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amour - Page 27

  • Esaïe 11. Dans l'attente d'un changement pour notre monde.

    Esaïe 11

    5.12.2010
    Dans l'attente d'un changement pour notre monde.
    Es 11 : 1-10,   Mt 3 : 1-6
    Téléchargez la prédication : P-2010-12-05.pdf

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    En ce deuxième dimanche de l'Avent, nous sommes dans l'attente, dans l'impatience, dans l'espérance d'un changement pour notre monde. Cette attente d'une transformation du monde, d'un changement de vie est déjà présente dans l'Ancien Testament et particulièrement chez le prophète Esaïe. Cette attente est exprimée par la promesse d'un rejeton.
    Il faut imaginer la souche d'un arbre qui est restée en terre. L'arbre a été abattu, enlevé. Et il ne reste que la souche et les racines. Il n'y a là que souche morte, triste reste d'un arbre qui avait déployé sa ramure, mais n'est plus.
    Mais là où l'on pensait qu'il n'y avait plus rien à attendre, à espérer, surgit une pousse, un rameau, un nouvel arbre ! De ce qui était mort — cru mort — surgit la vie. "Du vieux tronc d'Isaï, un frais rameau jaillit" dit le cantique. Isaï ou Jessé, c'est le père de David. De la souche du grand roi d'Israël va surgir un nouveau Messie, qui transformera le monde.
    La transformation du monde nous est présentée sous forme d'images. Images de paires d'animaux que tout oppose : le loup et l'agneau, la panthère et le chevreau, le veau et le lionceau, la vache et l'ourse, le lion et le bœuf, le nouveau-né et la vipère, le petit garçon et l'aspic.
    Ces images nous disent que l'incompatible va coexister en paix, ensemble. Le carnivore avec l'herbivore, le prédateur avec la proie, l'innocent avec le tueur. Le changement annoncé est un bouleversement complet de l'ordre naturel, un renouveau complet, total des relations établies.
    Ces images sont des métaphores prises dans la nature pour nous parler de nos relations humaines. C'est une dénonciation de nos rapports humains quand ils s'expriment comme des rapports fondés sur la loi de la jungle, la loi du plus fort. Le bouleversement annoncé, c'est que les paires incompatibles vont pouvoir vivre ensemble. C'est l'abolition des rapports de force, de domination. C'est l'abolition de la peur, de la crainte, de la terreur.
    Qui va pouvoir vivre ensemble ? Transposons les images animales en rapports humains. Vont vivre ensemble : locataires et propriétaires, automobilistes et piétons, employés et patrons, jeunes et vieux dans les bus ou les trains, amateurs de musique bruyante et amateurs de silence, promoteurs et écolos, et pourquoi pas, allons jusque-là, Suisses et étrangers.
    Voilà qui est bien utopique. Mais le texte biblique est d'accord sur cela ! C'est utopique, c'est au-delà des forces humaines. Pour réaliser cela, il faut un nouveau Messie, il faut une intervention divine, un envoyé de Dieu.
    Le texte est réaliste. On part d'une souche qui a tout l'air d'être morte, desséchée, incapable de produire de la vie. Et pourtant, c'est le point de départ de Dieu. Dieu prend l'impossible comme point de départ, parce que c'est la situation réelle et qu'il est inutile de penser commencer ailleurs, il n'y a pas d'ailleurs. Il n'y a pas d'ailleurs que notre monde, notre société, notre nature humaine.
    C'est la souche, c'est la pâte de départ et c'est à partir de là que Dieu agit. C'est à partir de nous — hommes pécheurs — que Dieu agit. C'est nous qu'il vient transformer, mais pas sans nous ou contre nous.
    Voulons-nous que le monde change ? Commençons par nous-mêmes, commençons par accepter de nous voir tels que nous sommes : tantôt prédateurs, tantôt proies, tantôt vipères, tantôt vulnérables comme un nouveau-né. Acceptons que ce changement vient de Dieu et pas de nous-mêmes, de nos propres forces.
    Dieu envoie son Messie, le porteur de son Esprit, pour nous transformer, pour que nous le suivions, pour être inspirés. Ce Messie est le porteur de l'Esprit de Dieu, de l'Esprit de sagesse.
    Nous sommes dans le temps de l'Avent, de l'attente pour recevoir le porteur de cet Esprit, pour prendre modèle sur lui, pour apprendre la sagesse et le discernement, pour voir plus large, voir de plus haut, ne plus nous laisser pièger par les rapports de force, pour nous ouvrir à l'esprit messianique qui ne juge pas selon les apparences — Jésus dira même de ne pas juger du tout.
    Prenons du temps pendant ce mois de décembre pour voir ce que Dieu peut transformer en nous, quelle souche Dieu peut revivifier, ce qu'il peut faire renaître en nous : pour que nous soyons transformés, pour que notre vie soit changée et que le monde en soit rendu plus habitable.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2010

  • Ephésiens 3. Soyez enracinés dans l'amour.

    Ephésiens 3
    14.11.2010
    Soyez enracinés dans l'amour.
    Jean 15 : 9-13,  Ephésiens 3 : 14-19

    Téléchargez la prédication : P-2010-11-14.pdf


    Chères paroissiennes, chers paroissiens, chère famille,
    Nous avons vécu le baptême de NN, un bébé de 6 mois. Il est venu au monde, fragile comme tous les nouveaux-nés, et sa vie dépend des soins que vous lui prodiguez. La vie humaine, comme toute vie sur notre planète, est fragile et vulnérable. Et nous faisons tout ce que nous pouvons pour la protéger, pour que les enfants grandissent sainement, en bonne santé. Mais comme tous les parents, nous avons nos inquiétudes et nous faisons le vœu que tout aille bien. Fragilité physique du début de la vie et de l'enfance.
    On se dit qu'arrivés à l'âge adulte, c'est bon. Pourtant, si nous regardons nos vies, notre vie personnelle, nous n'avons pas perdu nos vulnérabilités. Elles se sont simplement déplacées. Comme adultes, surtout comme jeunes adultes comme vous, on ne se soucie pas trop de sa santé, la fragilité est plus intérieure : vais-je réussir dans mes entreprises, dans mon travail, dans ma vie de couple, dans ma vie familiale, dans l'éducation de mes enfants ? C'est la difficulté d'être reconnu, apprécié, aimé tel qu'on est.
    Cette quête de l'amour nous agite, nous préoccupe. Et puis avec l'âge, les soucis de santé reviennent, l'angoisse de vieillir, d'arrêter de travailler ou de devoir peut-être quitter son chez soi pour l'EMS. Sommes-nous condamnés à être toujours en souci, à être toujours vulnérables et malheureux ? N'y a-t-il donc rien à faire ? Ne peut-on vivre en paix ?
    C'est aussi ce que vivent les gens à qui l'apôtre Paul écrit à Ephèse. Et Paul prie pour eux, pour qu'ils puissent cesser de vivre dans l'angoisse de leur vulnérabilité. Pour qu'ils puissent être comblés de plénitude. Dans sa prière, Paul rappelle d'abord le lien fondamental qui nous relie à Dieu. Dieu est Père, et par là, l'origine de toute famille. La filiation, le lien qui unit les générations, est en même temps l'image et le modèle de l'amour. L'amour humain est l'image de l'amour que Dieu a pour nous. L'amour divin est le modèle de l'amour que nous pouvons avoir les uns pour les autres.
    Après avoir posé cette équivalence, ce rapport, Paul développe ce qu'il demande à Dieu pour nous. Il demande d'abord que Dieu fortifie notre être intérieur. Il y a deux manières d'être fort : soit avoir une armure autour de nous, une armure qui nous empêche d'être blessé par l'extérieur, soit renforcer notre intérieur pour que les coups du destin ne détruisent pas quelque chose de vital en nous.
    L'armure a cet inconvénient que — si elle nous protège — elle nous empêche aussi d'être touchés, elle nous prive des caresses de la vie. Aussi est-il préférable de renforcer son être intérieur pour supporter les chocs et continuer à être sensibles, capables d'être touchés, de ressentir et de partager.
    Ce renforcement intérieur, Paul le voit comme possible en laissant le Christ habiter en nous, en se laissant insprier par le vie du Christ. Et Paul explique ce que cela veut dire en disant — ce qui me semble être le centre de son message — "soyez enracinés dans l'amour." (Eph 3:17)
    Le mot "enraciné" qui est utilisé ici par Paul, c'est le mot qui a donné "rhizome" en français. Les iris ont des rhizomes, les bambous aussi. Le pasteur qui a habité la Cure avant moi avait planté un bambou dans le jardin. Maintenant, il y a un bosquet et les rhizomes font des repousses trois mètres plus loin. Quand j'essaie d'ôter ces rhizomes, je dois prendre la bêche et la hache. Je peux vous dire que ces bambous sont enracinés !
    Et bien, Paul nous dit "soyez enracinés dans l'amour" aussi fortement que les bambous. Si vous êtes enracinés dans l'amour, c'est pour que vous soyez comblés de toute la plénitude de Dieu. Paul ne demande pas cela pour que Dieu soit content ! Non, c'est pour que nous soyons comblés, pour que nous soyons heureux, pour que nous soyons délivrés de l'angoisse, des soucis que nous envoient constamment nos fragilités et nos vulnérabilités.
    Et Paul dit quelque chose de cet amour dans lequel nous enraciner. Il aimerait nous en faire connaître toutes les dimensions : la largeur, la longueur, la hauteur et la profondeur. Ce sont les quatre dimensions de l'espace.
    La largeur, c'est ce qu'il y a à notre droite et à notre gauche, ce qu'il y a à nos côtés. De chaque côté, pour nous entourer, il y a de l'amour, de l'amour qui vient de Dieu.
    La longueur, c'est ce qu'il y a devant et derrière nous. C'est la longueur du chemin parcouru. C'est l'amour que vous avez reçu de vos parents. C'est la longueur du chemin qui s'étend devant vous, c'est tout l'amour que vous allez donner à vos enfants, à vos petits-enfants ou arrière-petits-enfants.
    La hauteur, c'est tout ce qu'il y a au-dessus de nous, un espace qui nous surplombe, mais aussi un espace vers lequel nous élever.
    La profondeur, ce sont tous les abîmes qui se trouvent sous nos pieds. Ce n'est pas un vide vertigineux, puisque là aussi Dieu y met de l'amour pour que nous ne sombrions pas. Il fait un pont d'amour au-dessus du vide pour que nous puissions traverser, avancer, progresser.
    Oui, chers amis, il y a de l'amour tout autour de nous, à côté, devant et derrière, au-dessus et au-dessous de nous. Pourquoi ne pas ouvrir les yeux et nous en rassasier ?
    Paul prie pour que nous y ayons accès, pour que nous acceptions de nous relier à cette source d'amour que le Christ nous a montrée, par ses paroles, par ses gestes, par sa vie. Il a consacré sa vie à nous monter que cette source est accessible, disponible, infinie.
    Allons-nous passer à côté et garder nos angoisses, ou bien allons-nous découvrir toutes les dimensions de cet amour pour accéder à la plénitude que Dieu veut nous offrir ?
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2010

  • Psaume 114. Un Dieu bouleversant qui nous invite au changement.

    12.9.2010

    Ps 114

    Un Dieu bouleversant qui nous invite au changement.

    Nombres 20 : 1-11,  Josué 3 : 14-17

    Télécharger la prédication : P 2010-9-12.pdf

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Hier, un groupe de paroissiens et paroissiennes ont visité les églises de Moncherand et Romainmôtier et cheminé sur les 12 km qui les séparent en méditant sur quelques aspects de la Règle de St-Benoît. Cette Règle monastique est celle qui dirige la vie des moines clunisiens dont dépendaient ces deux églises. Une part importante de la vie des moines est la louange et particulièrement la louange des Psaumes. L'entier du psautier était prié ou chanté chaque semaine.
    Dans notre protestantisme actuel, nous avons perdu cette lecture régulière des Psaumes et, souvent, ils nous apparaissent difficiles à comprendre. Aujourd'hui, je vous propose d'entrer en dans la méditation du Psaume 114. C'est un psaume court, de louange, qui rappelle par de brèves allusions quelques pages centrales de l'histoire du peuple d'Israël.

    1 Quand le peuple d'Israël sorti d'Egypte,
    quand les descendants de Jacob quittèrent ce peuple au parler étrange,
    2 Juda devint le sanctuaire du Seigneur et Israël son domaine.
    3 En les voyant la mer s'enfuit, le Jourdain retourna en arrière.
    4 Les montagnes firent des bonds de bélier et les collines des sauts de cabri.
    5 Mer, qu'as-tu ainsi à t'enfuir, et toi Jourdain, à retourner en arrière,
    6 vous, montagnes, à faire des bonds de bélier, et vous, collines, des sauts de cabri ?
    7 Terre, sois bouleversée devant le Seigneur, devant le Dieu de Jacob,
    8 lui qui change le roc en nappe d'eau, et le granit en source jaillissante.
    Ce psaume est un témoignage, il s'adresse à la terre entière, à tous ses habitants. Il veut nous dire à quel point le Dieu de Jacob est un Dieu bouleversant ! Un Dieu qui appelle tous les êtres humains à la vie, à la vraie vie.
    Mais d'abord, pour y lire ce message, il est nécessaire de décrypter et d'étoffer le texte que nous lisons. Le psaume commence en parlant de la sortie d'Egypte, là tout le monde sait de quoi il s'agit, c'est la thématique centrale de l'Exode et de la foi d'Israël. Dieu a libéré son peuple en le sortant d'un lieu de misère et d'esclavage.
    Mais le psaume ajoute que cette sortie a été le commencement d'une transformation intérieure : A partir de là "Juda devint le sanctuaire du Seigneur et Israël son domaine." (Ps 114:2) Au lieu d'habiter un lieu, une ville ou un temple, Dieu habite un peuple, le peuple devient son sanctuaire ! Dieu ne veut plus être connu comme un Dieu extérieur, lointain, distant, mais comme un Dieu proche, intérieur.
    La force de Dieu habite le peuple lui-même et cette force lui permet de franchir tous les obstacles, en effet, la suite dit : "En les voyant la mer s'enfuit, le Jourdain retourne en arrière." (Ps 114:3) La mer qui s'enfuit rappelle la traversée de la Mer des Roseaux avec Moïse qui marque l'entrée dans le désert et le Jourdain qui retourne en arrière rappelle l'épisode que vous avez entendu (Jos 3) de l'entrée dans la Terre promise avec Josué.
    Deux passages au travers des eaux encadrent le long séjour dans le désert, qui a été un temps d'épreuves mais pendant lequel les bénédictions n'ont pas été absentes ! Le désert de l'Exode nous rappelle la dureté de la vie, les difficultés de la vie de tous les jours, les temps arides que nous traversons, mais ce temps n'est pas un temps d'abandon — aussi tourmenté soit-il . C'est au désert que le peuple a reçu la manne et les cailles, c'est au désert que le peuple a reçu la Loi de Dieu, c'est au désert que le peuple a reçu a été abreuvé d'une eau qui sortait du rocher.
    Là où toute vie semblait impossible, Dieu l'a rendue possible, et lorsque le séjour semblait interminable et que les eaux du Jourdain en crue semblaient rendre impossible le passage vers la Terre promise, Dieu est intervenu et a réalisé sa promesse.
    La mer et le Jourdain renvoient à l'histoire d'Israël. Les montagnes qui bondissent et les collines qui font des sauts de cabri, à quoi renvoient-elles ?
    Il n'est pas question — à ma connaissance — dans l'histoire d'Israël, de cataclysmes terrestres. Par contre c'est une thématique très présente dans le livre d'Esaïe, entre les chapitres 40 et 55. Souvenez-vous ces paroles qu'on lit à Noël : "Une voix crie : Que toute colline soit abaissée, qu'on change les reliefs en plaine" (Es 40:4) ou encore "Quand les collines chancelleraient, quand les montagnes s'ébranleraient, mon amour pour toi ne changera pas" (Es 54:9-10). Ce thème des montagnes et des collines qui bougent est un thème messianique, qui annonce la nouvelle alliance de Dieu avec tous les humains.
    Ainsi le Ps 114 allie les hauts-faits de Dieu dans l'histoire d'Israël avec les hauts-faits à venir pour appeler chacun à reconnaître la grandeur éternelle du Dieu de Jacob, du Dieu d'Israël. Un Dieu qui a agi dans le passé de manière salutaire et qui promet encore d'agir pour ouvrir un avenir vivant et véritable.
    Oui, la terre entière, c'est-à-dire tous ses habitants et nous encore aujourd'hui nous pouvons nous laisser bouleverser, changer, transformer par ce Dieu qui a agit dans l'histoire et promet de le faire encore dans l'histoire de nos vies, de notre vie personnelle et dans la vie de notre communauté. Car le Dieu de Jacob est un Dieu de changement "lui qui change le roc en nappe d'eau, et le granit en source jaillissante" (Ps 114:8).
    Ce qui est mort, inerte comme la pierre, Dieu lui donne vie et fluidité comme l'eau, ce qui est dur, figé, bloqué dans nos vies, Dieu promet de le rendre souple, mobile, vivant. Et l'histoire de ces changements dans nos vies ressemble à l'histoire du peuple d'Israël.
    Il y a une première étape, souvent la plus difficile à franchir, qui oppose beaucoup de résistance, c'est la décision que quelque chose doit changer dans sa vie et qu'on va se mettre en route pour changer. La première étape, le pas décisif ressemble au départ de l'Egypte. C'est un premier prodige que cette détermination de se mettre à changer, c'est analogue à franchir la Mer des Roseaux.
    Suit une période faite d'épreuves, de difficultés, entrecoupée de bénédictions inattendues, de nourritures nouvelles et d'eau sortie d'on ne sait où. C'est une période de transformation, de gestation, un temps où l'on adopte de nouvelles lois de comportement, et où l'on vit aussi des instants de rébellion, de doutes, de découragement : pourquoi avoir quitté la sécurité de l'acquis pour une Terre promise qui semble encore tellement loin ?
    Et voilà qu'à force de persévérance — et pour s'être laissé porté par Dieu lui-même par moment — vient le passage du Jourdain. Le désert est derrière soi, une nouvelle vie est commencée avec la possibilité de s'installer dans de nouveaux modes de relations. Il n'est alors plus question de retour en arrière, on sent la promesse réalisée.
    Le Dieu "qui change le granit en source jaillissante" nous invite à prendre ce chemin, ou à y persévérer, ou à y encourager, guider, ceux qui s'y trouvent. C'est à cela que nous invite ce Ps 114, si court, si simple, mais si riche !
    Amen

    © Jean-Marie Thévoz, 2010

  • Marc 6. S'alléger pour marcher à la suite du Christ.

    Marc 6

    21.2.2010

    S'alléger pour marcher à la suite du Christ.

    Télécharger en pdf : P-2010-2.21.pdf

    Luc 18:18-29, Mc 6 : 6-13

     

    Dans le film "Up in the air" on a pu voir George Clooney faire une conférence à des chefs d'entreprise, une conférence sur l'encombrement dans nos vies. Voici une partie de sa conférence :

    « Maintenant, on arrive au cœur du sujet, alors restez avec moi : Comment est votre vie ? Imaginez un instant que vous trimbalez avec vous un sac à dos. J'aimerais que vous le remplissiez de tout ce que vous avez dans vos vies. Commençons par les petites choses, ce que vous avez sur vos étagères, dans vos tiroirs, dans vos vide-poches. Ça y est ? Maintenant continuons avec des choses plus volumineuses : votre garde-robe, les appareils ménagers, ordinateurs et télévision.

    Le sac à dos commence à bien peser, non ? Allons encore plus loin : votre canapé, votre voiture, votre appartement ou votre villa. Oui, j'aimerais que vous bourriez tout cela dans votre sac à dos. Alors, regardez-le, soupesez-le… [...]

    Comment arrivez-vous à avancer dans la vie avec ça ? Plus lentement nous avançons, plus vite nous mourons. Ne vous détrompez pas : vivre… c'est avancer ! »

    La conférence (en anglais)

    Ça m'a fait réfléchir. De quoi sommes-nous encombrés ? Qu'est-ce qui nous empêche d'avancer dans la vie ? Je crois que c'est une bonne réflexion pour commencer ce temps de Carême qui nous mènera à Pâques. De quoi nos vies sont-elles encombrées ?

    Il y a les choses, les objets, le matériel. Comment pouvons-nous avancer avec tout ce que nous avons ? Combien sommes-nous à craindre d'avoir à déménager tellement nous possédons de choses ?

    Lorsque Jésus envoie ses disciples en mission, il leur recommande de ne pas s'encombrer de choses inutiles — en fait même de choses qui nous sembleraient indispensables ! Nous qui avons de la peine à tout mettre dans une seule valise lorsque nous partons pour 3 à 4 jours. « Ne prenez rien avec vous pour le voyage, sauf un bâton ; ne prenez pas de pain, ni de sac, ni d'argent dans votre poche. 9Mettez des sandales, mais n'emportez pas deux chemises. » (Mc 6:8-9)

    Et si nous essayions de nous alléger un peu pendant ce temps du Carême ? Pas par pénitence, pas parce qu'il faut donner, pas parce que d'autres sont pauvres, simplement pour nous sentir plus légers, plus libres. Alléger le sac à dos, alléger notre hotte, la maison que nous portons sur le dos, simplement pour avancer, pour se sentir mieux.

    Oh là là, je sens que cela réveille des peurs au-dedans de nous, en tout cas chez moi c'est le cas. Il y a au dedans de nous une peur de manquer, de ne pas avoir assez, maintenant ou plus tard. Peur de manquer, peur de ne pas recevoir si l'on vient à manquer. Ne sommes-nous pas victimes d'un effet miroir ? Je donne si peu à ceux qui manquent que le miroir me dit que je recevrai peu si je viens à manquer, alors j'accumule pour ne pas manquer et continue à moins donner… C'est le cercle vicieux de notre société du chacun pour soi.

    Jésus invite ses disciples à partir légers et à faire confiance dans la générosité de ceux qui vont les accueillir. Faire confiance… on retombe toujours là-dessus. Faire confiance et partager. Faire confiance et accepter qu'on nous donne…

    Vous avez remarqué qu'il est bien plus difficile de recevoir que de donner ! Donner, ça nous met en position de force, de dominant. Recevoir, ça nous met en position de faiblesse d'humilité, parfois même d'humiliation : "j'ai dû demander et j'ai eu honte…"

    Jésus dit à ses disciples d'accepter l'hospitalité qui leur est offerte. Ce n'est pas une honte, cela ressemble plutôt à un cadeau que les disciples font à leurs hôtes. C'est paradoxal. C'est offrir l'occasion de donner, c'est enrichir celui qui vous reçoit. C'est ce qu'on peut comprendre de la phrase sur ceux qui refusent l'hospitalité : « Si les habitants d'une localité refusent de vous accueillir ou de vous écouter, partez de là et secouez la poussière de vos pieds : ce sera un avertissement pour eux. » (Mc 6:11)

    Ils ont manqué l'occasion de faire une bonne action, manqué l'occasion de s'enrichir en donnant.

    Dans la durée d'une existence, nous recevons pendant notre enfance et nous risquons de devenir dépendant pendant notre vieillesse. Ne ressentons pas cela comme honteux. C'est l'occasion pour les autres de donner, d'aider, de faire du bien et ainsi de découvrir — en eux et pour eux-mêmes — la joie du don.

    Comment est notre vie ? Comment, de quoi est rempli notre sac à dos ? Qu'avons-nous à lâcher, à déposer au bord du chemin pour nous sentir plus légers, pour avancer plus facilement ? Qu'avons-nous dans notre sac à dos qui nous entrave, qui nous retient d'aller vers les autres ? Qu'avons-nous dans nos vies qui nous empêche d'avancer ?

    Lorsque Jésus invite ses disciples à partir léger, ce n'est pas une épreuve, ce n'est pas une punition. Lorsque Jésus invite l'homme riche à tout vendre, ce n'est pas pour le brimer, pour le priver, pour l'asservir. Au contraire — de la part de Jésus — c'est une invitation à la vie, à la liberté, au mouvement.

    Le temps du Carême n'est pas un chemin de tristesse, de renoncement, de flagellation, c'est un temps de renouvellement, de rénovation où l'on peut chercher à se débarrasser de ce qui nous ternit, de ce qui nous encombre, de ce qui nous retient sur le chemin de la vie, de la lumière et de la joie, chemin que Jésus ouvre devant nous.

    Allant de l'avant, sans argent ni bagages, les disciples ont rencontré des gens et ont pu leur apporter réconfort, libération et guérison. Regardons bien notre sac à dos et voyons comment l'alléger pour marcher dans les pas du Christ jusqu'à Pâques.

    Amen

    © Jean-Marie Thévoz, 2010

  • Luc 7. Jésus est fâché ! Il déteste les excuses qui permettent de se dérober.

     

    31.1.2010

    Jésus est fâché ! Il déteste les excuses qui permettent de se dérober.

    Télécharger en pdf : P-2010-1-31.pdf

    Luc 7: 18-48

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,

    Jésus est fâché ! Oui, Jésus est fâché. Vous ne l'avez pas senti à la lecture de ces récits ? Oui, moi je sens toute l'exaspération de Jésus vis-à-vis de ceux qu'il rencontre. Il y a d'abord les envoyés de Jean Baptiste qui veulent savoir si Jésus est vraiment le Messie, ou pas.

    Pour répondre à leur question, Jésus ne dit rien, il part dans une frénésie de guérison, maladies, maux, souffrance, aveuglement; Jésus guérit à tour de bras. Puis, enfin, il parle aux envoyés : "Allez raconter à Jean ce que vous avez vu." (Luc 7:22) Une façon de dire : "Mais ouvrez les yeux ! Ce que je fais est explicite, non ?" Il faudrait une patience d'ange pour ne pas être exaspéré par cette incrédulité. Mais peut-être que Jésus avait cette patience ?

    Ensuite, Jésus interpelle les foules qui le suivent et qui avaient suivi Jean Baptiste auparavant. C'est une foule mélangée, le petit peuple, mais aussi ceux qui collaborent avec les Romains et collectent pour eux les taxes et les impôts, et quelques représentant des autorités, les scribes et de la bourgeoisie, les pharisiens. (Luc 7:29-31)

    Ils étaient attirés par Jean Baptiste. Maintenant, ils suivent Jésus qui se demande ce qu'ils cherchent. "Qu'êtes-vous aller chercher auprès de Jean Baptiste ?" (Luc 7:24-26) Qu'est-ce qui vous attirait chez lui ? Ni la fragilité, ni le luxe, peut-être le message ?

    Et Jésus sait que les gens ont été partagés. Le peuple et les collecteurs d'impôts ont demandé le baptême à Jean, alors que d'autres l'ont rejeté, il était trop extrémiste pour eux. Et Jésus — pensant tout haut, fâché contre leur versatilité, leurs incohérences — se demande à quoi il peut comparer la génération qu'il a sous les yeux.

    Alors, il les compare à un groupe d'enfants qui joue sur la place publique. Enfin, ils voudraient jouer, mais ils restent inertes. L'un propose : "Et si on jouait à la noce ?" Mais personne ne bouge, c'est bôf… Alors, un autre propose : "Vous êtes tellement amortis qu'on devrait jouer à l'enterrement !" (Luc 7:32) Mais même cette provocation ne fait bouger personne.

    Voilà à quoi ressemble cette génération dit Jésus à travers cette parabole, une génération d'indifférents, de blasés, de sans réaction, d'apathiques. Immobiles, bloqués, paralysés, repliés sur eux-mêmes.

    Je vous avais dit que Jésus était fâché. Oui, il voudrait secouer cette génération. Vous n'êtes contents de rien ni de personne. Jean Baptiste est venu comme un ascète et vous avez dit : « Il a un démon » (Luc 7:33). Je viens et je me mêle à la vie, je mange avec tout le monde et cela ne vous convient pas non plus. Qu'est-ce qui cloche ? Qu'est-ce qui vous paralyse ?

    Dans notre génération aussi on a cette impression de paralysie. Les gens ne s'engagent plus, ils ne sortent plus de chez eux pour des activités en commun. Toutes les sociétés locales ont de la peine à trouver des gens pour leurs Comités. chacun est scotché devant son journal ou sa TV. On entend beaucoup d'excuses : "J'ai trop à faire, je n'ai pas le temps. Je ne peux pas m'occuper de toute la misère du monde. Ce que je peux faire, ce n'est qu'une goutte d'eau dans la mer, c'est inutile. D'ailleurs, les chrétiens ne sont pas meilleurs que les autres. Ou encore : aider n'aide pas, mais maintient dans la dépendance."

    Autant de phrases qui servent à justifier l'inaction, l'immobilisme, la paralysie. De nos jours, il faut dépasser les 100'000 morts pour faire bouger les gens, n'est-ce pas ? Pas vous qui vous êtes déplacés ce matin à l'église, je parle de ceux qui sont restés chez eux.

    C'est contre cet immobilisme que Jésus se fâche. Et avec sa petite parabole, il coince ceux qui cherchaient à se défiler. Ceux qui avaient de bonnes excuses pour ne pas suivre Jean Baptiste, Jésus les coince, ils devraient le suivre lui !

    Jésus accuse, Jésus critique ces excuses, ces raisonnements qui justifient l'immobilisme, le retrait, la non-intervention, le non-engagement. Qui voulez-vous suivre si vous ne suivez ni celui qui jeûne, ni celui qui mange ? Qui voulez-vous suivre si vous ne suivez pas celui qui vit isolé dans le désert, ni celui qui se mêle à la vie des humains ? Décidez-vous nom d'une pipe !

    Jésus est fâché ! Mais fâché contre les excuses, les raisonnements tordus qui servent de paravent, d'échappatoire aux engagements ou aux responsabilités. Jésus n'a jamais coincé personnes sur ses faiblesses, ses incapacités, ses infirmités ou ses vulnérabilités. Par contre, il est intraitable face à l'hypocrisie, face aux raisonnements dilatoires, face à la logique tordue qui permet la fuite.

    Je pense que c'est ce qu'il dit dans la conclusion de la parabole, une conclusion un peu énigmatique dans nos traductions. Le texte grec nous dit ceci : "la sagesse est justifiée par tous les enfants de la sagesse" ce qui est généralement compris comme "seuls les sages peuvent reconnaître la sagesse" dans le même sens qu'il dit ailleurs "Que ceux qui ont des oreilles pour entendre écoutent" (Luc 8:8).

    Mais si Jésus est fâché, je pense qu'il met de l'ironie dans cette phrase. Alors, il faut la comprendre comme disant : les enfants de la sagesse justifient la sagesse, ce qui signifie en termes actuels : "les raisonneurs donnent raison à leurs raisons" ou en termes plus communs : "vous pouvez remballer vos excuses."

    Jésus est fâché parce qu'il déteste l'hypocrisie et les excuses qui permettent de se dérober à ses devoirs ou à la volonté de Dieu. Mais, tout fâché qu'il est, Jésus n'abandonne pas sa tendresse et sa compassion, comme le montre le récit suivant où il est invité à manger chez Simon le pharisien.

    Jésus combat toutes nos excuses, toutes nos dérobades, pour nous amener au cœur de la vie, là où il y a la joie des chansons et de la danse, comme les émotions de tristesse ou de colère dans les moment de perte.

    Jésus cherche à désarmer notre raison, nos bonnes raisons pour ouvrir notre cœur à nos sentiments et à nos émotions, pour ouvrir notre cœur à la présence de l'autre, à l'amour et à la charité. Jésus nous ouvre le cœur pour nous redonner toute notre mobilité, pour chanter et danser et pour nous permettre d'approcher les autres en confiance.

    Laissons Jésus nous guérir de nos paralysies et nous mettre en mouvement vers notre prochain.

    Amen

    © Jean-Marie Thévoz, 2010

  • Jean 20. La foi naît de l'amour reçu de Jésus.

    Jean 20

    12.4.2009
    La foi naît de l'amour reçu de Jésus.
    Actes 10 : 37-43    Jn 20 : 1-10


    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    En ce matin de Pâques — comme les premiers disciples — nous sommes face au mystère de la résurrection. Pour les Evangélistes, comme pour nous, il est en même temps impossible d'en parler et obligatoire d'en témoigner.
    Je ne vais donc pas partir dans l'impasse d'une explication de ce qui s'est passé ou de ce qu'est la résurrection. Nous ne sommes pas en face d'une énigme, mais d'un mystère. Une énigme, c'est un problème en attente provisoire d'une solution, qu'on trouvera. Un mystère, c'est un problème définitivement sans solution, mais qui donne à penser, à imaginer.
    Ce matin, ce que j'aimerais développer, c'est le parcours des disciples, du doute vers la foi.  L'Evangéliste Jean — comme les autres Evangélistes — ne nous dit rien de la résurrection elle-même, mais nous invite à suivre les disciples — femmes et hommes — dans leurs chemins à la rencontre du Ressuscité.
    La première personne à entreprendre ce chemin, c'est Marie-Madeleine, disciple fidèle de Jésus. Tôt le matin, elle se rend sur la tombe de Jésus, qu'elle a vu être crucifié par les Romains et mourir sur la croix. Juste avant le commencement du sabbat, le corps a pu être déposé dans un tombeau prêté, comme provisoirement.
    Le dimanche matin, premier jour de la semaine — encore dans l'obscurité, ténèbres d'avant l'aurore, mais plus sûrement du cœur grevé de tristesse et de l'esprit plongé dans l'incompréhension — Marie-Madeleine vient au tombeau.
    Elle le trouve ouvert et part en courrant rapporter la nouvelle aux disciples : "On a enlevé le Seigneur du tombeau et nous ne savons pas où il a été mis" (Jn 20:2). Phrase intéressante. Marie-Madeleine ne dit pas ce qu'elle a vu, elle fait une supposition, la plus plausible, la plus logique, la plus pensable. Un mort ne bouge pas tout seul, donc on l'a pris et déplacé.
    Ne lui jetons pas la pierre de ne pas comprendre, de ne pas être illuminée par le tombeau vide. La foi ne repose pas sur l'absence d'un corps, la foi ne repose pas sur l'absence de Jésus !
    Deux disciples sont interpellés par Marie-Madeleine et courent au tombeau (on court beaucoup dans ce récit). Le disciple que Jésus aimait arrive le premier, mais laisse entrer Pierre, puis le suit à l'intérieur.
    Ainsi, Simon Pierre, le disciple de la première ligne, entre dans le tombeau et "contemple les bandelettes posées-là et le linge qui couvrait la tête de Jésus enroulé et posé à part" (Jn 20:6-7). L'Evangéliste insiste sur cette disposition, qui semble signifier qu'il s'est passé quelque chose de bizarre. Les choses sont "en ordre," le linge est plié. Les bandelettes sont-là, seul le corps est absent.
    La question se pose, si quelqu'un avait emporté la dépouille, il n'aurait pas pris le corps nu en laissant là les bandelettes et le linge qui couvrait le visage ! Le mystère se dessine.
    Etonnamment, l'Evangéliste ne dit rien de la réaction de Pierre, si ce n'est qu'il "contemple" tout cela, ce qui est plus que le "voir" de Marie-Madeleine et de l'autre disciple.
    Enfin, l'autre disciple entre à son tour, il "regarde" et il croit. Là, je m'interroge : pourquoi l'autre disciple est-il amené à croire, est-il amené à la foi et pas, avant lui, ni Marie-Madeleine, ni Pierre, qui voient ou contemplent la même scène ? D'où vient la foi de ce disciple ?
    Vous avez remarqué que ce disciple n'a pas de nom, qu'il est appelé "l'autre disciple" ou plus haut "l'autre disciple que Jésus aimait." Ceci à travers tout l'Evangile de Jean. Ce que veut nous dire l'Evangéliste à travers ce récit et tout son Evangile, c'est que la foi naît de l'amour reçu de Jésus. Il n'y a pas de foi en la résurrection, mais il y a la foi dans le Ressuscité, dans la découverte que ce Jésus a été crucifié pour nous, et que Dieu l'a ressuscité pour nous convaincre de son amour infini pour nous. La foi au Ressuscité naît de cet amour reçu.
    Le disciple que Jésus aimait reçoit sa foi avec cet amour. Et Marie-Madeleine va recevoir sa foi — la confiance dans le Ressuscité — dans le récit qui suit, quand l'inconnu qu'elle ne reconnaît pas encore prononcera son nom : "Marie" (Jn 20:16) et qu'alors elle sortira des ténèbres et le reconnaîtra comme son Maître.
    Et Pierre sera également appelé par son nom par Jésus dans le récit qui suit. Par trois fois, Jésus lui demandera : "Pierre m'aimes-tu ?" (Jn 21:15, 16, 17). Après son triple reniement, Pierre est appelé par trois fois à affirmer sa confiance, son amour pour Jésus, pour attester qu'il a bien reçu l'amour et le pardon de son maître.
    Dès que Pierre aime — dès que nous aimons — l'amour universel, celui qui vient de Dieu, se met à circuler, à venir en nous, à aller vers les autres… La vie du Ressuscité commence à circuler et à remplir nos vies. C'est cette rencontre avec celui qui est à nouveau le Vivant qui enfante la foi en nous.
    Trois disciples, trois rencontres, trois cheminements différents et la foi qui surgit là où elle semblait impossible. Que l'amour de Dieu révélé en ce matin de Pâques remplisse votre vie et vous donne la foi.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2009

  • Jean 15. Les fruits que nous portons découlent de notre attachement au Christ

    Jean 15

    29.3.2009
    Les fruits que nous portons découlent de notre attachement au Christ
    Es 5 : 1-4    Jn 15 : 1-6    Jn 15 : 7-17

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    En entrant dans le temps de sa Passion, Jésus parle à ses disciples. Il les prépare à l'impensable, il les prépare à surmonter leur épreuve, il les prépare à construire la suite pour que ses paroles ne se perdent pas.
    Jean l'Evangéliste nous rapporte les enseignements de Jésus, dont celui sur la vigne que vous avez entendu. Dans la première partie, Jésus définit les relations entre Dieu, lui-même et les disciples, en les comparant à un vignoble. Dans la deuxième partie, il expose sa vision de l'Eglise et sa mission dans le monde.
    Prenons d'abord l'image de la vigne. Dans l'esprit des auditeurs de Jésus, la vigne est d'abord le peuple d'Israël, comme vous l 'avez entendu dans le livre d'Esaïe. Israël est la vigne que Dieu a plantée, qu'il a entourée d'un mur, qu'il a soignée. Mais malheureusement, elle ne porte pas les fruits attendus. La vigne ne répond pas aux espérances du vigneron.
    Mais là, l'Evangile nous rapporte que Jésus dit : "Je suis la vigne et mon Père est le vigneron." Ah, là, il y a du changement ! Il y a une nouvelle vigne, pas les chrétiens, pas l'Eglise, pas les croyants ! C'est Jésus. La nouveauté, c'est que Jésus remplace Israël comme messager de la bonne nouvelle de Dieu pour le monde. Finies les déceptions, les errances, les désobéissances. Jésus est la vraie vigne du Seigneur.
    Tout est réorganisé. Mais les disciples, les croyants, ont une place dans cette vigne : ils sont les sarments qui portent du fruit. Et Dieu est le vigneron qui s'occupe de la vigne, il la soigne, il la taille, il l'émonde et l'effeuille pour que les grappes soient belles à l'automne.
    Au premier abord, cela fait peur, parce qu'on se voit soi-même attaqué au sécateur. Ça va faire mal.  Mais ce n'est pas ce que dit Jésus. Il ne dit pas "la vie, les malheurs, les épreuves vont tailler ce qui est mauvais ou inutile dans vos vies." Il dit : "vous êtes émondés par la parole que je vous ai dite." (Jn 15:3) Et sa parole est encouragement, bénédiction et pardon, amour et tendresse. "Comme mon Père m'a aimé, moi aussi je vous ai aimé." (Jn 15:9) dit Jésus. C'est enraciné dans cet amour, — accroché au cep — que nous pouvons porter du fruit, constituer l'Eglise.
    Et Jésus décrit la communauté attachée à Jésus, qui porte du fruit; il nous donne sa vision de l'Eglise. L'Eglise, c'est la communauté, l'ensemble des personnes, qui "gardent sa parole," qui "demandent ce qu'elles veulent à Dieu" et qui "rayonne de la joie" offerte.
    Etre rattaché à la vigne, au cep, au Christ, c'est écouter, méditer, s'inspirer de la Parole biblique, de la parole de Jésus. C'est avoir la confiance de demander à Dieu ce dont nous avons besoin, c'est la prière. Et c'est être content, joyeux d'être aimé totalement par le Christ, par Dieu. Comme le dit un de nos paroissiens "un chrétien triste est un triste chrétien."
    Les fruits que nous portons découlent de cet attachement au Christ, de cette obéissance au commandement de la nouvelle alliance ; "Aimez-vous les uns les autres." (Jn 15:17)
    J'aimerais encore mettre en évidence un aspect de l'image de la vigne pour dépeindre l'Eglise. L'Eglise n'est pas un club où l'on vient parce qu'on a une passion commune : le ski, le tennis ou la cuisine. L'Eglise réunit des gens très divers, qui aiment des choses différentes, qui viennent de partis politiques différents, qui sont de nationalités différentes.  Un point commun les rassemblent tous cependant : notre attachement au Christ. Un sarment se dessèche s'il n'est pas rattaché au cep.
    C'est le Christ qui fait notre cohésion, tous nous avons besoin de rester attachés à lui pour être l'Eglise. Et c'est lui qui nous unit, c'est lui qui nous réunit, c'est lui qui nous maintient ensemble. Nous sommes une communauté unie au Christ.
    Ce matin, nous allons élire le nouveau Conseil paroissial, dix personnes auront des tâches particulières, seront en première ligne avec certaines responsabilités, mais c'est toute l'Eglise qui doit être attachée au Christ, c'est toute la communauté qui doit travailler ensemble pour porter du fruit, c'est toute la communauté qui doit demeurer dans la parole du Christ, c'est toute la communauté qui doit prier, c'est toute la communauté qui doit témoigner de la joie qu'il y a d'être pleinement aimés de Dieu.
    Merci à toute la paroisse d'être unie au Christ et de soutenir aujourd'hui et dans les années qui viennent le nouveau Conseil paroissial, pour qu'ensemble nous témoignons de la joie d'appartenir à Jésus-Christ. 
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2009