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Le bonheur vient d'un certain regard sur la vie et les événements

(18.1.2004)

Luc 6

Le bonheur vient d'un certain regard sur la vie et les événements

Deutéronome 6 : 1-9.          Luc 6 : 17-23

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Chères paroissiennes, chers paroissiens,

Eh bien, quand Jésus se met à parler du bonheur, il n'y va pas avec le dos de la cuillère !

Heureux les pauvres...

Heureux les affamés...

Heureux ceux qui pleurent... ! (Luc 6:20-21)

Que peut-il bien vouloir dire aux disciples qu'il a sous les yeux et à la foule qui est rassemblée autour d'eux ? Veut-il nous dire que bonheur et malheur, malheur et bonheur, c'est identique ? Que la souffrance n'existe pas, comme le disent certaines religions orientales : la douleur ne serait que le fruit de notre imagination ?

Non, Jésus ne s'aventure pas sur ces chemins-là. Jésus a autour de lui une foule et comme toute foule, elle est composée de gens très divers, de gens qui vivent bien et de miséreux, de gens bien dans leur peau et de personnes qui souffrent dans leurs corps ou dans leurs têtes. Jésus voit cette souffrance et cette misère. Quelques lignes plus haut, l'évangéliste Luc nous disait :

 

"ces gens étaient venus pour entendre Jésus et se faire guérir de leurs maladies. Ceux que tourmentaient des esprits mauvais étaient guéris. Tout le monde cherchait à le toucher, parce qu'une force sortait de lui et les guérissait tous." (Luc 6:18-19).

Jésus n'est pas indifférent à la misère humaine, au contraire, non seulement il s'en préoccupe, mais il s'en occupe : il guérit.

Lorsque Jésus dit : "Heureux les pauvres..." il parle aux pauvres, à ceux qui sont économiquement pauvres, comme à ceux qui se sentent pauvres d'avoir reçu trop peu d'amour, d'attention, d'affection. Jésus leur parle, Jésus nous parle et nous atteint au coeur de nos situations, et c'est de là, du coeur de ces situations, que Jésus nous dit : il y a un bonheur possible !

 

"Heureux vous les pauvres, car le Royaume de Dieu est à vous !

Heureux vous qui avez faim maintenant, car vous serez repus, rassasiés !"

(Luc 6:20-21)

Pour chacun, quelle que soit sa situation, il y a un bonheur possible, ouvert par Dieu. Bien sûr, Jésus utilise un langage excessif, mais à cela il faut faire deux remarques :

a) Jésus ne demande pas aux gens de devenir pauvres, ou affamés, ou triste pour obtenir le bonheur, ce serait absurde.

b) Jésus, par ce langage excessif, veut casser les lieux communs, les fausses croyances selon lesquelles seul un changement de situation économique ou affectif peut nous faire accéder au bonheur.

Jésus casse l'idée tellement répandue que le confort (confort matériel ou psychique) égale le bonheur. Non, le bonheur n'est pas dans le confort.

Jésus nous appelle à voir, à regarder le monde autrement, différemment, il nous invite à casser nos habitudes et nos fausses croyances, par exemple :

1) mon bonheur est dans le futur. "Quand je serai marié, alors..."; "quand j'aurai changé de travail..."; "quand mes enfants..."; "quand je serai à la retraite, etc. A cela Jésus dit "maintenant."

2) Autre croyance qui nous empoisonne : mon bonheur dépend de l'attitude de mon entourage : "si mon patron... "; "si mon conjoint... "; "si mes enfants..." alors je pourrai être heureux. A cela Jésus répond : "Heureux êtes-vous si les hommes vous haïssent, s'ils vous rejettent et disent du mal de vous, parce que vous croyez au Fils de l'Homme." (Luc 6:22)

C'est excessif. Qui peut être heureux dans cette situation ? Mais tout de même, une assise, un enracinement dans la bonté fondamentale de Dieu, dans son amour inconditionnel, nous permet de ne pas dépendre de l'humeur des autres, ou des aléas de nos situations pratiques.

Avez-vous remarqué comme — dans des situations similaires — les personnes réagissent différemment ? Par exemple, deux personnes dans un EMS — cela je le vois dans mon travail à Clair-Soleil — l'une est reconnaissante et contente d'y être accueillie, l'autre est toujours à se plaindre de tout. Pourtant, les deux personnes ont les mêmes repas, le même personnel accompagnant, etc.

Là, on voit que le bonheur est vraiment dans la façon de regarder son environnement et non dans la situation précise dans laquelle on se trouve.

J'ai recueilli le témoignage de personnes toujours contentes, toujours souriantes et qui ne sont pas épargnées par la vie et les problèmes de santé. Voici ce qu'elles disent :

"Je regarde ce que j'ai, pas ce qui me manque."

"Il y a des plus malheureux que nous." Attention, cette phrase peut aussi servir à nier sa souffrance, mais elle permet aussi de remettre en perspective les petits bobos et les grands malheurs.

"Si l'on regarde autour de nous, il y a tellement d'occasion de dire sa reconnaissance, qu'on n'a plus le temps de se plaindre !"

Le bonheur et le malheur ne proviennent pas de l'extérieur. Seul des événements arrivent. Certains font du bien, d'autres nous blessent, mais le bonheur ou le malheur viennent de notre regard sur ces événements et Jésus nous dit de choisir le regard du bonheur.

Le regard du bonheur, c'est d'avoir les yeux fixé sur Dieu, sur le Royaume de Dieu, comme dit Luc, c'est-à-dire sur l'immense générosité de Dieu.

Il n'y a pas de pauvreté à laquelle Dieu ne réponde pas; il n'y a pas de faim que Dieu ne peut assouvir; il n'y a pas de larmes que Dieu ne peut sécher; il n'y a pas de manque d'amour que Dieu ne pourrait combler; il n'y a pas de haine ou d'insécurité desquelles Dieu ne pourrait pas nous protéger.

Au coeur de chaque situation, au coeur de toute misère ou malheur, il y a un bonheur possible et réalisable, pour celui qui fait confiance en la force guérissante du Christ.

 

Tout le monde cherchait à le toucher, parce qu'une force sortait de lui et les guérissait tous." (Luc 6:18-19).

Amen

© Jean-Marie Thévoz, 2023

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