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lavement des pieds

  • Genèse 45. Joseph, Jésus, des parallèles

    Genèse 45

    25.2.2018

    Joseph, Jésus, des parallèles

     

    Genèse 37 : 1-9        Genèse 45 : 1-15      Jean 13 : 1-5 + 12-15

    télécharger le texte : P-2018-02-25.pdf

     

    Chers frères et sœurs en Christ,

    Nous voici à nouveau dans l’histoire de Joseph, le fils de Jacob. Cette histoire nous parle de la vie, de la vie réelle, avec ses hauts et ses bas, les relations difficiles, les chutes et les ascensions vertigineuses.

    Précisément, cette histoire nous parle de la jalousie dans une fratrie, de la haine et du rôle de bouc émissaire quand les frères veulent tuer Joseph, et finalement le vendent comme esclave. Cette histoire parle du travail qui fait progresser et de l’injustice qui fait chuter, quand Joseph se retrouve en prison. Cette histoire nous parle de compétence et de réseau social quand la capacité à interpréter les rêves fait sortir Joseph de prison et l’amène devant Pharaon qui le nomme premier ministre. Ce récit nous parle de relations familiales difficiles, de mise à l’épreuve pour sonder les intentions, de tentatives de réconciliation, de savoir s’il faut ou non montrer ses émotions, de remplacer la rancune par la générosité.

    Ce récit peut donc être lu comme un enseignement sur la vie, comme une histoire déployant une certaine sagesse, dont nous pouvons tirer des leçons pour notre vie. Mais cette histoire n’est pas seulement cela.

    Cette histoire peut également se lire à un deuxième niveau, en regardant ce qui donne la force à Joseph de tout supporter et de surmonter les événements contraires, les malheurs. Oui, comment supporter la haine de ses frères, comment supporter d’être injustement jeté en prison, comment rester zen à ce point ? Joseph peut le faire parce qu’il regarde ce qui lui arrive d’une façon différente de l’ordinaire.

    Reprenons les rêves d’adolescent que Joseph raconte à ses frères : les onze gerbes de blé et les onze étoiles figurent ses frères qui se prosternent devant lui. Les frères lisent cela au premier degré : Joseph veut devenir leur maître, il veut que ses frères, ses aînés, soient ses serviteurs. Et cela les rend fous et on les comprend.

    La lecture que Joseph fait de ces rêves n’a rien à voir avec la domination. La clé nous en est donnée dans le chapitre 45 de la Genèse, lorsque Joseph dit à ses frères : « Ce n’est pas vous qui m’avez envoyé ici, mais Dieu. Et c’est encore lui qui a fait de moi le ministre de Pharaon. » (Gn 45 :8) En effet, ici le rêve de Joseph s’est réalisé, ses frères se sont prosternés devant lui pour obtenir du blé, mais c’est dans une perspective de salut et pas de domination.

    Joseph ajoute encore — laissant tomber toute rancune : « Ne vous faites pas de reproches pour m’avoir vendu ainsi. C’est Dieu qui m’a envoyé ici à l’avance, pour que je puisse vous sauver la vie. » (Gn 45:5).

    Joseph ne regarde pas la jalousie et la haine passée de ses frères, il voit la trame sous-jacente de sa vie, comment Dieu a tout organisé pour sauver sa famille. Joseph surmonte tous les obstacles parce qu’il fait pleinement confiance en Dieu, en un Dieu qui le soutient et le relève à chaque étape de sa vie.

    Joseph arrive à avoir et à garder ce regard sur sa vie. C’est le regard qu’essaient de nous donner les Evangiles en nous racontant la vie de Jésus. Un regard qui voit comment Dieu agit, quelles positions Dieu prend dans la vie, pour nous. Et c’est là que nous pouvons faire des parallèles entre la vie de Joseph et celle de Jésus, des parallèles qui viennent de la constance de l’action de Dieu, de sa position permanente.

    Comme les frères de Joseph complotent pour le faire mourir, les prêtres et les pharisiens complotent contre Jésus pour le faire mourir.

    Comme Joseph est écarté, exclu de sa fratrie, Jésus est écarté, exclu de la société des hommes par sa condamnation à mort, « La pierre qu'ont rejetée ceux qui bâtissaient est devenue la principale de l’angle » (Mt 21:42; Mc 12:10; Lc 20:17; Ac 4:11; 1 P 2:7). Comme Joseph devient le sauveur de ses frères, Jésus devient le sauveur de l’humanité.

    Dans les deux récits de vie, on voit la position que Dieu prend. Celui que les hommes écartent, Dieu lui donne une place de choix ; celui qui tombe, Dieu le relève. Et là, il est à noter que les évangiles utilisent deux mots pour parler de la résurrection, tantôt Dieu réveille Jésus, tantôt Dieu relève Jésus de la mort. Ainsi Dieu cherche toujours à nous relever de nos malheurs, de nos échecs, des injustices qui nous arrivent. Le Dieu de Joseph, auquel il fait confiance, est un Dieu qui recueille les exclus, les laissés pour compte, les méprisés.

    Dans l’Evangile selon Jean, nous voyons Jésus qui se met à laver les pieds de ses disciples. Il se met à la place du serviteur le plus humble pour une tâche qui était vue comme dégradante.

    Et Jésus dit alors à ses disciples : « Vous m’appelez “le Maître et le Seigneur” et vous dites bien, car je le suis. Dès lors, si je vous ai lavé les pieds, moi, le Seigneur et le Maître, vous devez vous aussi vous laver les pieds les uns aux autres. » (Jn 13:13-14).

    Jésus — par son geste — renverse complètement les idées reçues sur Dieu comme sur la société. Dieu a une autre échelle de valeur que celle de notre société actuelle. L’importance ne dépend pas de la célébrité ou du nombre d’amis sur Facebook. La vraie grandeur se révèle dans le service et souvent dans le service le plus humble, le moins visible.

    Ah si notre société donnait plus de valeur à l’attention d’une maman pour chacun de ses enfants ! Ah si notre société donnait plus de valeur aux gestes de respect des uns envers les autres, on verrai moins d’incivilités ! Ah si notre société donnait plus de signes de reconnaissance à ceux qui exercent des fonctions publiques indispensables au bon fonctionnement de la société : enseignant, gendarmes, infirmières, voyers, caissières, personnel des EMS, etc…

    Ces fonctions de service, si souvent méprisées, Dieu les place en haut de l’échelle des valeurs et nous pouvons nous aussi leur donner une plus juste appréciation.

    Joseph a su voir, dans sa vie, la valeur que Dieu donne à ces services, à ces personnes méprisées et cela lui a donné la force de tenir, de surmonter le malheur, jusqu’au retournement de sa situation.

    Saurons-nous avoir le courage de lire la trace de Dieu dans nos vies, la valeur qu’il donne à chacun de nos gestes ? Saurons-nous voir comment il retourne les valeurs dans nos vies, comment il peut changer notre regard pour adopter la valeur que lui-même donne plutôt que le mépris qu’affiche la société ? Saurons-nous voir comment Dieu travaille à nous relever, à nous redonner vie et force pour avancer ? Saurons-nous être fiers d’être au service de la société, sachant que Dieu — à défaut des hommes — que Dieu apprécie à sa juste valeur ce que nous faisons et ce que nous sommes ?

    Amen.

    © Jean-Marie Thévoz, 2018

  • Jean 13. Le lavement des pieds prépare les disciples au choc de la croix.

    Jean 13
    6.4.2014
    Le lavement des pieds prépare les disciples au choc de la croix.
    Jean 13 : 1-5       Jean 13 : 12-20
    Téléchargez ici la prédication : P-2014-04-06.pdf


    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    L’Evangile selon Jean est le seul des quatre évangiles à nous raconter cet épisode du lavement des pieds. Jean nous dit que cela se passe juste avant la Pâque, que Jésus soupe avec ses disciples et que Judas se prépare à trahir Jésus. Trois indices suffisants pour comprendre que cet épisode se passe lors du dernier souper que Jésus passe avec ses disciples, le jeudi soir. Ce souper pendant lequel Jésus partage le pain et le vin et donne un nouveau sens à ces gestes. Gestes que nous commémorons, que nous vivons dans la Sainte-Cène.
     Mais l’évangéliste Jean remplace ici l’institution de la Cène par le lavement des pieds comme récit d’entrée dans le temps de la Passion. Voyons ce que l’évangéliste veut nous dire, nous signifier par là. Qu’est-ce que Jésus fait ici ?
    Laver les pieds était un acte relativement courant à l’époque, mais dans des circonstances précises. Lorsqu’un maître de maison lançait une invitation et que ses invités avaient dû marcher quelques kilomètres pour venir dans sa maison, il était « classe » d’avoir un esclave qui lavait les pieds des invités à leur arrivée. C’est un moment de détente offert pour se sentir bien ensuite. Surtout c’était une tâche considérée comme subalterne, voire dégradante, confiée à l’esclave le plus bas de l’échelle.
    C’est cette place-là que Jésus prend en lavant les pieds de ses disciples. En faisant cela, il fait quelque chose de tout à fait inconvenant, inconcevable, de complétement déplacé. Comment Jésus « le Seigneur et le maître » peut-il s’abaisser à un tel geste ? Il va y perdre toute considération.
    Ainsi, Jean place ici — en ouverture du temps de la Passion de Jésus — un acte incongru, déplacé, incroyable.
    Pourtant, dans tout son Evangile, Jean montre Jésus comme celui qui a autorité, comme celui qui choisit ce qu’il fait et quand il le fait, comme celui qui sait ce qui se passe dans l’esprit des gens, qui connaît leurs projets. Ici même, il sait où il en est, il sait où il va : « Jésus savait que l’heure était venue pour lui de quitter ce monde » (v.1) ainsi commence ce récit. Jésus sait ce qui se passe dans le cœur de Judas.
    Donc Jean nous montre un Jésus qui maîtrise sa vie, qui domine les éléments de son destin et qui a autorité sur ses disciples. Et pourtant, il s’abaisse à leur laver les pieds, à prendre la place de l’esclave le plus bas sur l’échelle sociale. Ce récit nous montre que ce geste incroyable ne remet pas en cause l’autorité de Jésus, mais bien plus, qu’il en est l’accomplissement.
    C’est l’enseignement que Jésus donne après son geste. Ce n’est pas une erreur, ce n’est pas une humiliation. Ce geste est l’accomplissement de sa mission. Ce geste est l’accomplissement de la révélation qu’il est venu faire au monde. Dieu s’abaisse. Dieu s’abaisse sans perdre son autorité. Au contraire, cet abaissement affirme la vraie nature de Dieu et de la relation qu’il veut développer avec tous les humains. 
    Dieu est venu renverser les valeurs humaines qui valorisent la grandeur, la richesse, le pouvoir. Dieu renverse ces valeurs en montrant que l’autorité de l’un ne s’accomplit pas dans la subordination, dans l’asservissement ou l’aliénation de l’autre. Non, c’est le contraire : c’est dans le service des uns envers les autres que se réalise le vrai bonheur. C’est dans le service envers l’autre que se réalise le plus grand amour.  
    Ce geste incongru, cet acte incroyable, contraire à toute pensée humaine, ne remet pas en cause l’autorité, la valeur, la pertinence du message de Jésus. Et en cela, le lavement des pieds est — ici en ouverture de la Passion — comme une métaphore, une image de la croix, de la mort de Jésus qui va survenir.
    De même que le lavement des pieds ne détruit pas la vérité du message de Jésus, de même la croix, la mort de Jésus ne détruit pas la vérité du message de Jésus. De même que le lavement des pieds est l’accomplissement de l’amour de Jésus pour ses disciples, de même la croix sera l’accomplissement de l’amour de Jésus pour ses disciples.
    C’est un avertissement de Jésus. C’est un enseignement de Jésus pour que les disciples comprennent le sens de sa mort. Il doit passer par un abaissement total, par un sort qui va ressembler à un échec total pour accomplir, pour achever sa mission sur la terre. Ne soyez pas troublés, semble dire Jésus, cela doit arriver, vous comprendrez après coup.
    C’est pourquoi Jésus explique le sens de son geste à ses disciples. C’est pourquoi il leur dit, il nous dit, de l’imiter, d’imiter ce nouveau type de relation aux autres. C’est en imitant ce type de relation, de service, de respect, que nous serons heureux c’est dans ces attitudes que se trouve le bonheur, pas dans la domination et l’aliénation des autres. 
    Et Jésus va plus loin encore lorsqu’il dit : « Recevoir celui que j’enverrai, c’est me recevoir moi-même, et me recevoir, c’est aussi recevoir celui qui m’a envoyé. » (v.20) Ceux que Jésus envoie, ce sont ses disciples. Il les envoie dans le monde et il les envoie comme il a été envoyé par le Père. Souvenez-vous ce que je vous ai dit dimanche dernier sur le rôle d’envoyé, d’ambassadeur. L’ambassadeur est celui qui représente le chef d’Etat, il peut négocier et signer pour celui qui l’envoie, il a tout pouvoir. Et nous avons vu que Jésus a reçu ce pouvoir de son Père.
    Ici, Jésus est juste en train de dire que « comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie » (Jn 20:21). Ce qui signifie que Jésus nous transfert son pouvoir, son autorité, pour nous faire ses représentants, ses envoyés, ses ambassadeurs dans le monde.
    A nous d’être les dignes ambassadeurs de Jésus pour qui l’accomplissement d’une vie est dans le service. A nous — en tant que personne et en tant qu’Eglise — de montrer ce nouvel ordre de relation qui se vit dans le service, l’amour et le don de soi.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2014

  • Luc 11. Se préparer une vieillesse heureuse (III)

    Luc 11
    26.8.2012
    Se préparer une vieillesse heureuse (III)

    Jean 13 : 4-8       Luc 11 : 9-13

    Téléchargez la prédication ici : P-2012-08-26.pdf


    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Pendant ce mois d'août, nous nous demandons comment se préparer une vieillesse heureuse. Nous avons vu que la société ne donne de valeur aux personnes qu'en fonction de leur productivité, de leur utilité. Il faut donc chercher ailleurs sa valeur au moment où la vieillesse arrive.
    Nous avons vu que l'extrême vieillesse fige les attitudes et le caractère acquis au fil du temps. Il est donc primordial de se former longtemps auparavant le caractère qu'on veut avoir pendant sa vieillesse. Nous avons vu aussi que ce qui nous donne de la valeur pendant la vie active repose sur des capacités que nous risquons de perdre avec l'âge. Une transformation de la base, du socle de notre valeur est donc nécessaire. Cette valeur ne doit pas reposer sur l'action, mais sur l'être.
    Nous avons vu que ce sentiment d'accomplissement de notre vie, nous pouvons le trouver — après le sentiment d'utilité de la vie active — dans le sentiment d'être bon, de faire de belles actions. Ce que Jésus appelait "accumuler un trésor dans le ciel (Mt 6:20). Le changement nécessaire, c'est de passer d'être gratifié par le fruit de ses activités, à être gratifié par sa façon d'être avec et pour les autres.
    Aujourd'hui, j'aimerais encore faire un pas en avant dans cette quête de pouvoir être, tout simplement être, pour être heureux. C'est une étape de plus, parce que faire du bien, c'était encore faire quelque chose. Bien sûr, c'est à maintenir aussi longtemps que possible dans sa vie, mais quand on ne peut plus rien faire, que reste-t-il ?
    Il reste à être, ce qui se décline de plusieurs façons, être là; attendre; se souvenir; prier ou méditer; et finalement recevoir. Aujourd'hui, j'aimerais me concentrer sur ce "recevoir." Dans mes visites en EMS, je rencontre beaucoup de personnes qui ont de la peine à recevoir ce qui leur est donné. Recevoir chaque jour leur nourriture. Recevoir de l'aide pour se déplacer. Recevoir des soins corporels.
    C'est leur état de dépendance et de toujours avoir besoin de recourir à quelqu'un pour des gestes accomplis auparavant par eux-mêmes qui est difficile. Notre société prône l'autonomie, l'indépendance, voir l'autarcie. C'est une attitude de puissants, d'orgueilleux qui veulent ne rien devoir à personne. C'est une attitude d'aveugles aussi, qui ne voient pas que tout ce qu'ils consomment et achètent est le fruit d'une chaîne de coopération qui a fait que le produit a passé de mains en mains pour arriver jusque dans leur assiette  ou entre leurs mains.
    Notre société jette le discrédit sur la dépendance individuelle alors qu'elle entretient des dépendances globales bien plus graves. Le problème, c'est que nous avons intériorisé ce discrédit et nous avons honte de demander et de recevoir. Nous avons honte d'appeler à l'aide, même si nous avons travaillé dans un domaine qui aide autrui !
    Nous sommes dans la situation de Pierre qui refuse de se laisser laver les pieds par Jésus — alors qu'on peut imaginer que Pierre, au cours des étapes de leurs déplacements, a déjà lavé les pieds de Jésus.  Nous préférons être dans la situation de celui qui donne, parce que c'est une situation dominante. La dette est chez celui qui reçoit le service.
    Garder cette attitude orgueilleuse qui empêche de recevoir, qui empêche de recevoir ce qu'on nous donne, les services des autres, c'est nous garantir une vieillesse malheureuse. D'où vient cette honte, ou cet orgueil ?
    C'est ce que Jésus essaie de nous faire découvrir, autant dans le Sermon sur la Montagne que dans le lavement des pieds. Nous ne croyons pas à la bonté de l'autre, à la générosité de l'autre. "Si donc vous qui êtes mauvais donnez de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père qui est dans les cieux vous donnera-t-il le Saint-Esprit, le don suprême !" (Luc 11:13). "Si je ne te lave pas les pieds, tu n'auras aucune part à ce que j'apporte !" (Jn 13:8).
    Refuser ce que nous apportent les autres, c'est refuser les dons qui viennent de Dieu, c'est refuser de reconnaître que nous sommes interdépendants, mais que la vie est possible malgré cela, ou plutôt à cause de cela. Martin Luther, le réformateur, disait que les saints sont ceux qui se savent totalement dépendants de Dieu (cité par Margot Kässmann, Au milieu de la vie, Genève, Labor et Fides, 2012, p.121). Etre totalement dépendant de Dieu, c'est remballer tout orgueil de ne vouloir dépendre de personne.
    Apprendre à donner, pour avoir un sentiment d'accomplissement intérieur, c'est une étape importante de notre préparation à vieillir. Apprendre à recevoir, simplement pour donner à l'autre sa chance de donner, est une autre étape tout aussi importante dans notre préparation à vieillir.
    Pour résumer les étapes. Nous sommes utiles pendant nos années de productivité. Nous pouvons être bons pour construire une base, un socle qui nous donne un sentiment d'accomplissement qui éclaire notre être quand nous sommes forcés d'en faire moins. Nous pouvons devenir justes en reléguant aux oubliettes l'orgueil de l'autarcie et la honte de la dépendance, en développant une juste reconnaissance envers toute la chaîne de ceux dont nous dépendons — tout au long de notre vie — pas seulement dans la vieillesse. Nous ne cultivons pas nous-mêmes notre café, ni ne construisons nous-mêmes nos voitures ou nos téléphones…
    Nous pouvons devenir justes en reconnaissant le caractère communautaire de l'existence. Nous avons été valorisé par nos rôles utiles et le bien que nous avons fait. Soyons justes en acceptant de recevoir de bon cœur et avec reconnaissance que d'autres puissent — dans leur étape de vie — se montrer utiles envers nous en accomplissant leur profession et se montrer bon envers nous par des gestes gratuits à notre égard.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2012