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témoignage

  • Luc 24. Pâques : Dieu au côté des victimes

    Luc 24

    21.4.2019

    Pâques : Dieu au côté des victimes

    Esaïe 53 : 7-12      Luc 24 : 33-48

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  • 2 Rois 2. Rehausseur de saveur pour le monde.

     

    2 Rois 2

    11.10.2015

    Rehausseur de saveur pour le monde.

    2 Rois 2 : 19-22        Matthieu 5 : 13-14

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    Chères paroissiennes, chers paroissiens,

    Jésus dit à ses disciples dans le Sermon sur la Montagne : « Vous êtes le sel de la terre » (Mt 5:13) dans le sens où les disciples apportent une saveur particulière au monde par leur présence.

    Dans la Bible, le sel a diverses valeurs selon l’usage qui en est fait. Il peut être signe de malédiction et de destruction comme lorsqu’Abimélec rase la ville de Sichem et qu’il sème du sel pour que rien n’y repousse, pour rendre la ville inhabitable. C’est aussi ce que les Romains ont fait après la prise de Carthage.

    Le sel rend aussi l’eau saumâtre et imbuvable; c’est ce qui arrive au peuple hébreu conduit dans le désert par Moïse. Celui-ci va rendre cette eau à nouveau douce et potable (Ex 15:23-24). C’est ce que nous voyons aussi avec le prophète Élisée (2 Rois 2:21). La vie est rendue impossible parce que la source d’eau est polluée. Mais ici le sel va être source de réhabilitation, de régénération, de revivification.

    Que se passe-t-il dans ce récit ? Les habitants de Jéricho se plaignent : la vie n’est plus possible, la situation est intenable, la vie est gâchée. Et les habitants formulent la demande de purification, de changement. Ils adressent leur demande au prophète Élisée pour qu’il demande à Dieu de les sauver de cette situation. Élisée entend leur demande et mobilise les habitants en leur demandant d’apporter du sel dans une assiette neuve. Le prophète se fait alors porteur d’une parole, d’un oracle qui vient de Dieu, en jetant le sel dans l’eau. Une nouvelle vie et une nouvelle fécondité est apportée alors aux habitants de Jéricho.

    Nous pouvons lire aujourd’hui ce récit comme une métaphore de nos existences. Lorsque nous sommes confrontés à des difficultés dans notre existence, parce que nos cœurs sont polluées par les rancœurs, par l’amertume, la tristesse ou les regrets, nous avons alors besoin d’un prophète et d’une assiette pleine de sel pour retrouver vie, douceur et fécondité.

    Comme dans le récit, cela peut passer par le temps de la plainte. Plainte qu’il faut transformer en demande, demande concrète, expression du besoin de changement. Cette demande doit être adressé à quelqu’un, comme au prophète, pour porter cette demande à Dieu dans la prière. Et viendra une demande de participation à la résolution — apporter l’assiette de sel — parce que Dieu ne réalise rien sans notre participation. Et viendra le moment de recevoir une parole qui vient de Dieu et qui dira les changements possibles, les changements nécessaires, les changements promis. Et ce sel demandé et apporté accomplira la transformation vers une nouvelle étape de vie, vers une énergie retrouvée.

    Quel est ce mystérieux sel utilisé par l’Élisée pour assainir cette source ? Ce sel aurait dû rendre cette eau encore plus saumâtre ! C’est à rebours du bon sens. Il est clair qu’il ne faut pas chercher une explication physique ou chimique. Ce sel ne se trouve pas dans le tableau périodique des éléments chimiques.

    On peut le comparer au sel des larmes que nous versons dans nos moments de tristesse. Ces larmes salées finissent par adoucir notre chagrin et notre peine, bien plus que si nous ne les avions pas versées.

    Et on peut se référer au sel dont parle Jésus dans le Sermon sur la montagne. Jésus désigne là du sel alimentaire, de celui qui donne de la saveur aux aliments, celui qui est indispensable, non seulement à la cuisine, mais à notre métabolisme en général.

    Pourtant, Jésus ne fait pas un cours de cuisine ! De nouveau il parle en parabole. Lorsque Jésus dit : « Vous êtes le sel de la terre, si ce sel perd sa saveur, il ne sert plus à rien, il est jeté dehors. » (Mt 5:13) Jésus utilise le sel comme l’image d’autre chose que le sel alimentaire. Jésus parle, en fait, de son message, de l’Évangile, donc indirectement de lui-même.

    C’est en tant que porteur du Christ, de son message, de l’Évangile, que nous sommes le sel de la terre, que nous apportons quelque chose de bien spécifique dans le concert des nations

    Si nous n’apportons rien, si nous ne donnons pas un goût particulier au monde, par notre présence, par notre discours, par nos gestes, alors nous sommes comme un sel qui aurait perdu sa saveur. Alors nous  sommes comme tous les autres.

    Le message de Jésus a du piquant, un goût qui se différencie de celui du monde, il a une saveur particulière qui rehausse le goût de toute la société. C’est la même image que le levain qui fait lever toute la pâte, malgré sa quantité infime proportionnellement à la farine.

    Y a-t-il de ce sel là dans vos vies ? Êtes-vous du sel assaisonnant dans la vie de votre entourage ? Si vous avez l’impression que ce sel perd de sa saveur, qu’il n’a pas — en vous — ce facteur de réhausseur de saveur, alors il est temps de revenir à la source de cette saveur, vers le Christ lui-même.

    Pour être le sel de la terre, il est nécessaire d’être au contact du Christ, à travers la lecture et la relecture des Évangiles ; à travers la prière et la méditation des paroles de Jésus ; à travers un travail personnel de façonnement de son être au contact des valeurs du Christ : la bienveillance, le non jugement, la compassion, les gestes d’accueil et d’amitié les uns pour les autres.

    C’est dans la réalisation concrète de ses valeurs, dans notre propre être d’abord, puis envers tous ceux qui nous entourent, que nous témoignons de la présence vivante et vivifiante du Christ dans le monde. Le monde d’aujourd’hui a vraiment besoin de cette bienveillance. C’est par cela que nous sommes le sel de la terre.

    Amen

     © Jean-Marie Thévoz, 2015

     

  • 2 Rois 5. Femmes de la Bible (V) : la « jeune fille » de Naaman

    2 Rois 5
    2.8.2015
    Femmes de la Bible (V) : la « jeune fille » de Naaman

    2 Rois 5 : 1-17      Marc 4 : 30-32

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    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Dans notre série sur les femmes peu connues de la Bible, nous nous penchons ce matin sur une bien modeste personne, une petite jeune fille. Celui qui nous raconte cette histoire où elle intervient ne lui donne même pas de nom, comme si elle n’avait pas d’importance. Et pourtant, sans elle, il n’y aurait rien à raconter. Elle est à l’origine de tout ce qui se passe dans ce récit.
    Il s’agit de la petite jeune fille qui est au service de la femme du général syrien Naaman. Reprendre dans toutes mes phrases ce descriptif serait fastidieux, aussi ai-je décidé de lui donner un nom. Nous allons l’appeler Amielle.
    Amielle est une israélienne qui vit dans la famille du général syrien Naaman. Le récit nous dit qu’elle a été faite prisonnière en Israël par une bande armée et ramenée en Syrie chez le général. Il est difficile de savoir quel âge elle a. Le texte utilise deux mots « fille» et « petite ». Mais le mot fille désigne aussi Ruth (revenue avec sa belle-mère Naomi) lorsqu’elle va glaner dans les champs de Booz. Ce mot de « fille » peut donc désigner n’importe quelle femme jusqu’à son mariage. Cependant, la mention de « petite » laisse penser que c’est une jeune adolescente ou une pré-adolescente. Elle a donc vécu en Israël et elle a été arrachée à sa famille, à sa culture, tout en en gardant un souvenir aigu et précis. Elle se souvient de son culte au Dieu d’Israël et du prophète Elisée qui siège dans le royaume du Nord, en Samarie.
    On voit que la situation politique et militaire entre la Syrie et Israël du Nord est tendue. Il y a des escarmouches et des razzia. Il y a une méfiance dans les relations politiques entre les deux Etats, cela se voit à la réaction du roi d’Israël lorsqu’il reçoit la lettre du roi de Syrie. Il se demande tout de suite où est le piège, où est le traquenard dans cette demande de guérison.
    Mais revenons à Amielle. Elle vit dans cette famille, soit comme une fille adoptée, soit comme une aide, comme une servante. Aucun vocabulaire ne fait référence à de l’esclavage. Amielle est « devant» la maîtresse de maison, comme Naaman est « devant » le roi et sera plus tard « devant » le prophète. On voit là un rapport de respect, rapport hiérarchique certainement, mais pas un rapport de soumission humiliante. C’est pourquoi Amielle peut librement parler à la maîtresse de maison. Amielle est touchée par la souffrance du général, par le contraste marqué dans le texte entre ses états de service — un vrai héros — et sa maladie.
    Alors que — comme jeune fille enlevée à ses proches — elle pourrait s’enfermer dans la rancune, dans la haine et dans la « schadenfreude » (se réjouir de la souffrance d’autrui), Amielle est attentionnée, compatissante, bienveillante. Elle offre son aide, à partir des ressources qu’elle a: elle se souvient du prophète Elisée qui porte la Parole de Dieu et peut soulager les souffrances. Elle en parle à sa maîtresse, qui en parle à son mari, qui en parle au roi.
    À partir de la parole timide d’une adolescente, c’est tout une machine qui se met en marche. Les rouages de l’administration et de la diplomatie produisent une lettre d’introduction et de demande. On frôle même l’incident diplomatique quand le roi d’Israël craint un piège. Heureusement le prophète Elisée est mis au courant et il remet les choses en ordre, il va s’occuper lui-même du cas.
    Il rédige l’ordonnance et la fait porter au général. Celui-ci est vexé ! Quoi ! il n’a pas droit à une consultation ? (voir la prédication) Il trouve ridicule la prescription que lui fait le prophète. Il est décidé à tout laisser tomber et à rentrer chez lui. On est à un cheveu de l’échec complet. Ce sont ses serviteurs qui le raisonnent : « N’auriez-vous pas suivi l’ordonnance si on vous avait demandé quelque chose de très compliqué ? Ne soyez pas rebuté par la simplicité. Essayer au moins ! »
    Ce retour à la simplicité est intéressant, parce qu’il nous renvoie — comme si c’était le thème de ce récit — aux mots tout simples d’Amielle. Quelques mots tout simples, même dit en passant, un geste d’amitié spontané, un signe donné au bon moment peut illuminer une journée, changer l’obscurité en lumière. Une parole de quelqu’un qui me semblait tellement peu important, auquel on ne prête d’habitude même pas l’oreille, peut être la parole qui nous faut entendre, les mots les plus importants de la journée.
    Et en effet, le sort de Naaman, le général syrien est totalement bouleversé, changé, à la suite des quelques mots qu’Amielle a glissé à sa maîtresse. Elle ne se doutait probablement pas de ce qu’elle allait mettre en marche. Mais elle l’a fait. Elle a prononcé ces mots, elle a transmis le message qui lui tenait à cœur. Elle a cherché dans ses racines, dans ses souvenirs, elle a puisé dans ses ressources, dans sa culture, elle s’est souvenue du Dieu d’Israël et elle en a témoigné, elle a dit ce qu’on pouvait en attendre.
    Ce témoignage a conduit Naaman à reconnaître la grandeur du Dieu d’Israël. C’est pourquoi il demande d’emporter de la terre d’Israël sur deux mulets, pour créer chez lui — à son retour — une petite enclave qui lui rappellera Israël, où il pourra rendre son culte au Dieu d’Israël, peut-être guidé dans ses paroles liturgiques et dans ses gestes par Amielle.
    Tout geste compte, toute parole compte et produit des effets inattendus, sans commune mesure, comme la plus petite graine peut produire un arbre dans lequel les oiseaux viennent nicher.
    Amen


    © Jean-Marie Thévoz, 2015