps que naissait ton grand-père (mon père) naissait un autre personnage. C’était il y a 70 ans. Il s’est fait connaître quand, moi, je suis né. Il y a 40 ans, maintenant. Il est mort avant que je sois assez grand pour le connaître, mais mon père m’en a beaucoup parlé. Et je vais te raconter son histoire.

    Cet homme s’appelait Jésus. Il était de Nazareth. Son père y était charpentier, il s’appelait Joseph, sa mère s’appelait Marie. C’est vers l’âge de 30 ans, qu’il s’est fait remarquer, à peu près au moment de ma naissance. Jésus vivait avec un groupe d’amis qu’il avait rassemblé et qu’il appelait “ses disciples”. Il parcourait la campagne, allant de villages en villages.
    — Qu'est-ce qu'il faisait ?

    — Un jour, alors que Jésus marchait avec ses disciples. Un lépreux s’est approché de lui. Tout le monde reculait de peur d’être contaminé, mais Jésus est allé vers lui. Ils ont parlé et Jésus l’a touché... Tu te rends compte ? Personne ne prendrait le risque de toucher un lépreux, mais lui l’a fait. Après on a dit que le lépreux est reparti guéri.
    Un autre jour, c’est un centurion romain qui lui demande de venir soigner un de ses serviteurs. Et hop, Jésus le suit. Pourtant, on sait ce que les résistants font à ceux qui collaborent avec l’occupant. 
Mais on aurait dit que Jésus n’avait jamais peur. Là où il y avait de la souffrance, de la tristesse, il allait et faisait ce qu’il pouvait pour aider. Le serviteur a été guérit avant même que Jésus n’arrive à la caserne !
    Une autre fois, il était invité chez un Pharisien. Les pharisiens c’est les purs et durs de la pureté. On rigole pas avec eux, c’est comme des talibans. Chez ce pharisien débarque une sorte de mendiante malfamée qui se précipite auprès de Jésus, elle pleure sur ses pieds, elle lui essuye les pieds avec ses cheveux (elle était pas voilée). Et voilà que Jésus ne la repousse pas, ne la renvoie pas. Et Jésus se met à faire la leçon au Pharisien :
    
— Tu vois, tu ne m’as pas accueilli avec une bassine d'eau pour mes pieds, elle m’a donné ses larmes. Tu ne m’as pas embrassé quand je suis arrivé, elle a embrassé mes pieds. En un mot, Jésus lui a dit qu’elle valait plus que lui, parce qu’elle avait mis du coeur dans cette rencontre, alors que le Pharisien n’avait mis que de l’apparence dans ce dîner.

    Mais les disciples ne comprenaient pas Jésus. Alors il leur a dit :

    — On vous a toujours dit “aime ton prochain et haïs ton ennemi.” Mais moi je vous dis : “Aimez vos ennemis, priez pour ceux qui vous persécutent. Si vous aimez seulement ceux qui vous aiment, qu’y a-t-il là d’extraordinaire ? Soyez extra-ordinaire, comme Dieu est extra-ordinaire !”
    Un autre jour, Jésus était en ville, il a choisi d’aller manger chez Zachée. Tout le monde savait que c’était un collabo et un escroc. Il se faisait un blé pas possible en levant les impôts pour les Romains. Jésus l’a vu et il s’est invité chez lui. Après cela, Zachée a rendu de l’argent au gens qu’il avait escroqué et il est devenu honnête. 

— Tu vois Elkaïm, Jésus ne se comportait comme personne d’autre. Il était vrai avec tout le monde, il ne mettait pas de barrières dans ses relations. Tout le monde était important pour lui, même ceux que tous les autres mettaient de côté. Evidemment, il ne s’est pas fait que des amis avec ça. Mais il avait ses amis proches, ses disciples, qui essayaient de faire comme lui. Ça a duré trois ans comme ça.
    Ses disciples lui ont encore demandé comment il faisait pour aborder tout le monde, sans tenir compte des usages et des bonnes manières. Alors Jésus leur a dit : 

    — Je fais la volonté de mon Père qui est au ciel, et je vous donne un commandement nouveau: “Aimez-vous les uns les autres; comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres.”
    Et il disait encore : “Je suis venu, non pour être servi, mais pour servir et donner ma vie.”
ou encore : “Quiconque veut être grand parmi vous, qu'il se fasse serviteur des autres.” “Car il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis.”

    Et Jésus a décidé de monter à Jérusalem pour fêter la Pâques avec ses disciples. Il est allé au Temple pour prier. Mais, il a été scandalisé par le bazar, le souk qu’il y avait. Il a voulu faire sortir les vendeurs d’animaux et les changeurs de monnaie. Il y a eu une bagarre. Il s’en est sorti de justesse avant que la police du Temple n’arrive. Mais c'est depuis ce moment-là, que la police du Temple a essayé de l’arrêter. Il y avait trop de monde qui venait l’écouter. Ça gênait les autorités. Les chefs juifs avaient peur des Romains. Les Romains avaient peur d’une révolte.
    Et Jésus, là au milieu, ne semblait pas se faire de souci. C’est comme s’il avait eu son plan. Jésus a réuni ses disciples pour le repas de la Pâques. Il a partagé avec eux le pain et le vin en leur disant :
    
— Souvenez-vous, comme je vous donne ce pain et ce vin, je vais donner mon corps et mon sang. Je donne ma vie pour vous. A ce moment ses disciples n’ont rien compris.
    Après le souper, Jésus est venu ici, dans ce jardin de Gethsémané. Et c’est là, la nuit, qu’il a été arrêté. Il a été conduit devant les autorités du Temple qui voulaient sa mort. Alors il l’ont conduit au matin vers Ponce Pilate, le procurateur de Judée, le gouverneur romain de la région. Ponce Pilate, qui craignait une révolte, a proposé à la foule de relâcher un prisonnier, soit Jésus, soit Barrabas, un meurtrier. Et bien la foule a choisi Barrabas. Et Jésus a été emmené à Golgotha et il a été crucifié là-bas, entre deux autres brigands.

    Ça a été terrible pour tous les disciples. C’était la fin de tout pour eux, comme un tremblement de terre. Comme le jour qui devient nuit. On avaient exécuté leur Seigneur. 

    — Mais alors, tout était fini ? demande Elkaïm à son père

    — C’est ce qu’ont cru les disciples. Trois jours plus tard, ils pleuraient tous dans la maison où ils avaient partagé le dernier repas avec Jésus, quand les femmes du groupes sont revenues du cimetière pour dire que le tombeau était ouvert, que le corps n’était plus là. Marie-Madeleine a même dit qu’elle avait vu Jésus vivant et lui avait parlé. 

    — Tu veux dire que Jésus était ressuscité ?
    
— J’avais 3 ans à cette époque. Moi je n’ai rien vu de cela. Mais ce que j’ai constaté, c’est que ces hommes et ces femmes désespérés se sont comme réveillés. Ils sont devenus plein d’énergie, de joie, d’enthousiasme. Il s’est vraiment passé quelque chose pour qu’ils soient transformés de cette façon !
    Ils se sont mis à annoncer partout que ce Jésus que les autorités avaient mis à mort, avait été ressuscité par Dieu, que Jésus est vivant pour toujours. Pendant quelques semaines, Jésus s’est manifesté à ses disciples, à Pierre, à Thomas qui ne pouvait croire sans voir. Et puis après 40 jours, ses disciples l’ont vu monter au ciel, rejoindre son Père. A la Pentecôte, les disciples ont reçu une force nouvelle qu’ils appelaient l’Esprit de Jésus, ou le saint Esprit.
    Et les disciples ont appelé au baptême pour recevoir cette même vie de Jésus. Et ils se sont mis à vivre d’une manière nouvelle, on voyait qu’ils s’aimaient les uns les autres et cela donnait envie à tout le monde de vivre comme eux. Ils étaient libres, comme Jésus était libre. Ils pouvaient parler avec tout le monde, ils pouvaient manger avec tout le monde. Tout à coup le monde était différent, joyeux.
    Enfin, ça a été joyeux jusqu’à ce que les autorités se mettent à les arrêter et à les emprisonner. Ils ont même lapidé certains d’entre eux, Etienne par exemple. Alors les disciples — et beaucoup des nouveaux disciples — sont partis en Samarie, en Galilée et là ils ont aussi annoncé la bonne nouvelle. Plus ils devaient fuir, plus l’Evangile était annoncé loin.
    Il y avait, parmi les persécuteurs, un jeune pharisien qui s’appelait Saul. Il était terrible. Il était là lors de la lapidation d’Etienne, il gardait les vêtements de ceux qui lançaient des pierres. Il avait reçu une nouvelle mission : aller jusqu’à Damas, pour arrêter des chrétiens. Mais sur le chemin de Damas, Jésus est apparu à Saul et lui a demandé : “Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ?” Saul en est tombé par terre ! Il a compris son erreur et depuis ce moment il est devenu un des apôtres de Jésus. Depuis, il se fait appeler Paul. Alors Paul s’est mis à prêcher le Christ, crucifié et ressuscité. Il était plus convaincant que tous les autres. Les disciples ont continué à prêcher aux juifs de Judée et de Galilée.
    Paul s’est mis à voyager, de synagogue en synagogue. Il est allé d’Antioche en Syrie à Ankara, à Antalya, à Ephèse, à Smyrne, à Troie. Puis il a traversé vers la Grèce, et passé à Philippes, Thessalonique, Athènes, Corinthe et il est revenu par Chypre. Il est revenu quelques fois à Jérusalem, pour discuter avec les autres disciples et pour apporter l’argent d’une collecte, pour soutenir l’Eglise de Jérusalem qui était toujours persécutée.
    Et puis, comme il ne pouvait aller partout ou retourner dans les Eglises qu’il avait créées un peu partout, il s’est mis à leur écrire des lettres. Ce sont devenu des “Collectors”. Chacun les copiait et on se les passait d’une Eglise à l’autre. Paul à écrit des lettres aux Corinthiens, aux Ephésiens, aux Philippiens, aux Colossiens et finalement aux Romains, à côtés de ses lettres personnelles à Timothée, à Tite ou à Philémon. Chaque fois, il expliquait pourquoi Jésus était vraiment le Messie pour les juifs et le Sauveur de tous les humains. Comment il a donné sa vie pour tous les humains, pour que nous soyons en paix avec Dieu.
    A travers Jésus, nous pouvons voir Dieu. Un Dieu qui nous aime, qui nous pardonne, qui nous libère de toutes les étiquettes, qui brise toutes les barrières entre les humains. Paul a dit :
    — “Il n'y a plus ni Juif ni Grec, ni esclave ni homme libre, il n'y a plus ni homme ni femme; car tous vous êtes un en Jésus Christ.” Jésus a donné sa vie pour que l’humanité soit totalement unie, forme un seul corps.
    Et puis Paul s’est fait arrêter à son tour. Comme citoyen romain, il a demandé à être jugé à Rome. Il y a été emmené. C’était son rêve d’aller annoncer l’Evangile jusqu’à Rome. Il paraît qu’il y est mort, il y a une dizaine d’année. Mais sa mort n’a pas empêché l’Evangile d’être annoncé. Il y a des Eglises dans toutes les grandes villes maintenant, même si cela déplait aux empereurs. Personne ne peut plus arrêter l’annonce de l’Evangile. 

    — Alors tu crois que cela va continuer ? Tu crois qu’il y aura toujours des chrétiens ? demande Elkaïm.

    — Je crois que le message de Jésus est un vrai message de vie : qu’y a-t-il de mieux que de s’aimer les uns les autres ? Mais je pense aussi que tout est remis en jeu à chaque génération. Chaque génération doit transmettre le message à ses enfants et le mettre en pratique. Si une génération s’arrête, tout peut s’arrêter... Mais que serait un monde sans amour ?
    Voilà pourquoi j’ai voulu t’emmener ici, Elkaïm, sur cette colline. Pour te raconter l’histoire de notre peuple et celle de Jésus. J’aimerais que tu apprennes à le connaître, et qu’à ton tour tu racontes cette histoire à tes enfants et aux enfants de tes enfants. J’aimerais qu’on aime encore Jésus, dans 1'000 ans, dans 2'000 ans et plus loin encore...

    © Jean-Marie Thévoz, 2012

  • Jérémie 7. Nos actes ont des conséquences.

    Jérémie 7
    19.2.2012
    Nos actes ont des conséquences.
    Jérémie 7 : 1-15     Matthieu 5 : 21-24

    téléchargez la prédication ici : P-2012-02-19.pdf

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    J'ai repris ce matin, pour notre réflexion, le texte du prophète Jérémie qui a été le texte de notre première Exploration biblique (groupe de lecture biblique en paroisse). Cette Exploration biblique part à la découverte de la période de l'Exil à Babylone, une période clé, tant pour le peuple juif, que pour l'écriture de l'Ancien Testament.
    L'épisode de Jérémie 7 que nous avons entendu — cette prédication du prophète Jérémie à la porte du Temple de Salomon — se situe vers 600 av. J.-C., sous le règne du roi Josias. La situation politique est tendue. Le Royaume de Juda — avec Jérusalem comme capitale — se trouve dans le corridor qu'empruntent aussi bien le voisin du sud, l'Egypte, que le voisin du nord, l'Assyrie, pour se faire la guerre. En 722 (donc bien avant la prédication de Jérémie) l'Assyrie a envahi le Royaume d'Israël, la Samarie; et Silo, le Temple du Nord, a été détruit, ce que rapporte la fin de notre texte. Le Royaume d'Israël du Nord a donc perdu son indépendance.
    Là au milieu, le Royaume de Juda hésite entre se faire tout petit ou bien s'allier à l'Egypte. Là au milieu, Jérémie prêche la Parole de Dieu : "Améliorez votre façon de vivre et d'agir, alors je vous laisserai habiter dans ce pays." (Jr 7:3) et il ajoute : "Allez voir ce qui est arrivé à Silo ! Si vous ne changez pas de comportement, il arrivera la même chose à ce lieu." (Jr 7:12).
    Quelques années plus tard, en 598, Jérusalem est assiégée par les Babyloniens (qui ont remplacé les Assyriens). Et en 587, Jérusalem est prise, la ville ravagée et le Temple détruit. Les élites, l'administration royale et le personnel du Temple sont déplacés, déportés à Babylone, envoyés en Exil.
    Ce qui nous choque aujourd'hui dans ce texte, c'est que ces événements, l'invasion, la guerre, la prise d'une ville ou d'un pays sont déclarés être des actes voulus par Dieu, même être une punition divine. Il faut se rendre compte que dans le schéma de pensée de l'époque, il n'y a pas d'autres explications des causalités que la volonté de Dieu.
    Tout ce qui arrive vient de Dieu. C'est lui qui dirige les peuples, les actes des rois et des armées. Plus tard, Esaïe dira que c'est Dieu qui a envoyé Cyrus (le roi des Perses) pour libérer les juifs de Babylone et les faire rentrer en Israël. C'est un schéma de pensée.
    Mais il faut reconnaître que dans ce schéma se dessine aussi une ouverture. Le destin n'est pas écrit définitivement. Le prophète en appelle à un changement de comportement : Dieu n'est pas fermé à d'autres issues. L'être humain n'est pas impuissant. Au contraire, le prophète ne cesse de rappeler notre responsabilité dans le devenir du pays : "Si vous améliorez votre façon de vivre et d'agir, alors je vous laisserai habiter dans ce pays." (Jr 7:3)
    C'est une façon de dire : Attention, vos actes ont des conséquences. Vous n'êtes pas impuissants, vous pouvez changer les conséquences en changeant de comportement.
    Aujourd'hui, nous connaissons un peu mieux les causalités, quels effets produisent quelles conséquences. Nous savons même qu'il est tout à fait inutile que Dieu intervienne pour nous "punir", nous arrivons tout seuls à la destruction de notre environnement. Nous savons bien tout ce qui nuit à la nature ou à la cohésion sociale, mais nous renonçons si souvent à changer nos comportements ou nos modes de consommation.
    Les habitants de Jérusalem avaient un mantra pour se rassurer et ne pas changer : ils disaient ou chantaient, selon Jérémie : "Palais du Seigneur, Palais du Seigneur, Palais du Seigneur !" (Jér 7:4)
    Quels sont nos mantras aujourd'hui pour nous donner l'illusion que tout va bien, que nous n'avons pas besoin de changer radicalement de comportement ? Quels sont nos mantras ?
    Un des mantras que j'entends souvent, mais qui n'est pas le vôtre puisque vous êtes venus dans cette église ce matin, c'est : "Vous savez, Monsieur le Pasteur, je ne viens pas à l'Eglise, mais je suis croyant(e)." Etre croyant non-pratiquant, voilà un mantra. Ceux-là se donnent bonne conscience, à bon marché, vis-à-vis de Dieu.
    Quels sont nos mantras à nous ? Je pense à celui-là : "Je ne peux rien faire, je ne suis qu'une goutte d'eau dans l'océan." Evidemment, si tout le monde pense comme cela, le changement n'est pas pour demain et inévitablement, sur cette pente douce, nous arriverons à la catastrophe annoncée, pas besoin de Dieu pour nous donner un coup de pouce. Nous y arriverons tout seuls.
    Un autre mantra, plus insidieux, c'est : "Mieux vaut ne pas savoir !" Mieux vaut ne pas savoir comment sont fabriqués nos ordinateurs et nos téléphones, nos chaussures, nos T-shirts et nos Jeans en coton, les jouets que nous offrons à nos petits-enfants et d'où viennent nos asperges d'hiver.
    Arrivé-là, j'aimerais dire un mot à Jérémie :
    « Jérémie, dans notre monde globalisé, où la moitié de nos produits sont fabriqués en Chine ou en Indonésie, dans des conditions de travail que nous ne tolérons pas chez nous, comment puis-je faire pour ne pas nuire à mon prochain, là-bas ? L'exigence est devenue illimitée et il me semble que mon effort de bien faire ne sera jamais suffisant ! Jérémie : Comment serais-je acceptable aux yeux de Dieu ? Comment sortir de là ? Ne pas être paralysé ? Je veux, mais la tâche me semble impossible ! »
    Voilà ce que j'aimerais dire à Jérémie. Je nous sens coincés entre la bonne volonté et l'impuissance. Nous ne pouvons pas nous en sortir tout seuls. N'avons-nous pas besoin d'être sauvés de cette culpabilité qui nous conduit à la paralysie ?
    Mais le Christ n'est-il pas venu pour nous sortir de cette paralysie, par le pardon des péchés, lorsqu'il dit au paralytique : "Lève-toi et marche, tes péchés sont pardonnés !" (Mt 9:6). Seule la grâce de Dieu peut nous donner le courage d'avancer, d'améliorer notre conduite, de nous relever sans cesse, malgré nos chutes et nos manquements.
    Sans cette grâce, nous sommes impuissants et condamnés au désespoir et au sentiment de l'inutilité de nos efforts. Souvenons-nous — avec Jérémie, avec Jonas aussi — qu'avec Dieu, le pardon répond toujours à la repentance sincère.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2012