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Garder sa foi dans son mouchoir, ce n'est pas ce qu'attend Jésus de son l'Eglise !

(5.3.2000)

Luc 19

Garder sa foi dans son mouchoir, ce n'est pas ce qu'attend Jésus de son l'Eglise !

Exode 16 : 16-21         Matthieu 7 : 13-14         Luc 19 : 11-26

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Chers amis,

Aujourd'hui, nous allons méditer, essayer de comprendre le message que nous transmet la parabole des pièces d'or, aussi appelée la parabole des mines. Luc place cette parabole juste après le récit de la rencontre de Jésus avec Zachée — il pourrait même l'avoir dite chez Zachée — et juste avant l'entrée de Jésus à Jérusalem, sur le dos d'un ânon, aux Rameaux.

C'est un temps charnière. Aux Rameaux, la foule va acclamer Jésus comme le Messie, elle a une grande attente envers Jésus. Le peuple espère que Jésus va révéler sa messianité à Jérusalem, c'est-à-dire révéler sa royauté et instaurer le règne de Dieu. Il y a une attente de fin de l'occupation romaine, de la fin des temps historiques, l'attente de la libération.

Jésus dit cette parabole pour tous ceux qui sont impatients de voir arriver le Royaume de Dieu, tous ceux qui pensent que le Royaume de Dieu sur terre est pour le lendemain. A ceux-là, Jésus raconte cette parabole pour les inviter à l'attente et pour leur signifier les risques de l'attente.

Pour cela, Jésus se sert d'un événement politique qui reste en mémoire de tous ses auditeurs. En effet, quelques années auparavant, Archelaüs, le fils d'Hérode le Grand, est allé à Rome demander l'investiture royale à l'empereur. Pendant ce temps une délégation juive a été envoyée en parallèle pour demander à Auguste de ne pas accéder à cette demande. Finalement, Archelaüs n'a été nommé que régent de Judée. Il est rentré furieux de Rome.

Se basant sur cette histoire connue, Jésus bâtit sa parabole. Il annonce qu'il va partir lui aussi pour recevoir son investiture royale — auprès de Dieu — et qu'il reviendra. Comme cela prendra du temps, il faut gérer le Royaume (entendez l'Eglise) dans cet intervalle. Ainsi, dans cette parabole, Jésus nous indique-t-il comment il entend que soit géré le temps de l'attente. Il le fait au travers du dialogue entre le maître et ses intendants.

Chaque intendant reçoit une somme égale à gérer, avec la recommandation de "faire des affaires", de faire fructifier cette somme. Voilà la mission de l'Eglise et de toute personne individuellement : faire fructifier le don reçu, la bonne nouvelle. Il ne nous est pas donné de mode d'emploi, de façon de faire, mais nous pouvons tirer quelques enseignements à partir des entretiens que le maître a avec ses intendants à son retour.

Deux intendants ont visiblement bien fait leur travail et ils se voient récompensés en recevant de nouvelles responsabilités. Mais cela se passe mal avec le troisième intendant. Ce dernier rend simplement sa pièce. Il n'a rien perdu, il n'a rien gagné, on pourrait penser qu'il est quitte. Mais ce n'est pas ce que pense le maître.

Garder son trésor dans son mouchoir, garder sa foi dans sa poche, ce n'est pas ce qu'attend Jésus de ses disciples, de l'Eglise, de nous ! Bien sûr, l'intendant a une explication : il a agit ainsi parce qu'il avait peur. Il s'est construit une image de son maître comme d'un homme dur qui use de son pouvoir pour usurper. Cette vision de Dieu comme un tyran a paralysé toute sa volonté d'agir. Celui qui croit en la méchanceté des hommes, du destin, de Dieu, etc. ne peut pas entrer dans le jeu des échanges, il ne peut rien obtenir, pire encore, il perd même ce qu'il a, ce qu'il voulait conserver.

Ce que Jésus nous a confié est comme la manne du désert. La récolte de la manne obéit à des règles précises. Ces règles rappellent celles dont je parlais dimanche dernier lorsque je faisais la distinction entre l'économie du Royaume de Dieu et l'économie de l'argent. Voyons cela avec la manne que les Israélites reçoivent au désert. Chaque nuit la manne tombe du ciel. Chaque Israélite en ramasse pour sa consommation journalière. Qu'il en prenne beaucoup ou peu, il a ce qu'il lui faut pour se nourrir dignement. Il y a donc de la manne en suffisance pour que personne n'en manque.

Mais, c'est une nourriture qui demande la foi, la confiance en la bonté de Dieu, renouvelée de jour en jour, car celui qui doute en faisant des provisions pour le lendemain, et bien, il se retrouve avec de la manne immangeable, "infecte", nous dit le texte. La manne ne se conserve pas d'un jour à l'autre.

Il en est de même du don de la pièce d'or, des dons de Dieu. On ne peut pas les conserver dans son mouchoir ! On ne peut les posséder. On doit en faire usage ! Cela s'applique à notre relation avec dieu, cela s'applique à notre relation avec nos enfants, notre conjoint, nos parents. Une relation qui n'est pas entretenue, dépérit. Une foi qui n'est pas entretenue, s'étiole. Une Eglise qui s'endort sur ses acquis n'est pas digne de son maître. Aussi Jésus nous engage-t-il à prendre des risques pour développer l'Evangile à travers notre témoignage.

Nous pouvons le faire car nous savons que nous ne travaillons pas pour un tyran qui nous juge, mais pour un Dieu qui nous aime et qui promet le bonheur à ceux qui lui font confiance. Avançons donc avec confiance à la suite du Christ.

Amen

© Jean-Marie Thévoz, 2023

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