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  • Améliorations

    On m'a signalé qu'on ne pouvait plus imprimer les textes affichés à l'écran sans en faire un copier/coller dans un autre programme.

    Pour faciliter votre lecture si vous voulez imprimer mes prédications, j'ai inclu une version téléchargeable en format pdf.

    Je l'ai fait rétroactivement pour les prédications de 2010.

    Merci de votre visite sur mon site et meilleures salutations à vous mes lecteurs.

  • Jean 20. Le don du souffle et de l'apaisement.

    23.5.2010

    Le don du souffle et de l'apaisement.

    Télécharger en pdf : P-2010-5-23.pdf

    Jér. 31 : 31-34      Jean 20 : 19-23

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,

    Cinquante jours après Pâques, nous fêtons la Pentecôte, la fête qui nous rappelle que Dieu nous donne son Esprit après le départ de Jésus à l'Ascension. Notre calendrier a été établi à partir des récits de Luc dans son Evangile et dans les Actes des Apôtres.

    L'Evangile de Jean ne se préoccupe pas de calendrier, mais de signification. Ainsi, comme nous l'avons entendu dans la lecture ce matin, Jésus donne l'Esprit saint aux disciples le premier jour, lors de sa première rencontre avec l'ensemble de ses disciples. Ce qui est important pour Jean, c'est de montrer le lien entre la résurrection et le don de l'Esprit. C'est le Christ ressuscité qui rencontre ses disciples et qui leur donne l'Esprit saint.

    Comment se passe cette Pentecôte pour l'Evangéliste Jean ? D'abord, il y a quelques mots sur la situation des disciples. Ils se sont rassemblés dans un local fermé, fermé à clé, verrouillé. Les disciples ont peur. Ils ont peur des autorités. N'étaient-ils pas comparses — il n'y a qu'un pas vers complices — d'un condamné à mort ? On pourrait s'en prendre à eux. Nous sommes le soir du premier jour de la semaine. Les disciples sont encore sous le choc de la mort, de l'exécution de leur maître. Ils sont en deuil. Aujourd'hui, on dirait qu'ils sont en état de choc post-traumatique. Un ensemble de personne qui ne sait pas quoi penser après les nouvelles bouleversantes et contradictoires des témoins : Jésus a été mis au tombeau le vendredi soir, on ne l'a pas retrouvé ce matin. Le tombeau était vide. Est-ce vrai ? Est-ce du déni ?

    Et ensuite voilà que — dans cette situation de confusion — Jésus se tient debout au milieu d'eux. On ne nous dit pas qu'il entre, ni qu'il surgit, ni qu'il apparaît. Il est là, au milieu d'eux, au centre de leur groupe. Au cœur de nos désarrois, au cœur de nos inquiétudes, de nos deuils, de nos malheurs, Jésus est là, il se tient au milieu de nous. Il salue et montre ses mains et son côté, comme pour dire : "Vos souffrances, je les porte dans mon corps, je suis vraiment avec vous."

    Jésus salue ses disciples en leur disant : "La paix pour vous." Je n'ai pas trouvé si c'était la façon ordinaire de dire bonjour à Jérusalem en ce temps-là, comme on dit "Salam aleikoum" en arabe aujourd'hui, en hébreu ce serait "Shalom lakhem." Mais comme Jésus répète cette même phrase encore une deuxième fois plus tard, je crois qu'il faut la prendre à la lettre. Jésus souhaite vraiment nous donner la paix, sa paix, le shalom, la plénitude de l'apaisement au cœur de nos turbulences et de nos épreuves.

    En fait, Jésus donne trois choses à ses disciples dans cette rencontre. Il leur donne la paix dans la salutation. Il leur donne l'Esprit saint quand il souffle sur eux. Et il leur donne une mission — il les envoie à leur tour — avec le pouvoir sur les péchés. La paix est le but final, le souffle est l'inspiration qui leur permet d'avancer vers ce but, et le moyen d'aller vers ce but est résumé dans le pouvoir de lâcher ou retenir les péchés.

    Dès qu'on parle de péché, il faut préciser et recadrer ! Jésus ne parle jamais du péché comme d'une faute morale, mais toujours comme d'une séparation, d'un éloignement des autres ou de Dieu. On a toujours mis l'accent sur la faute commise — qui peut effectivement nous séparer des autres, briser les relations. Mais souvenons-nous qu'il y a tout l'ensemble du mal subi, des malheurs, des épreuves qui nous mettent tellement à mal que cela perturbe aussi toutes nos relations.

    Pour mieux comprendre ce que Jésus donne comme pouvoir à ses disciples, je vais remplacer le mot "péché" par le mot "tension" (même si ce mot ne recouvre pas tout le champ du péché) parce que vous savez comme on peut empoisonner la vie des autres lorsque nous sommes sous tension, trop tendus.

    Jésus nous dit que lorsque nous lâcherons nos tensions, elles seront relâchées, mais que si nous gardons (maintenons, retenons) nos tensions, elles ne disparaîtront pas comme par enchantement. Nous avons-là un pouvoir et une responsabilité — en tant que chrétiens.

    Nous inspirer du Christ — recevoir son Esprit — c'est chercher la paix en nous libérant de nos tensions, en relâchant la pression, en nous et sur les autres. C'est la mission qu'il nous donne, qu'il nous confie : défaire nos tensions pour arriver à l'apaisement et communiquer cette paix autour de nous.

    Pour donner son Esprit à ses disciples, le texte nous dit que Jésus souffle sur eux. Dans la Bible, le même mot est utilisé pour dire l'esprit (ou Esprit), le souffle, voir le vent (RUa'H en hébreu et pneuma en grec). De tout temps, les spirituels ont lié l'Esprit et la respiration; et la respiration à l'apaisement.

    Prenez un instant conscience de votre position assise sur votre banc. Ces bancs en bois ne sont pas confortables. Je suis sûr que pour rester assis, il y a quelques-uns de vos muscles qui sont tendus, peut-être inutilement tendus. En respirant profondément, vous pouvez détendre tout ce qui est inutilement tendu en vous. Cet exercice sur le corps, nous pouvons aussi le faire pour notre âme ou notre vie.

    Au cœur de nos tensions, de nos difficultés, Jésus se tient-là, debout, pour nous apporter la paix. Il souffle sur nous, il souffle en nous son Esprit de paix pour que nos tensions puissent se relâcher et nous conduire à l'apaisement. Apprenons à accueillir ce souffle et cet apaisement.

    Amen

     

  • Genèse 1. En créant l'être humain, Dieu se dévoile lui-même

    9.5.2010

    En créant l'être humain, Dieu se dévoile lui-même

    Télécharger en pdf : P-2010-5-9.pdf

    Gn 1:1-5 - Gn 1:24-31 - Gn 2:1-4a

     

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,

    La Bible nous présente Dieu comme quelqu'un qui fait alliance avec l'être humain. La Bible nous présente trois alliances successives : une alliance avec Noé, une alliance avec Abraham et le peuple d'Israël et une alliance au travers de Jésus-Christ.

    L'alliance avec Noé a pour signe l'arc-en-ciel. L'alliance avec Abraham et le peuple d'Israël a pour signe la circoncision. Et l'alliance au travers de Jésus-Christ a pour signe le baptême. Mais ces trois alliances reposent sur un socle, sur une fondation, c'est la création. C'est la foi que Dieu — avant ces trois alliances — avait déjà une intention pour le monde, pour l'univers et pour l'être humain.

    Le premier chapitre de la Bible nous offre un poème qui cherche à dire la première intention de Dieu pour l'être humain. Un poème qui cherche à exprimer le sens du monde dans lequel nous vivons et la place que nous occupons dans ce monde.

    Dans ce poème qui exprime la création en six strophes, l'être humain apparaît dans la 6e strophe, le 6e jour. C'est le même jour que les animaux terrestres, mais l'être humain n'est pas créé au milieu d'eux. L'être humain est à part, il est le fruit d'une délibération, d'un dialogue avec lui-même : "Faisons les êtres humains, qu'ils nous ressemblent vraiment." (Gn 1:26). Dieu n'a pas dit cela des animaux, c'est réservé aux êtres humains. Et Dieu confie une mission, une responsabilité aux êtres humains : "Qu'ils soient les maîtres des poissons, des oiseaux, des gros animaux et des petites bêtes." (Gn 1:26). Dieu fait, en quelque sorte, de l'être humain le roi de la création.

    Dieu donne à l'être humain du pouvoir avec l'espace du monde, il lui assujettit la nature. Mais il est intéressant d'observer que ce pouvoir est organisé pour qu'il puisse s'exercer sans violence. Pour leur nourriture, Dieu donne aux hommes les céréales et aux animaux l'herbe verte. Comme si, dans un premier temps, dans la création idéale, l'homme était végétarien et tous les animaux herbivores. Le pouvoir donné à l'être humain n'est pas celui dont nous usons aujourd'hui, avec le risque de détruire la planète.

    Concernant la création de l'être humain, le texte ajoute : "Dieu créa les êtres humains à sa propre ressemblance, il les créa homme et femme." (Gn 1:27). Nous avons là deux éléments très importants.

    D'abord, dès le début, l'être humain est créé homme et femme. C'est une volonté de Dieu qu'il y ait deux êtres qui soient différents, mais qui se correspondent. Différents, mais qui puissent s'accorder. Différents pour qu'il y ait dialogue et discussion. Je ne sais pas vous, mais moi, je n'engage pas la discussion avec le type que je vois dans le miroir quand je me rase le matin ! La différence crée la richesse du dialogue, de l'échange. Et c'est peut-être bien dans cette différence, dans cette altérité de l'homme et de la femme, qu'il faut voir notre ressemblance avec Dieu.

    Et voilà le deuxième élément important : en créant l'être humain, Dieu se dévoile lui-même, il se fait connaître — comme l'artiste révèle quelque chose de lui dans son œuvre d'art. En créant l'être humain, homme et femme, Dieu révèle sa soif de dialogue, d'entrer en conversation avec quelqu'un. Et ce quelqu'un, c'est nous aujourd'hui !

    Reprenons ces particularités. En créant l'être humain, Dieu fait un être à part dans la création. Il lui donne du pouvoir, il lui donne une mission ("Peuplez la terre et dominez-la"), il le fait comme un vis-à-vis à sa ressemblance, il le fait comme un être de dialogue.

    Tout cela rassemblé fait de l'être humain un être libre, indépendant, qui peut se donner ses propres buts. Vous aurez remarqué que la mission donnée ne porte pas en elle-même de buts, d'objectifs. Dieu ne dit pas à l'être humain : Je te donne le pouvoir pour… que tu me construises des pyramides, que tu me serves, que tu ailles sur la lune…

    Dieu prend le risque de laisser à l'être humain la liberté de choisir ses buts, de choisir ce qu'il veut faire de son énergie, de sa vie. Dieu se dépossède — dès la création — du pouvoir de nous diriger comme des robots ou des marionnettes !

    Dieu prend des risques avec nous. Il nous donne une entière liberté, en espérant que nous aurons envie d'entrer en dialogue avec lui. Avec le Christ, il nous a montré jusqu'où il se dépouille de sa puissance pour que nous soyons libres de le rejoindre — non par contrainte, mais par amour.

    C'est pourquoi, au fil du temps, Dieu nous propose d'entrer dans son alliance, d'entrer en dialogue avec lui. Depuis la création du monde, Dieu veut notre bonheur, dans la liberté, parce qu'il n'y a de vrai amour que dans la liberté.

    Comment allons-nous lui répondre ? Comment allons-nous orienter notre vie pour répondre à cette main que Dieu nous tend à travers sa création, à travers l'arc-en-ciel, à travers l'alliance avec le peuple d'Israël, à travers le baptême et l'Eglise ? La balle est dans notre camp, elle est dans nos mains.

    Amen

    © Jean-Marie Thévoz, 2010

  • Marc 13. Quand tout s'écroule à l'extérieur, comment ne pas s'écrouler à l'intérieur ?

    25.4.2010

    Quand tout s'écroule à l'extérieur, comment ne pas s'écrouler à l'intérieur ?

    Télécharger en pdf : P-2010-4-25.pdf

    Marc 13 : 1-5 + 21-37

    D'une voix forte et menaçante:

    Repentez-vous, car la fin du monde est proche ! Regardez les signes, regardez : la terre a tremblé trois fois. Voyez comme la terre dit sa colère, par les flammes, la lave et la fumée. Le jugement arrive, le monde actuel s'écroule. Les avions sont cloués au sol : c'est le signe que le ciel se refuse aux humains.

    La fin des temps est proche : changez de comportement pour ne pas être engloutis par la prochaine catastrophe. Démarquez-vous des méchants, pour être parmi les élus au jour du jugement. Changez…

    Bon, je m'arrête… ce n'est pas mon style et ce n'est pas le style de notre Eglise d'annoncer la fin du monde et l'apocalypse pour demain. Pourtant, il y a quelques textes de nature apocalyptique dans notre Bible, y compris dans le Nouveau Testament.

    Le mot "apocalypse" a deux sens. Le sens étymologique, la racine du mot, veut dire "révélation." Les textes apocalyptiques veulent révéler des choses secrètes, ou dévoiler le sens caché des événements qui se passent autour de nous. De là dérive le second sens, celui de "catastrophique." Ce sont bien les événements qui sortent de l'ordinaire — qui sont extra-ordinaires, comme les catastrophes — qui demandent à être expliqués, déchiffrés.

    La littérature apocalyptique a donc pour fonction de donner du sens au chaos, d'expliquer l'inexplicable. Donner du sens, c'est aussi rassurer, reprendre la maîtrise des choses, réorganiser le chaos.

    Ainsi, les textes apocalyptiques vont nous dire, d'abord, que l'écroulement des valeurs et des repères n'est qu'apparent. Ceux qui voient les signes savent que Dieu tient tout dans ses mains, derrière le chaos apparent. Pour ces textes, la gravité de la situation est une illusion, puisqu'on attend le retournement final. Ensuite, ces textes nous disent que tout cela n'est que temporaire, puisque ces événements annoncent la fin des temps. Tout cela va se terminer, il n'y a qu'à faire le gros dos et tenir bon en serrant les dents. Enfin, cela n'est pas si grave puisque cela conduit au retournement final, à la victoire et au salut éternel que Dieu va faire triompher pour ses élus.

    Voilà ce que croient les disciples de Jésus lorsqu'ils demandent des signes pour savoir quand viendra la fin des temps. Ils veulent savoir combien de temps ils devront tenir avant la fin.

    Mais Jésus ne voit pas les choses comme cela. Jésus n'entre pas dans cette poudre aux yeux apocalyptique. D'abord, Jésus a annoncé la destruction du Temple, pas la fin du monde. Ce sont les disciples qui pensent que le monde va disparaître si le Temple disparaît !

    Oui, Jésus leur parle bien de certaines catastrophes et de temps de détresse, mais il en parle parce que cela fait partie de la nature du monde et de la condition humaine. Ce qui importe à Jésus — dans son enseignement aux disciples — c'est cette question : Comment faire, quand tout s'écroule à l'extérieur, pour ne pas s'écrouler à l'intérieur ? Pour Jésus, la fin du Temple, en tant que monument, ne doit pas être la fin de la vie spirituelle personnelle, intérieure.

    Alors Jésus réinterprète, réoriente le message apocalyptique. Il affirme d'abord que l'écroulement des choses fait partie de la nature du monde et de la condition humaine. Malheureusement, les catastrophes n'ont rien d'exceptionnel. Et il ajoute que ces événements ont des conséquences (persécutions, fuite, exil, déplacements). Ces événements sont douloureux. Ces événements nous révèlent notre impuissance à maîtriser le monde et à la comprendre.

    Jésus nous appelle à reconnaître la réalité, à ne pas nous bercer d'illusions. Personne — si ce n'est le Père, donc cela nous est inaccessible — ne comprend ni ne maîtrise le pourquoi des événements. Alors Jésus invite ses disciples, nous invite, à quitter les signes extérieurs pour aller vers une attitude intérieure. Il faut abandonner l'idée de trouver du sens dehors, pour s'attacher à créer du sens dedans, au dedans de nous.

    L'impuissance face à l'extérieur, aux événements ne signifie pas l'impossibilité d'acquérir une solidité intérieure, une sérénité d'âme. Dans les difficultés de la vie, nous souffrons, nous nous sentons impuissants, mais Jésus nous affirme que nous pouvons y survivre, plus encore, nous pouvons être relevés, rendus à nous-mêmes.

    Jésus oppose la fragilité du monde qui peut disparaître à la solidité de sa Parole, qui reste solide, ferme. "Le ciel et la terre disparaîtront, tandis que mes paroles ne disparaîtront jamais." (Mc 13:31) Cette Parole de Dieu, que Jésus nous transmet, c'est l'affirmation que "le Royaume de Dieu s'est approché" (Lc 10:11) et qu'il est en parmi nous (dans la communauté), et qu'il est en nous. C'est la Parole faite chair (Jn 1:14), dans le Christ, mais aussi dans chaque personne.

    Nous sommes habités par Dieu, par l'Esprit saint. Il n'y a rien à chercher à l'extérieur (du côté du Temple), mais tout à chercher à l'intérieur (Paul dira que le corps est le Temple du saint Esprit. 1 Co 3:16).

    De là, on pourrait aller vers le repli sur soi ou sur la communauté. Mais Jésus termine son apocalypse par la parabole du maître de maison en voyage. Il a donné un tâche à chacun. Chacun a donc une mission à remplir, une tâche à accomplir dans sa vie : pour le maître.

    Quand tout s'écroule à l'extérieur, la mission reste, la tâche subsiste qui nous maintient en alerte, qui nous tient réveillés. Cette tâche, cette mission, c'est de faire vivre cette flamme divine en nous et de la transmettre, de la communiquer aux autres. Oui, la vie vaut la peine d'être vécue — quelles que soient les tribulations que nous traversons — parce que Dieu habite en nous.

    Amen

    © Jean-Marie Thévoz. 2010